mardi 29 juin 2010

Les cartes postales...


















Je ne sais pas comment vous faites avec les cartes postales que vous recevez ? Moi, je les garde toutes, je les empile dans un petit meuble, bien rangées comme des livres, chaque fois que j’en reçois une, je la glisse à la première place, dans son ordre d’arrivée, sans rien déranger, un ordre parfait, je ne les sors jamais de peur de tout déranger, de tout fausser, les dates et les évènements. Pour l’instant rien de déborde, depuis dix ans, je range l’Univers sur mon étagère.

Avant cette décennie, j’ai jeté toutes les pensées qu’on avait eues pour moi, je mérite l’enfer.

Vous imaginez, si toutes ces belles images s’écroulaient d’un coup dans ma salle de séjour : l’inondation sentimentale que ça ferait, les baisers, les bonjours, les bons vœux, les je pense à toi, les, nous sommes bien arrivés, merci pour tout.

















Sans parler de tous les paysages qui pousseraient sur mon parquet, ça ferait du joli, et tous les courants d’air, les brises du large, tous ces airs marins déversés à mes pieds.

Le raffut que ça ferait, tous les tableaux de tous les musées du monde, qui choiraient sans ficelle pour les accrocher ! Les photos dédicacées, les bougies d’anniversaires, de Noël et du jour de l’An, pourraient même mettre le feu aux poudres.

Il n’y manque rien, on peut même manger autrement, avec les belles recettes illustrées, se laver dans les rivières, voire les océans, s’étendre sur l’herbe avec les vaches, les moutons, les poules et les canards. On peut regarder un vol d’hirondelles passer…

Les belles cartes avec des paillettes, j’en ai aussi, je les adore.

J’ai des photos d’un tas de gens que je ne connais pas, sur les cartes, comme des cousins, des frères et sœurs, des gens couleur locale, avec des habits de leur pays, en mauve, en rose en violet, avec des plumes, des fleurs et toujours des sourires. Les gens des cartes postales que je reçois ont toujours l’air heureux.

Mais j’allais oublier de parler des monuments, surtout les cathédrales, les plus belles, les plus hautes, les plus connues. Les petites églises, elles, se faufilent comme des petites chapelles en pleine campagne, au milieu de nulle part, ça bourdonne dans mon petit placard, c’est un vrai tintamarre.

Comme j’aime beaucoup les fragments, les cartes postales en tiennent compte, j’ai de très belles vues de détails (qui comptent) de tableaux, de sculptures, de dentelles, des petites choses dans les grandes, juste un bout, très beau, comme ce moucharabieh d’Espagne, diffusant de la lumière en petites touches…en 2005.

J’ai une amie qui m’envoie toujours des cartes de Bretagne, si grandes, si belles qu’on pourrait y mettre un bateau entier et quelques vagues, quand je la regarde, la mer est belle, il fait beau, le bateau arrivera à bon port, tant mieux. Moi, ce que je préfère, ce sont les géraniums bleus, les roses trémières qu'elle m'envoie, sans les bateaux...















J’ai même reçu un petit bout du mur de Berlin, une paire de lunettes pour voir en trois dimensions les plus belles vues de Prague.

La musique, n’est pas oubliée, quand on ouvre la carte en deux, juste à l’endroit de la pliure, les mélopées se développent, pas trop de notes, juste ce qu’il faut.

Les cartes parfumées, j’en ai reçues aussi : lilas, œillet, violette…. Foin, paille…Pour les plus anciennes.

De l’amour, de l’amitié, de l’affection, avec toutes les couleurs du monde, sur tous les chemins parcourus, vous vous rendez compte, on pense à moi de là-bas, dans les plus petits recoins on me fait coucou, quelle chance j’ai !

Mes cartes, c’est comme à la bibliothèque, un livre mal rangé est un livre perdu…

Alors, je les laisse entre elles, la mer, la montagne, l’Orient et l’Occident, tous les continents je vous dis, s’entendent à merveille avec les pensées de tous ceux qui ont pensé à moi.

Quand vous ouvrez votre boîte aux lettres, le matin, et que vous tombez sur New-York ou la Lozère, ça fait chaud au cœur, pour vous aussi ça fait ça ?

Tiens, je n’ai reçu aucune carte d’une autre planète, cherchons un peu, voyons de plus près, impossible, tout va tomber, refermons la porte… De toute façon j’ai tout dans mon cœur.













dimanche 27 juin 2010

Tous Niphonés !













Avez-vous remarqué, que les NIphonés croissent de façon exponentielle ? Peut-être même en faites-vous partie ?

Je fais ma petite sociologue de comptoir pour observer cette épidémie-là : ce que je vois dans le métro, dans le bus, dans les rues, partout où l’être humain n’est pas devant son PC portable ou de salon, il est devant son bel Iphone.

Il faut dire que cet engin a tout pour séduire, pratique, ergonomique, design, une élégance, et une ligne incroyables… Bien sûr, l’abonnement fait remonter la note de frais…

La couleur la plus répandue est le noir, vous avez remarqué ? Très classe.

Je me suis bien demandée pourquoi « tout le monde » s’était branché comme ça, si vite ? Mais je le sais.

