vendredi 20 décembre 2024

Dans l'Indre... Une journée bleue de septembre... ( Série unique à plusieurs épisodes - 6)

La journée plus bleue que les autres ! (14 septembre 2024)

Une journée bleue parmi les bleues ? Oui, un jour de fin septembre, en ouvrant mes volets, des vieux volets en bois qui avaient l’âge de la petite ferme de 1900 où je vis, un mois ou deux, depuis des années, pour me mettre au vert... Depuis le temps, mes logeurs/amis font partie entière de mon paysage amical, nous nous retrouvons avec bonheur les bras grands ouverts, les sourires aux lèvres, alors, quoi de neuf mes chers amis ? Les nouvelles premières, vous le savez,  parlent de nos santés respectives, les vieux de la vieille déballent leurs baluchons avec tendresse... Et le dos, alouette, et les genoux, alouette, et ceci, alouette, et cela, alouette, "alouette, gentille alouette, alouette, je te plumerai le dos"... Nos enfants y passent aussi, et comme nous avons largement l’âge d’être des grands-parents, et même arrière-grands-parents, il nous faut du temps !! Ma famille étant largement plus petite que la leur... J’adore les écouter. Belle cerise sur le gâteau, il y a aussi le beau jardin de fleurs et d’arbres, le potager, le petit  verger, les champs et les haies qui nous entourent, les voisins, les changements à la petite ville, les enterrements, les mariages, et très peu de naissances, etc... Ça fait beaucoup de parlottes... Nous avons le temps.  Mais le temps passe vite...


Une journée beaucoup plus bleue que les autres  ! (14 septembre 2024)

Alors, la journée bleue ? Oui, j’y reviens, quand je repense à tout ce temps passé ensemble, toutes les couleurs des mots échangés se mélangent harmonieusement... Derrière les jours de pluie, il ne fallait pas louper les jours bleus, entièrement bleus, le ciel, l’eau de l’étang, les ombres et les lumières à travers les roseaux, les arbres, l’horizon, le bleu, le bleu, le bleu...


Les petites poules sous le ciel bleu du 14 septembre 2024

J’ai donc pris mon vélo, pour aller loin... Aussi loin que je pouvais, c’est à dire, pas trop loin quand même ! Le bleu du ciel me fit des cadeaux inouïs, je sortais mon téléphone (puisque je ne prends plus mon appareil photo), un coup à gauche, à droite. À l’étang, toujours le même coup de cœur, l’allée bordée de chênes, tout me faisait de l’œil, je comprenais les peintres qui revenaient souvent aux mêmes motifs, voir autrement... Le regard émerveillé par les si grands changements de chaque jour... Ces jours bleus où tout vous met les larmes aux yeux : retiens tout ça, Danielle !


Le bleu du ciel, grandiose ! (14 septembre 2024)

Sur le chemin du retour, si j’étais assez en avance sur la tombée de la nuit, je passais prendre le thé chez les amis d'à coté, ils m’accueillaient toujours les bras ouverts.


 Sur l'étang, le bleu marchait très bien (14 Septembre 2024)

Sur la route du thé, voilà que j’entends un petit bruit sur mon vélo, zut, c’est quoi encore ? J’avais souvent peur que ma chaîne me lâche, pourtant je ne touchais jamais au dérailleur, comme me l'avait recommandé mon ami dès l'arrivée. Le petit bruit persistait, j’ai mis pied à terre, comme une pro, je visualisais l’ensemble, bon, c’est quoi ? Réfléchissons... Même pas eu le temps de réfléchir, une automobiliste qui roulait devant moi fait marche arrière toute, pile à côté de moi, vous avez un problème, madame ? Une sauveuse, jeune, mignonne comme tout, sa petite fille sur le siège arrière. Ah, c’est trop gentil, oui, je crois que j’ai un problème entre la chaîne et le dérailleur, ça coince ! Voyons voir... La voilà accroupie devant ma monture, les mains dans le cambouis : ah oui, la chaîne est molle ! Elle appuya un grand coup sur le dérailleur pour le coincer et voilà, roulez un peu devant pour voir, je vous regarde. Je pédalais, tout marchait bien, plus de petit bruit, une vraie petite horloge, elle roulait doucement à côté de moi, je levais le pouce victorieux à la César et criais de toutes mes forces :  MERCIIIIIII POUR TOUT !!!! Et elle remis les gaz vers la ville, je ne l'ai plus jamais revue...

