vendredi 28 novembre 2025

Le réaménagement ? (le début de la fin en Berry - 3)


Le grand saule vers 17h, un éblouissement !

Dès le début de mon séjour, je l’avais rencontrée à l’enterrement (voir post 1), encore triste. J’étais retournée la voir chez elle et nous avions repris notre conversation de l’année précédente : comment faire pour lui redonner confiance, pour retrouver l’envie de vivre ? Après la visite de sa belle maison, où pourtant elle ne se trouvait pas bien, j’avais admiré toutes les belles choses qu’elle faisait : broderie, peinture, couture, compositions florales. Devant un verre d’eau, elle n’avait pas eu l’idée de m’offrir un thé, pas le temps, il fallait qu’on parle. Depuis la mort de son mari, elle était triste à perpétuité... J’ai une idée, M., si tu changeais tout dans ta salle de séjour, "son fauteuil", le canapé trop loin de ta télé, la table, tout...  Pour fabriquer une pièce à toi ? Tu devrais faire un plan, y réfléchir, tu pourrais te faire aider au besoin. Qu’en penses-tu ? Oui, peut-être ! Tu sais, M., le souvenir de  ton mari jamais ne disparaîtra, il est au fond de ton cœur pour toujours, mais malgré son absence, maintenant, il faut que tu continues à vivre, tu veux ? Oui, il faut... Et puis la conversation reprit son cours sur la pluie et le beau temps, sur le jardin recyclé en pelouse depuis qu’il n’y pousse plus les poireaux et les salades. M., je peux cueillir quelques pommes de tes pommiers pour manger avec mon boudin demain ? Mais oui, viens donc ! Je suis repartie avec trop de pommes et des grosses bises, fortes...

Le grand cyprès, entre deux eaux !

La nature me demande énormément d’attention, chaque petite virée en vélo est une bénédiction, je peux encore, quelle chance... Je prends toujours le chemin le plus long pour aller au bourg, j’agrandis le trajet le plus possible pour le retour. Le nombre de kilomètres ne fait pas partie de mes interrogations, ce qui m’intéresse, c’est ce que je vois, ce que je rencontre, surtout ceux que je rencontre, souvent je mets pied à terre : bonjour, comment vas-tu ? Pas difficile de tirer un bout de ficelle entre nous.... Ça marche à presque tous les coups !

Je me demande si je vais pouvoir retourner à l’étang avant mon départ, je guette un coin de ciel bleu assez solide pour tenir un après-midi, retrouver les lumières, les points de vue, toujours les mêmes, cadrés différemment, ça n’est jamais assez, jamais je ne me lasse d'un chemin...

Depuis que des voisins, pas loin, sont repartis vers la région parisienne, je rentre dans leur magnifique propriété, sans portail fermé, ouverte au quatre vents : tu peux y aller quand tu veux, tu fais comme chez toi ! Je photographie leur beau tilleul argenté, centenaire au moins, qui devient tout rouquin avant l’hiver. Et hop, je leur envoie la photo. Tous les volets sont fermés, les pots rentrés, le parc tondu de près... Je me sens seule, ils me manquent !

Le tilleul centenaire, après leur départ !

Je fais attention à tout depuis que je compte les jours avant mon départ.

À tout bout de champ je vais voir les poules, je regarde mon ami qui cette année, fin octobre, n’a pas encore fini d’élaguer les haies, il travaille dans le noir de son atelier à bricoler sur des machines : tronçonneuses, tondeuses, taille-haies... Tous les matins il se trouve un petit travail, pas forcément nécessaire, mais indispensable à son moral. Je vais le voir tous les jours, même deux fois par jour : tu fais quoi ? Il m’explique, plus lentement que l’année dernière, quelques fois même je l’aide, ça me serre le cœur, moi qui ne connais rien à rien de tout ce qu’il savait faire avec brio, maitrise, invention, dans une petite maison, ou un grand chantier. Cet artisan méticuleux, talentueux, devient vulnérable avec une méchante maladie, il fait durer le temps des petites réparations, et devient le bricoleur qui laisse traîner ses outils... Nous ne nous quittons jamais le soir, encore dans son atelier, où il termine son petit ouvrage, sans nous embrasser à pleins bras, avec affection : à demain, dors bien, fais attention à toi...

