Depuis toujours j’avais vu ma mère faire de même, tirer ses rideaux au premier soleil, tout au long de la journée elle choisissait la lumière tamisée, douce, intime et chaude… Elle me disait : le soleil, ça blanchit les meubles et les tentures.
Quelle drôle d’idée, me dit ma cousine, moi qui adore le soleil, je ne vais pas choisir de vivre dans le noir pour protéger mes meubles. J’avais trouvé sa réaction bien ajustée à la question, et comme nous étions en hiver, j’avais presque abandonné l'idée de faire les rideaux… Mais le printemps est arrivé et je me suis dit : ça va blanchir mes meubles...
Un jour, dans le sud, chez une de mes amies, j’étais restée en arrêt devant la beauté d’un drap de lin qu’elle avait tendu à la fenêtre d’une des chambres de sa maison, léger, presque transparent, lumineux et protecteur… Un vaste écran de lumière, mouvant et frémissant au moindre vent… Quelle beauté… Je l’ai gardé en mémoire pendant des saisons entières.
Au printemps, dès que les bourgeons se mirent à pousser aux branches de l'abricotier, juste en bas de chez moi, l’image de la lumière tamisée m’est revenue, l'idée du rideau du sud m'a reprise.
En arrivant au Sacré Cœur, dès la sortie du métro, j’ai eu du mal à me frayer un chemin parmi les touristes, je pris une photo ou deux, un café allongé au bistrot du coin, histoire de me mettre le cœur à l’ouvrage.
Pour le choix du tissu, tout me fut difficile, j’avais tourné et retourné la question, visité et revisité tous les marchands du marché Saint-Pierre pour trouver une belle toile, unie, blanche, pas trop fine, pas trop épaisse, je suis restée un après midi entier à palper les tissus, sans pouvoir me décider.
La toile était-elle vraiment bien adaptée ? Il me faut une grande largeur, du coton bien sûr, à 100 %, qui passe en machine à laver, pour l’entretien, le lavage, le repassage, ça va marcher ? Pas question de teinturier. Mais quand l'idée est arrêtée tout paraît possible, vous avez remarqué ça ? Dès que vous avez conclu l'affaire avec tous vos neurones, impossible de faire marche arrière, vous répondez oui à toutes les questions qui peuvent se poser. J'avais jeté mon dévolu sur un coton assez épais, qui avait de la tenue, la couleur parfaite, du coton garanti... Un sans faute… Allez, au travail.
Les mesures, vous n’imaginez pas la galère, au quart de millimètre près, plus les coutures, il ne faut rien oublier, 1 cm de chaque côté, faut-il prendre une hauteur, dans quel sens faudra-t-il prendre l'ouvrage ? Même quand on a atteint l'âge de raison, quand on commence quelque chose pour la première fois on reste une débutante, mais j’avais de l’audace…
Autrefois, maman me disait : mais bien sûr, tu prends une hauteur, ou deux, je ne comprenais jamais rien… Aujourd’hui encore, il faut que je réfléchisse pour prendre la décision, en matière de couture je suis restée une figurante très longtemps.
J'ai débuté à la perfection, j'avais tiré un fil qui me permettait d’aller droit, tout droit.
Je ne vais pas vous révéler toutes les étapes de la confection, mais au bout du compte toutes les fenêtres furent faites en moins de temps qu'il ne faut pour le dire... Ou presque.
Mes rideaux firent leur office, un bon moment, dès le printemps, tirant ici où là, la chevillette cherra, je calmais les ardeurs du soleil
Puis vint le moment de les laver... Je vais encore attendre un peu... Et la poussière s'accumula.
De la machine à laver, j'entendais le bruit de la rivière, je me faisais un sang d'encre, car ce que je craignais, arriva... Après un tout petit tour d'essorage, le plus faible possible, le premier rideau en sorti blanc impeccable... Et tout froissé.
Mon fer à toute vapeur n'en vint jamais à bout, ma force musculaire pareillement, j’ai tenté double lavage à chaud, à froid, le rideau avait des plis pour le restant de sa vie.
Au moment de l'achat, vous vous souvenez, j'avais pourtant répondu oui à toutes les questions... Mais quand l'idée est arrêtée...
Vous l’aurez compris, je suis au pied du mur, recommencer ou repasser, donner chez le teinturier, pas question, ça va me coûter le prix des neufs… Je veux tout faire à la maison avec facilité, mais le tissu que j’ai choisi est le contraire du bon sens…
Alors ?
Le mieux, c’est que je les refasse, avec un tissu plus fin, comme un drap, ça se repasse comme un mouchoir de poche et puis c’est beau. J’en ai déjà refait un… Pour les mesures, j’ai fait vite, pour la couleur vite aussi, pour l’exécution, j’avais beaucoup appris, deux heures y ont suffit…
Je suis enchantée de ma nouvelle idée, j’ai déjà fait miroiter le soleil dans ce nouveau voile de mariée…
Le soleil peut taper à mes fenêtre, je sais comment le recevoir, tout en douceur, tout en blancheur, comme dans le Sud…
8 commentaires:
Car loin d'occulter la lumière il l'a diffuse!
Belle journée à vous Danielle.
ça y est, la solution est trouvée!!! C'est biiiien, çaaaaaa! Va falloir que je m'attaque aux miens, y'a une poussière monstrueuse, je m'en suis rendu compte ce matin en ouvrant la fenêtre et en chassant cette satanée pie qui a fait son nid sous les bacs à fleurs des voisins...
Oui Miss, en effet, ça diffuse, comme si j'avais le soleil deux fois, dehors et dedans en douceur...
Merci d'être passée.
Oui GF, la solution je l'ai, mais l'ouvrage n'est pas terminé, il faut que j'avance, pour faire les autres panneaux...
Bon courage pour les tiens... Une pie ? incroyable !
Je te bise fort à tout bientôt.
Cela sent le printemps chez toi ! Des envies de blanc et de soleil et de nettoyage de rideaux ! Et oui, le printemps se mérite !!!
Joyeux printemps à toi !
A bientôt
Oui, Enitram ça sent le printemps, il est à ma fenêtre... Merci de me le souhaiter joyeux, mais j'ai du mal à être joyeuse en ce moment de catastrophe et de misère, de guerre même...
Passe une belle journée, il fait beau !
Vraiment amusante l'histoire des rideaux !!! même si je suis comme ton amie, tant pis si les meubles blanchisssent, du soleil encore du soleil. Par contre, pour le repassage, mon amie Madeleine, ancienne tapissière spécialisée dans les rideaux et les tentures, procède de la façon suivante pour un repassage à couper le souffle : elle ramasse les draps, rideaux ou autre pièce à repasser sèches mais encore humides, je m'explique, il faut une trace d'humidité. A peine. Et elle repasse avec un fer sec, elle déteste les fers vapeur ... elle réalise des miracles ! Le séchage se fait à l'air libre et par temps sec : je t'assure qu'elle surveille l'instant pour ramasser le linge à la minute !
Madeleine est une experte, elle me fait envie avec l'air libre et le temps sec...
Tu as raison pour les meubles, mais je n'arrive pas à dépasser la raison :-(((
Je continue donc mon travail de couturière à défaut de celui de repasseuse pas du tout accomplie !!!
Passe une très belle journée Michelaise.
Bises du matin.
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