dimanche 21 avril 2024

Coucou me revoilà ! En vrac : église, escalier, pompon, printemps et cinéma !

 


La soupe et le dessert d'un jour... Petite nature morte... Bien jolie !

Des hauts et des bas, des contrastes, des chagrins, des inquiétudes, des découvertes, la vie quoi ! 

Voilà trop longtemps que je n'avais pas remis les doigts sur mon clavier, pas le courage, pas la patience, pas l'envie, la vie quoi !

Les jours où j'étais dans les bas, je sortais quant même "pour me changer les idées", pour reprendre un petit rythme, reprendre le fil, ne pas tout lâcher. Découvrir, à Paris ? La panoplie est immense, le terrain de chasse est inépuisable, où que vous alliez tout reste à explorer, à portée de main, tiens, pourtant je suis passée par ici tellement de fois, je n'avais jamais remarqué ça, et ça, et ça... !

Le paysage urbain  change, les rues s'embellissent, ou sont délaissées, l'éternel recommencement roule sa bosse... Il faut sans arrêt aller sur place pour voir le changement en action...

Je n'ai pas repris confiance, mais j'ai repris du poil de la bête, n'en reste pas là ma belle, il faut réagir, pour ne pas glisser dans la mélancolie, la tristesse, l'inquiétude...

J'ai réagi, je suis retournée dans mes "églises musées", les celles à portée de main, direct par le métro, juste un peu de marche à pied, tout à fait ce qu'il me faut... J'ai soupesé chaque bistrot pour déguster le café allongé, toujours eu l'embarras du choix... Sur mon chemin je n'ai loupé aucune galerie, j'ai pris note des nouvelles sur mon carnet d'adresses...

La belle église Saint-Nicolas-des-Champs (12/17e siècle), négligée, au métro Arts et Métiers, le beau tableau de Georges Lallemant "Notre-Dame de Pitié" (1620-1622), vaut toujours le détour... J'y suis retournée plusieurs fois avec le même plaisir...


L'église Saint-Nicolas-des-Champs


Notre-Dame de Pitié - Georges Lallemant (17e siècle)



Détail

Tous les tableaux auraient besoin d'une belle restauration, un simple nettoyage des vernis pourrait suffire à leur redonner l'éclat perdu. Mais pour moi, ils me vont comme ils sont !

J'ai attrapé une tendinite à force d'enfiler des petites perles de 2 mmm, ouille, aïe, orthèse et anti-inflammatoire et espoir rapide de guérison sont en route... J'ai calculé en avoir enfilé environ 6/7 kg, donc, pas étonnant la tendinite... Pourtant je n'avais pas l'impression de faire un travail à la chaine, j'ai pris mon temps, la tendinite, m'a dit le bon Docteur, nait de la répétition du geste, j'ai drôlement répété !! Avec entrain, mon petit travail était toujours sur la table, les bruits du monde m'arrivaient par la radio,  un thé de temps en temps, mes lauriers à portée de vue sur mon balcon, le ciel pardessus les toits... Madame c'est une tendinite, boum !



L'inspiration chromatique pour le dernier (pour l'instant) pompon, vient de ce beau tableau "La Vierge au Jardinet" d'un anonyme du 16e siècle, que j'ai vu il y a longtemps au Musée des Beaux-arts de Strasbourg...

En circulant dans les petites rues du Marais, encore et encore, chaque porte restée ouverte réserve souvent des découvertes... Ce jour-là, le gardien qui sortait les poubelles dans la rue, m'a permis de grimper dans les escaliers, dérobés aux yeux des passants,  j'en ai profité pour admirer la subtilité de l'escalier bien ciré, bien astiqué, bien décoré, une merveille !... Merci monsieur !






Le petit escalier si subtil des années 1930 !

Des surprises également près de chez moi, le, printemps est là et bien là, les couleurs si belles, si  tendres, des glycines et du tamaris, même sous le ciel gris, sont merveilleuses... 


Le tamaris rose face à la morosité des temps !


Les glycines parfumées... Contre vents et marées...

