Les deux hêtres (2022) Le château végétal !
La première, première chose à faire était d’aller "les" voir, toutes affaires cessantes ! Nous étions arrivées un dimanche, tous les magasins étaient fermés, nous avions largement le temps de "passer les voir", comme on va visiter des parents affectionnés que nous n’avons pas vus depuis un an... Ma petite-fille m'avait accompagnée, elle adore la nature, je lui avais beaucoup parlé des vieux hêtres, ces deux grands arbres sublimes qui m'avaient fait pleurer il y a déjà deux ans. Je les avais découverts, par hasard, au cours d'une conversation de rue, j'avais mis pied à terre, mon vélo à la main, pour mieux questionner la dame : vous cherchez des vieux arbres ? Oui, vous en connaissez ? Oui, un peu plus loin, avec votre vélo vous y serez bientôt, alors, tout de suite à gauche, plus vous les approcherez, plus vous les verrez grandir, ils sont immenses. Je n'avais pas de passion particulière pour ces grands conifères... Mais, j'ai pédalé, pédalé et je les ai vus, immobiles et noirs...
La petite prairie où ils trônaient n’avait pas été fauchée, la végétation partait dans tous les sens au milieu du pré, j’avais déjà les jambes éraflées jusqu’au sang. Par où passer sans se faire encore égratigner ? Droit devant nous, j’essayais de suivre une piste, des traces, il fallait se garer à gauche, à droite, aïe, aïe, ça pique, ça tire, ça frotte. Victimes des herbes, des orties, des ronces, rien ne nous arrêtait. Ma petite-fille levait les jambes assez haut pour être épargnée par les coupures, elle riait, jetait un œil par derrière, elle ouvrait la voie : par ici mamie ! La mamie suivait derrière, tout va bien, je restais dans ses pas, nous y arrivions. Les voilà ! Entourés d’herbes hautes, quelques branches cassées, leurs troncs se dressaient comme des forteresses, des tours de garde : viens ma chérie, entourons-les de nos bras, prenons leur force, même avec nos bras grands, très grands ouverts, nous n’arrivions pas à en faire le tour. Ma chérie, il faut le câliner et faire des vœux : bonheur, force, sagesse, longue et belle vie… Nous mettions le paquet sur les vœux !

Les deux géants (2022)
(2022) Ma petite-fille et le hêtre
Le câlin, les vœux de force et de bonheur (2022)
Après les avoir pris en photo (tablette, appareil photo, téléphone) dans tous les sens, nous avons rebroussé chemin, tantôt en marche avant, tantôt en marche arrière, pour éviter toutes les grandes herbes égratigneuses qui ne me faisaient pas de cadeau, le sang dégoulinait de plus belle le long de mes chevilles, mais le plaisir d'être là, de les revoir, avait été beaucoup plus fort, de plus j'étais heureuse de les avoir présentés à ma petite-fille. Sorties de l’ombre des hêtres, nous somme allées voir le grand chêne à l’entrée de la propriété, cent mètres plus haut, un autre centenaire, un arbre magnifique, puissant, quelques branches cassées, mortes, mais il gardait toute sa beauté et sa prestance.
Les deux hêtres (2022)
Comme les années passées, je n'osais pas franchir le seuil de la propriété, par peur de chiens qui ne se manifestaient jamais ! La peur était en moi, j'avais peur des chiens. Le petit chemin qui menait aux habitations était pourtant très court, au bout de la petite allée, un homme sur un vélo venait à nous : bonjour monsieur, nous nous émerveillons à voir ce chêne, il a bien cent ans ? Ah ! Bien plus de cent ans, je suis pressé, excusez-moi, demandez à mon père, là-bas, il saura mieux que moi... Il repartit à grand train, mais nous n'avons pas osé nous aventurer plus avant... Nous n'avons donc rien su de plus même sur les hêtres ! L'année prochaine peut-être ?
Le chêne puissant (2022)
Le grand chêne raboté à gauche (2022)
Au bout du petit chemin (2022)
J'ai parlé à tout le monde des hêtres, du chêne, de la propriété très belle et ancienne du lieu, personne ne connaissait, ni de près ni de loin. Parfait, gardons ça pour moi, j'y reviendrai... L'année prochaine... C'est comme ça que les hêtres sont devenus "Mes hêtres", comme la station de métro que je fréquente le plus souvent à Paris : Arts et Métiers, qui s'appelle pour moi "Danielle". Je ne demande pas qu'on la débaptise, mais qu'on lui donne au moins mon nom d'usage dans un petit coin : Danielle...
Au cours de mon long séjour, j'y suis remontée une autre fois, j'avais emporté mon tripode, j'ai pu m'asseoir sous les chênes qui bordaient la propriété, tout près des hêtres... Dans mes terres ! Assise là, dans le silence, sans prendre de photos, j'entendais le chant des oiseaux, pas de jumelles non plus ! Dans le plus grand dépouillement...
Lors de ce séjour, j'ai été moins tentée par la photographie, je voulais voir avec mes yeux, garder au fond de moi toutes les nuances, les odeurs, les luxuriances d'une nature encore sauvée par le gong, je guettais les moindres changements, et je me disais, pourvu que ça dure !
Ma petite-fille est repartie, la différence a été grande...
Mes amis, à la prochaine de l'Indre, portez-vous bien, restez prudents, moi je vais reprendre les projections dans la salle de cinéma de mon quartier...