Détail de l'oeuvre du japonais Kohei Nawa (1975, Osaka) - PixCell-Deer - 2017 - présentée au Musée de la Chasse encore quelques jours...
Maman, nous venons de voir une oeuvre extraordinaire, un grand cerf recouvert de bulles de verre, il faut que tu ailles le voir... Très vite...
J'y courus, et je ne fus pas déçue, le grand animal ne devrait rester que quelques jours encore au Musée de la Chasse (qui l'avait accueilli de septembre à décembre 2018), le collectionneur qui avait acheté l'oeuvre devait la récupérer incessamment (dixit un gardien du musée).
L'animal est recouvert de 40 000 bulles de cristal fait maison, de tailles toutes différentes... Chaque grosse bulle dévoile par transparence le poil de la bête... Le gardien m'avait expliqué que l'artiste avait eu l'idée de remplacer les pixels qui composent les image numériques (plus il y a de pixels, plus l'image est belle), par des grosses bulles de cristal, dont il a recouvert l'animal naturalisé. Cet effet de loupe permet effectivement d'apercevoir les poils du cerf, légèrement grossis comme sous un microscope. Une pierre, deux (ou plusieurs) coups : une oeuvre artistique magnifique, plusieurs interprétations - retrouvées ça et là chez les critiques d'art - des bulles d'eau gelée, des drôles de champignons transparents, hommage au cerf qui au Japon symbolise la pureté et la lumière solaire. Une oeuvre qui ne se livre pas d'un coup est forcément passionnante...
Le grand cerf recouvert de cristal gardait tout son mystère et explosait silencieusement de beauté... Les bavardages allaient bon train. Un face à face insolite entre les deux grandes bêtes, l'une dans ses bulles de savon, et l'autre dans sa grandeur nature...
L'effet microscope, le mystère reste entier
Le grand cerf recouvert de cristal gardait tout son mystère et explosait silencieusement de beauté... Les bavardages allaient bon train. Un face à face insolite entre les deux grandes bêtes, l'une dans ses bulles de savon, et l'autre dans sa grandeur nature...
Le grand cerf grandeur nature...
Kohei Nawa a exposé dans le monde entier... Le Musée de la Chasse est un lieu insolite, merveilleux, pas trop encombré pour le moment de visiteurs, pourvu que ça dure encore un peu...
Au fil des jours : les perles...
Les travaux du jour
J'avais écumé toutes les adresses, sur internet, c'est facile et rapide ? Pas sûr, il faut avoir de la motivation, je l'avais...
Si j'allais voir à cette adresse inconnue, une boutique de perles que je ne connaissais pas, mon stock est encore bien fourni, mais la tentation d'aller voir ailleurs est toujours vivace chez moi... D'autres matières, d'autres idées... J'y vais...
Je suis descendue à la station Barbès-Rochechouart, toujours pleine de monde de tous les coins du monde... À mes pieds, presque à la dernière marche de l'escalier qui déverse la foule, je vois une quantité d'hommes, jeunes, la tête à l'abri sous la capuche de leur veste sport, il n'y avait pourtant pas beaucoup de soleil, et pas froid non plus, pas un temps à capuche...
Tous avaient le regard collé sur leur téléphone, toutes les secondes ils levaient le nez, regardant de droite et de gauche, moi qui ai l'habitude de voir les mêmes capuches dans mon quartier, je n'ai pas mis plus d'une minute pour voir qu'il s'agissait de dealers en pleine activité commerciale...
Aucune gêne, aucune précaution, ils allaient et venaient au gré des événements... À ma grande surprise, j'en vis un qui comptait frénétiquement une liasse comme un vrai banquier, la liasse était épaisse, il faisait défiler rapidement les billets entre le pouce et l'index, sans se soucier le moins du monde de l'environnement... Il était un peu dissimulé par un kiosque à journaux, ce qui fait que les trois CRS bardés de mitraillettes qui se trouvaient de l'autre côté du trottoir, ne devaient pas le voir... Tout était tranquille... Au retour de ma petite exploration perles, le gus était toujours à la même place, la liasse, à vue de nez, plus volumineuse que le quart d'heure précédent, et comptait, comptait, comptait... Toujours comme un furieux !