Il est pratique, ludique, il répond à presque tout, trouve la route, photographie, propose des jeux, va sur Internet, enfin bref, c’est un nouveau téléphone portable, qui sait tout, qui peut tout, c’est quand même bien.

J’ai remarqué, dans le métro, le bus et dans la rue, que les mains à qui il appartenait, se faisaient douces et câlines. Pas de mouvements brusques, des ailes de papillons qui se posent sur une fleur.

Il faut voir comme les hommes et les femmes en caressent la surface avec une douceur incroyable. Le doigt effleure à peine les icônes, tout bouge, tout tremble. C’est franchement beau.

Les NIphonés n’ont pas que des gestes élégants et doux avec leur machine, ils écoutent de la musique, regardent les dernières nouvelles, allument des bougies des briquets, quand ils sont au spectacle,













se regardent dans la glace… Et le reposent ensuite comme un nouveau-né dans leur sac, leur poche, dans le petit étui, en ayant pris soin d’en essuyer sa petite lucarne, toujours brillante, toujours lisse, toujours impeccable.

Pourtant moi je n’en ai pas, jamais eu de téléphone portable, ni NIphone, ni autre chose. J’aime l’idée d’être libre, d’être injoignable, même embarrassée au point de risquer de louper un rendez-vous…

C’est fou comme on a des repères différents, quand on n’est pas NIphoné, tiens je vais être en retard, et le petit film commence : je ne vais pas être trop à la bourre, pourvu qu’il/qu’elle m’attende, zut, le métro prend du retard, ça n’arrange pas mes affaires.

Mais je tiens bon, pas de téléphone portable, pour avoir l’heure ? J’ai ma montre, pour les nouvelles ? Je le saurais en rentrant, pour le prochain rendez-vous ? J’ai un bel agenda illustré, pour le beau temps ? Je fais comme tout le monde, je regarde le ciel.

Je ne suis pas sûre du tout que je rencontrerais autant de monde, que je parlerais aussi longtemps avec mon voisin si j’étais NIphonée ? C’est ma petite idée, simplette.

J’ai vu aujourd’hui, dimanche, ma petite fille (une belle jeune fille) à partir de la fin d’après midi, elle était branchée sur sa messagerie, plus de communication possible autour de la table, des ni oui ni non, des hochements de tête, le temps passe vite, ses doigts courent sur l’alphabet, il faut se dépêcher de dire ce qu’on a à dire… Elle voudrait bien un beau NIphone pour ses 18 ans…

Mais moi j’ai le temps, cependant, beaucoup moins de temps qu’elle, certes…


Allez, je vous appelle bientôt pour vous donner de mes nouvelles…












La Visitation... De Bill Viola.

Bill Viola est à Saint-Eustache ? Ah bon ! J’y cours.


















A l’initiative du Festival d’Automne, avec la collaboration du Festival d’Art Sacré de la Ville de Paris, la paroisse Saint-Eustache (près de la rue de Montorgueil), a permis à cet artiste exceptionnel d’exposer une de ses imposantes vidéos : « La visitation ».

Cette paroisse parisienne, très active pour : ses actions caritatives (la soupe du soir, notamment), l’accueil et la continuation d’une tradition artistique aussi bien que musicale, dans le quartier Montorgueil, était bien l’endroit idéal pour exposer cette œuvre.

Du 1er décembre 2000 au 7 janvier 2001, juste pendant les fêtes de Noël, il y aurait du monde, sans doute ? Cette œuvre avait été créée pour la Biennale de Venise en 1995.

Elle s’inspire du tableau de Jacopo Pontormo du 16e siècle. Bill Viola est un artiste américain, il est né en 1951, vit et travaille à New York. La Visitation a été achetée par le Musée d’art moderne de New York en 2001, donc peu de temps après son exposition à Saint-Eustache.

La Visitation (œuvre vidéo) : Bill Viola met en mouvement, de façon très ralentie, durée 13 minutes, en boucle, trois femmes, interprétant des personnages du tableau de Pontormo : la Vierge, sa cousine Elisabeth, et une troisième femme en arrière plan, qui intervient, et interrompt la conversation.






















La vidéo fut posée à l’intérieur de l’église, contre la grande porte d’entrée, qui est tout le temps fermée, devant le grand écran a cristaux liquide (je ne me souviens plus de la taille des personnages mais ils étaient au moins grandeur nature), il y avait un parterre de chaises pour le public.

Dès que j’ai su que la Visitation était visible à Saint Eustache j’y suis allée sans plus attendre, je me suis enfoncée tout au fond de cette grande église, et j’ai vu, j’ai été touchée, j’ai été enthousiasmée !

Le tableau de Pontormo, dont Bill Viola s’était inspiré, je ne l’avais jamais vu, je ne savais même pas qu’il existait.






















A la vue de la Visitation, j’ai eu un grand choc esthétique, je suis tombée en admiration, là, sous mes yeux, il se passait une sorte de miracle, l’émotion m’a submergée…

Je suis restée à la contempler très longtemps, la vidéo me permettait de voir et revoir, à l’infini la rencontre de Marie et de sa cousine Elisabeth…Ces minutes-là se sont gravées à jamais dans mon cœur.