Voilà comment l’aventure du jour bleu se terminait... En beauté, en totale beauté, avec de la solidarité, de quoi me plaire ! Ainsi vous tentez de survivre au bord de la route, vous avez l'air hébété, en difficulté moyenne, et quelqu'un vous vient en aide, c'est beau !

Mes amis, la prochaine publication sera la dernière (7) sur l'Indre, j'ai depuis vu tant de choses à Paris... Le bleu de la guirlande marche très bien aussi !

Mais pour l'heure, fêtons Noël, le Jour d'An, en lumières, même si dans le Monde les jours sont sombres, je vous souhaite des soirées de bonheur...  À très vite les amis, je vous embrasse...

dimanche 8 décembre 2024

Dans l'Indre...La journée « naturelle » extraordinaire, bouleversante… (Série unique à plusieurs épisodes - 5)

Un jour comme ça, magnifique, du début à la fin...

Du début à la fin... Le lendemain encore, je la gardais en tête, au cœur, j’avais même eu du mal à m’endormir ! Mais de quoi parles-tu, Danielle ? De ce que j’ai vu, vécu, pensé hier, quelle chance de me trouver là, seule, pas du tout perdue, devant tant de beauté : LA NATURE. Un soleil de saison, doux, câlin, un ciel menaçant, sans excès, « beau comme le jour » mouvant, vivant, éblouissant, avec tous ses nuages qui bougeaient et me chaviraient, ils enjolivaient à perte de vue tout l’horizon... C'était une journée où la beauté s'emparait de vous entièrement, impossible d'y échapper, même en fermant les yeux, impossible, elle vous rentrait dans la tête...



J'avais posé mon vélo... Bien sûr ! Il ne fallait surtout pas se presser...

Comment un tel éclat était-il possible ? La nature me faisait une démonstration : bouge pas la belle, tu vas voir ce que tu vas voir ! Toutes ses promesse ont été tenues... Jamais je n'ai revu ses ombres et ses lumières, aucun jour après... Les baroudeurs pourraient dire, avec raison, mais elle n'a jamais rien vu, celle-là ! Prends ça dans les mirettes, dans le cœur !




 Encore loin du bord de l'étang, tout restait à découvrir...


Avant d’arriver à l’étang, dix fois j’avais posé mon vélo au bord du chemin, je contemplais par tous mes sens, debout, la tête me tournait à 360°, le cœur battant, je savourais ce grand spectacle de verdure à ciel ouvert, je n’en revenais pas, il était sublime ! 



À perte de vue, la nature jouait à guichet ouvert


J’avais poussé loin ma monture, plus loin que d’habitude, emportée par la joie, les impressions inédites, les sensations neuves, les émerveillements, la force de pédaler m’était revenue subitement. Les arrêts sur paysages se faisaient naturellement, je pédalais sans forcer. Je faisais des photos à tire-larigot : ça, et ça, je ne peux pas laisser passer « ça » sans l’immortaliser !



Au bord de l'étang, les couleurs partageaient l'horizon en bandes de couleurs...