Hier, je me suis  précipitée au cinéma pour voir le dernier film de Nicolas Philibert (la tendinite ne me gène pas pour ouvrir les yeux et tendre l'oreille) "La machine à écrire et autres sources de tracas". Comme toujours ce cinéaste me touche, son regard devient le nôtre, le mien, il m'aide à comprendre avec tant d'humanité, il prend le temps qu'il faut pour écouter les gens... Tous ses films sur la psychiatrie sont des pépites... Le premier "La moindre des choses", je l'ai vu en 1996 (presque trente ans passés !) dès sa sortie, il abordait déjà ce sujet si délicat de la psychiatrie : "Tous les ans, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce de théâtre qu'ils joueront le 15 août. En 1995, ils ont choisi d'interpréter "Opérette" de Gombrowicz. Au fil des répétitions, le film retrace les hauts et les bas de cette aventure. Mais au-delà du théâtre, il raconte la vie à La Borde, celle de tous les jours"(Allo Ciné)... Un film dont (presque) chaque plan reste gravé dans ma mémoire... 


Magnifique film (documentaire) de Nicolas Philibert (1996)

Bien sûr j'avais vu de façon très rapprochée les deux premiers documentaires sortis en 2023 : "Sur l'Adamant". "L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien" (Allo Ciné). Toujours aussi bouleversant ! 

J'ai vu "Averroès et Rosa Parks" quelques semaines après : "le film qui se situe à l'hôpital auquel l'Adamant est rattaché, l'hôpital Esquirole à Charenton, dans lequel j'ai filmé des conversations entre des patients et des soignants. On y retrouvera quelques-uns des personnages de Sur l'Adamant, qui sont hospitalisés là-bas".

Nicolas Philibert nous prend la main, nous bouleverse, il filme avec la même tendresse, les malades et les soignants, il écoute, il regarde avec nous, spectateurs de la "folie"... Nicolas Philibert impressionne, il plante sa caméra au milieu de tous ces gens, pour eux, pour nous (notre miroir)... C'est chaque fois sublime, nous partageons les difficultés, les joies, les espoirs des patients... Les soignants, toujours présents à leur côté sont merveilleux ! 

Aujourd'hui, je file voir le documentaire de  Sébastien Liffshitz "Madame Hofmann", 2024. Réalisateur de documentaires (et de fictions) dont deux que j'ai vus : "Les invisibles", 2012, des homosexuels nés dans l'entre-deux guerres parlent d'eux, de leur lutte pour se faire reconnaître... "Les vies de Thérèse", 2016, Thérèse Clerc, militante féministe LGBT (décédée en 2016) très émouvant documentaire, qui retrace les vies de Thérèse, vies passionnantes et passionnées... Ma petite-fille, qui venait de voir Madame Hofmann, me l'avait recommandé : vas-y mamie, je suis sûre que tu vas adorer !



 Tête d'affiche... Madame Hofmann

J'ai adoré le film, j'ai même nagé dans le bonheur, la joie, la tristesse, tout y était, le spectateur pouvait s'identifier à tous les rôles : les jeunes, les moins jeunes et les plus vieux, dont je faisais partie, des vraies vies dans une équipe d'infirmières de l'hôpital Nord de Marseille, Madame Hofmann, cadre de santé, "mère de tout le service", comme elle aimait à dire en plaisantant (à moitié) en partant à la retraite, est superbe ! Madame Hofmann, après quarante ans de service dans "l'humanitaire" de l'hôpital", tire sa révérence en pleurant... Le parcours continue pour elle dans le calme de sa maison de campagne, au bord de la belle bleue, avec des projets et les embûches de santé annoncées... Magnifique portrait ! Que deviendrons-nous si l'État abandonne l'hôpital ?

Mes amis à très bientôt, après la tendinite, il faut que je laisse ma main droite reposer !
Je vous embrasse tous ! À très bientôt...

mercredi 14 février 2024

Les petites histoires des choses de la vie, et l'Art Brut à la Halle Saint-Pierre...

Exposition d'Art Brut à la Halle Saint-Pierre

Mon primeur a changé de métier ! Maintenant, il est banquier...

