L'école sur la Fondamenta de la scuole sur la Giudecca
Une année sur deux, Venise devient un grand centre d’art contemporain, une année sur deux, c’est une grande joie pour moi de me trouver là. Le mois sera court pour tout voir… Les 31 jours du mois ne suffisent jamais, rien à faire, il faudra revenir, revenir, revenir.…
Le palais Dona delle Rosa Fondamenta Nove
Cette année j’avais entrepris la visite systématique des évènements collatéraux à la Biennale d'art contemporain, souvent installés dans des palais, des couvents, des appartements, des lieux fermés toute l’année... Je monte les marches des demeures anciennes avec empressement, je regarde la promiscuité des appartements vers Garibaldi, composés de deux pièces sans aucun confort, et je pense à la difficulté de la vie par ici il y a quelques années seulement...
De belles découvertes d'artistes contemporains, j’en ai faites : Mabel Palaçin artiste catalane, photographe, vidéaste.
L’exposition avait lieu dans un magasin à sel sur les Zattere (j'ai passé mon doigt sur les murs encore chargés de sel). Voici son œuvre telle que je l’ai vue, et telle quelle m’a touchée :
Je ne savais rien de l’œuvre, rien de la construction de l’installation, rien de l’artiste.
Son installation s'intitule: 180°. J'ai cherché une réponse théorique à cette appellation sur Wikipédia, mais comme elle rendait encore plus difficile la compréhension du concept, je ne vous la livre pas. Je reste sur la découverte, l'émotion que j'ai eue en la regardant. Le spectateur est le premier transformateur de l'oeuvre, elle lui traverse le corps et l'esprit, comme par enchantement. Iriez-vous d'abord chercher de la théorie aux paysages de Corot, Hopper ou Nicolas de Staël ? Moi, je sais qu'un angle à 180° est un angle plat, donc une ligne droite, donc la règle des 180° au cinéma donne l'impression de continuité dans l'image.
Sur un très grand écran, une immense photographie, en haute définition, d’un bâtiment énorme, est balayée avec un long traveling avant à 180° donc, d'un bout à l'autre très lentement. On peut donc apprécier chaque détail...
Ce bâtiment à Venise (des années 30 ou du début du 20e siècle, je ne sais pas) m’était totalement inconnu, une raison supplémentaire pour être intriguée... De petits ornements fresqués (lions de Venise, motifs floraux, rubans, lauriers blancs sur fond rouge brique), parcourent toute la façade, le mystère est total.
Une à une, sur le grand écran, les fenêtres de cet édifice s'éclairent et se mettent à vivre de l'intérieur, chaque fenêtre devient celle d’un appartement dont on apercevait le décor et l’ambiance. Des personnages marchent dans la Fondamenta…D'autres stationnent sur la terrasse de l'immeuble. Toutes les images sont fixes.
Ensuite, tout ce que nous voyons en plan large sur le grand format est repris en plans rapprochés et fractionnés sur des écrans adjacents, cette multiplicité de points de vue forme alors autant d’histoires à imaginer sur la vie des gens qui habitent l’immeuble. Des gros plans sur les silhouettes qui passent dans la rue et en terrasse donnent encore de la puissance à l'ensemble, tout le bâtiment et la Fondamenta deviennent des espaces de vie quotidienne énigmatiques.
On entend des voix et des bruits, mais rien ne bouge, tout glisse à 180°
Je pense que la vidéo vous aidera (peut-être) à comprendre et à imaginer ce que j’ai du mal à expliquer.
Tout cela est d’une grande beauté.
Bien sûr, ma curiosité piquée au vif m’a conduite sur la Giudecca pour voir ce bâtiment inconnu. J’avais demandé aux animateurs de l’expo où ces photos avaient été prises.
Là, en voyant ce bâtiment scolaire, fermé pour les vacances, j'ai compris qu'il avait été choisi sans doute pour son isolement, qu’il avait permis, facilité la réalisation d’une telle mise en scène.j’ai compris que tous les appartements éclairés, les silhouettes de la rue, les personnages des terrasses, tout avait été inventé et mis en scène par Mabel Palaçin.
Longtemps je suis restée dans son ombre à le photographier, j’avais en tête l’œuvre de Mabel Palaçin animée, vivante, lumineuse, et me voilà moi aussi à tronçonner sa façade, explorer son environnement par des petites vues rapprochées, toutes plates. Ce côté de la Giudecca reste isolé, les maisons anciennes voisinent avec les constructions modernes, de petites corte y subsistent, dans le calme et les fleurs… Un vrai régal…
La Fondamenta côté maisons anciennes, juste en face de l'école
La même vue du côté constructions modernes
Tous les côtés à la fois et l'école au bout
La petite corte à côté
Je suis retournée plusieurs fois voir l’installation de l’artiste, toujours avec la même émotion, la même fascination.
4 commentaires:
Grand bonjour Danièle
C'est toujours bien difficile d'exprimer ce que l'on ressent devant une œuvre d'art, comme si les mots n'étaient pas à la hauteur.
Votre récit écrit et imagé est en tout cas bien sensible.
Excellente dernière photo, qui ne se verrait pas assis sur ce banc rouge?
Je me sens projetée, c'est fort!
Quant à la vidéo, on ne peut la voir pour l'instant à cause d'une "erreur", dommage mais je reviendrai ( "revenir, revenir, revenir ") plus tard .
Amitiés.
Miss.
On aurait pu s'y croiser. Une journée à la Giudecca, c'est merveilleux , très calme, peu de touristes, des vénitiens qui vaquent à leurs occupations. Nous avons vu l'école, par contre pas l'expo à ce sujet...
Il y a tellement à voir durant cette période (on renouvellera pour une autre biennale, si "Dieu le veut bien"!).
Je reviens à la Giudecca, l'église, le cloitre,la cantine, les tournesols, le jardin d'Eden mystérieux et secret ....
un excellent momentde plénitude.
Cela me fait un grand plaisir de retrouver ces impressions par votre exposé.
Merci Danielle ,excellent WE
Martine de Sclos
Miss, quel dommage que la vidéo ne marche pas, alors qu'elle marche sur mon ordinateur...
merci pour tout à très bientôt.
Bises du jour.
Martine, comme on se comprend bien...
Mais bien sûr Dieu le voudra bien :-)))
Moi aussi j'ai adoré cette balade, l'expo était magnifique, même si mes mots sont tout petits à côté, et un peu flous, je dois bien le reconnaître...
Bises Martine bonne journée...
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