Arrivée au bel étang, les reflets du ciel étaient les rois. Dans les chemins, sur les petites collines, dans les arbres, partout, le ciel et la terre étaient les acteurs d’un spectacle permanent. LA NATURE qui m’entourait avait frappé ses trois coups, sur cette scène de théâtre improvisé, grandiose. Je regardais les yeux écarquillés, partout sa beauté me parlait à voix haute : voyez comme je sais faire des miracles ! J’ai tout inventé avec harmonie, la moindre fleur, herbe, arbre, animaux, rivière, océan... Prenez soin de moi, qu’avez-vous fait pour me négliger, me raser, me détruire à ce point ? Pourtant, personne ne pourra jamais rivaliser avec moi, j’inspire encore le monde, la Joconde ne m’arrive pas à la cheville ! L’œuvre d’art c’est moi, j’en suis le modèle unique ! Il a fallu attendre la peinture moderne pour que les artistes se détachent un peu du réel... Les artistes ne s'appellent pas des créateurs pour rien ! Ils nous enchantent toujours...



Voilà comment l'étang se présentait : Inimitable !



La grande tendance de la beauté : Exceptionnelle !



À tomber à la renverse : Le bouleversement !

Du bruit, il n’y en avait pas, la petite ligne d’avions si peu perceptible et que je redoutais pourtant chaque année, aujourd’hui, je m’y étais totalement faite, rien ne me gênait, j’étais comme un poisson dans l’eau, libre comme l’air.  Au bord de l’étang, que je contemplais pour la première fois peut-être, rien n’était pareil, il y avait des nuages dedans, je voyais double, de haut en bas. J’avais installé mon petit siège tripode, acheté spécialement pour les poses in situ, tout au bord, au plus près, derrière les roseaux hauts, pas coupés depuis longtemps, à l’affût du merveilleux, que je voyais en lançant dans le miroir de l’eau ennuagée un tout petit caillou, choisi avec soin, ni trop gros, ni trop petit, ni trop pesant, ni trop léger, juste adapté pour créer deux-trois rides, pas plus, à la surface de l’eau, lisse comme du papier glacé, immobile. La pose acrobatique pour l’action simultanée s’imposait, pour jeter le caillou, et tenir mon téléphone prêt à l’attaque, vous jugerez du résultat :



J'ai juste jeté un caillou dans l'eau : ajoutant ma micro part de création !

Je voyais le ciel et les arbres dans toute leur majesté, le moindre roseau était gracieux, le soleil arrivait juste à point à travers les branches des grands chênes qui s'étiraient de part et d’autre de la grande allée et formaient un énorme dais, l’éclairage était parfait, comme par miracle ! Je vivais un grand moment, j’en étais consciente, jamais plus ce tableau ne pourrait se peindre de la même manière, dans le temps et la lumière, il faudra toujours et toujours y revenir pour admirer d’autres nuances... L’enthousiasme ne me quittait pas...



La beauté du monde était époustouflante ! 


Après une grande pause à l’étang, je me sentais assez vaillante pour appuyer plus fort sur les pédales, j’avais des roues de géante ! Piano, piano, ma fille, regarde où tu roules... J’allais bon train, sans me presser cependant, attentive, tout pouvait surgir, je pouvais mettre pied à terre sans cesse, au feeling... Suivant l’inspiration ! La météo disait : il ne pleuvra pas, profite de tout, c’est exactement ce que je faisais. J’en ai vues, des belles choses qui demandaient des haltes : le vieux four à pain bien restauré près de l’ancienne ferme, le petit pont de la rivière locale, la fromagerie avec les chèvres, le petit bois.



Le petit four avec l'appentis, bien en place devant la ferme




La petite rivière n'échappe pas à a beauté, bien avant d'y arriver,  j'avais posé mon vélo pour traverser le pont...




Tranquilles, faisant juste partie de la beauté du jour... Et des fromages...

Au retour, sur le bord de la route bitumée qui sort des sentiers battus, j’apercevais enfin le très vieux sapin planté par un permissionnaire de la guerre de 14, il était toujours là, vieillissant, sa cime très haute courbait fortement à droite, du côté des jardins. Je savais que j’étais presque rendue à la petite ville…



Presque arrivée  à la ville, le soleil jetait son or...