Imaginez un tableau de la Renaissance, dont les personnages bougent, au ralenti… . La base chromatique de l’ensemble est somptueuse. Les vêtements s’agitent lentement, imperceptiblement, les femmes arrivent de chaque côté pour se rejoindre très lentement au centre, la composition est parfaite, une troisième femme, juste derrière Marie et Elisabeth, bouge à minima, comme les ailes de papillon posées sur une fleur, avec la même beauté. À la fin de la visite… La conversation entre les deux femmes devient un murmure, un chuchotement… On entend comme un souffle de vent, on retient son souffle, j’ai retenu le mien.

Chaque fois que j’avais un petit moment de libre, je fonçais dans Paris, à Saint-Eustache, deux-trois boucles devant la vidéo et hop ! Je repartais heureuse.

Et puis chemin faisant, je repensais à tous ces tableaux que j’avais vu à Venise, de l’époque de la Renaissance et bien au delà, à toutes ces couleurs magnifiques : les rouges, les orangés, les jaunes, les bleus, les verts, les roses, tous ensembles mariés, glissant du satin à la moire, passant des lourds brocards aux voiles les plus légers et transparents, la lumière et l’ombre sculptant les personnages, la grâce des vêtements, vaporisés, enroulés, drapés, négligés, ciselés de toutes parts, sur les corps… Les mains ailées, les pieds sans pesanteur qui ne touchent presque pas terre, les regards bienveillants, les sourires doux et accueillants. Un univers, doux et flamboyant, plein d’humanité. Je retrouvais tout cela avec Bill Viola qui avait donné à ce « tableau » le mouvement, l’oscillation le raffinement les plus subtils.

Il bouleversait pour moi cette belle tradition picturale classique, on pouvait encore, avec lui, compter sur la création artistique pour nous étonner, nous éblouir, nous enchanter.

Bill Viola s’inspirant des peintres de la Renaissance, livre sa vidéo avec cette intention : le visiteur de l’église, fidèle ou non, doit y voir ce qu’il veut.
Bien sûr, vous vous doutez bien que je suis revenue tous les jours à l’église, les instants n’étaient pas comptés, la Vierge et Elisabeth se disaient bonjour sous nos yeux, dans une beauté époustouflante, à l'infini.

J’ai téléphoné à tous mes amis, toute ma famille, venez voir cette Visitation, c’est une des plus belles œuvres qu'il m’ait été donné de voir. Ils sont tous venus.

C’était la fête quand je descendais du métro pour aller à Saint-Eustache… J’allais à mon rendez-vous, chaque fois avec la même émotion.

J’ai la gorge serrée sur mon clavier, rien qu’en vous racontant cette histoire. Depuis, je suis Bill Viola pas à pas, j’ai eu le bonheur de voir plusieurs de ces petites vidéos l’année dernière, pendant la Biennale de Venise, à la Ca’ D’oro.

Si vous avez la chance d’aller à New-York, allez voir la Visitation et dites-moi ce que vous en avez pensé.

PS Il existe une petite vidéo de quelques secondes, que je n'ai pas été capable d'installer ici...

vendredi 25 juin 2010

l'abricotier de mon immeuble... Récolte.

















Je voulais absolument partager cette nouvelle avec ceux qui ont suivi la belle histoire de "l'abricotier de mon immeuble"


















C'est fait, hier soir, j'ai ramassé un bel abricot, tombé de l'arbre, tout naturellement.

Tout rose, tout beau, tout gros, je l'ai pris en photo sous toutes ses coutures, pour vous l'offrir en première mondiale, j'ai pris aussi une photo aérienne, de mon balcon, pour que vous vous

















rendiez bien compte de la situation de l'arbre et du petit grillage qui l'entoure... Et du miracle de l'abricotier !

Aujourd'hui, quand je suis rentrée chez moi, en fin de soirée, j'ai aperçu l'abricot, dans l'herbe, à travers le grillage, aussitôt j'ai voulu le prendre, mais ma main était trop grosse, et l'abricot était trop loin...
















Je me suis dit, je vais revenir ce soir, en vidant ma poubelle, ni vue ni connue.

J'avais pris avec moi une grande cuillère en bois pour le rapprocher le plus possible. Vite fait bien fait, j'ai fait glisser le fruit et je l'ai pris...

Je suis contente, ma petite récolte du soir est magnifique : un bel abricot parfumé et de bonne taille.Il est encore un peu dur sous les doigts, son parfum est absolument incroyable, entre la rose et l'abricot, jamais je n'avais senti une telle odeur de fleur sur un abricot.


















Je vais le laisser mûrir deux jours, pour qu'il soit tout à fait souple sous les doigts, je vais pouvoir profiter de son parfum de rose avant la dégustation.

Chers amis, partageons ce petit miracle, avec vous... Seulement des yeux, et beaucoup avec le coeur.
















jeudi 24 juin 2010

Le petit piano à queue !
















Quand nous étions enfants, mes frère et sœur et moi, nous fêtions toujours la fête des mères, c’était une fête très importante pour nous, jamais nous ne l’avons manquée. On se moquait pas mal de savoir que c’était monsieur Pétain qui l’avait inventée.

Quelques jours avant le jour, nous complotions, comptions nos sous, faisions des plans sur la comète, que pouvions-nous acheter avec si peu d’argent ? Toujours le même constat tous les ans, invariablement, nous cogitions.