L'autre matin d'un dimanche gris, la dame qui stationnait dans sa boutique, après avoir acheté deux fruits, lui demanda : tu peux me prêter 5 euros ? Mon épicier banquier lui dit : bien sûr, attends, la barbe, tu vois, je n'ai pas un sou de monnaie. Comme la dame insistait : ah zut, il faut que j'aille voir ma sœur, je n'ai pas assez d'argent ! Attends, tiens, je te donne dix euros et tu me donnes les trois pièces de un euro qu'il avait aperçues dans le fond du portemonnaie... Le banquier a un œil de lynx, l'accord s'est conclu entre eux, voilà, tu me dois dix euros, après un rapide calcul mental, la dame acquiesça et le remercia, merci mon ami... Elle repartit d'un bon pied mais mauvais œil, en toute tranquillité. Le banquier d'occasion nous raconta son histoire : cette dame était très âgée, un peu à l'ouest, mais conduisait encore sa voiture avec maestria, tu verrais quand elle fonce avant le feu rouge, ça fait peur. Elle était médecin des Hôpitaux de Paris, maintenant, elle compte ses sous tous les jours, et souvent elle me dit : il me reste quatre euros cinquante, la banque (la vraie) est de plus en plus exigeante avec elle, le monsieur qui attendait derrière moi à la caisse, dit : elle doit être sous tutelle ! Pour finir, tu sais, je lui prête sept euros tous les jours, et tous les jours elle revient me les rendre... J'ai dit à mon ami le primeur banquier : c'est bien mon ami, ne change pas. Il nota sur un papier, attaché avec une pince à dessin, la dette de la dame, il y avait une longue liste de noms, rien qu'avec des nombres à deux chiffres, certains étaient barrés, il était rentré dans son argent mon primeur/banquier...

Il sourit : elle me doit sept euros tu vois, tu es témoin. Oui, j'étais témoin de sa solidarité, souvent il donnait de la nourriture à ceux qui s'asseyaient sur le banc derrière l'église, pendant plusieurs jours de suite, sur les histoires de la rue, il en connaissait un rayon...

Les autels de voyages de Marion Oster - 1960 (Niger)




Les autels de Marion Oster (détail)

Dans le bus, il y avait un monde de dingue : avancez, avancez donc dans le fond ! Personne ne bougeait, tout content de sa place gagnée de haute lutte, en se tenant solidement aux barres, les tangages passaient comme une lettre à la poste, cependant un couple de personnes très âgées, très fragiles, en équilibre dans la partie centrale, ne disait rien, un jeune père de famille délogea ses deux enfants assis sur le siège à l'avant du bus, un peu en hauteur (que je n'utilise jamais) : laissez donc votre place au monsieur ! Mais le monsieur ne voulait pas gravir l'Everest : mais non, je ne veux pas, j'ai une prothèse de hanche, je sais ce que je peux faire ou pas, pas un merci, pas un : "c'est très aimable à vous", le grincheux trouvait que le "cédage" de place n'était pas fait pour lui, il envoya promener l'auteur de l'amabilité avec un œil noir. Je me disais illico : voilà comment les vieux se font bien voir dans les transports en commun !

Les grandes sculptures de Jean Branciard - 1954 Gleizé


Les grandes sculptures de Jean Branciard - 1954 Gleizé (D'un côté)

(Comme de l'autre)


Jean Branciard - 1954 (détail)

De loin j'aperçois un de mes voisins qui pressait le pas, comme à son habitude, j'avais toujours l'impression qu'il allait à un rendez-vous urgent ou prendre un train : bonjour monsieur, vous courez comme d'habitude ? Oui, tant que je peux le faire... Passez une très bonne journée ! Et il était déjà loin, il était donc tout le temps en train de tester ses capacités, un peu comme moi, je me suis surprise à penser la même chose en prenant les escaliers du métro, vaquant avec facilité dans les musées, les expos... Profitons de cette chance pendant que c'est possible, suivi d'un : demain, je vais où ?


