Les deux fauteuils au matin
Aucun balcon de ville n'offre cet accueil, ni le matin, ni le soir, assise un peu à l'intérieur, abritée par l'auvent, les pieds à l'extérieur, les yeux sur la glycine naissante, le jardin à perte de vue, un paysage silencieux et le ciel bleu, il est 8 heures du matin, avant le petit déjeuner ! J'avais déjà sorti de son fourreau mon appareil photo, une lumière comme celle-là, il ne fallait pas la louper... Il y avait encore la petite pellicule blanche de gelée nocturne sur les tuiles plates... Il faisait encore un peu frisquet...
Très tôt, nous commencions nos bavardages, mieux qu'un livre d'images, qu'une pièce de théâtre : le bavardage des amies, tout en sincérité, en profondeur, en amitié, en retenue si nécessaire, progresse à son rythme, sans se bousculer, d'un mot à l'autre, d'une idée à l'autre, le temps passe vite et nous transforme inévitablement...
L'herbe était au raz des pâquerette, tondue de près par mon amie, il y avait encore du travail pour tout arranger, faire beau : dehors, dedans, elle fêterait Pâques avec sa famille dans quelques jours. Il y aura des tonnes d’œufs en chocolat pour les petits qui viendront ici......
Le clocher / tour d'Illiers-Combray, équipé de trois cloches, à travers les branches fleuries du printemps
Aujourd'hui, c'est : excursion à Illiers-Combray. La commune a officiellement changé de nom en 1971, elle y a adjoint "Combray", ville inventée par Marcel Proust dans son oeuvre "À la recherche du temps perdu". Pourquoi ?
"En avril 1971, « Illiers » est rebaptisé « Illiers-Combray » par décision du ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin, pour le « Centenaire de la naissance de Marcel Proust », en application d'un décret du 29 mars précédent, publié le 8 avril au JORF. C'est une des rares communes françaises à avoir adopté un nom emprunté à la littérature."
Mais depuis, toute la ville s'y est mise. Marcel est à la Une partout : l'office du tourisme est "Le pays de Marcel", le boulanger fabrique "Les madeleines de Proust", les cafés servent les madeleines, la maison de Tante Léonie (grand-tante de Marcel Proust) est entièrement dédiée à Marcel... L'église qui n'est pas en reste, garde précieusement, dans son jus : le banc de la famille Proust. Voilà une belle surexploitation intensive locale ! Le supermarché : "Marcel" ! De quoi faire le chemin à reculons...
Avant la visite, nous avions pris le temps d'un pique-nique maison : œufs durs, tomates, fromages, pain et fruits, confortablement installées sur une table municipale en bois, dans un très beau coin de verdure, sous les arbres en fleurs, près d'un petit ruisseau qui chuchotait. Les oiseaux étaient en voix, un peu trop de soleil, peut-être ? Bon, on ne va pas se plaindre, c'était divin !
Poussons le portail : un petit jardin tout simple, remis au goût de l'époque (19e siècle) :
"En avril 1971, « Illiers » est rebaptisé « Illiers-Combray » par décision du ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin, pour le « Centenaire de la naissance de Marcel Proust », en application d'un décret du 29 mars précédent, publié le 8 avril au JORF. C'est une des rares communes françaises à avoir adopté un nom emprunté à la littérature."
Mais depuis, toute la ville s'y est mise. Marcel est à la Une partout : l'office du tourisme est "Le pays de Marcel", le boulanger fabrique "Les madeleines de Proust", les cafés servent les madeleines, la maison de Tante Léonie (grand-tante de Marcel Proust) est entièrement dédiée à Marcel... L'église qui n'est pas en reste, garde précieusement, dans son jus : le banc de la famille Proust. Voilà une belle surexploitation intensive locale ! Le supermarché : "Marcel" ! De quoi faire le chemin à reculons...
Avant la visite, nous avions pris le temps d'un pique-nique maison : œufs durs, tomates, fromages, pain et fruits, confortablement installées sur une table municipale en bois, dans un très beau coin de verdure, sous les arbres en fleurs, près d'un petit ruisseau qui chuchotait. Les oiseaux étaient en voix, un peu trop de soleil, peut-être ? Bon, on ne va pas se plaindre, c'était divin !
La table en bois du pique-nique est juste derrière moi : œufs durs, tomates, fromages et fruits
Poussons le portail : un petit jardin tout simple, remis au goût de l'époque (19e siècle) :
Le petit jardin de la maison de Tante Léonie
Mais déjà, je commençais à me méfier du supermarché "Marcel"... Il y avait un beau soleil, des ombres douces, un très petit espace. Toute la façade avait été restaurée dans le goût de l'époque et de l'original, d'après photos...
Les jolies mosaïque des fenêtres ont été rajoutées, en conformité avec l'original
Une charmante guide nous explique le sens pratique de tous les objets exposés dans la cuisine, entièrement reconstituée... Nulle place au silence, qui pouvait nous permettre de nous imprégner du temps passé... Non, tout y est passé : le pain de sucre, les casseroles, les bassinoires, les bols et les assiettes, tout, tout, tout... Comme au temps du petit Marcel...
La cuisine
Pas lectrice de Proust, mon amie n'en avait pas d'autre idée que ce que je lui avais raconté sur Marcel pour la mise en bouche, elle flânait d'un objet à l'autre, curieuse, mais pas enthousiaste. Moi qui avais relu deux fois "La Recherche", je trouvais que les émotions n'étaient pas au rendez-vous... Mais poursuivons la visite...
