mardi 31 juillet 2018

Les bords de Marne !



Pique-nique au bord de l'eau, il y a du vent doux, nous ne sentons pas les degrés...

Il faisait une chaleur, ce jour-là... Il fallait craindre les coups de soleil, plus de 35 degrés à l'ombre. Parties de bonne heure : métro, RER... Nous sommes arrivées sans encombre sur les rives de la Marne grâce à mon amie qui connaît toutes ces belles promenades par cœur, elle explore depuis longtemps les alentours de Paris, elle ne ménage pas ses efforts, c'est une bonne marcheuse, elle va toujours plus loin, et y revient sans cesse... Avec elle, je n'ai pas besoin d'apprendre l'itinéraire à l'avance : quel RER faut-il que je prenne, combien de temps je vais mettre, à quelle station je dois descendre, déjà ? Bon, nous nous attendrons sur le quai de notre destination, pas de problème... De plus, impossible de se perdre avec nos téléphones portables... Parfait, je t'attends à 10h ! Mon amie se lève tôt, les rendez-vous sont fixés aux aurores. Prenons de l'eau, du café, nos petites boîtes en plastique, le sandwich, les serviettes en papier, et ses couverts en argent... Chouette, je t'embrasse, à demain...

Il y a des histoires, très belles, très captivantes, qui commencent toujours par : Il était une fois... Nos histoires à nous, de rivières, châteaux, chemins creux, arbres et églises remarquables, commencent toujours par : quel RER je dois prendre, déjà ? Je me laisse guider avec joie... J'ai juste le souci, la veille, d’imaginer un pique-nique transportable, supportant la chaleur, et bon !

C'est elle qui apporte le "petit"café dans le thermos nickelé, moi qui ne bois que rarement du café, j'apprécie son "petit" élixir de jouvence, ça va nous faire du bien, dit-elle à chaque fois... Le miracle se produit instantanément, il est délicieux, ton café, parfait, comme je l'aime, pas trop fort, idéal... Nous nous passons l'unique petit gobelet : vas-y, vas-y, sers-toi, je n'ai pas terminé mon sandwich, c'est encore trop chaud, nous ne pensons jamais à apporter un autre gobelet...


Les oies de la Marne

Nous stabilisons l'entrée en matière à : comme nous sommes bien ici, en pleine nature, pas de voitures, pas de monde, nous avons l'impression d'être à 300 km de Paris, notre carte Navigo est le passeport fait pour nous ! Bien avant d'arriver aux canards, mon amie me pose invariablement la question : alors, Danielle, comment va le "petit" moral" ? Elle fait  toujours cette invitation au voyage intérieur qui facilite bien la vie, les bavardages n'ont de cesse jusqu'à ce que nous reprenions nos transports du retour, et que le bruit des wagons empêche toute discussion...

Je m'émerveille sans fin des découvertes que je fais, même les oies sont différentes, peu importe si je vois se profiler sur l'autre berge les immeubles d'habitation...


La Marne et l'autre rive...

Mais si je cadre plus serré, un peu plus loin, nous sommes presque seules au monde...


On aperçoit les canards qui se fichent bien de tout ça

Sur cette rive, bien aménagée pour les cyclistes, les coureurs à pied et les promeneurs solitaires, il y a de la fraîcheur, car le bord de l'eau est magnifiquement arboré pendant des kilomètres. Parfois, nous entrevoyons des péniches accostées pour toujours, elles ne voyagent jamais, solidement attachées aux passerelles... Biens dissimulées...



Les belles endormies bien accrochées à la rive

J'aurais peur de dormir au bord de l'eau, moi qui crains les voleurs, les souris, et les ratons laveurs... J'aurais peine à m'endormir au milieu des eaux, même avec le doux cancanement des canards sauvages... Au bord de la Marne, je vis la grande illusion de la campagne, le décor est planté, les cygnes et les canards sont des leurres, bien vivants certes, mais je rêve des petits chemins de l'Indre, des grands peupliers au bord des maïs, et des vaches dans les prés... Les petits étangs font mon affaire, et si je peux, je m'enfonce dans les bois pour être au milieu du silence, rien à voir avec les bords de Marne qui me font rêver à d'autres paysages...


