mercredi 8 juin 2022

Sophie Calle à Orsay ! Les brèves de mon comptoir...


"Parce que des suaires en marbre" - Sophie Calle (1953) 

Il me suffit de presque rien pour me souvenir d'une œuvre qui compte pour toujours ! J'aurais bien voulu faire cette photo-là : les couleurs marbrées, pâles, l'ambiance, les plissés comme des tuniques antiques, où est le vrai linge qui sèche, où sont les reflets du linge ? Tout est parfait, parfaitement beau ! Cette photo parfaite de Sophie Calle, je l'avais vue chez Perrotin, la belle galerie de la rue de Turenne, en 2018... Je la suivais partout, autant que faire se peut, dans les musées et les galeries de Paris, j'ai tous ses livres, des petites merveilles, elle fait de sa vie une œuvre avec des photos, des installations, des poèmes, des films... Il faut de tout pour faire un monde, Sophie Calle met justement en scène son monde personnel, et vous invite à la suivre, avec humour, tendresse, surprises et émotions... Sophie Calle expose ? J'arrive, et me voilà au musée d'Orsay, où je ne vais jamais, trop de monde, trop de monde, animations, mais là, j'y étais avec mon commando préféré : ma (grande) petite-fille, mamie on y va ! Nous y voilà, amusant de passer devant tout le monde avec mon invitation récupérée auprès d'une amie d'une amie... J'avais repéré son projet d'exposition dans la boutique d'un libraire... Je m'en suis réjouie des jours et des jours à l'avance...


Tiens, tiens, Sophie Calle fait des siennes, chouette... Prochainement au Musée d'Orsay, les librairies avaient bien balisé le terrain, le livre existait, Sophie Calle est un bon coup éditorial

Sur le site un monde de dingues, nous, on vient juste pour Sophie Calle. Par la grande porte, avec l'invitation, ça roulait comme sur des roulettes, on a grillé tout le monde sur les files d'attente, nous sommes rentrées comme la reine d'Angleterre. Nous y voilà, rien à voir, il y a erreur sur la marchandise, quelques photos, très peu, des numéros de portes. La gare d'Orsay, inaugurée en 1900, voit son trafic grandes lignes supprimé en 1939. L'hôtel de trois cents soixante-dix chambres qui lui est adjoint ne ferme en revanche ses portes qu'en 1972. Dès la mise en place en 1978 du projet de musée consacré à l'art du XIXe siècle, l'équipe chargée de sa préfiguration a immédiatement à cœur de réunir et conserver tous les souvenirs restés encore en place de l'ancienne gare et de son hôtel, parmi lesquels notamment l'ancien registre du personnel. Sophie Calle séjourna (presque clandestinement) en 1979 dans la chambre 501, son quartier général, pour la recherche archéologique, de ce qui restait du Grand Hôtel. Le musée d'Orsay (le conservateur, Monsieur Donatien Grau) lui avait donné carte blanche, pour raconter cette histoire à sa manière, elle s'installa donc dans la chambre 501 pour la collecte d'infos. Il ne restait rien à saisir de vraiment touchant et Sophie Calle n'ayant pas trouvé le "sarcophage de Toutankhamon", a dû tirer sur la corde pour réunir des vestiges : elle fit quelques (très belles) photos, encadra des vieilles factures, des notes de frais de la clientèle et des relevés d'électricité... Exposa les vraies clés et les plaques des numéros des chambres, fabriqua des petites proses insignifiantes, bref, on s'est bien embêtées, rien à voir de beau, d'intelligent, de passionnant, pas de surprise, ben Sophie ! Le livre doit être plus fascinant !! Ma (grande) petite-fille s'ennuyait ferme comme moi, je voyais bien son œil éteint...


Les numéros des chambres, en farandole


Relevé des compteurs, design !


Numéro de la chambre QG, sous globe


Les vraies clés...


Les belles photos de Sophie

Elle n'osait pas encore me le dire, mais le véritable ennui avait commencé son travail de sape, ma (grande) petite-fille m'a dit : c'est ça, l'expo ? Difficile de répondre : mais oui, c'est là, voyons ma chérie... Il n'y avait rien à voir de palpitant, c'est vrai (à part les photos comme toujours). On ne peut pas dire non plus que j'ai un parti-pris négatif :


Ma collection perso des livres de Sophie !

Ses livres, je les ai (presque) tous, et même je vais me faire offrir son dernier, pour mon anniversaire, je ne peux pas (bien) vivre sans Elle !