Je me souviens de ce jour particulier, où nous étions restés toute la journée dehors à chercher le cadeau qui pouvait correspondre à nos sous, à notre goût, et a l’envie supposée de notre maman… Beaucoup d’obstacles.

Nous avions repéré quelques boutiques où l’on vendait des objets absolument décoratifs, du très beau décoratif à notre goût. Nous devions avoir dans les 7-8-9 ans, quelque chose comme ça.

Nous avions éliminé la machine-outil de cuisine, trop chère, trop vulgaire, pas du tout assez de poésie, à notre goût.

Nous avions aussi fait une croix sur les beaux habits, carrément ruineux, inenvisageables, et nous n’avions aucune idée de la taille, nous n’avons même pas été jusqu’au choix de la couleur…

Nous avons passé en revue les livres, mais quoi ? Nous sommes passés très vite devant le libraire, on ne savait rien, nous n’étions pas très équipés, même avec nos trois (petits) cerveaux, en matière de littérature.

Nous avions pensé à des produits de beauté, mais maman ne se maquillait presque pas, juste un peu de poudre de riz, nous ne connaissions rien en poudre de riz, mais nous pouvions quand même regarder ce qu’elle utilisait, oui, nous pouvions, d’autant que les boîtes étaient jolies et que ça pouvait très bien faire notre affaire pour le goût, pour les sous, et pour la poésie.

Nous étions dans l’embarras, bien avant de sortir notre porte-monnaie… L’objet véritablement irrésistible ne s’était pas encore imposé, l’idée lumineuse restait dans l’ombre, nous séchions lamentablement, les heures étaient comptées, maman n’était pas là, il fallait en profiter, et garder le secret absolu. C’était l’usage, c’est comme ça que nous faisions, après l’achat, nous étions des tombes.
















Alors, nous nous sommes dit, allons voir chez les marchands, passons en revue tout ce qui se fait pour une maman. Vous imaginez le périple ?

Maintenant on n’oserait même pas l’envisager, trop de magasins, trop de tout, trop de choix, pas possible de partir à l’aventure…

Nous étions dans les années 1950, ça fait un bail ! Il y avait bien les grands magasins mais là, c’était carrément trop loin, des petits marchands ne manquaient pas dans Paris, dans le quartier nous étions sûrs de trouver le cadeau pour maman.

On a fait toutes les rues près de chez nous, on regardait tout, devisions, supputions, revenions sur nos pas… Il y avait une toute petite boutique (qui existe encore aujourd’hui et vend bien autre chose), qui proposait des objets à mettre sur des étagères, du genre bibelots indispensables à la déco de la maison.

Dans la vitrine, nous avions vu un magnifique petit piano à queue, en bois vernis marron du plus bel effet, les touches étaient en ivoire, il y avait une jolie partition accrochée devant le clavier, comme en vrai, entièrement en ivoire également…Quand on ouvrait l’objet d’art, ça faisait de la musique, c’était une boîte à musique, boîte à cigarettes (notre mère était une fumeuse) qui faisait Mademoiselle de Paris chaque fois qu’on levait le couvercle du piano. Tout pour plaire, la musique, la cigarette et la beauté !

Alors-là, nous avons été immédiatement d’accord pour l’objet si précieux, si mignon, si musical, nous le trouvions très très beau, et incontournable, il plaira énormément à maman, on voulait même acheter pour mettre dessus un tout petit chandelier en cuivre avec deux bougies, pour finir délicieusement le cadeau, nous trouvions le tout exquis, terriblement raffiné, notre mère serait emballée, nous ne pouvions pas nous tromper. Ça sera ça ou rien !

La dame voyait bien que l’objet nous plaisait à l’unanimité.

Mais voilà, en mettant tous nos sous sur la table, il en manquait. Alors la dame, grande dame, nous a laissé l’instrument pour ce que nous avions. Merci madame !

Elle a fait un joli paquet, c’était le plus beau jour de notre vie, nous étions heureux comme des rois, nous avions un magnifique cadeau de fête des mamans, jamais elle n’avait vu cela, elle aurait un plaisir fou et avec cette musique-là, impossible de se tromper, elle adorerait.
















Maman adorait toujours nos cadeaux, mais celui-ci fit grand effet, ça la changeait des phares, des moules et des boîtes en coquillages que nous lui ramenions de nos colonies de vacances. Avec le petit piano, la fête fut très réussie.

Maman a gardé ce piano toute sa vie, garni de son chandelier et de ses petites bougies qui ont changé de couleur de temps en temps, au fil des ans, elle avait rajouté deux petites cruches en cuivre miniatures.

Les touches et la partition n’étaient pas du tout en ivoire, le temps les a jauni complètement, le bois (du bois blanc façon acajou), lui, n’a pas bougé. La musique est fraîche comme au premier jour, il suffit de tourner la clé pour ouïr Mademoiselle de Paris.

A la mort de maman, j’ai récupéré le piano avec tous ses accessoires, mes frère et sœur m’ont dit ceci : chaque fois que nous viendrons chez toi, il faut sortir le piano, le bougeoir et les deux cruches. Je l’ai fait.
















Et aujourd’hui, j’ai fait les photos, avec plaisir.

mercredi 23 juin 2010

L'abricotier de mon immeuble...

