Les deux petites poules, la troisième est toujours ailleurs !

Bientôt viendra l'heure de partir de ce magnifique environnement, comment vais-je faire pour me passer de tout ça, les gens, la nature, les poules et les pommes, le silence et la beauté, la pluie et le beau temps, à ma porte, sur la pelouse, à toutes mes fenêtres, les arbres, les fleurs et les oiseaux, le ciel bleu ou gris... Tatouages indélébiles dans ma mémoire. J’interroge souvent mon téléphone sur le temps qu’il fera demain pour filer une ultime fois vers : l’étang, l’étang... Encore, encore une petite fois !

Mes amis, prenez patience, je suis lente depuis mon retour, il faut que je reprenne mon souffle à pied, j'ai retrouvé le métro, le bus, j'ai perdu mes repères... Suite au prochain numéro !!

dimanche 16 novembre 2025

Le début de la fin (du récit) en Berry ! (2)

Les belles proximité à ma fenêtre de cuisine (31/08/2025)

Voilà, mon séjour de deux mois en Berry s’achève, et j’ai pensé que j’allais commencer par raconter ce séjour par la fin. Cette fin est la plus proche à mon cœur, car je suis allée dire au revoir aux gens d’ici. Les photos seront également déconnectées du récit, j'ai mis celles qui me plaisaient le plus... J'ai tout mélangé !

Les pêchers du début de séjour... (29/08/2025)

Mes rendez-vous d'au revoir étaient pris, hier je suis allée au premier, chez mes amis de vacances, en deux coups de pédales j'y étais, pour pas beaucoup plus longtemps à pied... Depuis tant d’années, nous avons toujours tant de choses à nous dire, devant un thé, un petit gâteau sec : tu vas bien faire une petite exception aujourd’hui ? Mais oui, amis, je vais déguster avec vous la « petite exception sucrée ». Ils ont tout rangé, astiqué, réservé, enveloppé, le parc est ratissé de près, les pots sont rentrés, les noix ramassées : tiens, voilà un bon paquet pour toi ! Ah merci, quel bonheur ! J’en avais déjà ramassé quelques kilos ici ou là, les noix tombaient comme des mouches, les petites, les grosses, toutes étaient bonnes, une année à noix...


Les couleurs de la fin du séjour, la beauté même... (20/10/2025)

J’en ai fait des tours et des tours avec mon petit sac plastique pour les ramasser, chaque noyer me réservait des bonnes surprises, elles sont énormes ici, petites là, je n’avais qu’à me baisser pour me servir. Quelquefois, je les ramassais au pied. Au pied ? Oui, comme elles se trouvaient souvent sous les herbes, invisibles, je les foulais aux pieds, j’avais pris un sacré tour de pied artistique, enlevant la bogue en les frottant par terre avec la semelle de ma chaussure !

Le beau temps et la pluie ont merveilleusement réussi les récoltes ! Mes amis m’offraient la cerise sur le gâteau avec leur paquet de noix, je me demandais même comment j'allais faire pour en ramener tant...


Il y en avait tant à ramasser...

Soyons au rendez-vous l’année prochaine ! Chacun y allait de son souhait sincère, mon amie hochait la tête : mais oui, cette année a vraiment mal commencé, j’ai eu mal partout, la thyroïde, les nerfs, les muscles... Alouette, alouette, dans « notre catégorie » des gens âgés, tout se déglingue, mon amie de vacances me raconta ses débuts de séjour difficile, son mari, qui ne parlait pas beaucoup, hochait de la tête. 

Chacun y allait sur les nouvelles bienveillantes de ses voisins, de la vie de famille, et puis de tout ce qui allait mal dans le monde. En un clin d’œil, nous avions compris que si nous ne pouvions rien faire à  l'échelle du Monde, nous restait quand même, à titre individuel, la possibilité de cultiver la fraternité, l’écoute et la bienveillance avec notre prochain, pas besoin pour ça, de prière particulière, il suffisait de laisser parler son cœur. Sur les marches du perron, avec le sourire et des grands signes de mains, nous nous proclamions : mes amis, portons-nous bien, revoyons-nous l’année prochaine ! On se le promettait... J'ai filé sur mon vélo !