Il y a des endroits où le rêve devient réalité...

Personne à gauche, personnes à droite, loin devant il n'y a plus d'immeubles en vue, la photo est trompeuse, elle ne dit pas la vérité. Il suffit de resserrer le cadrage pour être seules au monde, mais que dis-tu, Danielle, resserré ou grand large, le cadrage met tout en valeur, les bords de Marne sont beaux, voilà la vérité ! Ne mets pas d'ombres aux tableaux, ici il y a de beaux arbres, de beaux points de vue, de belles couleurs, des canards, des oiseaux, tu nous montres même un cormoran qui se sèche les ailes au soleil, une belle ruine du moulin de Gournay-sur-Marne. Il y a de quoi s'extasier, non ? C'est vrai... 


Des arbres superbes


Si près de l'eau


Le cormoran qui se sèche les ailes


Ruines du  moulin de Gournay-sur-Marne

Avec l'anti-inflammatoire du matin, pris un peu avant de partir, pour faire coïncider ses vertus avec le début de la promenade, j'avais toutes mes chances d'aller jusqu'au bout, il s'en est fallu de peu pour ne pas reprendre du paracétamol, j'ai bien terminé l'arrivée en toute sérénité... Ouf ! 

C'est vrai, quelle chance d'avoir les bords de Marne, quelques belles heures à échanger avec Paris, s'aérer à peu de frais pour beaucoup de beauté, tous comptes faits...

Et je ne vous ai pas encore parlé du parc de Noisiel, de ses arbres remarquables. La grille d'honneur, comme neuve, bien restaurée, s'ouvrait sur le Château de Noisiel (construit au XVIIIe siècle et démoli en 1954). Très touché à la suite du bombardement de 1944, la famille Meunier (les chocolats), derniers propriétaires du lieu, n'ont pas pu assumer sa restauration, la grille est tout ce qui reste du château avec le petit pavillon, du gardien sans doute ?...


 Le petit pavillon, témoin de l'histoire du château... Subsiste avec ses entrelacs en pierre...


(Photo empruntée sur internet)

Avec cette belle grille se referme notre balade sur les bords de Marne, ombragée, jonchée de beautés,  propice aux confidences, à l'abri du soleil, nos conversations ont pris l'ampleur de nos vies : ai-je bien fait ceci, ai-je mal fait cela, s'il fallait tout refaire ? Nous avons parcouru ainsi au moins 20 km, bien trop pour moi, mais l'amitié et la curiosité nous mènent si loin... Il faudra y revenir, mais je n'y reviens jamais... Mais...


Mes amis en plein été, j'espère que vos promenades sont belles, en vrai ou sur internet... Je vous embrasse...


samedi 28 juillet 2018

Le Kodo ! Le Tonnerre et la goutte d'eau...


J'y étais !

Le KODO est le nom d'une troupe de percussionnistes japonais 

Je n'aurais donné ma place à personne ! Je les avais vus dans un théâtre parisien, je crois bien que c'était le théâtre des Champs-Elysées, je ne sais plus exactement, il y a très longtemps, longtemps, peut-être bien 20 ans ou plus. Eh oui ! Je me souviens être allée deux fois de suite dans la même semaine voir le Kodo, les forces qu'il produisait me faisaient battre le cœur, mais surtout faisaient naître des tas d'émotions fortes, l’enthousiasme, je ne voulais jamais que ça s’arrête... 

Le bruit du tonnerre qui  jaillissait des énormes tambours du Kodo m'est resté longtemps en mémoire, c'était  totalement impressionnant, totalement beau, totalement émouvant, totalement inoubliable...

Les percussions ont toujours eu sur moi un effet incroyable, ça me bouscule, ça me traverse de part en part, ça me touche autant qu'une symphonie de Mozart, c'est vous dire.