L’abricotier de mon immeuble !

Décidément en relisant un à un mes billets vous allez savoir où j’habite, avec ma micro mémoire, je ne vois que les petites choses…Tout près de chez moi.

Au pied de mon immeuble, l’abricotier s’est mis à pointer son nez, grâce à un locataire qui a jeté son noyau par la fenêtre, un jour d’été… Donc on ne peut pas lui en vouloir. Les canettes de bière, les chiffons sales, ne poussent pas aussi bien.

Pour reconnaître un abricotier, ça prend quand même quelques années, au début on l’a pris pour une herbe folle, et puis petit à petit il a pris du corps, surtout du tronc et de l’esprit, avec les feuilles.

D’été en été, tout le monde était aux aguets, on savait, je ne sais par qui, que c’était un abricotier, il faut être rudement spécialisé pour trouver ça. Mais à bien réfléchir, c’est sans doute grâce à nos gardiens qui s’y connaissent si bien en jardin, en fleurs, et aussi en abricotier, qu’on a su très vite le nom de l’arbre, on profite pleinement de leur science.

Notre gardien avait déjà planté dans notre carré de rez-de-chaussée : un sapin de noël (qui pousse très bien malheureusement), et puis un buisson de feuilles qui sent très bon au Portugal, mais ici je n’ai jamais senti la moindre odeur, normalement il a des fleurs aussi, mais c’est sans doute réservé pour là-bas, près du soleil et de la mer…

Moi je laissais aller l’aventure, je n’y connaissais strictement rien en petit arbre fruitier qui pousse incognito, après, quand il devient grand c’est tout autre chose, comme tout le monde je reconnais les fruits. Je suis heureuse d’être dans la nature, si près du trottoir.























La première année nous avons tous su très vite que le petit arbre était fruitier, on le bichonnait du regard, on lui disait quasi bonjour, surtout moi. « Vous avez vu l’abricotier ça pousse rudement bien, bon climat, belle terre… Bientôt bonne récolte ».

Un jour, les feuilles se balançaient belles et grandes, un abricotier a toujours l’air décoiffé, quand il n’a pas une bonne coupe, on dirait qu’il vient de sortir du lit. C’est sympathique en même temps. Après, les fruits lui poussent sur les branches, alors-là, respect !

Moi je me dis, comment il va faire (l’abricotier) pour laisser développer ses fruits, à l’abri des mains, des bras, des jambes des yeux qui passent sur le trottoir, sous ses feuilles, ils vont bien s’en apercevoir qu’il porte ses fruits.

C’est le petit bonheur du jour, chaque fois que je descends l’escalier, que je vois les abricots roses, je me dis, encore un jour de gagné, comme une femme enceinte, qui a peur d’accoucher prématurément. C’est la course à l’échalote, si les fruits qui commencent sérieusement à grossir, grossissent de trop et trop vite, tout le monde va les voir, le risque de la cueillette anonyme et spontanée peut devenir un réel danger.


















Comme je voudrais voir la belle couleur orangé, passer du satin au velours, il faut gagner du temps, si on pouvait cacher les fruits sous les feuilles sans que rien ne dépasse pour attirer l’œil des rapteurs ?

Mais pour l’instant tout va bien, vous imaginez l’affaire, quelle chance, toutes les voitures qui montent ma rue en côte, qui passent en lâchant leurs gaz ne se doutent de rien, ne voit pas la merveille qui pousse sous mon numéro.

Aujourd’hui comme il y avait du soleil, un peu de vent, les fruits étaient tous à découvert, j’ai pris la photo !

Un peu plus tard, peut-être dans deux petites semaines, je sais que ma gardienne veillera au grain, elle sortira la nuit, ou le matin ? Sûrement très tôt le matin et ramassera un à un les précieux présents, elle fera attention, et avant que les voleurs ne s’en saisissent elle remplira un joli panier, qu’elle mettra à disposition des locataires. Chacun pourra goûter le nectar, saluer fièrement la belle ouvrage, nous aussi nous avons nos Bergeron juteux, quelle bonne nouvelle. Je suis sûre que cette année, à vue de nez, il y en aura plus d’un kilo, oui, nettement plus.

















Vivement la cueillette !

PS Aujourd'hui, j’ai vu deux voleuses se faufiler sous notre l'arbre, munies d’un bâton, pour le secouer comme un prunier, j’ai fait les gros yeux… Elles en ont pris que deux ou trois...

Le bon choix ?




















Je ne sais pas pour vous, mais moi j’adore manger un gâteau le dimanche, c’est la suprême récompense calorique que je me permets, avec d’autant plus de plaisir que ma diététicienne me l’a conseillé, depuis très longtemps.


















Donc, un rendez-vous à ne pas manquer. Mais voilà, où aller pour trouver un bon gâteau ? En général, je n’hésite pas à courir tout Paris pour rechercher le bon faiseur, j’ai des adresses, de l’expérience, un vrai guide gourmand.

En bas de chez moi, il y a une boulangerie qui fait les gâteaux et le pain, mais ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que tout est mauvais… Pourtant, les gens font la queue…surtout le dimanche…
Je n’ai jamais compris. Dimanche, comme je n’avais pas envie d’aller loin pour acheter un bon gâteau, j’ai donc acheté le mauvais.



