Dans la campagne (30/10/2025)

Avant de quitter le Berry, il y aurait une belle brocante sur le bourg, sans pluie, jour sec, promis par la météo. Pour quelques sous, j'y ai acheté un beau collier de perles en cristal...

Bien sûr, j’avais encore quelques jours pour aller dans le jardin, monter sur mon vélo, saluer les passants, profiter du ciel bleu, honorer mes rendez-vous, me dire : déjà il faut plier bagages, ne pas attendre le dernier jour. Je pouvais encore enfiler quelques perles, écouter la radio, ouvrir ma porte vitrée et contempler les deux amoureux du puits ancien : le noyer et le tilleul, dont toutes les feuilles tombaient. Dessous les branches, sur une petite table, j’avais mis à disposition des oiseaux quelques miettes de pain dans une petite soucoupe, je n’y ai jamais vu d’oiseaux, mais la soucoupe se vidait régulièrement !

Il y avait toujours du monde...

En général les séjours de vacances se terminent avec des regrets. Pas pour moi, il me reste tant à exploiter, découvrir, je n’en ai pas encore fait le tour au bout de presque deux décennies. C’est comme dans ma vie, je n’ai jamais fait le tour de Venise en 20 ans, fait le tour de ma tour en 50 ans, pas fait le quart du tiers du tour des gens d’ici, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup d’années pour se rencontrer dans tous les sens du terme... Bien sûr, j’aurais pu beaucoup mieux faire...

Mes impressions de vacances, je vais vous en parler au détour d’une idée, d’un souvenir, ne suivez pas du tout le calendrier, je vais tout mélanger ! Mon temps est resté suspendu au vent, au soleil, à la pluie, aux brins d’herbe, aux reflets, aux sensations de l’instant.

Un petit retour de balade en fin de journée, éblouissant !

Mes amis, portez-vous le mieux possible, les temps sont durs, je vais avancer en douceur parmi les fleurs, les arbres, les étangs. Partout où j’ai pu rentrer sans frapper, admirer sans modération, dans le vif du sujet : LA NATURE à l’entrée de l’automne, avec la pluie et le beau temps. Les gens... Et les trois poules du jardin.

samedi 8 novembre 2025

Arrivée en campagne du Berry (1)



Les merveilles de 2025

En cette saison, quand je marche en campagne, je n’ai ni mal aux pieds, ni maux de tête, ni vertiges, juste mal au ventre. Ah bon ? Oui, car ici en Indre, je mange tout le long de mes promenades, mirabelles, pommes, figues, raisins, pêches... Poires, pas encore bien mûres, j’ai loupé les mûres, arrivée trop tard, après les mouches et les grosses chaleurs, et j’attends... Les noix et les noisettes, finalement pas de noisettes !

Au jardin, c'est la Bérézina, inutile de guetter les légumes, pas d’eau, pas d’eau, pas d’eau, il faudra tout acheter chez l’épicier. Même le persil est en péril ! Par contre, j’ai fait des tartes aux prunes, aux figues, aux pêches, soigneusement rangées au congélo pour le reste du temps. Pas folle la guêpe !


 La petite tarte aux mirabelles et figues

Les achats chez l’épicier, il faut se précipiter quand il fait son « réassort », on ne sait jamais quand, il vend tous les légumes jusqu’au bout de leur vie. Nous en rions bien avec mes amis quand je reviens avec mes poireaux jaunis (encore bons pour ma soupe). Chaque fois, je me dis : ça donne du goût, ne fais pas ta difficile !

Depuis mon arrivée, début septembre, il y a plus de pluie que de soleil, c’est bon pour le jardin !!


