vendredi 28 novembre 2025

Le réaménagement ? (le début de la fin en Berry - 3)


Le grand saule vers 17h, un éblouissement !

Dès le début de mon séjour, je l’avais rencontrée à l’enterrement (voir post 1), encore triste. J’étais retournée la voir chez elle et nous avions repris notre conversation de l’année précédente : comment faire pour lui redonner confiance, pour retrouver l’envie de vivre ? Après la visite de sa belle maison, où pourtant elle ne se trouvait pas bien, j’avais admiré toutes les belles choses qu’elle faisait : broderie, peinture, couture, compositions florales. Devant un verre d’eau, elle n’avait pas eu l’idée de m’offrir un thé, pas le temps, il fallait qu’on parle. Depuis la mort de son mari, elle était triste à perpétuité... J’ai une idée, M., si tu changeais tout dans ta salle de séjour, "son fauteuil", le canapé trop loin de ta télé, la table, tout...  Pour fabriquer une pièce à toi ? Tu devrais faire un plan, y réfléchir, tu pourrais te faire aider au besoin. Qu’en penses-tu ? Oui, peut-être ! Tu sais, M., le souvenir de  ton mari jamais ne disparaîtra, il est au fond de ton cœur pour toujours, mais malgré son absence, maintenant, il faut que tu continues à vivre, tu veux ? Oui, il faut... Et puis la conversation reprit son cours sur la pluie et le beau temps, sur le jardin recyclé en pelouse depuis qu’il n’y pousse plus les poireaux et les salades. M., je peux cueillir quelques pommes de tes pommiers pour manger avec mon boudin demain ? Mais oui, viens donc ! Je suis repartie avec trop de pommes et des grosses bises, fortes...

Le grand cyprès, entre deux eaux !

La nature me demande énormément d’attention, chaque petite virée en vélo est une bénédiction, je peux encore, quelle chance... Je prends toujours le chemin le plus long pour aller au bourg, j’agrandis le trajet le plus possible pour le retour. Le nombre de kilomètres ne fait pas partie de mes interrogations, ce qui m’intéresse, c’est ce que je vois, ce que je rencontre, surtout ceux que je rencontre, souvent je mets pied à terre : bonjour, comment vas-tu ? Pas difficile de tirer un bout de ficelle entre nous.... Ça marche à presque tous les coups !

Je me demande si je vais pouvoir retourner à l’étang avant mon départ, je guette un coin de ciel bleu assez solide pour tenir un après-midi, retrouver les lumières, les points de vue, toujours les mêmes, cadrés différemment, ça n’est jamais assez, jamais je ne me lasse d'un chemin...

Depuis que des voisins, pas loin, sont repartis vers la région parisienne, je rentre dans leur magnifique propriété, sans portail fermé, ouverte au quatre vents : tu peux y aller quand tu veux, tu fais comme chez toi ! Je photographie leur beau tilleul argenté, centenaire au moins, qui devient tout rouquin avant l’hiver. Et hop, je leur envoie la photo. Tous les volets sont fermés, les pots rentrés, le parc tondu de près... Je me sens seule, ils me manquent !

Le tilleul centenaire, après leur départ !

Je fais attention à tout depuis que je compte les jours avant mon départ.

À tout bout de champ je vais voir les poules, je regarde mon ami qui cette année, fin octobre, n’a pas encore fini d’élaguer les haies, il travaille dans le noir de son atelier à bricoler sur des machines : tronçonneuses, tondeuses, taille-haies... Tous les matins il se trouve un petit travail, pas forcément nécessaire, mais indispensable à son moral. Je vais le voir tous les jours, même deux fois par jour : tu fais quoi ? Il m’explique, plus lentement que l’année dernière, quelques fois même je l’aide, ça me serre le cœur, moi qui ne connais rien à rien de tout ce qu’il savait faire avec brio, maitrise, invention, dans une petite maison, ou un grand chantier. Cet artisan méticuleux, talentueux, devient vulnérable avec une méchante maladie, il fait durer le temps des petites réparations, et devient le bricoleur qui laisse traîner ses outils... Nous ne nous quittons jamais le soir, encore dans son atelier, où il termine son petit ouvrage, sans nous embrasser à pleins bras, avec affection : à demain, dors bien, fais attention à toi...

