samedi 10 décembre 2022

Sam Szafran, ce grand peintre, enfin à l'Orangerie ! Je le connais depuis des décennies !!!




L'atelier de la rue de Crussol - février 1972 - pastel sur calque contrecollé sur carton - 
Sam Szafran (1934-2019) en ce moment à l'Orangerie !!

Tout a très mal commencé dans sa vie, mais vraiment tout, né à Paris dans une famille juive polonaise, il échappe, en juillet 1942 (il a neuf ans) à la Rafle du Vel'Hiv, ensuite il est caché à la campagne, puis subit un court enfermement au camp de Drancy, dans la région parisienne, en 1944 il est envoyé en Suisse par la Croix Rouge, il a 10 ans ! En ce temps-là, naître sous la "mauvaise" étoile de David vous confrontait sans cesse à la fuite, aux déchirements, à la mort, une grande partie de sa famille a été exterminée dans les camps Nazis... Il revenait de loin, de très, très loin...

Sam Szafran est un peintre autodidacte, il s'intéresse à tout sans a priori, il a essayé en vain d'entrer dans une école d'art, il suit des cours de dessin de la ville de Paris et mène une vie d’artiste particulièrement rude et précaireEn 1960, il reçoit en cadeau une boîte de pastels qui déclenche une passion pour ce médium peu utilisé. Le pastel devient son outil de prédilection ! Sur près de 2 000 œuvres, on dénombre 800 aquarelles et 1200 pastels d’une incroyable richesse chromatique, conçus avec une prodigieuse dextérité par cet artiste qui déclare “avoir de quoi dessiner pour 400 ans”.

Trois thèmes majeurs parcourent son œuvre de manière obsessionnelle : les ateliers, les escaliers et les plantes. Moi, je l'ai connu à l'époque des escaliers qu'on pouvait reconnaître entre mille... Ils ont toujours  tourbillonné dans ma tête, impossible de les oublier. Claude Bernard, grand galériste parisien (décédé en novembre 2022 à 93 ans), suivait cet artiste depuis 1964. Quelques mois avant sa mort, j'ai eu la joie de voir, chez Claude Bernard, sa dernière exposition J'en parle sur mon blog...

Il rencontre à New York Léonard Gianadda, entrepreneur prolifique, ingénieur civil, promoteur immobilier, créateur de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny en Suisse, mécène et philanthrope. Entre leurs connaissances communes et leurs affinités évidentes tant sur le plan artistique qu’humain, les deux hommes nouent un lien profond. En collectionneur éclairé, Léonard Gianadda fait entrer les œuvres de Sam Szafran dans les fonds de son institution muséale suisse. Au début des années 2000, le mécène le sollicite afin de composer les façades de céramique du pavillon privatisable dans les jardins. Désormais, l’espace souvenir Sam Szafran lui rend hommage dans une salle dédiée qui rassemble la trentaine d’œuvres dont la Fondation Gianadda est dépositaire. Il y a une petite dizaine d'années, j'ai eu la grande chance de voir les céramiques du pavillon de Gianadda, (vidéo, j'espère que vous pourrez la voir sans accroc), une grande émotion !


Imprimerie Bellini - 1972 - pastel sur calque contrecollé sur carton - 
Sam Szafran (1934 - 2019) - rue du Fg Saint Denis 

Stupéfaction énorme quand j'ai vu que cet atelier du peintre situé "rue de Crussol" se trouvait tout à côté de la rue de mon enfance et adolescence, je me suis dit : si ça se trouve, je l'ai croisé dans sa rue... J'ai marché dans ses pas... J'ai découvert à l'Orangerie les ateliers, l'imprimerie, et revu avec plaisir ses philodendrons extraordinaires et toujours au fond du tableau, sa fidèle Lilette sur un fauteuil. J'ai dû commencer à admirer ses escaliers vers les années 1980 chez Claude Bernard, je ne l'ai plus jamais lâché du regard... Les philodendrons... Aquarelle sur soie, fusain, crayon sur papier, pastel...