Bon, mamie, c'est pas tout ça, si on allait voir les collections permanentes d'Orsay ? Bonne idée, nous avons fait l'animation auprès du public, on a bien ri, mais revu avec plaisir le Douanier Rousseau, G. Courbet, et quelques autres... Il y avait des milliers d'années que je n'étais pas venue à Orsay, je me disais aussi : pas près de me revoir avec ce monde, j'attends quand même gentiment l'expo de Rosa Bonheur en octobre...


Olympia, de G. Courbet, sans le chat à droite (ma photo)


Olympia, de G. Courbet, et le petit chat noir à droite, dans le noir, je ne l'avais jamais vu, et vous ?

C'est par dessus l'épaule d'une jeune femme, dans son smartphone que je l'ai aperçu (le chat noir), pour la première fois ! Je n'avais jamais remarqué l'animal, merci mademoiselle, heureusement que vous êtes là, pour me le faire voir, et nous avons bien ri ensemble !

Avec beaucoup de gens, nous communiquions sur les œuvres, chacun avait son histoire, sa préférence, devant la charmeuse de serpent du douanier Rousseau j'y suis allée aussi de ma petite anecdote... J'ai aimé ce tableau depuis mon adolescence, je ne sais toujours pas pourquoi, je le trouvais plein de mystère, de grâce, de poésie, cette belle nature me charmait, le flamant rose, la lumière... Un peintre naïf ? Sûrement pas... Tout était à mon goût, moi qui ne savais ni dessiner, ni peindre, qui connaissais si peu de chose en art... Je savais juste regarder, aimer, touchée... Sans discuter... Je suis toujours restée spectatrice (un peu plus avisée, aujourd'hui) des beautés du monde...


La charmeuse de serpent - 1907 - Le Douanier Rousseau (1844-1912)

Les brèves de mon comptoir :

 Aline !

Je l'ai rencontrée du côté d'Aligre, où je vais spécialement chercher mon pain à la farine intégrale que j'adore...

Elle sortait d'un immeuble immense, elle était là avec sa canne, toute menue, à petits pas, regardant dans le vide, j'avais même l'impression qu'elle n'y voyait pas grand chose. Elle avait sur le dos un pull tricoté à la main, avec de belles couleurs. Sitôt à sa hauteur, je lui fis compliments sur son pull, en regardant de plus près j'ai vu que le pull était troué de partout, des gros trous qui ne se raccommodent pas, juste bon à jeter ! Vous l'avez fait vous-même ? Il est vraiment magnifique ! Non, c'est ma mère qui l'a fait... La dame devait avoir l'âge de sa mère... Ah très bien, j'ai tout de suite vu qu'il était fait à la main, vous habitez dans cette maison ? Oui, je suis Ukrainienne, enfin ma mère était Ukrainienne. Ah bon ! Oui, je m'appelle Aline. Elle était perdue, elle stationnait juste devant la voiture qui voulait sortir de l'immeuble, le conducteur attendait patiemment qu'elle se pousse un peu. Aline il faut avancer pour laisser la voiture passer, je lui ai pris le bras pour l'aider à faire quelques pas de côté. Oui, je suis Ukrainienne. Très bien Aline... Je voyais bien que la discussion n'irait pas loin, elle était perdue... Vous aussi, votre tenue vous va très bien ! Elle m'avait retourné le compliment et continua sa petit route de quelques pas, vous vous appelez comment ? Je m'appelle Danielle, passez une bonne journée Aline, à bientôt... Elle était restée au beau milieu du gué, entre la chaussée et le trottoir, la canne légèrement levée pour me faire le signe du départ...

La boulangère :

À la boulangerie, la boulangère est toujours très aimable, souriante et pas pressée : bien sûr, je vous le tranche ? Oui, s'il vous plait, vous avez bien de la concurrence dans le quartier, vous arrivez à vous en sortir ? Oui, chacun à sa clientèle. Tout va bien alors ? Oui, oui tout va bien ! Moi, c'est chez vous que je viens tout le temps, votre pain est délicieux, je vous dois combien ? C'est gentil de me dire ça, tenez : elle glissa sur le comptoir un petit sac en papier blanc avec un truc dedans... Oh merci ! Il fallait pas, merci, c'est trop gentil, à bientôt... Sitôt sortie, j'ai mis la main dans le sac et j'ai vu un beau pain au raisins, enroulé comme un gros colimaçon tout plat, moi qui ne mange jamais de pâtisserie, je l'ai goûté illico presto, allez tant pis, j'y vais, et là, les orgues du ciel se sont mises à jouer un air divin... Le petit pain entièrement feuilleté était extraordinaire, fondant, craquant, imposant, les petits raisins, moelleux... Le petit Jésus en culotte de velours, comme dit souvent ma voisine...