Le Kodo est spécial, il a ses codes, ses inspirations ancestrales, ses cadences, il ne ressemble à aucun groupe de percussions que je connaisse, différent des percussions africaines (que j'adore également) des cliques brésiliennes, fantastiques, comparé à tous les tambours de la terre, il est unique !... Le Kodo ne ressemble qu'à lui-même, tout fait partie du spectacle : une mise en scène minutieuse, lente et mesurée, les costumes : la sobriété japonaise stricte, blancs et noirs, rien qui dépasse, les coupes restent de notre temps. Les interventions sont bien calculées, précises, bien sûr tous les morceaux finissent en apothéose attendue, un crescendo fortissimo nous entraîne toujours au final, avec une force incroyable. Ils font vibrer les murs, sans doute chavirer les cœurs, les femmes incluses dans le groupe étaient fantastiques, fines, menues, mais tapant fort, une très grande présence... Cette fois-ci, "la nouvelle génération" présentait des chants ancestraux mais également des compositions contemporaines qui trouvaient merveilleusement leur place, il y eut aussi quelques chants accompagnés d'un instrument à corde, des petites cymbales, des bâtons qui, frappés même légèrement l'un contre l'autre, faisaient la pluie et le beau temps... Un tonnerre d'applaudissements saluait chaque final grandiose. Le roi n'était pas mon cousin...



Les tambours du Kodo

Je vous raconte aussi les moments d'avant le spectacle, mon entrée, une bonne heure avant les bruits du tonnerre et de la goutte d'eau.

La compagnie du Théâtre du Soleil, fondée par Ariane Mnouchkine en 1964, à la recherche d'un  lieu pour poursuivre son activité, s'installe en 1970 de façon précaire sur des terrains militaires du XIXe siècle (Cartoucherie, en plein bois de Vincennes), appartenant à la ville de ParisCe n'est qu'en 1985, après la réhabilitation des bâtiments par la Ville de Paris, que des contrats de location ont pu être établis, pérennisant ainsi l'installation des différents théâtres : l'Aquarium, l’Épée de Bois, la Tempête et le Chaudron, qui se sont succédés dans les lieux, après le Théâtre du Soleil.


La grande salle d'accueil du public, petite restauration (bon marché), vente de livres, et gros bouquet de fleurs

Cet accueil confortable et beau me fait toujours chaud au cœur, l'endroit est chaleureux, illuminé par des lumières scintillantes,  le gros bouquet de fleurs ajoute une attention si délicate pour le public, ce théâtre a toujours été pour moi un lieu de surprises et d'émotions fortes... J'y ai vu des spectacles qui m'ont fait pleurer, sourire, réfléchir... Réfléchir... Émerveillée !


 Les roses de l'accueil, le public est le bienvenu...


Les décors indiens et les tables pour manger, ou boire un thé, ou toute autre chose

Comme je n'avais ni faim ni soif, j'ai quand même dégusté un petit gobelet de thé vert... Que du plaisir, la visite des lieux tranquillement, car venue une "vraie" bonne heure en avance, pour avoir le bonheur de faire le tour du propriétaire, il n'y avait personne, j'ai donc commencé l'inventaire... Tiens, je n'avais pas vu ceci, cela, en réalité rien n'avait changé, et je retrouvais tout avec étonnement...


Beau détail de lumière


Les coulisses, comme si vous y étiez, sous les gradins, les petites ouvertures dans les rideaux légers permettent de voir sans être (presque) vu des artistes

Les jeunes artistes du Kodo se mettaient en forme, maquillage, et bonne humeur... Il faisaient des vocalises, des mouvements d'assouplissement, ils se chauffaient...

Au Théâtre du Soleil, rien n'est laissé au hasard : pour vous éviter d'avoir trop chaud, pas de problème, dans un grand panier d'osier, avant de prendre place sur les gradins (avec dossiers), vous pouviez prendre un petit éventail en paille pour vous faire du vent.


Les ventilateurs de paille, en forme de pétales de lotus

Tout le temps que j'avais devant moi me permit des petites discussions bien sympathiques avec les gens, une petite parlotte avec deux dames qui attendaient comme moi que commence le spectacle. Comme nous n'étions pas des perdreaux de la veille, nous avions pleins de souvenirs en commun de la maison... Vous vous souvenez ? Elle se souvenaient... Voilà comment nous avons passé notre temps, joyeusement : pourvu qu'Ariane continue de nous enchanter avec ses spectacles, elle n'est plus toute jeune, toute jeune... Oui, pourvu ! J'ai lu quelque part une information, à vérifier et, à suivre de près, concernant le théâtre de l'Aquarium, je l'ai vu appelé : "l’ensemble immobilier n°4", j'ai lu aussi qu'un "appel à projets" avait été lancé pour l'Aquarium et ses locaux... Bon, je n'en sais pas plus pour l'instant, mais ça fait peur quand même... "L'ensemble immobilier n° 4"... Une rumeur ? Beaucoup de bruit pour rien ? Il y a des fumées sans feu... Mais attention... Méfions-nous de l'été et de ses coups tordus... Motus et bouche cousu... Si j'ai du nouveau, soyons vigilants, on en reparle... Avec tambours et trompettes... Et sonnettes d'alarmes...