Au jardin, les grosses citrouilles de septembre

La première semaine, j’ai commencé par l’enterrement d’une gentille personne que je connaissais. Petite cérémonie à l’église du bourg, sans curé, pas assez nombreux pour fournir tous les lieux. La dame qui officie parle beaucoup, chante, allume les cierges, et lit les hommages de la famille, sa voix est très douce, elle connaît son affaire. Le curé n’aurait pas fait mieux, comme la défunte était âgée, les gens qui sont venus sont de la même catégorie (moi y compris). Les dos sont voûtés, les cannes à profusion, les cheveux blancs à l’unanimité (moi y compris).

Les amis qui suivent mon blog depuis longtemps, au moins depuis l’année dernière, connaissent l’histoire de cette dame que j’avais rencontrée par deux fois au cimetière, elle avait perdu son mari, et n’avait pas du tout le moral, j’avais réussi à l’entraîner à accepter un peu l’absence et reprendre goût à la vie. Au bout de deux, trois rencontres, elle avait repris sa chorale, les activités de décor floral, elle avait pris des places pour la prochaine représentation théâtrale de la petite troupe d’amateurs du bourg, qui promettait d’être drôle. Quand je suis partie, elle souriait beaucoup mieux.

Je l’ai retrouvée à la porte de l’église, triste, petite mine, « pas le moral », « je suis pas bien chez moi », il fallait tout reprendre à zéro ! Tu viendras me voir ? Bien sûr ! Il faudra cogner à la fenêtre... Je sais, je sais, à bientôt, tu me raconteras ! L’éclaircie de l'année dernière n’avait pas tenu.

Quand le cercueil est sorti de l’église, il y eut du monde pour faire le petit bout de chemin qui mène au cimetière, à pied.

Moi, j’ai profité de l’occasion de me trouver en ville pour aller chez le boucher qui fait tout lui même, moitié moins cher qu’à Paris et sa grande banlieue : pâtés, rillettes, andouillettes, boudin, poulet et viandes diverses, j’ai fait mon petit marché puisque j’étais accompagnée pour rentrer. Du coup, j’ai de quoi tenir un siège et me régaler !

Il y aura bientôt un nouveau boulanger sur la place, les travaux sont bien avancés, mais j’avais pris mes précautions, j’avais emmené tout le pain qu’il me fallait pour deux mois. Vive les congélateurs ! Et la voiture de mon fils qui m’a emmenée jusqu’ici avec armes et bagages.

En général, le pain à la campagne n’est pas bon, c’est ce que l’on dit même par ici, c’est à Paris ou dans les grandes villes qu’on a le plus « ses chances ». J’ai donc voyagé avec « ma chance » dans le coffre !

À la promenade de fin de journée, je n’ai eu que l’embarras du choix. Sur mon chemin, dans les herbes qui bordaient les maisons vides, j’ai ramassé : pêches, mirabelles, pommes, fleurs, je n’avais pas assez de poches pour les fruits et pas assez de mains pour les fleurs. Le ciel était bleu, le petit soleil du soir éclairait à la lanterne les vieilles chaumières inhabitées, pas une voiture sur la petite route, j’avais pris des formes avec mes quatre pêches et mes deux pommes serrées contre moi... Nous verrons de quoi seront faits les jours suivants !


Les fleurs ont beaucoup changé tout au long du séjour (02/09/2025)

Mes photos, je les ai (presque) toutes prises avec mon téléphone, j'avais pourtant emporté mon appareil photo. Je n'ai plus eu envie de changer de mains, j'ouvrais mes yeux à moi, ça me suffisait, je voulais faire rapide, naturel, directement de mon regard au téléphone, comme on cueille une pomme à l'arbre, et hop ! Le résultat est moins bon, certes, mais une espèce d'urgence m'avait prise, je voulais rester au plus près des évènements que je vivais, comme un clin d'œil, pas d'arrangements photographiques ! Un besoin, une lubie !

Mes amis à bientôt, je me mets vite au post n° 2... Si vous passez par-là, je vous embrasse...

jeudi 14 août 2025

La nature en ville, des couleurs, des fleurs, des fruits, un avant-goût de campagne !