Attention Danielle, la prochaine fois, prend ton pain tranché et file... Les petits pains, c'est pas pour toi !

Mes amis, la prochaine fois, c'est cinéma !! Le retour pour moi... Je vous raconte... Prenez soin de vous, le Covid, c'est pas que pour les autres... Je vous embrasse.

7 commentaires:

Marie Claude a dit…

Quel dommage pour l'expo de Sophie Calle...il te reste les livres mais bon,je comprends ta déception.
Ah je n'avais pas vu le chat ,c'est vrai qu'il est bien caché,il faut que je retrouve les photos faites lors d'une visite.
Les oeuvres permanentes vous ont permis de passer malgré tout un bon moment avec ta "grande"
petite fille,chouette ces sorties complices avec elle!
J'ai eu un peu de peine pour Aline,seule et un peu desorientée..
La prochaine fois pas de compliments à la boulangère...sinon encore une viennoiserie,bien longtemps que je n'ai pas savouré un pain aux raisins!
Belle journée à toi avec des bisous du matin.

siu a dit…

En lisant le commentaire de Marie Claude, à chaque ligne (y compris le fait de jamais avoir remarqué le chat aux pieds d'Olympia) je pensais: voilà exactement les choses que moi aussi je voulais dire à Danielle, "deux pour le prix d'un" d'une certaine façon ;-))

Je n'ai jamais bien compris la valeur de l'astrologie, mais... par hasard ne serais-tu pas, chère Marie Claude, capricorne ascendant balance? Car ça expliquerait du moins en partie les choses, compte tenu du fait qu'en plus ce n'est pas du tout la première fois qu'il m'arrive de partager tes propos, d'y adhérer comme s'ils étaient à moi.

Mais pour terminer je change, vu l'heure qu'il est: bisous de l'après-midi, chère Danielle... et merci encore une fois pour le plaisir de lire ce billet !

Marie Claude a dit…

Chère Siu,c'est vrai que nous avons très souvent les mêmes ressentis,peut-être notre âme de mousquetaires!!
Je suis lion ascendant sagittaire d'après une amie,pour ma part je ne suis pas experte..
C'est plaisant de pouvoir échanger sur le blog de notre chère Danielle qui nous le "prête" avec plaisir je le sais.
Belle journée à toi et à toutes les autres.

Anne-Marie a dit…

Bonjour Danielle,

j'avoue , je ne connais pas Sophie Calle , je vais jeter un oeil sur le net pour palier à cette méconnaissance

je suis bien tentée par l'expo Rosa Bonheur en automne....

Belle journée ensoleillée

Anne-Marie

Danielle a dit…

Marie Claude, merci, ainsi ni toi ni Siu n'aviez vu le chat, belle découverte pour nous toutes les amies grâce à une touriste !
Ça me fait plaisir d'avoir bien restitué Aline, cette perdue de l'arche humaine, évaporée sur le trottoir, l'œil lointain, les infos sur la guerre d'Ukraine avaient du la marquer !

Tu as raison : plus de compliments à la boulangère, au risque des kg :-)))

Sûr que je vous prête mon blog avec cœur et plaisir mes amies mousquetaires, allez-y !!!

Belle journée à toi Marie Claude, gros bisous du matin.

Danielle a dit…

Chère Siu, bon, c'est raté pour les signes du Zodiaque, mais vos esprits sont jumeaux quand même !-:))))

Merci mes fidèles...

Passe un bon après midi, plein de soleil ici et par chez toi ça doit être bien pire !

Je t'embrasse fort, je me concentre pour le post suivant !

Danielle a dit…

Coucou Anne-Marie, tu dois savoir tout sur Sophie Calle maintenant, mais c'est toujours mieux bien sûr de voir les originaux, Sophie Calle et un une grande créatrice, de rien, de tout, (même si quelque fois je trouve que c'est raté) comme j'aime !

Oui Rosa Bonheur à la rentrée, l'expo dure jusqu'en janvier 2023...

Belle journée à toi Anne-Marie, je t'embrasse fort.