Avec cette information à prendre avec des pincettes, j'ai inquiété ces dames, je leur ai mis le moral à zéro, mais toutes sourires, nous nous sommes précipitées à nos places... Avec nos éventails d'oiseaux de paradis...

Le tonnerre et les gouttes d'eau tombent sur mes épaules, j'ai senti que j'étais prête à pleurer aux premiers coups d'orage... Je ne peux pas traduire avec des mots le travail du Kodo... Les tambours résonnèrent aussi haut, aussi fort que des cascades, aussi haut, aussi fort que le grand vent, ils roulent, ils hurlent... Au début, souvent ils murmurent très finement, aussi légers que des ruisseaux, tout le plateau prend l'eau petit à petit, puis le feu arrive. Comme c'est beau, tous les tambours crépitent, l'ensemble est  parfait, les roulements s'entrecroisent , se recouvrent, se répondent avec des reprises saccadées, rapides, très rapides, donnant à entendre des envolées inouïes. Le grand tambour, monté sur socle en bois, est frappé par deux hommes, postés de chaque côté, on retient son souffle... J'aurais voulu que ça dure encore et encore, j'étais dans un autre monde...


Les voilà ces valeureux, ces artistes étonnants, presque autant de femmes que d'hommes

À la sortie du spectacle, tous les artistes attendaient le public pour lui faire une dernière aubade avec les plus petits tambours, ils souriaient et moi je voyais les sourires du public, les applaudissements interminables, tous les téléphones portables étaient de sortie, ils crépitaient dans tous les coins. Merci les artistes pour votre art si touchant !



L'aubade aux spectateurs tout simplement

Chers amis, surveillons l'ensemble immobilier n°4, ouvrons l’œil, dressons l'oreille, je vous embrasse dans le bel été, un peu trop chaud !


samedi 21 juillet 2018

Le Land Art au cinéma avec Andy Goldsworthy : "Grandeur" nature...






Le magnifique film de Thomas Riedelsheimer 

La critique de Télérama fait la fine bouche pour la sortie ce film... Les goûts et les couleurs... Le documentaire  de Thomas Riedelsheimer était consacré à l'extrêmement talentueux artiste de Land Art  : Andy Goldworthy. J'ai couru, volé, pris le bus, le métro, un petit café avant la séance, j'ai mis tout de mon côté pour réunir tous les ingrédients d'un bon moment à passer, bien calée dans un bon fauteuil d'une de mes salles favorites de Paris. Goldsworthy, vous imaginez la chance, aucun film n'avait été fait depuis 16 ans sur son oeuvre. Le réalisateur nous entraîne dans le processus de création de l'artiste, et nous montre le lent déploiement des œuvres, la création à l'état brut avec des éléments naturels, il nous enseigne le regard à perte de vue... Andy Goldsworthy parle très bien de son oeuvre, chacune de ses paroles ajoute une pierre à ses édifices.

Voilà qu'il renouvelait avec ce réalisateur, une rencontre qui avec le précédent documentaire : Rivers and Tide (2001) avait déjà eu un succès mondial. Thomas Riedelsheimer met en valeur l'homme, l'artiste et son oeuvre avec magnificence...



Rivers and Tides, documentaire de Thomas Riedelsheimer - 2001-

Au début de "Penché dans le vent", il y a un petit rond de lumière déposé au sol par un rayon de soleil, le rayon tombe du toit à l'intérieur d'une petite maison abandonnée. Andy Golsworthy n'est pas un Dieu, c'est un artiste qui voit ce que vous ne voyez pas, qui pense ce que vous ne penserez jamais, il intensifie la beauté de la nature, il la détourne, l'arrange, la transforme, la fait pousser autrement... Il est le seul à pouvoir le faire de cette manière, il m'a émerveillée, il vous émerveillera !