 

Les herbes du Parc Départemental, de l'autre côté de ma rue, à vol d'oiseau !

En ville, le moindre brin d'herbe est un cadeau ! La nature est à l'aise partout, elle grimpe le long des gouttières, le plus petit trou est occupé. La nature a bien plus de bonnes idées que nous, elle pousse incognito partout, elle a des ailes, pas besoin d'arrosoir, elle pousse avec un rien, le moindre grain de sable lui suffit pour faire des merveilles! Et m'émerveiller...

Toutes mes sorties, même les plus banales, deviennent de belles occasions pour scruter l'horizon : acheter du pain, des légumes et des fruits, j'ai oublié le sel ou le poivre ? Chouette, j'y retourne. je me déteste quand je n'ai pas pris mon téléphone pour faire la photo, alors je me dis : il faudra que je repasse par là, et bien souvent, j'y repasse...

 

La fenêtre obstruée par le vert dans la rue d'en bas


Envahissement pour la joie des passant et la satisfaction de la propriétaire


La fleur jaune des courges

La voisine de la petite rue d'en face, qui ne voit plus rien du tout à sa fenêtre, les volubilis ne le permettent presque plus : elle n'a rien planté, rien prévu, c'est un cadeau de la nature, un cadeau du vent, tout le monde attend les courges, pourvu que les légumes ne soient pas chapardés avant l'heure de la dégustation, ouvert à tout vent, à toutes les tentations... Attendons de voir si la récolte sera bonne ! À Paris aussi, les courges poussent... Place Gambetta...


Les courges sont là aussi... Paris 20e

Sur les terrasses de mes amies, il y pousse des tomates, des framboises et des fraises... Arrosées ou pas, les fruits font ce qu'ils veulent, pas de quoi en faire des tartes, mais des exclamation, à foison ! J'ai vu, sur des palissades de rez-de-chaussée d'immeubles, sur des tiges qui dépassaient et que je croyait mortes de leur belle mort, réapparaitre des fleurs dissimulées depuis des lustres... Dans un chantier de construction, au coin de ma rue, chacun veille : ils ne vont quand même pas couper les arbres ? Des arbres de quelques dizaines d'années ! Ben si, ils coupent et quand on passe, on a beau dire : c'est dingue, ils ont osé ! Oui, ils ont osé, il faut bien préparer le terrain pour l'arrivée du béton, des étages et des gens. Les promoteurs y vont de leurs promesses, on va replanter, ne vous inquiétez pas, il vont le faire c'est sûr, mais je ne serais sans doute plus là pour les voir remuer au moindre vent, du haut de quinze mètres, deux-trois étages au moins... Mon amie me disait (pour me consoler sans doute) : celui-là qu'ils ont coupé, c'est une ailante, une espèce envahissante qui n'est pas bonne pour la biodiversité, à ce qu'on dit ! C'est pas grave, t'inquiète, ce qui n'était pas mon avis, je regrettais l'ailante qui avait pris du poids et de l'ombrage depuis si longtemps, en deux tours de tronçonneuse, ça a été fait ! Je me demandais bien comment la biodiversité pourrait repartir si haut, dans un carré de gazon et trois lauriers ? Et surtout, je ne pourrai pas en profiter, il faut beaucoup de temps à un arbre pour faire l'admiration des passants, une génération peut-être ? Un voisin, plus avisé, a laissé pousser l'ailante dans son petit jardin, bien taillée, bien chouchoutée, c'est une vraie beauté à regarder depuis des années, plantureuse, bien charpentée, il peux mettre quelques chaises dessous, un vrai parasol, du haut de ma tour de onze étages, personne ne peut le déranger, rien à voir, passez vos regards curieux, il est chez lui. Je vais regretter l'ailante du chantier !


Les tomates cerise de l'été sur les balcons, le rouge est  mis !


Le fuchsia refleurit en rose, par miracle, le long des grilles, une rareté...