Les deux petites poules, la troisième est toujours ailleurs !

Bientôt viendra l'heure de partir de ce magnifique environnement, comment vais-je faire pour me passer de tout ça, les gens, la nature, les poules et les pommes, le silence et la beauté, la pluie et le beau temps, à ma porte, sur la pelouse, à toutes mes fenêtres, les arbres, les fleurs et les oiseaux, le ciel bleu ou gris... Tatouages indélébiles dans ma mémoire. J’interroge souvent mon téléphone sur le temps qu’il fera demain pour filer une ultime fois vers : l’étang, l’étang... Encore, encore une petite fois !

Mes amis, prenez patience, je suis lente depuis mon retour, il faut que je reprenne mon souffle à pied, j'ai retrouvé le métro, le bus, j'ai perdu mes repères... Suite au prochain numéro !!

dimanche 16 novembre 2025

Le début de la fin (du récit) en Berry ! (2)

Les belles proximité à ma fenêtre de cuisine (31/08/2025)

Voilà, mon séjour de deux mois en Berry s’achève, et j’ai pensé que j’allais commencer par raconter ce séjour par la fin. Cette fin est la plus proche à mon cœur, car je suis allée dire au revoir aux gens d’ici. Les photos seront également déconnectées du récit, j'ai mis celles qui me plaisaient le plus... J'ai tout mélangé !

Les pêchers du début de séjour... (29/08/2025)

Mes rendez-vous d'au revoir étaient pris, hier je suis allée au premier, chez mes amis de vacances, en deux coups de pédales j'y étais, pour pas beaucoup plus longtemps à pied... Depuis tant d’années, nous avons toujours tant de choses à nous dire, devant un thé, un petit gâteau sec : tu vas bien faire une petite exception aujourd’hui ? Mais oui, amis, je vais déguster avec vous la « petite exception sucrée ». Ils ont tout rangé, astiqué, réservé, enveloppé, le parc est ratissé de près, les pots sont rentrés, les noix ramassées : tiens, voilà un bon paquet pour toi ! Ah merci, quel bonheur ! J’en avais déjà ramassé quelques kilos ici ou là, les noix tombaient comme des mouches, les petites, les grosses, toutes étaient bonnes, une année à noix...


Les couleurs de la fin du séjour, la beauté même... (20/10/2025)

J’en ai fait des tours et des tours avec mon petit sac plastique pour les ramasser, chaque noyer me réservait des bonnes surprises, elles sont énormes ici, petites là, je n’avais qu’à me baisser pour me servir. Quelquefois, je les ramassais au pied. Au pied ? Oui, comme elles se trouvaient souvent sous les herbes, invisibles, je les foulais aux pieds, j’avais pris un sacré tour de pied artistique, enlevant la bogue en les frottant par terre avec la semelle de ma chaussure !

Le beau temps et la pluie ont merveilleusement réussi les récoltes ! Mes amis m’offraient la cerise sur le gâteau avec leur paquet de noix, je me demandais même comment j'allais faire pour en ramener tant...


Il y en avait tant à ramasser...

Soyons au rendez-vous l’année prochaine ! Chacun y allait de son souhait sincère, mon amie hochait la tête : mais oui, cette année a vraiment mal commencé, j’ai eu mal partout, la thyroïde, les nerfs, les muscles... Alouette, alouette, dans « notre catégorie » des gens âgés, tout se déglingue, mon amie de vacances me raconta ses débuts de séjour difficile, son mari, qui ne parlait pas beaucoup, hochait de la tête. 

