
La cour/jardin de l'hôpital Tenon
Une belle journée ensoleillée, un rendez-vous inattendu, des rencontres originales et chaleureuses ! J'allais à cette journée "pulmonaire" (proposée par mon médecin) pour creuser la question de mes poumons, "mes poumons, vous dis-je"...
Dans les poumons, c'est fou ce qu'il se passe comme trucs indispensables pour leur permettre d'assurer leur vocation respiratoire, il faut voir de plus près avec les rayons X, supposer, examiner, comparer : analyses, examens, courses à pied dans les couloirs pour mesurer l'essoufflement, etc... Au bout d'un moment : arrêt buffet, pause, le casse-croûte s'impose, ou plus légèrement, la petite collation proposée par l'hôpital... On se sentait comme des coqs en pâte, du thé ? Du café ? Un petit biscuit ? On s'était retrouvé un petit groupe "en examens pulmonaires", assis tranquillement dans cette salle des familles pour manger un petit quelque chose !
La salle à manger
Les impatients :
Nous avions commencé notre attente à ne rien dire, chacun absorbé dans ses pensées, et puis j'ai fini par parler avec ma voisine, d'un rien, d'un merci, comment allez-vous, discussion d'ascenseur... Elle mangeait un sérieux sandwich maison, elle accompagnait sa maman... Et bien sûr, de fil en aiguille, elle m'a raconté ce qu'elle faisait pour oublier toutes les douleurs que lui donnaient sa maladie, une énorme maladie neurologique qui lui barrait la route de sa vie... "Je fais de la broderie avec des petites perles collées", passionnée, elle me montra aussitôt toutes les photos accumulées dans son téléphone, magnifique, félicitations, c'est superbe ! Nous voilà à parler copieusement de toutes ses activités créatives faites avec enthousiasme, qui lui faisaient passer l'idée même de douleur : je pense à rien, je suis bien, toutes mes douleurs disparaissent... Elle me raconta qu'elle achetait tout son matériel sur internet, je lui posais toutes les questions qui me venaient pour en savoir plus... Elle racontait très bien tous ses moment de bonheur ! Sa maman, qui mangeait également un gros sandwich copieux, dit à la cantonade : moi je fais du crochet, j'adore ! Elle était sous radiothérapie pour un nodule au poumon, un peu comme tout le monde ici. Je voyais à vue d'œil que la fille était très fière de sa mère ! Elles s'accompagnaient...
Bravo, et que faites-vous au crochet ? Des napperons, des petits vêtements... Mais maintenant j'ai un peu plus de mal car je suis fatiguée... Ça va revenir, ne vous inquiétez pas, ne vous arrêtez pas, ça fait du bien...
Le beau jardin de l'hôpital composé par un seul jardinier
Nous en avions définitivement fini avec nos nodules respectifs, à nous les activités créatives ! Et vous monsieur, c'est quoi vos activités ? Moi, j'élève des chardonnerets... Ébahissement général : ah bon, racontez-nous ! Et le voilà qui devient intarissable sur l'élevage de ces oiseaux rares et chantants (commerce interdit ou très règlementé), il tire immédiatement (à notre demande) l'album photo de son appareil photo, des vidéos en pagaille, tous les impatients se penchaient dessus à tour de rôle, quel beau moment. Ce monsieur avait commencé son récit avec l'histoire de son métier, plombier : ça fait 40 an que je fais ce métier, ça me plait encore, mais je suis à la retraite forcée, j'ai mal partout ! Aux chants des oiseaux notre conversation avait un charme fou... Je découvrais tout un monde enchanté ! La dame la plus silencieuse s'est levée, moi je fais du chant dans une chorale (j'ai senti le point commun)... Ah oui ? C'est quoi votre répertoire, votre voix ? Des beaux chants qui viennent de partout, je suis alto depuis toujours, très beau alto, vous êtes nombreux ? Oui, une trentaine, la chance ! Moins d'hommes que de femmes, beaucoup moins d'hommes, c'est partout comme ça, je chante depuis trente ans (comme moi) sur tous les tons, dans toutes les langues, c'est formidable, ça m'aide drôlement à vivre, pour rien au monde je ne quitterais ma chorale. Je pensais : t'as bien raison, madame ! Cette dame avait plusieurs tours de main dans son sac, elle cousait pour ses petits-enfants de magnifiques vêtements de toutes sortes, du pyjama aux petites robes et pantalons, des merveilles, photos à l'appui, elle était douée pour tout ! Bravo !

Le petit square juste devant l'hôpital Tenon
Plus personne ne parlait de ses nodules, douleurs, points noirs, respirations courtes, on était partis sur autre chose de bien plus beau, l'aide à vivre le réel, en gardant la passion, le sourire et l'avenir ! Les exploits des impatients se racontaient à la pelle...
Et vous monsieur, c'est quoi vos activités créatives ? Il n'avait encore rien dit, dormait d'un seul œil, la tête penchée sur le dossier du fauteuil, les oreilles bien ouvertes, il semblait très fatigué, car il répondit tout de suite : moi je ne fais rien de mes dix doigts, je fais du sport. Ah bravo, c'est beau ! Quoi comme sport ? Du vélo, de la course à pied... Superbe, fit la foule ! Ici personne n'était scotché à son wifi, on se parlait avec enthousiasme, on s'encourageait, se félicitait, il y avait comme un élan participatif du petit collectif des impatients, une autre dame arriva, et vous madame c'est quoi le secret de votre bonne humeur, pas une manuelle, mais elle en connaissait un rayon sur les chardonnerets, nous avions trouvé notre conférencière !!
La personne suivante, s'il vous plait ! Madame X, vous pouvez me suivre... Et chacun de nous allait à son tour remplir sa journée d'examens pulmonaires... La petite salle d'activistes créatifs se vidait peu à peu avec le sourire !
La journée terminée, il m'a suffit de repasser par le jardin d'en face pour retrouver ma liberté, mon temps libre, les examens seront examinés plus tard... Pour l'instant, je peux aller me promener... C'est le quartier d'Aligre (Paris 12e) que j'avais choisi sans hésiter, pour revoir toutes les couleurs, la poésie de la ville de Paris.
Vers la Place d'Aligre (Paris 12e) :
Le petit magasin toujours fleuri
Le gros arbre de la place du marché d'Aligre
Le petit passage de la Main d'Or, repeint à neuf ! Rue du Faubourg Saint-Antoine
Dans le petit square Trousseau, les très beaux restes du graff d'après Botticelli : réalisation "Les murs ont des oreilles" (2024, derrière le placard à balais, et le local poubelle... L'ancienne loge du jardin...
Au début... En juin 2022
Près du kiosque à musique, ce petit garçon perdu qui attend qu'on le retrouve...
Voilà pour la reprise de mon blog mes amis, mes pas m'ont portée dans des tas d'endroits, l'âme en peine ou le cœur joyeux, au gré des jours qui passent dans le calme ou la colère !
Gardons l'espoir de jours meilleurs... À la prochaine, avant mon grand retour dans l'Indre, mon vélo m'attend, mes amis, les discussions vont aller bon train, ça va tanguer...