Gérard Éli - 1953 (France) (céramique)

Une voisine, encore une, explosait de partout, l'ascenseur déconne, mon médecin a pris sa retraite, il est parti sans rien dire, où je vais aller ? Il faut que je descende voir ma sœur à l'autre bout de la France, j'ai encore tout à préparer, la régularisation des charges de notre immeuble est vraiment très chère cette année, j'en ai marre, marre, marre... Je voyais bien que ça pétait de partout, elle en voulait au monde entier, comme d'habitude, le verbe haut... Mais dis-moi, lui dis-je, tu nous ferais pas une petite déprime ? Tout va mal, t'es pas bien, un petit repos s'impose, pense au printemps qui ne va pas tarder, à ta sœur que tu vas retrouver avec plaisir, mais je savais au fond de moi que rien n'y ferait, se battre contre le monde entier, il faut avoir les épaules...


Kirsten Stingle - 1970 - Artiste autodidacte américaine (céramique)

Une autre voisine, un peu "fêlée" mais grand cœur, que je n'osais pas toujours aborder, disons que je fuyais plutôt dès que je la voyais débouler, par crainte de ne pouvoir m'en dépêtrer facilement... Les mots sortaient sans s'arrêter, pas moyen d'en placer une, il fallait être costaud sur ses jambes pour rester sur le trottoir à l'écouter sans broncher, ça risquait de durer longtemps, pour n'importe quel sujet, aussi bien la visite du médecin, racontée minute par minute, que l'achat d'une salade, tout faisait des mots dans le moindre détail, il fallait attendre avec patience, mais comme elle n'en finissait jamais tant que vous étiez là, pour prendre congé, filer à l'anglaise, courir même, un prétexte bien affûté, qui tenait la route, était impératif : excuse-moi, j'ai un rendez-vous urgent, je suis déjà en retard... Ça pouvait marcher, sinon tant pis pour vous, le piège se refermait, coincé, ficelé, le pied dans la porte... Les mots, les mots, les mots défilaient à vive allure ! Plus d'une fois je l'ai saluée de la main, de loin, sur l'autre trottoir, en pressant le pas, m'enfournant prestement dans l'ascenseur qui partait, ouf ! Sauvée... C'est une personne pleine de qualités, toujours là pour rendre service, mais trop présente, et depuis peu, intrusive... De jour en jour ça s'aggrave !



Ronan-Jim Sévellec - 1938 (Brest) - Les boîtes reproduisent le réel en miniature...

La petite dame qui attend l'autobus en bas de chez moi, toujours en noir jusqu'au turban, me redit sans fin, chaque fois que nous nous croisons, qu'elle prend toujours le bus pour aller jusqu'à Paris, elle allait manger dans le café où mangeait son mari quand il travaillait : j'y vais toujours, j'aime bien, ça me fait une sortie, mes enfants me disent : maman, va prendre l'autobus, sort, prend l'air... Bon vent ! Elle est si chaleureuse, si fragile, quand je la prends dans mes bras pour l'au revoir final du jour, j'ai peur de la casser... Elle me dit : au revoir ma chérie !



Ronan-Jim Sévellec - 1938 (Brest) - Les boîtes miniatures

Un dimanche, mes voisins m'ont invitée à prendre le café, adorables, un plaisir d'être en leur compagnie, le couple avaient même invité une de leurs amies pour discuter de l'alimentation, je ne sais pourquoi ça paraissait important pour elle, elle voulait en savoir plus, tout le monde savait que je fuyais les bonbons, les gâteaux et les pâtes, le sucre en général, et que je m'en portais bien... Un drôle d'animal cette dame-là, mais ça les intéressait... Parfait, une occasion comme une autre d'être en bonne compagnie... Nous voilà sur tout à fait autre chose, la discussion allait bon train, rien d'alimentaire, les choses de la vie et comme moi j'aime bien les choses de la vie, j'étais à mon affaire. M. commence à raconter la mort de son père, sans crier gare, je sentais l'émotion gagner tout le monde, M. nous a raconté comment sa famille avait tenu en vie son père, tout le long du voyage de retour dans son pays d'origine dans l'Océan Indien. Un grand moment de vie avant la mort... Puis se fut au tour de leur amie invitée de parler des glucides et des protéines. La mort douloureuse de son père encore jeune, les larmes dans les yeux elle se demandait encore comment elle ferait pour vivre quand le tour de sa maman viendrait ? Plus question d'alimentation, mais des deuils, des chagrins, des parcours difficiles... Après cette grande conversation, nous étions amis pour la vie !