Je suis allée faire quelques courses chez l’épicier, acheté des provisions pour les jours prochains qui s’annonçaient pluvieux, en ce moment, il fallait bien calculer son coup pour faire ses menus.


La beauté des lieux, les surprises, les éblouissements, les grands spectacles de ce jour m’avaient tellement transportée que j’en ai encore les larmes aux yeux en en le revivant avec des mots et des images... Le 11 octobre 2024 !



Ce jour-là ! Je prenais les couleurs comme elles venaient !

Mes amis, je prends du temps... Pour quitter l'Indre, je peine, j'ai encore des choses à dire de là-bas ! En attendant (j'espère), portez-vous bien, le mieux possible, Noël est presque là avec ses scintillements...  


mercredi 27 novembre 2024

Dans l'Indre... Des voisins qui m’accueillent toujours avec le thé (Série unique à plusieurs épisodes - 4)



Le beau tilleul plus que centenaire ! Ma presque première visite est pour lui (photo du début septembre)



Fin octobre, toujours aussi beau avec toutes ses feuilles jaunes à ses pieds !

Quelquefois, je termine ma journée chez mes voisins, pas très loin, à quelques minutes en vélo. J’ai porte ouverte car il n’y a pas de porte, on entre directement dans leur merveilleux jardin par les ruines d’un portail en pierre où ils ont fixé une boîte aux lettres, c’est beau !


Les arbres sont majestueux, au début de l'automne cette année ils sont encore tout vert. Avec la pluie qui n'arrête pas, les tilleuls plus que centenaires ont pris du poids, c’est un château, vulnérable par les temps qui courent…



L'autre tilleul, petit centenaire lui aussi

Les cyclamens sauvages n’attendent que le début de l’automne pour peindre tout l’espace en violet, la tondeuse tournicote pour ne pas leur marcher sur la tête. Attention, avec ta tondeuse, mais fais donc attention, tu vois bien qu’il y en a ici aussi cette année (pas question de trancher dans le vif des hautes herbes) ! Chez mes voisins, ça barde, la maîtresse des lieux crie haut et fort à son mari au volant du petit engin. Tout à son affaire, il redouble pourtant de prudence. Sauve qui peut les fleurs ! Il ne voit rien, Danielle, il ne voit rien... Mais fais donc attention !



Les cyclamens merveilleux chez mes voisins

Les cyclamens commencent à se faufiler partout, il y en a dans tout le village, chacun veut en avoir chez lui. Les bords de routes, les haies, les terrains vagues, les jardins en sont remplis, garez vos tondeuses, les cyclamens arrivent ! Dans le fond du jardin où je loge, l’envahissement a aussi commencé, attention, les fleurs sont partout. Quelle chance ! Les limaces, les escargots, les gros champignons profitent de l'aubaine, vive la nature !


Au fond du jardin où je loge, le mauve est mis !

Pas de noisettes chez vous cette année ? Non, rien de rien, pas de noix non plus, ni fruits, ou si peu, les noix ont les bogues noires, les figues ont du mal à venir, les pommes ne grossissent pas. Ben dites donc... Partout, j’entends le même discours. Finis donc d'entrer, Danielle, après ta visite et photos du jardin, viens donc prendre le thé ! Ma visite commence toujours par le dépôt de mon vieux vélo contre le petit banc de pierre, devant le perron, c’est ma signature, les deux roues sont là. Oui, oui, mes amis, j’arrive, encore une photo...


Elle parle haut, lui, avec hésitation, les embrouilles abondent, les agacements des vieux couples, mais si, mais non, puisque je te le dis...  Danielle, tu ne prends toujours pas de sucre ? Mais non, puisqu’elle te le dit, elle ne mange pas de petits gâteaux non plus. Oh, c'est pas compliqué ! C'est entre eux que ça se complique... Nous voilà dans le vif de la vie de tous les jours, les écarts se creusent : si, je te dis, tu ne t'en souviens pas ? Non, pas vraiment, il est un peu plus absent, distrait... La pression monte dans les cafetières !