Autour du petit rond de lumière, il secoue la poussière, et la poussière monte le long du rayon de soleil, et le transforme en baguette magique : et la lumière fut !

Je n'ai pas d'images à vous montrer, je ne pouvais pas sortir mon téléphone pour faire des photos, non, bien sûr, alors il faut que je trouve les mots qui vous emmènent là où il m'a emmenée...

Pour vous donner une idée de ses manigances, j'ai glané sur internet des images pour rendre compte de ses
prodiges :



Oeuvre de Andy Goldsworthy, artiste anglais - 1956

Il crache des fleurs, se peint les mains en pétales, les trempe dans le ruisseau pour laisser une trace rouge sang... C'est beau !

Il construit dans des sites improbables, au bord des rivières, dans des forêts improbables, des cœurs... Qui battent pour toujours, je n'en ai jamais vus en vrai, j'irai bien à ses sources, mais c'est un peu tard pour y penser, peut-être dans les jardins de Chaumont sur Loire, je vais voir... Bien sûr, il ne vit pas
d'amour et d'eau fraîche, ses œuvres sont achetées dans le monde entier...




La bouche en fleurs d'Andy Goldsworthy (1956)



Oeuvre d'Andy Goldsworthy


Andy Goldsworthy (1956) Cœur de pierre


Andy Goldsworthy un autre cœur... De bois

Il trace des chemins que la nature n'avait pas inventés, amoncelle des pierres, des bois, des feuilles, des branches, des feuilles, du plus lourd au plus léger, il ne rate rien... Il décore les arbres, les racines, les rivières, fabrique des chaussées de géant, creuse des tombeaux pour les vivants uniquement, il rend tout plus beau.




Un tombeau pour les vivants uniquement, pour dormir à l'intérieur de la terre, et écouter les bruits de la nature - Andy Goldsworthy (1956)

Il fait sortir un serpent, un mur, de la rivière...


Mur de la tempête - 1997-98 - Andy Goldsworthy (1956)  j
Je ne suis même pas certaine du nom des œuvres (pardon monsieur Goldsworthy)


Bien sûr, vous en voulez encore, allez voir le film qui vient de sortir, laissez tout tomber, laissez la vaisselle en plan, refusez de garder les enfants, les petits-enfants, si vous êtes au jardin lâchez pioche et bêche, l'arrosage se fera plus tard, laissez la scie sauteuse au placard, rangez tout ce qui peut vous empêcher de sortir, courez... Il n'est plus temps de ne pas voir Andy au travail, pourquoi le film est-il si petit, 97 mn, comment peut-on faire si court... J'attends le troisième film (un peu plus long, s'il vous plait, monsieur Riedelsheimer... En attendant de tout voir en vrai... Si je peux... Mais...Peut-être, pas certain...Me reste les images... et le bruit de l'eau...

Mes amis, le bel été pour voir de belles choses, allez-y...

mercredi 18 juillet 2018

La Maison Rouge : On plie bagages, on ferme !!


Les super-héros - Hervé Di Rosa - (1959) artiste français

J'avais dit à Camille (ma petite-fille) : viens, je t'emmène voir une super expo, la dernière d'un lieu qui s'appelle "la Maison rouge''. Ça tombait bien, elle était en congés, nous y sommes allées le cœur battant...

La "Maison rouge" est un lieu extraordinaire, une fondation appartenant à monsieur Antoine de Galbert, elle a ouvert ses portes en 2004. Elle a proposé 131 expositions monographiques ou collectives, des présentations de collections particulières... Elle fermera définitivement fin octobre... Et avant de fermer, elle propose une exposition extrêmement poétique, légère, mais qui pèse son poids de beauté : L'envol... 200 œuvres, 130 artistes, c'est une exposition qui parle du rêve de voler sous toutes ses formes...