Dans les rues, il faut regarder où on met les pieds, la biodiversité est arrivée, des petites fleurs, des bleues, des blanche, des jaunes, forment une palette colorée inattendue... Attention aux gouttières, aux soupiraux, en bas des murs, sous les pavés, attention, ça pousse depuis que le service municipal a banni l'insecticide, la végétation est enfin chez elle partout !


Les fleurs blanches de gouttière...


Le jardin improvisé qui se poursuit jusqu'au trottoir...


Attention, les fleurs bleues du soupirail...


Le jardin du rez-de-chaussée d'une voisine de rue, la jardinière accomplie a planté un petit Paradis

Si le monde court à sa perte, la nature s'en fout, elle pourra enfin régner en maître, plus personne pour l'assassiner, plus personne pour réfléchir à l'avenir. L'avenir, c'est la nature qui naturellement reprendra le dessus !

Ben Danielle, t'es pas joyeuse juste avant l'aventure pour l'Indre ? Je vais reprendre du poil de la bête, pas question de baisser les bras... Pourvu que les forces ne me manquent pas pour pédaler ! Je vous tiens au courant les amis, je vais respirer loin des climatiseurs, prendre le temps de tout regarder à 360°, aimer la pluie et le beau temps, prendre le thé par-ci par-là, parler de tout et de rien, surtout regarder les vaches, de loin, pour ne pas les déranger ! Prendre des nouvelles, les bonnes et les moins bonnes...

Portez-vous bien, le mieux possible, que la paix soit enfin avec nous, je l'appelle de tous mes vœux, redevenons frères, restons optimistes ! Je vous embrasse les amis...


Pour finir sur une note verdoyante et ensoleillée, les beaux platanes du petit square de pas très loin de chez moi...

lundi 28 juillet 2025

Un petit dernier (post) pour la route ! Chartres !

Graffiti de EZK  à Chartres, pour nous mettre dans l'ambiance, sur un mur près de la Cathédrale...

Quand nous sommes arrivés à Chartres, nous avons été dépaysés, un beau marché alimentaire offrait de magnifiques produits locaux : fruits, légumes, poisson, viande, l'abondance de proximité que je ne trouve plus par chez moi, les Chartrains sont gâtés ! Mais pas tant que cela d'après un groupe de militants de gauche qui distribuaient tracts et bonnes paroles aux passants dont nous étions... Rien ne va plus ici, ils coupent les arbres pour installer des parasols devant la Cathédrale, nous voilà au cœur du drame local ! Les magasins du centre ferment, les loyers sont trop chers... Bon, vous prenez par là et vous attrapez direct la Cathédrale... Merci, merci, bon courage à vous !

La belle Cathédrale, peu de monde, le grand calme, la visite est tout de suite impressionnante, dès le parvis.  Moi qui étais venue pour admirer de la beauté, j'ai été servie. Dans un lieu comme une Cathédrale, tout vous appelle, regarde par ici, et par là, et encore autrement, je n'avais même plus envie de prendre des photos, ça devenait gênant pour la vraie vue, mon fils officiait de son côté, sûrement sur tout autre chose... Et nous nous retrouvions entre deux travées, deux piliers, des impressions...


Il y a toujours des restaurations qui imposent des accumulations de matériel qu'on ne voudrait pas voir ! Il faut se contorsionner dans tous les sens pour prendre une vilaine photo...

Le feu d'artifice se trouve dans les verrières (cliquer sur le bleu pour savoir presque tout), très anciennes, intactes, et pourquoi pas les plus belles du monde ! Douzième, treizième, quatorzième siècles... Alors là, pour en comprendre les significations, il faut être calé en histoire religieuse chrétienne, ce qui n'est pas notre côté très fort, à mon fils et à moi... Mais la beauté, les interprétations des sujets, les couleurs, les centaines d'années qui nous séparent des œuvres nous imposent une attention soutenue, il faudra toujours revenir à Chartres, toujours revoir, essayer de mieux comprendre, admirer, et se poser toutes les questions du monde...






Comment résister à tant d'attraction, d'émerveillement ?

En fait, tout est dit sur toute la Cathédrale dans Wikipédia. Pour les vitraux, en trois lignes : "Les vitraux couvrent une surface totale de 2 600 m2 et présentent une collection unique de 172 baies illustrant la Bible et la vie des saints, ainsi que celle des corporations de l'époque". 