Elle fait sa vie dans son magnifique jardin, range sa belle maison avec ordre et précision, s’intéresse à tout. Dans leur belle demeure c'est elle qui tient le gouvernail, sa vivacité, son entrain, sa curiosité ne s'émoussent jamais. Tous les ans nous nous retrouvons avec grand plaisir ! Il nous a fallu des années pour en arriver là... La vraie joie de se revoir !



À travers la haie

Quelquefois, après le thé, nous faisons le tour du parc en parlant de tous les arbres qui le peuplent, des plants qui ne viennent pas, du désherbage à faire, et tout le reste. En dernier, vient le mal du dos qui commence à se faire sentir... Mais nous savons bien que chacun en aurait beaucoup à dire sur son châssis personnel ! Chut !!! Gardons ça pour l'année prochaine, croisons les doigts... Profitons de l'instant !


Quand je vois l’heure avancer, je tire ma révérence : à bientôt les amis, merci pour votre accueil et le thé... Je reprends ma petite reine qui m’attend sagement près du banc, et hop ! Je rentre au bercail. Chemin faisant je repense à tout, le grand tilleul, le thé, les bavardages et les grincements de dents... Les cyclamens progressent bien, il faudra que je revienne vite pour voir l’avancement des merveilles.



Avant d'arriver chez mes amis, toujours une petite génuflexion devant la beauté de cette vieille grange... En ruine ! (2024)



La vieille grange (2021)


Mes amis je n'ai pas tout dit, je prends le temps, c'est vrai, mais je suis en convalescence de "Nature", il faut que je m'en remette plus vite... Portez-vous le mieux possible en profitant de chaque instant de beauté !

jeudi 14 novembre 2024

Dans l'Indre...Les rencontres, les premiers tours de piste… (Série unique - à plusieurs épisodes - 3)

 


Cueillette des fleurs tombales du cimetière


Bien avant, et tout au long de mon séjour en Indre, je m’étais dit : que pourrais-je bien voir de neuf cette année ? Dès les premiers jours, cette idée m'a taraudée : allons au cimetière, de toute façon j'ai une visite à faire. L’entrée était libre comme l’air, j’avais juste à poser mon vélo contre un mur et pousser la porte en fer. D’abord je saluais une ancienne plus ancienne que moi, que j'avais connue et écoutée plusieurs années de suite, elle m'avait raconté comment elle avait commencé à travailler à la grande ferme du coin dès ses douze ans, très tôt le matin, trop tard le soir, presque pas nourrie. Souvent je lui rendais visite au cours de mes séjours, nous bavardions avec entrain toutes les deux, elle était restée gaie comme un pinson, pleine d'humour... Chaque année, depuis qu'elle ne raconte plus rien, je ne manquais pas de venir la saluer, ici, au milieu des fleurs fraiches et des fleurs en céramiques... Je déposais ma petite pierre sur sa tombe, coucou V., je suis passée, me voilà, je n'ai jamais oublié tes récits ! Au fil des années, le petit caillou était devenu un petit tas, il résistait au vent, à tout ! Sa fille, qui connaissait mon secret, veillait au tas de grains... 



Coucou mon amie...

L’idée m’était venue en regardant autour de moi : comme elles sont belles, jamais je n’y avais pensé, aujourd'hui, je les voyais pour la première fois, elles me sautaient toutes aux yeux, allez savoir pourquoi ? La seizième année ! Il m'en avait fallu du temps pour bien voir, je m’étais promis un regard neuf, et bien je le tenais. Il y en avait à profusion, de toutes les couleurs, entières, cassées, enfouies sous la terre, entremêlées avec les herbes folles, en croix, en couronnes, en bouquets, isolées en majesté... Mais quoi donc, Danielle ?  En terre vernissée, bien travaillées par de vrais céramistes, des artistes, brillantes au soleil, des tons hardis : rouge, violet, jaune, orange, jaune, bleu… Une gamme infinie de nuances, éclatantes encore, les fleurs tombales m’attendaient dans toutes leur diversités, quasi intactes !!!