Chacun y allait sur les nouvelles bienveillantes de ses voisins, de la vie de famille, et puis de tout ce qui allait mal dans le monde. En un clin d’œil, nous avions compris que si nous ne pouvions rien faire à  l'échelle du Monde, nous restait quand même, à titre individuel, la possibilité de cultiver la fraternité, l’écoute et la bienveillance avec notre prochain, pas besoin pour ça, de prière particulière, il suffisait de laisser parler son cœur. Sur les marches du perron, avec le sourire et des grands signes de mains, nous nous proclamions : mes amis, portons-nous bien, revoyons-nous l’année prochaine ! On se le promettait... J'ai filé sur mon vélo !


Dans la campagne (30/10/2025)

Avant de quitter le Berry, il y aurait une belle brocante sur le bourg, sans pluie, jour sec, promis par la météo. Pour quelques sous, j'y ai acheté un beau collier de perles en cristal...

Bien sûr, j’avais encore quelques jours pour aller dans le jardin, monter sur mon vélo, saluer les passants, profiter du ciel bleu, honorer mes rendez-vous, me dire : déjà il faut plier bagages, ne pas attendre le dernier jour. Je pouvais encore enfiler quelques perles, écouter la radio, ouvrir ma porte vitrée et contempler les deux amoureux du puits ancien : le noyer et le tilleul, dont toutes les feuilles tombaient. Dessous les branches, sur une petite table, j’avais mis à disposition des oiseaux quelques miettes de pain dans une petite soucoupe, je n’y ai jamais vu d’oiseaux, mais la soucoupe se vidait régulièrement !

Il y avait toujours du monde...

En général les séjours de vacances se terminent avec des regrets. Pas pour moi, il me reste tant à exploiter, découvrir, je n’en ai pas encore fait le tour au bout de presque deux décennies. C’est comme dans ma vie, je n’ai jamais fait le tour de Venise en 20 ans, fait le tour de ma tour en 50 ans, pas fait le quart du tiers du tour des gens d’ici, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup d’années pour se rencontrer dans tous les sens du terme... Bien sûr, j’aurais pu beaucoup mieux faire...

Mes impressions de vacances, je vais vous en parler au détour d’une idée, d’un souvenir, ne suivez pas du tout le calendrier, je vais tout mélanger ! Mon temps est resté suspendu au vent, au soleil, à la pluie, aux brins d’herbe, aux reflets, aux sensations de l’instant.

Un petit retour de balade en fin de journée, éblouissant !

Mes amis, portez-vous le mieux possible, les temps sont durs, je vais avancer en douceur parmi les fleurs, les arbres, les étangs. Partout où j’ai pu rentrer sans frapper, admirer sans modération, dans le vif du sujet : LA NATURE à l’entrée de l’automne, avec la pluie et le beau temps. Les gens... Et les trois poules du jardin.

samedi 8 novembre 2025

Arrivée en campagne du Berry (1)



Les merveilles de 2025

En cette saison, quand je marche en campagne, je n’ai ni mal aux pieds, ni maux de tête, ni vertiges, juste mal au ventre. Ah bon ? Oui, car ici en Indre, je mange tout le long de mes promenades, mirabelles, pommes, figues, raisins, pêches... Poires, pas encore bien mûres, j’ai loupé les mûres, arrivée trop tard, après les mouches et les grosses chaleurs, et j’attends... Les noix et les noisettes, finalement pas de noisettes !

Au jardin, c'est la Bérézina, inutile de guetter les légumes, pas d’eau, pas d’eau, pas d’eau, il faudra tout acheter chez l’épicier. Même le persil est en péril ! Par contre, j’ai fait des tartes aux prunes, aux figues, aux pêches, soigneusement rangées au congélo pour le reste du temps. Pas folle la guêpe !


 La petite tarte aux mirabelles et figues

Les achats chez l’épicier, il faut se précipiter quand il fait son « réassort », on ne sait jamais quand, il vend tous les légumes jusqu’au bout de leur vie. Nous en rions bien avec mes amis quand je reviens avec mes poireaux jaunis (encore bons pour ma soupe). Chaque fois, je me dis : ça donne du goût, ne fais pas ta difficile !

Depuis mon arrivée, début septembre, il y a plus de pluie que de soleil, c’est bon pour le jardin !!