Derrière la vitrine du boulanger, j’avais l’espoir que ce jour-là ça serait bon, c’est sûr, tout semblait bien appétissant et frais, les chocolats de couverture, la crème pâtissière, même la fraise qui décorait le haut du Saint-Honoré, tout faisait envie, j’allais de l’un à l’autre, essayant de mesurer le degré de plaisir que je pourrais avoir avec chacun, et vint le moment du choix, ce qui est toujours difficile, délicat, j’en prends pour huit jours, j’ai intérêt à ne pas me tromper..





















Je luttais avec le mille-feuilles, qui demeure mon gâteau préféré, et le Saint-Honoré, le dernier de la rangée, la fraise qui trônait en haut de la chantilly n’était pourtant pas engageante, mais je me suis dit, elle est là depuis ce matin, toute fraîche, c’est normal, il lui faudrait un peu d’eau pour lui redonner des couleurs.























L’envie dépassait le raisonnable, le vice encourageait la vertu pour mieux la tromper. Jusqu’à la dernière minute, j’allais de l’un à l’autre, heureusement qu’il y avait du monde avant moi, j’avais le temps de bien fixer mes idées, de mesurer vraiment, mais vraiment l’envie du moment, le petit plaisir dominical allait être parfait.





















Le seul gâteau de la semaine, il ne fallait pas le gâcher, 500 calories à la fois ça ne se brade pas, il faut impérativement qu’elles soient royales.

Mais la queue s’écoulait tranquillement, mon choix n’était pas tout à fait arrêté, pourtant j’avais déjà ma petite idée, depuis quelques semaines déjà j’avais parlé de Saint-Honoré pour une fête que je devais faire avec ma famille, et les amis… J’avais même envisagé de faire les choux moi-même, mais je n’ai pas osé aller jusque-là.

Mon tour arrive : « Le Saint-Honoré, s’il vous plait », et j’entends la dame d’à côté qui dit, déçue : ah ! C’est dommage. Cette exclamation augmenta sensiblement ma certitude d’avoir fait le bon choix, être deux sur le même objet, c’est un bon signe.


















Alors, la vendeuse (la maman de la boulangère qui vient donner un coup de main le dimanche), avec le geste auguste du semeur, la délicatesse de la dentelière, prit la pâtisserie, somptueusement, avec la spatule en inox, après l’avoir fait glisser sur la rangée, sans abimer la chantilly, je n’ai pas bien vu l’épisode de l’emballage.

Mais le bout de scotch qu’elle colla en dessous la pyramide mal fagotée, m’agaça. Inévitablement, le scotch sous le papier allait rendre le déballage difficile, il fallait décoller le collant sans enduire le papier de crème, risquer de tout renverser, la petite ficelle est nettement plus pratique, car il ne faut pas faire les pieds au mur pour la retirer, et elle laisse les gâteaux intacts.

Bref ! En portant le Saint Graal jusqu’à l’ascenseur, je me disais, bonne idée pour un bon dessert, le gâteau a l’air bien frais, léger, la crème chantilly ça ne pèse rien, ni dans la tête, ni sur les hanches…



















Le moment du scotch a été comme je le pensais, hasardeux, bien sûr, un peu de chantilly colla au papier (que je rattrapais avec le doigt), un chou caramélisé aussi, il me fallut tout remettre en place, c’est assommant.

Une fois dans mon assiette, à la fin du repas, bien évidemment tout alla de travers, les choux étaient creux, pas même un peu de crème pâtissière, la fraise je l’avais jetée depuis longtemps, la chantilly était banale, le fond du gâteau était nature, sec, une espèce de feuilleté pas assez cuit, j’avais vraiment bien choisi !!!

La semaine prochaine, c’est certain, je me déplace, au centre de Paris pour chercher la perle rare à 7 euros pièce, tant pis, je vais jusque-là pour déguster enfin, une bonne pâtisserie digne de ce nom.















lundi 21 juin 2010

Le jardin de mon voisin !
























Mon voisin d’en bas, dans la cité pavillonnaire, s’est fabriqué un très joli jardin. Il a mis des fleurs partout, surtout des roses et des tas d’autres très colorées, ça lui a pris des mois et des mois d’arrangement, de calculs, de réflexion.
Son jardin est grand comme une salle de bain.


















Il a fait tout carreler du sol au plafond, avec des belles briques rouges, il a fait creuser des bacs où il a mis de la terre, et dans la terre, je crois bien qu’il a mis des pots…En fait je ne comprends pas bien comment ça marche, il faudrait que je me fasse inviter, pour la visite commentée.
J’ai vu monter brique par brique, par des carreleurs qu’il avait embauchés, les murets, la terrasse, les petites marches qui donnent dans le jardin… Tout est briqué !

Son jardin est très petit, et sa terrasse tient autant de place que son jardin, il a mis des fleurs partout, l’été, on ne voit presque plus les briques. Il a mis un grand parasol vert avec du beau mobilier de jardin, moi qui suis de très haut, ma vue est presque plus belle que la sienne, avec de la hauteur, l’effet est superbe.