Marcel Proust passa plusieurs petites vacances, entre six et neuf ans, dans la maison de sa tante paternelle : Elisabeth dans la vraie vie, et Léonie dans le roman. Le premier chapitre de la Recherche du temps perdu semble s'inspirer de ce lieu...
Mais cette maison est une fiction, comme l'oeuvre de Marcel Proust. Ici rien ne ressemble à l'original, car La Recherche n'est pas un roman autobiographique, les souvenirs d'enfance dont parle l'écrivain doivent surtout leur puissance évocatrice au talent de l'auteur... Tout le temps de ma lecture du roman, j'ai cru que le narrateur était l'auteur, bien à tort bien sûr... ! La mécanique romanesque ne fonctionne pas comme ça, les souvenirs, les sensations peuvent s'inviter dans l'écriture, mais la création est un puissant démiurge... La fiction peut se nourrir de réalité sans pour autant devenir la réalité ! La maison de tante Elisabeth est un prétexte au pèlerinage pour les "Amis de Proust". Peut-être même qu'une plaque de cuivre ou de marbre aurait suffi à émouvoir les lecteurs, s'ils avaient pu lire : ici, le petit Marcel, est venu trois ou quatre fois en vacances...
La salle à manger
Comme dans la cuisine, chaque objet est inventorié, je sentais bien que mon amie n'était que modérément intéressée, moi j'allais d'une pièce à l'autre pour prendre des photos... J'avais bien senti depuis le jardin réinventé que tout le reste de la maison serait une interprétation de la fiction !
L'escalier et sa boule de cristal...
Mon petit baromètre émotionnel (mon amie) m'indiquait que le monceau d'objets décrits par le menu la lassait, rien dans la maison ne la renseignait sur le style de l'auteur. La recomposition de cette maison ne disait rien de l'oeuvre romanesque, la grande émotion qui m'avait subjuguée à la lecture de ce magnifique roman ne se trouvait pas restituée ici. La beauté de l'oeuvre ne se trouve que dans la lecture ! Après avoir lu La Recherche, j'ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir reprendre un roman, tellement il m'avait bouleversée.... Mon amie ne s'est pas précipitée sur les livres vendus à la boutique pour terminer la visite. Moi, j'ai acheté quatre petits marque-pages, bien légers, illustrés, je savais à qui j'allais les offrir...
Les reflets d'une réalité multicolore
La lumière, les couleurs, les reflets, peuvent être à l'origine de belles pensées, laissons agir...
Nous avons poursuivi notre visite par l'église Saint-Jacques, superbe !
La vaste nef de 44 m de long sur 14,30 de large, les bancs avec pupitres sont fermés par une petite porte
Voûte polychrome datée de 1453
La tête de Saint Jacques étonne par sa grandeur et sa beauté
"En effet, Illiers-Combray est le croisement de deux pèlerinages, Saint Jacques de Compostelle et le Mont Saint Michel. C’est pourquoi, en 1855, lors des travaux importants menés par l'architecte Théodore Ballu sur la tour Saint-Jacques de la Boucherie à Paris, la commune d'Illiers-Combray demanda à Napoléon III, la maquette en plâtre de 3,80 m de hauteur de Saint-Jacques le Majeur, du sculpteur Paul Chenillon, statue destinée à remplacer celle qui fut détruite pendant la Révolution. Napoléon III mit en dépôt auprès de la commune d’Illiers uniquement la tête de la maquette qui, bien que creuse, pèse plus de 60kg. Vous pouvez admirer la statue dans son entièreté au sommet de la Tour Saint-Jacques à Paris." (Emprunt tiré d'un document de la ville) Cette grande tête toute blanche est saisissante, de loin je n'ai vu qu'elle...
Etonnant également l'autel avec ce prêtre immobile, en plâtre, en pierre ?
Je suis certaine que vous en savez maintenant assez pour décider d'un voyage express et urgent à Illiers-Combray, ou prendre vos quartier d'été pas très loin de chez vous, au calme... En lisant ou relisant La Recherche...
La prochaine fois, je vous parle des animaux en voie de disparition, à très vite mes amis...
6 commentaires:
Bien agréable la maison de ton amie avec son jardin,je comprends que tu aies apprécié ton séjour.
J'aurais bien aimé visiter la maison de "tante Léonie",il faut absolument que je commence à découvrir "un amour de Swann" que j'ai dans" ma pile à lire" depuis longtemps...j'entends tellement de commentaires contradictoires un peu comme pour "Belle du seigneur"
Magnifique cette église St jacques,sa voûte et ces bancs avec portes,peu courants.
Merci pour ce partage instructif.
De grosses bises du soir à toi.
Chère Marie Claude je comprends que tu puisses avoir le désir de la visite de la maison de Léonie :-)) Belle su Seigneur est admirable aussi, un très grand moment de lecture, une très grande aventure comme Marcel Proust...
J'ai adoré cette église Saint Jacques qui ne ressemble à aucunes autres.
Passe un bon 8 mai, ici il pleut à seau...
Je t'embrasse du midi.
je n'ai pas lu proust.. ma lecture scolaire, les allemands, autrichiens...
mais en passant dans cette petite ville,j'ai visité l'église ...un enchantement!
bises d'une bientôt vacancière :))
Pas lu Proust ? pas grave ! La visite de l'église ? ton enchantement est pareil au mien...un enchantement !
Bonnes vacances chère Elfi.
Je t'embrasse très fort du soir.
Ça ne serait pas le curé d'Ars, le prêtre vers l'autel ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Vianney
Dominique.
Dominique, ah ! oui, je crois bien que c'est lui, je viens de regarder ton lien, c'est exactement lui, bravo Dominique, ouf ! un mystère éclairci !
Merci Dominique, bises du jour.
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