Au jardin, les grosses citrouilles de septembre

La première semaine, j’ai commencé par l’enterrement d’une gentille personne que je connaissais. Petite cérémonie à l’église du bourg, sans curé, pas assez nombreux pour fournir tous les lieux. La dame qui officie parle beaucoup, chante, allume les cierges, et lit les hommages de la famille, sa voix est très douce, elle connaît son affaire. Le curé n’aurait pas fait mieux, comme la défunte était âgée, les gens qui sont venus sont de la même catégorie (moi y compris). Les dos sont voûtés, les cannes à profusion, les cheveux blancs à l’unanimité (moi y compris).

Les amis qui suivent mon blog depuis longtemps, au moins depuis l’année dernière, connaissent l’histoire de cette dame que j’avais rencontrée par deux fois au cimetière, elle avait perdu son mari, et n’avait pas du tout le moral, j’avais réussi à l’entraîner à accepter un peu l’absence et reprendre goût à la vie. Au bout de deux, trois rencontres, elle avait repris sa chorale, les activités de décor floral, elle avait pris des places pour la prochaine représentation théâtrale de la petite troupe d’amateurs du bourg, qui promettait d’être drôle. Quand je suis partie, elle souriait beaucoup mieux.

Je l’ai retrouvée à la porte de l’église, triste, petite mine, « pas le moral », « je suis pas bien chez moi », il fallait tout reprendre à zéro ! Tu viendras me voir ? Bien sûr ! Il faudra cogner à la fenêtre... Je sais, je sais, à bientôt, tu me raconteras ! L’éclaircie de l'année dernière n’avait pas tenu.

Quand le cercueil est sorti de l’église, il y eut du monde pour faire le petit bout de chemin qui mène au cimetière, à pied.

Moi, j’ai profité de l’occasion de me trouver en ville pour aller chez le boucher qui fait tout lui même, moitié moins cher qu’à Paris et sa grande banlieue : pâtés, rillettes, andouillettes, boudin, poulet et viandes diverses, j’ai fait mon petit marché puisque j’étais accompagnée pour rentrer. Du coup, j’ai de quoi tenir un siège et me régaler !

Il y aura bientôt un nouveau boulanger sur la place, les travaux sont bien avancés, mais j’avais pris mes précautions, j’avais emmené tout le pain qu’il me fallait pour deux mois. Vive les congélateurs ! Et la voiture de mon fils qui m’a emmenée jusqu’ici avec armes et bagages.

En général, le pain à la campagne n’est pas bon, c’est ce que l’on dit même par ici, c’est à Paris ou dans les grandes villes qu’on a le plus « ses chances ». J’ai donc voyagé avec « ma chance » dans le coffre !

À la promenade de fin de journée, je n’ai eu que l’embarras du choix. Sur mon chemin, dans les herbes qui bordaient les maisons vides, j’ai ramassé : pêches, mirabelles, pommes, fleurs, je n’avais pas assez de poches pour les fruits et pas assez de mains pour les fleurs. Le ciel était bleu, le petit soleil du soir éclairait à la lanterne les vieilles chaumières inhabitées, pas une voiture sur la petite route, j’avais pris des formes avec mes quatre pêches et mes deux pommes serrées contre moi... Nous verrons de quoi seront faits les jours suivants !


Les fleurs ont beaucoup changé tout au long du séjour (02/09/2025)

Mes photos, je les ai (presque) toutes prises avec mon téléphone, j'avais pourtant emporté mon appareil photo. Je n'ai plus eu envie de changer de mains, j'ouvrais mes yeux à moi, ça me suffisait, je voulais faire rapide, naturel, directement de mon regard au téléphone, comme on cueille une pomme à l'arbre, et hop ! Le résultat est moins bon, certes, mais une espèce d'urgence m'avait prise, je voulais rester au plus près des évènements que je vivais, comme un clin d'œil, pas d'arrangements photographiques ! Un besoin, une lubie !

Mes amis à bientôt, je me mets vite au post n° 2... Si vous passez par-là, je vous embrasse...