Ronan-Jim Sévellec - 1938 (Brest) - Les boîtes miniatures...

L'Art Brut de la Halle Saint-Pierre : une exposition à tomber par terre, trop d'œuvres, oui trop, du rez-de-chaussée au premier étage, je ne savais pas où jeter les yeux, comment faire, où aller, de partout il y avait des chefs-d'œuvre, j'ai dû y revenir deux fois, une fois pour le bas et une autre fois pour le haut (avec ma petite-fille qui frétillait comme moi). Des artistes inclassables, selon les critères de l'art brut naïf ou traditionnel. Les artistes présents sont sans formation artistique, pour la plupart, mais "possédés par la passion de la création". Tout au long de la visite, j'entendais des expressions, interjections, du genre : c'est dingue, génial, Oh ! Ah ! À tomber par terre, incroyable ! Et chacun courait d'une œuvre à l'autre, émerveillé...

Pas un mot à rajouter, ni même enlever

J'ai mélangé les photos des deux étages : au rez-de-chaussée les inclassables, les "bruts", au premier la céramique, des artistes émancipés des critères classiques mais plus investis sur les scènes culturelles alternatives, le sensible et l'imagination aux commandes, et beaucoup de poésie, un délice ! De la belle beauté !

À la Halle Saint-Pierre, on peut prendre un thé, un café... Une petite halte avant ou après l'expo, la joie commence là, à l'arrivée ou au départ...

Les pauses à la Halle Saint-Pierre, en arrivant ou en partant, thé café... C'est la joie !


Commande familiale spéciale en cours...

Je suis lente en ce moment, je fais beaucoup de travail manuel, les perles me tiennent longtemps à table, il fait gris... Je reviens très vite, mes amis, prenez soin de vous, je vous embrasse.

mercredi 24 janvier 2024

La belle chapelle Saint-Vincent-de-Paul rue de Sèvres, l'installation de Daniel Buren au Bon Marché...

 

Petite chapelle ni vue ni connue, circulez, il n'y a rien à voir ?



Ah, la belle visite ! Impressionnée dès l'entrée, j'avais noté dans un coin l'adresse : aller voir la chapelle Saint Vincent-de-Paul. Il faisait assez gris, un ciel de pluie, un air de froid, rien n'y a fait, j'y suis allée ! 

Toute proche de la station Saint-Placide, facile à trouver... Tout au long de la rue de l'Abbé Grégoire, je notais la grande école (privée) hôtelière Ferrandi (gastronomie et management) plus que centenaire, créée en 1920, appartenant à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, établissement public, j'imagine donc que la Chambre de Commerce doit subventionner l'établissement. Plus loin dans la rue un énorme bâtiment Maison de retraite / Ehpad ? Sous l'égide "Amitié et Partage", "Chemin et espérance" ? Associations héritières de 10 congrégations religieuses (j'ai dû beaucoup chercher pour comprendre à peu près l'histoire). Si le cœur vous en dit, vous pouvez y participer. J'ai vu le cercueil dudit abbé Grégoire dans la chapelle Saint-Vincent...

Cette belle chapelle est l'église de la Congrégation Lazariste (fondée au 17e siècle par Saint-Vincent-de-Paul) qui habite l'ensemble du bâtiment aujourd'hui, les Lazaristes (règle inspirée des Jésuites) forment aujourd'hui des laïcs au service du clergé.

Cette chapelle abrite le corps de Saint-Vincent-de-Paul, il repose dans la châsse en argent, en haut de l'autel, on peut y accéder par deux escaliers de part et d'autre.