À la Maison Rouge, j'ai rencontré pour la première fois l'artiste Chiaru Shiota, avec ces fils de laine noirs et rouges et que depuis, je n'ai plus quittée des yeux. Et Berlinde de Bruychere, que je suis pas à pas, avec ses sculptures de cire, mi-chairs humaines, mi-végétales, mi-animales, tordues, désespérées, tellement émouvantes. Jamais je n’oublierai non plus la collection privée de monsieur Galbert, de coiffes merveilleuses des plumassiers d'Amazonie, et du monde entier... Des œuvres d'art à part entière, souvent je me sers d'expressions familières pour parler de ce que j'ai vu dans ce lieu à la place de mots plus élaborés, plus choisis comme : c'était à tomber à genoux devant, à tomber par terre, à tomber à la renverse, un truc de fou, jamais rien vu de plus beau... Je ne tarie pas d'éloges pour en parler. J'y ai vu des tas d'artistes très importants, j'y ai pris tant de plaisir, pour chaque visite que j'y faisais, je m'en réjouissait longtemps à l'avance, je salivais, en me demandant : "comment ça sera cette fois", je savais que j'irai de surprises en surprises, c'était toujours au dessus de tout ce que je pouvais imaginer ! Merci monsieur Galbert...


Livre des Editions Somogy (Néerlandais) - 2001 - Collectif d'auteurs

Bien sûr, il faudra que j'y retourne avant sa fermeture...

Mais maintenant, volons...

Dès l'entrée, une belle machine volante nous tend les bras, ses couleurs, sa forme minimaliste, son pouvoir évocateur et sa poésie m’impressionnent... Ça commence bien.



Vélo-Hélicoptère - 1978 - Mesmer - artiste allemand (1903-1994)

Cet artiste rêva toute sa vie de voler :

"Mesmer est un curieux et sympathique personnage né en 1903 à Althausen en Allemagne, et mort en 1994. Son obsession, son Graal, c’est de voler. Pas dans un avion, mais avec ses propres forces pour survoler les campagnes et admirer le monde d’en haut. Plus prosaïquement, pour fuir l’enferment où il était forcé de vivre. Toute sa vie, il a dessiné des projets de vélos volants ou d’engins portés par des ballons : des beaux dessins techniques ou oniriques, qu’on voit aux murs du musée Art et Marges. À plus de 60 ans, il s’est mis dans la tête de réaliser ses projets fous. Et on l’a photographié avec des ailes sur son dos, accroché à son vélo, s’élançant dans les pentes autour de son village, tel Icare. À l’expo (Musée Art et Marges de Bruxelles), on voit son vélo-volant à côté de ses drôles de chaussures à ressorts pour l’aider à atterrir." (La Libre.be février 2017)

"À 61 ans, Mesmer déménagea dans un hospice pour personnes âgées atteintes de maladies mentales, aux règles plus souples, où il eut la liberté et le matériel pour construire ses drôles d’engins." (La Libre.be 2017)

En voyant ce bel engin, l'envol prenait déjà de la hauteur, mais une dame qui se trouvait à côté de moi me dit dit d'emblée (voyant mon admiration) : ça ne m'émeut pas du tout, et passa à autre chose... Bon... 
Mais je n'avais pas fini de m’exclamer, par exemple sur deux belles photos du photographe que j'aime beaucoup, pour ses illusions, Philippe Ramette (je le connais surtout pour ses photos, car il est par ailleurs plasticien) :



Lévitation naturelle - 2002 - Photographies de Philippe Ramette (1961) - artiste plasticien français, vit et travaille à Paris. 
Mes photos sont très mauvaises, pas de recul, des reflets, mais on aperçoit tout de même un peu le rêve et l'illusion dans ses montages et stratégies photographiques.


 Balcon II (Hong Kong)  - 2001 - Philippe Ramette (Centre Pompidou)

Cette photo est, je pense, la plus connue de l'artiste, vous l'avez sûrement rencontrée... Vous pouvez même courir l'admirer au centre Pompidou...
Et puis, je me laisse aller au plaisir du partage avec cet autre oiseau volant, si léger, si léger, embarquement immédiat, alors cette dame qui n'arrivait pas à s'enthousiasmer me dit une fois encore devant ce délicieux aéronef : aucune émotion ! Aucune, je ne vois pas ! Bon...


Elle ne va pas pouvoir survoler toutes les œuvres avec le sourire au cœur et la tête pleine de nuages, dommage !...