Mais c’est bien sûr, elles sont pour moi, il me suffisait de faire les allées une par une et sortir mon téléphone, mon appareil photo, j’avais trouvé mon sujet, hautement imprévu et magnifique !! Je l'avais vu comme par miracle, ce champ de fleurs, comme personne, j’en étais certaine. Mais surtout, j’ai adoré papillonner entre les tombes et cueillir une à une toutes ces fleurs qui m’attiraient, d'une grande beauté. Il y en avait tellement, j'ai dû choisir : les plus anciennes se voyaient à d'œil nu, mieux façonnées, mieux peintes, des "œuvres", certaines avaient au moins deux petites centaines d'années d'après les dates gravées dans la pierre, pour les cueillir "presque toutes", j'y suis revenue plusieurs fois... En courant !



Personne, sans doute, n’avait vu une telle profusion de pensées pour les morts, les vivants pouvaient se réjouir, leurs défunts dormaient dans les parfums et les couleurs... Le  "nouveau" cimetière, à droite de l'entrée, était construit, entretenu autrement. Pour garnir les tombes de maintenant, la mode était plutôt aux fleurs artificielles avec pétales en synthétique, qui se détachaient aux grands vents... Les incinérés avaient juste une belle petite plaque, il n'y avait pas la place d'une fleur !



Ma gerbe de fleurs en poche, un dernier tout d'horizon, j'ai repris mon vélo, refermé la porte du petit cimetière. Contente de moi, j'avais trouvé comment regarder autrement ce que "j'avais vu en aveugle" durant tant d'années, à chaque séjour sans exception... J'étais venue ici pour le petit coucou et le caillou...




Bonjour madame, le pneu arrière de votre vélo est dégonflé, vous le savez ? Oui, oui, ça ne me gêne pas du tout. Ah bon ! Elle avait passé du temps à arranger une tombe, sans doute d’un très proche, car c’était la deuxième fois que je la voyais pendant que je cueillais mes fleurs tombales. Pour lever le doute, je lui dis que je faisais des photos... Elle paraissait triste et peu pressée de repartir, j’en ai profité pour tirer des fils de soie : elle avait perdu son mari, brusquement, et se retrouvait seule dans sa grande maison où elle tournait en rond. Elle n’avait envie de rien, perdue, prête à rien. Nous cheminions toutes les deux, notre vélo à la main, dans le petit chemin de terre qui filait jusqu’à la route. Elle ne voyait plus ses amies, n’allait plus à la petite chorale, pas l’énergie... Je comprends ! Tenez bon, reprenez confiance, c’est quoi votre prénom ? On va se revoir, bonne soirée, à bientôt Marie ! Souvent, d'entrée de jeu, quand la rencontre était sympa, je demandais le prénom. Ça marchait tout le temps... Nous pouvions nous revoir avec le sourire, en connaissances !


Nous nous sommes revues dans un chemin blanc où je me promenais, entre deux pluies, plusieurs jours après... Je vous raconterai...









Le champ de fleurs...

Ces rencontre florales m'ont incitée à mieux ouvrir les yeux, j'ai trouvé deux trèfles à quatre et cinq feuilles entre deux touffes d'herbes, dans une toute petite allée du cimetière (voir les photos de l'épisode - 2), je les garde précieusement entre les pages d'un livre que je n'ai jamais lu... Encore !


À bientôt les amis, mes passagers, portez-vous le mieux possible. Mon frère, lui, dit toujours : "Autant que faire se peut", il connait la petite musique des prédictions quand on prend de l'âge !