Lilette dans les plantes - 1987 - Fusain, aquarelle et crayon sur papier





Hommage à Jean Clair pour son exposition "Cosmos" aquarelle - 2012 

"Quand je dessine mes plantes, je suis assommé par la créativité en elle-même, celle que je vois, et je suis en admiration devant la nature. Devant sa folie, sa violence, devant sa férocité aussi, et devant son calme, devant tout. Quand je pense être arrivé à ce que je m'étais fixé, je me rends compte qu'il y a autre chose. Oui, c'est sans fin." Les escaliers vertigineux...





Escalier,  rue de Seine - 1990 - Aquarelle sur soie de Chine


Aquarelle sur soie - 1993


"Le rôle de l'artiste est de donner un autre regard, un regard qui permette de voir autrement". Cette phrase de Sam Szafran, dans un entretien avec le poète Fouad El-Etr, résume à merveille ce que je pense profondément de la création artistique dans tous les domaines, toutes les œuvres ne se valent pas, bien sûr, mais les intentions y sont, à nous de voir !

À l'Orangerie, il y avait du monde : mais qui est ce peintre, je ne le  connais pas, nous ne le connaissons pas... Il semblait faire son apparition pour la première fois, exaltations, enthousiasmes fusaient, on reprenait en chœur : comme c'est beau, passionnant, puissant... Personne ne regrettait d'être venu !! Ça partait dans tous les sens, je sentais un public qui découvrait, s'exclamait, j'en était heureuse !

Mes amis, j'ai encore dans mes cartons les visites du sculpteur sur sable Théo Mercier à la Conciergerie, et la sublime Clémence de Titus de Mozart à la Philharmonie, et Proust à la BNF... Vous ne perdrez rien pour attendre :-)) Passez de bonnes fêtes, gardez-vous en santé, remettons nos masques qui nous vont si bien au teint... Pas envie de tousser ni à Noël, ni pour les vœux de fin d'année !!! 

4 commentaires:

siu a dit…

Un artiste remarquable dont j'ignorais l'existence... Vraiment extraordinaires ses tableaux: les ateliers tout comme les escaliers et le plantes !

Dans les temps lointains où j'habitais en Vallée d'Aoste il m'est arrivé d'aller une paire de fois à la Fondation Gianadda à Martigny, mais je n'en garde que des souvenirs très flous (avec une certaine honte il me faut avouer que je me rappelle presque davantage l'excellente fondue bourguignonne du petit restaurant sur la place de Martigny ;-)).

Merci chère Danielle pour cette nouvelle découverte... en attendant les prochaines !

Je t'embrasse, bon dimanche.

Danielle a dit…

Chère Siu, tu vois, nos visites à la Fondation Gianadda nous laissent, dans des temps très divers, de beaux souvenirs :-)) moi qui connaissais déjà Sam Szafran, j'ai tout de suite remarqué les faïences murales du maître :-))) j'adore aussi la fondu bourguignonne :-)) à nous deux on peut dire qu'on a vu du pays :-)))))

Passe un bon dimanche Siu, il fait froid avec soleil, je reste au chaud de l'hiver !

Je t'embrasse fort de fort.



Marie Claude a dit…

Je me répète...pourquoi toujours les belles expos à Paris, nous sommes les oubliés!!
Je me console avec toutes tes photos de ce peintre que j'apprécie,merci à toi.
Heureusement qu'il a pu échapper à cette folie meurtrière et que nous pouvons profiter de ces oeuvres!
Une visite à domicile donc pour moi... l'Orangerie très beau lieu où contempler les toiles de Monet aussi.

Tant mieux tu as de la réserve et pas des moindres vu ta liste...

Siu tu m'as fait rire en racontant tes souvenirs,cela m'est arrivé aussi...un bisou à toi.
Bisous du matin à toi aussi chère Danielle et bonne semaine.
Le masque nous protège aussi du froid...toujours voir le côté positif!

Danielle a dit…

Marie Claude je comprends ton amertume ! La Capitale c'est pas demain qu'elle va déménager au profit des villes de province... En attendant merci de venir chez moi :-))) Oui Marie Claude heureusement que Sam a pu échapper aux nazis... Et produire les très belles œuvres qui font faire le tour du monde... En souvenir de lui et son grand talent !

Il fait froid, pas du tout envie de mettre le nez dehors, je vais ruminer mes dernières expos.

Prends sin de toi chère Marie Claude, je t'embrasse fort du soir.