mardi 12 mars 2019

Les photos de Salgado et le musée de l'homme...


Camp de réfugiés de Kalema Ethiopie, 1985 - Sebastiao Ribiero Salgado (1944), photographe franco-brésilien

Nous n'étions d'accord sur rien... Si on allait au musée de l'immigration ? Oui, mais moi j'ai très envie d'aller voir l'expo du photographe Salgado, c'est un génie ! Que voulez-vous faire contre un génie... Bon, d'accord, nous irons voir Salgado. Je ne connaissais rien de lui, encore un... Le génie exposait au Musée de l'Homme, tiens donc, en voilà une bonne idée, nous ferions d'une pierre, deux coups.

Le Musée de l'Homme, comme l'atelier Delacroix, voilà des années et des années que je n'y étais pas  allée, c'était une occasion unique de faire plaisir à mon amie pour le génie, et revisiter ce musée entièrement rénové depuis sa fermeture en 2009, et sa réouverture en 2015. Ce musée magnifique nous propose un parcours fondé sur ces trois questions :

- Qui sommes-nous ? Qui questionne l'identité et la singularité de l'espèce humaine, tout en la replaçant dans le vivant.

- D'où venons-nous ? Qui explore notre histoire évolutive, des origines des lignées humaines depuis l'âge de pierre.

- Où allons-nous ? Qui interroge notre avenir sur une planète profondément modifiée par la présence de l'homme.

Le parcours est jalonné par de grandes vitrines thématiques exposant 1800 objets remarquables !

Inutile de vous dire que la tâche est immense, et qu'il faudra bien sûr y revenir, revenir, revenir...

Commençons par le génie qui est absolument génial, en effet. Ce photographe s'est mis résolument du côté de l'humain dans toutes ses dimensions, les photos sont de grands formats, mais auraient pu être plus grandes encore, il me semble, à la façon d'Andreas Gursky (Allemand, né en 1955, cliquer sur le nom), cet autre génie de la photographie que je connaissais, et que j'avais eu la chance de voir à Baden Baden en 2015. Gursky interroge la société de consommation, et Salgado est un humaniste qui témoigne sur les conditions de vie des hommes (travail, émigration, stigmatisation, pauvreté, portraits de populations oubliées, religions...). Salgado travaille uniquement en noir et blanc, aujourd'hui il mélange argentique et numérique.


Mosquée d'Istaqlal, Indonésie. Cette mosquée peut accueillir entre 10 000 et 12 000 personnes, la plus grande d'Asie du Sud Est - Salgado (1996)

Les photos sont remarquables, toujours sujettes à caution : faire du beau avec de la misère ou de la pénibilité ? Je ne sais pas quoi en penser, mais le respect est toujours au rendez-vous, les êtres humains sont bien traités, magnifiés avec Salgado. Cette réflexion me rappelle la réponse qu'avait faite Chantal Akermann (cinéaste belge) à Pina Bausch (chorégraphe) : je ne filmerai jamais tes chorégraphies sur les camps de la mort, je ne veux pas faire du beau avec du laid...



Gare Church Gate, terminus de la ligne - Mumbai, Inde, trafic : 2,7 millions de banlieusards par jour - Salgado (1995)


Réfugiés du Tadjikistan, on enseigne aux enfants les dangers des mines Afghanistan - Salgado (1996)


Sélection (à la main) du café de qualité supérieure destiné à l'exportation - Karnataka, Inde -  Salgado (2003)

Nous comprenons bien sûr pourquoi l'exposition du photographe S. R. Salgado s'imposait au Musée de l'Homme. Ses photos suscitaient en moi des émotions fortes, et j'ai remercié mon amie de m'y avoir emmenée...

Le Musée de l'Homme m'éberlua, tant son dispositif était savant : il agissait aussi bien sur la réflexion, le questionnement sans fin sur le passé / avenir de l'homme, que sur la beauté et l'émerveillement de la mise en scène des collections magnifiques. J'avais l'impression d'être à la fois sur un terrain scientifique, et au milieu d'une exposition d'art contemporain...

De grandes vitrines en verre présentaient les collections qui proposaient une évidence : les différences humaines se sont construites socialement dans le temps, ni race supérieure ni inférieure, mais une grande diversité humaine, des identités culturelles différentes, des circulations des Hommes dans le contexte d'un monde de plus en plus globalisé... Passionnant ! Impossible d'en faire le tour en une visite...


Le genre humain en vitrine !




Nous sommes le fruit du hasard et de l'évolution... Une espèce parmi des millions d'autres...



On ne naît pas homme ou femme, on le devient !