L'éternelle histoire, entièrement brodée de couleurs, dans toutes les matières de la terre, qui nous montre des personnages, toujours les mêmes, dans des attitudes changeantes au cours des siècles. Aujourd'hui je cherche toujours, je reste toujours en éveil : et ce saint, qui est-il ? Et celui-là ? Comme vous faites sur une très vieille photo de famille... J'avais remarqué un personnage qui se tenait tout en haut d'un vitrail, les bras ouverts largement vers nous, au dessus du Christ, je voulais en avoir la certitude : Dieu le père, sûrement ? Je me suis renseignée auprès d'un jeune prêtre en soutane au milieu d'un groupe familial, jovial et accueillant : mais bien sûr, c'est lui, c'est très haut, mais c'est lui, pas de doute ! Merci, voilà une bonne chose de le savoir ! Là, nous avons regretté, mon fils et moi, de ne pas avoir pris nos jumelles, tout aurait été plus clair... La famille voulut très vite m'adopter : restez donc avec nous, on commence la visite ! Non, non, merci beaucoup, ne vous dérangez pas... Et chacun poursuivit son chemin...


Les vitraux, les sculptures, les lustres, les stèles... Tout est à voir dans cette cathédrale, mais comment faire le tour de tout en quelques heures ? Impossible pour moi, il faut que je m'imprègne, plus j'aime les beautés des verrières, des pierres, sculptées si somptueusement, plus je comprends le sens de l'Histoire, plus je me dis : mais comment c'est possible de croire à tout ça ? Je n'ai jamais répondu à la question, je n'y répondrai jamais ! Je peux donc continuer tranquillement à visiter les lieux de cultes, simplement pour l'art, la curiosité, l'étonnement, l'émotion de côtoyer la ferveur, les espérances, chaque fois le miracle a lieu pour moi, c'est passionnant à vie !


Les espérances, les urgences, les vœux, les questions... La foi !


La sobriété


Les sublimes sculptures en marbre de la clôture du chœur (commencée au 16e siècle et reprises 200 ans plus tard) qui racontent la vie du Christ, les personnages inventés, ornés, habillés suivant les règles des époques... Tout marche très bien ensemble ! Tout reste crédible !



La clôture du chœur, subjuguant ! 

Du début à la fin, vous voulez tout voir, tout comprendre ce que vous avez vu des milliers de fois, les artistes en sont la cause, chacun apporte son élégance, sa manière, sa trouvaille, sa beauté, son style... Vous pouvez même commencer par la fin si ça vous chante, et remonter le fil de l'histoire... C'est permanent !


Le vitrail le plus ancien de la Cathédrale, la Vierge Marie et son fils

Nous sommes restés quelques heures entre toutes ces couleurs, sans trouver le temps long, et moi je me disais déjà, il faudra y revenir... En sortant, les tympans racontent aussi des histoires, attention, le Jugement dernier viendra pour tous, faites attention à votre vie, on vous aura prévenu !


Les sentences, les mérites, le jugement, il y a du monde...


Sous chaque porche, un bout de l'histoire...


Pas de temps mort, il faut suivre millimètre carré par millimètre carré...


Derrière un pilier, bien planquée, la République avait son entrée...

Nous nous retrouvions avec mon fils d'un bout à l'autre de la Cathédrale pour disserter, suivre, décrypter, vivre des moments heureux, je savais qu'à la fin du voyage, ses photos parleraient de l'humain, quelques jours après il m'envoya celle-ci :

Le dormeur de Chartres (Philippe Verdrager, juillet 2025)

La belle journée ! Tout avait marché comme sur des roulettes, le temps filait à toute allure, pour le retour en voiture, nous avons mis autant de temps que pour visiter la Cathédrale... Des heures !

Mes amis, à bientôt, après mon séjour en campagne, je vais retrouver le calme, le vert, les amis, les voisins et mon vélo !  