Dans le magasin de perles, la dame m'avait dit : "les gens qui achètent sur internet ce que je vends ici ne jouent pas le jeu, petit à petit les magasins de perles ferment à Paris". C'est vrai, je les vois fermer les uns après les autres, mes ressources s’amenuisent, rien ne pourra remplacer pour moi le voir et le toucher, mais je fais comme tout le monde, j'achète aussi sur internet...
Je ne compte pas les heureux autour de moi : des bracelets réparés, les perles remplacées, les fermoirs cassés des colliers à changer, sans parler des créations qui feront plaisir aux belles de mon entourage, une bijouterie à deux sous pour le plaisir de ceux que j'aime...
Les bijoux fantaisie
Au fil des jours : les serpillères et les balais...
Vous connaissez tous
Les rencontres font des merveilles, aussi douces que les bijoux de pacotille. Voilà des lustres que nous ne nous étions pas vues, on commence par ma tour et on fait un petit tour dans la sienne, en deux temps trois mouvements, nous nous racontons nos exploits. Elle se souvient avec affection de cette vieille dame qui habitait sur mon palier, et qui l'avait accueillie avec son enfant, petite à l'époque. Elle lui avait dit : entrez, dormez ici si vous ne savez où aller, elle lui avait ouvert son canapé-lit et n'avait rien demandé de plus. Mon amie s'en souvient : tiens c'est gravé là, elle pointait son index sur son cœur, mamie un jour, mamie pour la vie. Quand la mamie de sa vie, "mieux que ma famille", connut l'heure des difficultés de la dépendance, très âgée, sans enfant, sans parents que l'on peut appeler, je l'ai prise chez moi, personne ne me l'a réclamée, je l'ai chouchoutée jusqu'au dernier jour, tu te souviens, tu étais venue la voir chez moi. Oui, je me souvenais très bien, chaque fois que le trottoir nous réunissait, je lui demandais des nouvelles de sa mamie... Elle est morte dans ses draps, main dans la main.
La voilà partie, la sauveuse de l'humanité, à me raconter sa tour, elle avait un langage si vivant, si expressif, si chaleureux, un vrai bonheur... Tu vois, moi, arrivée tout droit d'Algérie, il y a très longtemps, quand je vois des gens qui "dégueulassent" notre tour, je crie, je hurle plus fort que les autres, je les mets dans le droit chemin : les papiers, c'est ici qu'il faut les jeter, les mégots, pareil, c'est compris ? Les jeunes, les vieux, les même mots, les même intonations, il faut qu'ils comprennent que notre tour, c'est notre chez nous. Tu vas rire, l'autre jour avec deux voisines on a nettoyé l'escalier de haut en bas, 6 étages entièrement à la main et au balai, allez hop ! T'aurais vu le tas de mégots, de papiers, qu'on a ramassé au rez-de-chaussée... Maintenant, c'est nickel ! Un autre jour, on a pris les serpillères, même punition, le gardien qui devrait faire tout le travail n'y arrive pas, tiens, tiens, regarde, je te jure que c'est vrai : elle sort son téléphone et me montre la vidéo, elle avait filmé les séances comme pour une démonstration d'aspirateur au Salon des arts ménagers... Je n'en revenais pas : vous faites tout ça ? Oui, il faut éduquer les gens, d'où qu'ils viennent, si on n'était pas là, l'immeuble partirait en patate ! Quelle grandeur d'âme, la philosophie n'en parle pas de celle-là, elle est trop moderne... Elle créait du lien avec son balai et sa serpillère, c'était une résolue, elle voulait que sa tour de Babel reste propre, accueillante et fraternelle...