En général dans ma ville, ce sont plutôt les dames qui achètent, qui arrosent, qui soignent les fleurs, qui font prendre le lierre, faire pousser des boutures ça y va, on va voir ce que ça donne, il faut avoir de l’audace pour la grande aventure de la nature.
Je n’ai pas vu beaucoup de messieurs, autrement que sous leur voiture, ou dessus, à frotter, mais un arrosoir à la main, c’est plutôt le genre féminin qui domine ici.























Donc, mon voisin n’est pas ordinaire, jamais je n’ai aperçu sa compagne faire boire la terre, mais en fait je suppose que l’arrosage est automatique, car je ne l’ai jamais vu non plus donner de l’eau à ses belles fleurs.



















Quelquefois je le vois sur sa terrasse, regardant son horizon, comme dans une pampa imaginaire, il fume une cigarette, debout, il contemple son Paradis, ça doit lui donner du bonheur.























Depuis peu, il a fait installer un petit arc de triomphe entre la terrasse et le jardin, rempli de rosiers grimpants.

Les hommes qui arrosent les plantes, qui bêchent et s’occupent des fleurs, dans ma ville, c’est principalement le personnel des espaces verts, c’est vrai, on ne voit que très peu de femmes dans ce secteur, pourtant porteur.

Mais revenons à mon voisin, parce qu’il fait du bien à tout le monde, il nous met un peu de beauté, juste devant les tours voisines. Les soirs des fêtes qu’il donne, très tranquilles, il fait scintiller des tas de petites lumières, éparpillées dans son espace vert, jaune, bleu et rouge, c’est très joli.















A la nuit on dirait des petites lucioles…J’ai pris des photos, et même de très haut, ça ne rend pas pareil que celles de Yan Arthus-Bertrand. Je n’ai pas l’impression de découvrir un continent, mais un mouchoir de poche rempli de pétales de roses, ça oui.


















Quand je passe dans sa rue, une petite rue de campagne, bien calme, j’ai le plaisir de voir les lilas, les roses, les glycines, les iris, les giroflées, chacun en sa saison, s’agripper à la grille de son petit jardin, ramper sur les murs de sa maison, pousser partout dans son allée. Il ne rentre jamais sa voiture, ça pourrait prendre la place des géraniums, des clématites, des fleurs sauvages…

Il a bien raison, mon voisin. Ce jardinier de ma rue, ce n’est pas la main verte qu’il a, le lierre et la lavande lui poussent sur tout le corps, il l’a bien mérité, heureusement qu’il est là, il veille à son bonheur en même temps qu'au nôtre.












Merci mon voisin !

dimanche 20 juin 2010

Venise dans tous mes états... Episode N° 20

La belle vie, Becassine, dernière !


















Me revoilà à Venise, il fait chaud, j’arrive, je descends du train et comme d’habitude… Non, tiens, le nouveau pont, le 4e de Venise (Pont de la Constitution) passe au dessus de la mer, tout verre, tout acier, une belle courbe, le Vénitien de mes amis l’appelait « L’Arlésienne », car il a mis des années à voir le jour ! Moultes controverses aussi a suscité… Mais finalement il est là, et bien là.

Je file à la maison, en passant par le rio terra dei Pensieri, la grande prison pour hommes sur ma gauche est bien calme, la rue aussi…

Un jour, j’ai vu un bras dépasser d’une fenêtre grillagée, pour me saluer, j’ai répondu aussi, et j’ai filé.

Je dépose armes et bagages, rien n'a changé à Venise, sauf le 4e pont entièrement neuf, et le nombre de touristes, allez, un de plus avec moi.

Vous savez maintenant que le premier déjeuner que je fais pour fêter le premier jour de mon séjour se fait au restaurant, je ne regarde pas à la dépense, la vie de château c’est pour moi.

J’ai changé mon chapeau de paille, fragile comme des épis de blé sous le vent.
Mais j’ai gardé la même robe, 100% coton, légère et adaptée.

Les rosiers des plates-bandes parfument la petite entrée de l’immeuble, certains ont même été coupés à cause de la dernière acqua alta qui est montée jusqu’ici…
Ma vieille rue est toute en briques, elle a des centaines d’années, on peut la voir sur beaucoup de cartes très anciennes de Venise, c’est du garanti grand teint.

La dernière fois, je me suis dit, il faudrait que je mémorise la couleur de chaque brique… Les compter, pour les intégrer en moi, me faire un beau mur de briques, non pour m’enfermer, mais pour me faire de la musique : une brique, une note.

















Me voilà repartie sur le chemin de mon resto, très haut là-haut, sur la Fondamenta Nuove. Nous passons la belle église, S Geremia, le Pallazo Labia, dont je n’ai pas encore vu les magnifiques plafonds de Tiepolo, je n’ai pas osé sonner à la porte d’entrée, demander l’heure des visites, je ne suis pas assez avancée dans ma méthode Assimil (lentement) pour me faire ouvrir les portes du palais, mais j’y travaille…

Et puis Cannareggio, beaucoup de monde descend au Ghetto, sur les Fondamente, il y a des fleurs aux balcons, des oiseaux sur les becs de gaz, beaucoup de brouhaha dans le petit bateau, nous voguons vers le nord.






