Portez-vous le mieux possible, le temps du Monde en est au cataclysmes, je vous embrasse... 

samedi 12 juillet 2025

La jeune femme du métro (post du 5 juin dernier) que j'avais prise pour un visage Raphaëlien...

 

La Pietà (1498-1499) - Michel-Ange (1475-1564) 

Michel-Ange avait donc 23/24 ans quand il créa cette sublime Pietà, exécutée dans un seul bloc de marbre de Carrare (environ 1,75x1,95), l'âge, peut-être, qu'avait la jeune femme vue dans le métro dont je vous parlais dans mon post du 5 juin, en revenant de la visite de Notre-Dame de Paris... 


C'est vraiment elle que j'ai vue... Dans le métro !

Maintenant que je l'ai vraiment reconnue, je peux mieux vous en parler, elle ressemblait en vrai, comme deux gouttes d'eau, à la Vierge de la Pietà de Michel-Ange... Plus fort que tout en tout !

Une beauté fine, lisse, parfaite, qui parait beaucoup plus jeune que son fils Jésus (mort à 33 ans, à ce qu'il paraît), ainsi va la représentation artistique... Pas de limite, plus vrai que nature !

Et puis est venu le jour où une amie m'a passé un petit livre de poèmes de Michelangelo (je trouve que le nom en italien est vraiment plus beau, plus dansant, plus aérien, on sent vraiment les ailes de l'artiste qui vous transportent, Michelangelo devient votre intime). Je me suis laissée emporter par la beauté de ses rimes, de ses profondeurs d'âme, comme on dit, la souffrance, l'amour, la mort, la vieillesse, il en parle, il en murmure comme personne. Je me suis dit : voilà un petit objet (un petit ouvrage d'une centaine de pages) plein d'émotion, que je vais acheter en plusieurs exemplaires chez mon libraire et je vais m'en servir comme une magnifique carte postale à envoyer à mes amis, mes proches. Mieux que mes mots, les mots de Michelangelo, articulés mieux que personne ! Je l'ai donc fait : je voudrais cinq exemplaires des poèmes de Michelangelo s'il vous plait ! Il me regarda comme si je lui demandais la lune : cinq exemplaires ? Oui ! Je lui racontais ce que j'avais lu page 39, quand Michelangelo descend de son échafaudage à la chapelle Sixtine : lisez, vous comprendrez... Peut-être l'a-t-il lu ? Comme sa collègue, que j'avais impressionnée par le résumé que je lui avait fait de la nouvelle de Guy de Maupassant "L'Inutile beauté", je l'avais lue dans un petit recueil qui portait le titre de la nouvelle que j'avais acheté chez eux, en soldes, fin de série, ça débarrasse à un euro pièce... Un cadeau !



La merveille !


Ça débarrasse, un euro !


Dès la première page, vous restez accroché !

La jalousie ! La perfide, à l'œuvre dès la première page, avec brio, somptuosité, Maupassant aligne les mots comme des perles de nacre, toujours différentes et si belles... Il les choisit avec précision, éclat, nécessité, justesse, sensibilité... Et il vous met les colliers autour du cou !

J'ai trouvé ça aussi chez Michelangelo, j'ai senti les douleurs éprouvées par son corps, occasionnées par la nécessité des poses sur l'échafaudage, la peinture qui coule sur lui, les bosses, les creux... Le collier de nacre est fixé autour de mon cou pour toujours.

De chacun, j'ai ressenti, les douleurs, les émotions profondes. Les beautés de leur œuvre à cinq cents ans d'écart me touchent, les belles histoires humaines n'ont rien à voir avec le temps qui passe !

Michelangelo, David Hockney, Maupassant, C. Boltanski, Proust, Giovanni Bellini, Chiharu Shiota... Et tous les autres qui effacent les dates et les lieux... Pour s'adresser à nos émotions avec art, ils ont exactement la même place dans mon cœur ! "Le temps ne fait rien à l'affaire"...

Mes amis, à bientôt pour ma visite à Chartres avec mon fils... Portez vous le mieux possible, le temps est épouvantable à travers le monde ! Je vous embrasse...