Japanaise Flying Pak 3 - 2001 - Panamarenko (Henri Van Herwergen (dit) - 1940) - vit et travaille à Anvers.
Poursuivons donc... Volons...


L'aile (étude pour les bénédictins) - Auguste Rodin (1840-1917)



Mes ailes - 1970 -  Mario Terzic (1945), vit et travaille entre Vienne (Autriche) et Pékin (Chine)

Volons, volons... J'avais perdu de vue notre dame qui ne s'enthousiasmait pour rien...

Après vinrent les coiffes qui ne volaient pas, mais qui trouvaient tout à fait leur place dans d’immenses vitrines,  au zénith de la beauté, la plupart appartenaient à la collection de monsieur Galbert.


Vue partielle de l'installation des coiffes et masques


Coiffe de mariage Indonésie - XXe siècle - Laiton ?

Masque-heaume de chef dit "giphogo" - Culture Pende, province du Kasaï, République Démocratique du Congo - fin XIXe début XXe (bois polychrome mi-dur, pigments, vannerie, plumes) 


Masque dit "Ges" - Papouasie-Nouvelle-Guinée - fin XIXe, début XXe (bois, fibre, coquillages, pigments)


Couronne royale "Ade" - culture Yoruba, Nigéria, Afrique occidentale, première moitié du XXe siècle - donation de monsieur Galbert au Musée des confluences de Lyon (tissu, perles fibres végétales)
Ce somptueux promontoire (petit balcon du rez-de-chaussée donnant sur les salles du sous-sol), nous permet d'avoir une magnifique vue plongeante sur des œuvres de Tatline et Rebacca Horne. À ce stade de la visite, juste avant d'arriver au balcon, je me dis à chaque fois : comment sera la vue plongeante ? Sur quoi va-t-elle déboucher ? Je me réserve une surprise, et à chaque fois je ne suis pas déçue...
Volons, volons...



Letatlin - 1929-1932 -Vladimir Tatline (1885-1953), artiste russe (bois, toile de lin et câbles en acier) - Collection de l'aéroport de Francfort


Un superbe oiseau-avion nous y attend, graphique, en apesanteur, un grand oiseau qui déploie ses ailes dans le ciel. Au loin, au bout de la salle, les plumes d'une oeuvre de Rebecca Horn, si délicate avec son reflet qui se projette sur le mur, est le signe d'un envol permanent... On ne sait où...





La petite Sirène - 1990 - Rebecca Horn (1944), artiste allemande (plumes, moteur et tige métallique) - collection de monsieur Galbert

Les jolis "objets" de Rebacca Horne sont le plus souvent mobiles, ils fonctionnent avec un petit moteur qui les fait tourner ou se replier, mais ici ça ne fonctionnait pas, quelle petite déception ! La présentation se suffisait pourtant à elle-même, aérienne, mystérieuse, poétique, angélique !

L'Envol permettait de voir aussi le petit film si célèbre de Georges Méliès, (ancien prestidigitateur), bourré de trucages  : Voyage dans la lune, premier film de science-fiction qui marqua l'histoire du cinéma, plein de poésie et de surprises...

Voici déjà la sortie, j'ai parcouru avec vous quelques éléments de l'expo avec bonheur...


La sortie... Le bar...


Dernière belle oeuvre de Nicolas Darrot - 1972 - artiste français, qui crée des contrepèteries étonnantes  :"L'apesanteur" - 2005 - devient "La peur sainte"...

Avec ma petite-fille, nous sommes restées un long moment devant l'installation des super-héros, bien assises dans un canapé confortable, nous regardions les figurines tournoyer légèrement sur leur fils, le moindre passage de visiteur les faisaient osciller légèrement, le capitaine d'infanterie nous fit beaucoup rire.



Le capitaine d'infanterie nous fit beaucoup rire, et le reste de la troupe aussi...

Alors, sortons et laissons la cage ouverte... Avec beaucoup de mélancolie, adieu Maison Rouge...

Volons, volons, rêvons...

 

Cage ouverte - Bois peint - Collection de la Maison Rouge... Paris

Mes amis, passants, fidèles et généreux, passez un bel été, je fais des provisions de mots et d'images, je vous en reparle bientôt...