La châsse en argent tout en haut avec la dépouille de Saint-Vincent-de-Paul

En montant le petit escalier qui conduit à la châsse du saint, je me souvenais de celui que j'avais également gravi à Padoue, pour voir les restes du corps de Saint-Antoine, il y avait foule, et les croyants qui faisaient la queue y glissaient un mot, une pièce pour exhausser un vœu, une demande, j'y ai moi-même glissé un petit papier, on ne sait jamais ! Ici, à Paris, rue de Sèvres, il n'y avait pas de procession, j'étais seule à monter l'escalier, pour voir de près la beauté de la châsse, et contempler le corps du saint. Je n'y ai pas glissé de papier...


L'escalier qui mène à la châsse


La dépouille du saint (dont les traits et les mains ont été reconstitués à la cire)

Je n'ai pas osé, par respect pour les croyants fervents qui priaient en bas, faire des photos de la voûte bleue, vue d'en haut.

Il règne dans cette chapelle une douce lumière, de belles couleurs et une ambiance paisible particulière.



Les magnifiques couleurs de la chapelle

La présence constante de croyants qui s'attardent longuement aux prières surprend, alors que dans bien des églises parisiennes il n'y a personne. Le décor de la chapelle est très soigné, simple et intimiste, les vitraux en grisaille, formés de médaillons, s'inspirent de la vie du Christ et de la Vierge... Ils sont très beaux.


C'est dans la même rue, profitons-en ! Daniel Buren est à l'honneur au grand magasin du Bon Marché, une magnifique installation parmi les objets de luxe, il suffit de passer entre les gouttes... Sans passer par les caisses !


Daniel Buren

J'en parlais dans ma publication précédente et le revoilà dans une installation délicate, poétique et superbe, les beaux carrés de Buren valent le déplacement, suivez-moi...


Les beaux carrés de D. Buren (85 ans)

En entrant au Bon Marché, le luxe est de tous côtés, les belles choses sont toutes à vous, mais impossible d'y accéder, car les prix sont élevés... Les petits carrés de l'artistes font partie des merveilles qui nous sont offertes gracieusement ! Il suffit de lever les yeux, et je ne me suis pas privée d'y rester un bon moment pour en profiter pleinement, un moment de grâce, de légèreté, de bonheur, une création évanescente ! Merci M. Buren !


Le ciel étoilé de D. Buren


Les beaux carrés en haut de l'
escalator


Changement de couleur, le ciel nous tombe gracieusement sur la tête


En haut des marches

Comme il faut bien parler pour dire quelque chose, D. Buren s'est inspiré des carreaux carrés des verrières historiques du Bon Marché Rive Gauche. Belle inspiration, moi je dirais que c'est l'artiste qui est inspirant, il ne faudrait jamais décrocher cette belle œuvre.



L'inspiration

Vous vous en doutez, je n'étais pas pressée de partir, comme dans la chapelle Saint-Vincent-de Paul : l'art, qu'il soit profane ou religieux, peut  me toucher autant, sans limite, sans apriori, sans hiérarchie ! 

En faisant le petit bout de chemin qui sépare la chapelle et le Bon Marché, j'ai regardé avec attention l'ancien Hôpital Laennec (17e siècle), bien public vendu à un promoteur (Cogedim) en 2002, bien en dessous du marché immobilier, pour financer l'hôpital G. Pompidou. Depuis 2016, l'Hôpital Laennec est le siège du groupe français de Luxe Kering (Direction François-Henri Pinault). Je n'ai pas pu y pénétrer, même pour jeter un coup d'œil derrière les barreaux, c'est privé, c'est privé ! Un gardien veille au grain... La chapelle me demeurera inconnue...

J'ai rouspété bien sûr, mais rien n'y a fait ! Le bradage de ce monument historique m'a mise en colère !




Le ciel est par-dessus les toits...

Mais j'ai continué mon chemin, sous un soleil d'hiver chaud et lumineux, le ciel était bleu à perte de vue... Je ne voyais rien d'autre.

Mes amis, à la prochaine !!! Portez-vous le mieux possible, moi je mets souvent mon masque dans les transports en commun... Je vous embrasse.