Le vaporetto passe les arrêts : Alvise et Orto, les "chiese" aux ombres magnifiques, visites obligatoires dans les prochains jours, et puis nous voilà à quai, très près du resto : pizza roquette… L’ambiance est à la fête, il y a du monde à table, la terrasse avance sur la mer, les mouettes et les fleurs font partie du décor, il fait bon, même sous les bâches, pas de travaux à droite, ni à gauche, car à Venise il y a toujours des travaux partout…
Des ravalements par-ci, des consolidations par-là, il faut toujours repasser partout où vous êtes déjà passé pour découvrir…

Je m’installe, tout près de l’eau, le cimetière bien à ma vue, au bout de la jetée, une vue superbe, comme sur la photo prise par Willy Ronis, découverte en Arles, cette année, la même que la mienne (j’étais fière comme un petit banc). Mais avec Willy c’est tellement, tellement plus beau, même en noir et blanc.

Bongiorno signor, una pizza della nonna per favore, coll'acqua frizzante… grazie.

Le spectacle pouvait commencer, j’avais la mer à mes pieds, bien au sec, les bateaux à moteur rayaient le bleu de l'eau, le cimetière dormait, moi j’étais à table… J’aime bien attendre ici, le temps n’entend pas le tic tac des pendules…

Je ne regarde pas souvent ma montre, peut-être un peu quand même à l'approche du déjeuner ?

Fumante, verte et rouge, dans une grande assiette, pâte bien mince, croustillante, la roquette est parfaite, bien sautillante, une très belle pizza qui sent bon, j'en ai l'eau à la bouche…A la première bouchée, je la trouve beaucoup beaucoup trop salée, pour finir, j'ai presque tout avalé, et j'ai bu à la suite, la carafe d'eau entière, j'aurais bien bu aussi la mer avec tous ses poissons. J’étais totalement salée, je n’ai pu, du mois, avaler un bout de pizza, dégoûtée ! Zut !






















Je dois avoir le mauvais karma ! Il faut que j’arrête Venise ou la pizza ? Ou alors relire Montaigne ? Jean-Jacques Rousseau ? Les blogueurs ? Je devrais bien trouver des paroles de consolation, d'encouragement ? Vous en pensez quoi ?

Vive le foot...

Le drapeau français






















En bas de ma rue, depuis peu, il y a une bande de zozos qui se forme le soir à partir de 17h….Jusqu’à 2 ou 3 heures du matin. À dix-sept heures, ils sont cinq, et à vingt heures, ils ont doublé. J’ai vu grossir leur nombre jusqu’à trente, le week-end en général.

Quelques fois il n’y a personne au rendez-vous, je me dis, tiens, il doit y avoir un anniversaire ? Je ne sais pas. Quand il fait froid, ou quand il pleut, il n'y a personne non plus, ils sont très météo...

Un autre soir, quand il fait beau, ils font un barbecue, il y a de la fumée qui sort de partout, des papiers gras sur la pelouse interdite, des canettes de soda sur le trottoir. La bande du bas ne boit pas d’alcool, cool !


D’autres soirs, ils jouent au foot, pas de problème, mais quand ils se mettent à dribbler à 2h du matin, ça réveille. Le foot, ça se joue avec les pieds mais avec la langue aussi, car la bande d’en bas ne se prive pas pour crier, ils font, comme ont dit, du tapage nocturne.

Un soir, deux soirs, trois soirs, les gens qui sont aux premières loges, dans les maisons du bas de ma rue, juste en face du ballon de foot, ne doivent pas rigoler tous les jours. Heureusement, moi je les entends à peine, tout juste de quoi m’inquiéter un peu.


Les gars de la bande sont tous habillés pareil, jean délavé, sacoche en bandoulière, casquette, ou capuche rabattue sur le crâne, façon mauvais garçons… Peut-être même mauvais garçons ?

Comme ils jouent, parlent, boivent, parlent, rigolent et se saluent bruyamment, les gens de la rue en ont assez de ce vacarme.


Un beau jour on a vu fleurir à une fenêtre d’un immeuble, juste en face de la bande, un grand drapeau français ! On s’est dit, tiens, il y en a qui au lieu de s’expliquer avec la bande, lui font savoir qu’à cet étage il y a un bon français, bien français… Ce n’est pas comme certains !

Avec quelques voisins, on s’est dit que ça allait tourner au vinaigre, si chacun sortait son drapeau d’origine.


Pas plus tard que le lendemain, on a vu naître un autre drapeau vert et rouge avec une petite déco au milieu, à la fenêtre de l’étage du dessous, on s’est dit, tiens, le bonjour du berger à la bergère ? On parle le langage du drapeau ici ! C’est redoutable, ça va mal se terminer cette histoire.

Et puis la semaine est passée…


Un matin j’ai vu le drapeau français qui avait changé de couleur, il était devenue rouge et vert avec une autre déco au milieu, et j’ai compris qu’il n’y avait pas que la bande qui jouait au foot, le drapeau aussi. Alors j’ai dit ouf ! Mes voisins aussi.

Je me suis dit, voilà une belle occasion de parfaire ma géographie et de suivre les championnats du monde de foot, il suffit juste de lever les yeux, et de voir la couleur du drapeau, avec la déco au milieu ou pas, au balcon du 2e étage de la maison d’en face !