En hauteur, en largeur, de tous côtés : des gens, des gens, des gens... L'homme idéalisé, l'homme esthétisé - Sculptures en bronze de Charles Cordier, entre 1848 et 1856



La part reste belle aux évidences, aux ressemblances, aux réflexions approfondies, aux découvertes  et travaux des scientifiques, sociologues, historiens, archéologues... Qui disqualifient de façon indiscutable (pour moi), le non-sens du racisme !

Courez au Musée de l'Homme vous émerveiller du travail pédagogique mis en oeuvre, pour vous faire découvrir (ou vous rafraîchir la mémoire) les l'histoires humaines passées, présentes, et... Futures ?

Mes capacités de savoir sont bien trop petites pour répondre aux questions, à vous de voir... Ce Grand Musée... Moi, j'y retourne dès que je peux...

Mesdames et messieurs c'est l'heure, j'avais bien entendu la sonnerie du départ, mais je faisais comme si je n'avais rien entendu. Mesdames et messieurs, le musée ferme dans dix minutes ! Et nous voilà, avec douceur, balayées vers la sortie, comme un tas de feuilles mortes, le parcours se terminait là, maintenant, et je n'avais même pas pu aller au premier étage, mon amie qui avait pris le temps d'y grimper m'en vantait les beautés... Non, non, ne me dis rien, comme on fait chut !!! Aux raconteurs de fin de film ou de livre, chut !!! Ne me raconte pas la fin... Laisse-moi sur ma faim ! Mon amie, je te serai éternellement reconnaissante de m'avoir guidée jusque là... Elle riait...

Mes amis, mes passagers, je redescends en Avignon avec le soleil, voir ma famille du Sud... À très vite, je vous raconte...




12 commentaires:

siu a dit…

"...les différences humaines se sont construites socialement dans le temps, ni race supérieure ni inférieure, mais une grande diversité humaine..."
"On ne naît pas homme ou femme, on le devient!"

Merci Danielle pour ces mots qui sont de la musique pour les oreilles, du baume pour le coeur...

Gros bisous à toi et bonne balade dans le Sud chez ta famille!

ELFI a dit…

les photos de salgado... très prenant...bises

Gine a dit…

J'ai vu il y a trois semaines son exposition Genesis à Zürich. Je le connais depuis longtemps, j'ai plusieurs livres de photographie qui lui sont dédiés, mais de voir les tirages "en grand", sur du papier de qualité, c'était une re-découverte: Un photographe de génie qui interpelle!

Marie Claude a dit…

Un seul regret je me suis juste rendue dans le hall du Musée,mais pas le temps malheureusement de le visiter,j'espère pour une autre fois...
Magnifiques ces photos de Salgado même si les thèmes sont "durs" parfois effectivement.J'ai une préférence pour le noir et blanc en photos,donc je les trouve très belles et tu as raison le respect des individus est toujours bien présent!
Bon séjour en Avignon,plaisir de retrouver ta chère famille et peut-être un billet en partage...

Je t'embrasse fort

Danielle a dit…

Oui Siu du baume au cœur, accrochons-nous à cette petite musique :-))

Merci Siu je vais essayer de profiter du Sud dans toutes ses dimensions.

Bonne fin de semaine à toi et plus encore...

Je t'embrasse.

Danielle a dit…

Chère Elfi, les photos de Salagado émeuvent forcément, j'en ai été saisie.

Je t'embrasse fort de fort.

Danielle a dit…

Quelle chance chère Gine de voir cette expo en grands formats, une redécouverte ? Tant mieux, je t'envie.

Bises du jour.

Danielle a dit…

Marie Claude tu retourneras, au musée sans doute, tu verras comme c'est beau...:-))

En Avignon je vais engranger des émotions des visites, je les garderais en réserve...

Je t'embrasse du matin.

Brigitte a dit…

Oh ces photos ne peuvent que toucher et émouvoir !
Bon séjour en Avigon dans ta famille chère Danielle.
Je t'embrasse avec le soleil du jour

Danielle a dit…

Merci, merci chère Brigitte...

Je pars vers le soleil, les nouvelles de la douceur du Sud sont très bonnes.

Je t'embrasse fort. À très vite.

Les Idées Heureuses a dit…

De retour de Venezia,,quelques impressions sur le blog, assez crevée d'avoir fait et fait et fait mais que du bonheur encore et toujours, jusqu'au prochain séjour pour la biennale en ai.
Doux voyage pour toi, à ce que je lis, dans notre sud. D'autres histoires à conter, quelques colliers de perle pour indiquer le chemin des écolières... plein de bises d'ici.
Mina

Danielle a dit…

Chère Mina comme je t'envie...revoir Venise ! Encore et encore.. .merci chère Mina de me lire dans le sud...

Je t'embrasse très fort.