Je songeais immédiatement à tous les papiers que je ramasse au dessus de la poubelle suspendue, et que je glisse dans le trou (prévu à cet effet), juste en dessous... Nous n'avons pas encore sorti les balais et les serpillère dans ma tour, car notre "ange gardienne" est une perle ! Mais j'ai mis des petits arrêts de portes en feutrine, sur les chambranles, pour adoucir le bruits de certaines portes des parties communes qui claquaient avec violence. Sans doute, personne n'a encore remarqué que ça faisait beaucoup moins de bruit qu'avant !
Au fil des jours : Stephan Zweig
En cours de lecture
Après les nouvelles : La peur, Amock, Le joueur d'échecs, le cœur battant, j'attaque Les 24 heures de la vie d'une femme, aussi prometteur que les précédents... Je vous reparle de mon enthousiasme pour cet auteur !
Amis, à bientôt pour de nouvelles aventures citadines, moi qui rêve de campagne et de pays étrangers, il faudra que j'attende encore longtemps...
8 commentaires:
J'adore l'écletisme de tes billets... Chaque facette une découverte, un plaisir pour les yeux et l'esprit, un moment de joie (ou de mélancolie, ou de rage...) à partager.
Et quelques coincidences parfois quand meme un peu surprenantes. Par exemple, au chapitre "petites histoires de palier", pour ce qui me concerne le fait que la corbeille en plastique à quatre sous qu'il y avait en bas de chez moi sous nos boites à lettres a disparu il y a quelques jours: mais qui peut bien avoir eu l'idée de voler une chose si misérable..? ça reste un mystère.
Mystère, et surprise, qui sont des ingrédients aussi de ce livre de Zweig que... tiens! je viens juste de lire: un véritable petit chef d'oeuvre!
Bonne journée ma chère Danielle, et bon week-end.
Gros bisous!
à Beaubourg, Metz il y a un tableau,une installation qui ressemble à ta photo serpillière! :))) bises
Création originale et magnifique de ce cerf que j'aurais aimé voir "en vrai"...
Beaucoup de magasins disparaissent peu à peu c'est triste dans nos quartiers.
Tes bijoux sont réussis et précieux,ce sont des cadeaux d'amitié.
Je retiens la feutrine pour les portes communes...pas toujours évident parfois de vivre "en collectivité" c'est ainsi.
Plaisir d'avoir lu ton billet ce matin,tu racontes si bien...
Beau W.E à toi,le soleil devrait être présent
Bisous du matin
Quel plaisir pour moi Siu de lire ton commentaire, merci pour tes encouragements, les mystères des poubelles restent toujours impénétrables :-))
Je lis pas trop vite les 24 heures de la vie d'une femme, pas trop vite, pour me délecter de ses raccourcis si profonds si grandioses... Que tu partages !
Passe un bon WE, ici il fait soleil...et gris, au loin à cause de la pollution :-((
Je t'embrasse très fort.
Elfi, j'adore ton humour fracassant !
Bises fortes du WE à très vite.
Marie Claude, oui, c'est certain tu aurais adoré le grand cerf de verre et même l'autre, nature...
Oui, mes perles c'est exactement ça, cadeaux d'amitié...
Les petits ronds de feutrine autocollants, je les ai coupés en deux car le chambranle de porte est mince, ça marche très bien...
Bises à toi aussi, merci d'être là.
Je ne sais pas si j'aurai aime voir ce cerf, il faut je pense le voir en vrai pour l'apprécier .
Tes bijoux sont superbes comme toujours ,ce sont de précieux cadeaux d'amitié en effet .
A très vite j'ai failli louper ce billet .j'ai eu des petits à la maison et c'est prenant ,mais quel bonheur !
Je t'embrasse et finalement le soleil tarde !
Brigitte c'était très beau 😀😀 bien sûr les petits d'abord😎
À très vite Brigitte pleine de bonheur 🌺
Bises tardives mais tellement sincères.
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