lundi 10 septembre 2018

Une matinée particulière...



Trouvailles de la matinée

Quelquefois, je vais aux Puces de Montreuil pour me distraire, comme on va à la campagne cueillir des champignons ou des fleurs. On connait le chemin par cœur, on prend son temps, et très souvent, on ne trouve rien ! Quand on revient bredouille, ça n’a aucune importance, on se dit : on fera mieux la prochaine fois, ça nous donne l’occasion d’espérer une pêche miraculeuse. Cet espoir alors envahit tout le quotidien, et peut même nous rendre heureux, car le rêve qui précède le réel enjolive tout !

À la ville ou à la campagne, la balade est tout aussi charmante, les Puces, c'est beaucoup moins beau qu'un champ de coquelicots dans les blés (avec les pesticides, c'est vrai, il n'y a plus de coquelicots), mais on y ramasse des objets étonnants... Et quelquefois très beaux...

C’est avec ces petits refrains-là que je décidais de ma promenade de la semaine aux Puces... En plus de me changer les idées, j’avais vraiment deux objectifs précis en tête pour la découverte, ce qui est plutôt rare.




Le roman complet sur papier bible, trop lourd, écrit trop petit, papier trop fin !


Je vous explique, attention, c'est très complexe : surtout pour le premier objectif

1°) Depuis la veille, j’avais envie de me remettre à relire Marcel Proust : « À  la recherche du temps perdu », mon œuvre préférée. Parfait, vite, je regarde tout d'abord la collection GF Gallimard (un peu plus grande que le livre de Poche, et les caractères sont un peu plus gros aussi), rangée sur l'étagère dédiée à Proust, pas de tome 1 : « Du côté de chez Swann ». Je cherche partout, le tome 1 est introuvable.

Les plans de rechange B, C, D et E, je les avais : B - Je commence ma lecture dans une autre collection (Pléiade) C - Dans la collection Quarto Gallimard D - J’ai tout ce qu’il me faut aussi sur ma tablette E - je cours à la Fnac acheter le premier volume en Poche, pas cher, pratique, petit, léger. Ou je commande sur Amazon ! 

Vous voyez, je ne renonce à rien, et bien que je sois très bien équipée pour Marcel Proust, j'avais une réticence à le relire dans la Pléiade, le papier est trop fin, écrit trop petit. Chez Quarto Gallimard, qui propose également tout le roman en un seul volume, 2401 pages, trop lourd à soutenir pour mes petits poignets, sur ma tablette, il faut surveiller la batterie, pas pratique, non, je voulais absolument lire sur du papier. Pas question de courir à la Fnac, aucune envie d'aller sur Amazon, ce qui déplairait beaucoup à ma sœur qui ne les porte pas dans son cœur,  inutile de lui faire de la peine !...

Vous me suivez ?


Dans la collection GF Flammarion, avec le tome 1 introuvable


Sur ma tablette, pas envie !

2°) La seconde idée n'était pas du tout compliquée,  je voulais trouver un petit couteau de cuisine qui coupe bien, en acier et manche en bois, pour remplacer celui que j'avais jeté par inadvertance à la poubelle avec les épluchures de carottes...

Si j’allais aux Puces ! J'avais mes chances... Pour le couteau...

Me voilà donc sur le chemin de la cueillette miraculeuse, l’âme un peu en peine par je ne sais quels soucis qui traînaient, il faisait doux, le ciel était en bleu très tôt, ça aide...

Le miracle eut lieu, impossible à croire, comme tous les miracles : chez le premier marchand qui vendait de tout, j'ai trouvé le tome 1 de la "Recherche" en Poche, un peu abîmé mais très, très lisible, et le couteau acier manche bois, immédiatement après, je saisis mes deux champignons et je tends une pièce de un euro au marchand qui accepte la transaction !!! La somme était modique et les trouvailles, faramineuses...

Tout de suite, j'ai pensé : elle est pas belle, la vie ?

Pour la photo du livre et du couteau, j'ai pensé que ça ferait encore plus beau avec les fraises à la crème, prêtes pour le déjeuner... Et délicieuses...


La dernière trouvaille 


La semaine suivante, je dépense encore un euro pour un livre de Maupassant que j'adore, en pleine discussion sur le stand avec un chineur de livres comme moi qui avait vu que je ne m'intéressais qu'à cet auteur. Il triait pour moi les volumes épars : et celui-là, vous l'avez ? Et celui-ci ? Oui, oui monsieur, j'ai tout Maupassant chez moi, et il n'est pas rare que j'ai des volumes en plusieurs exemplaires. Ah, bon ? Oui, de peur de le louper, je l'achète d'emblée... On verra après !

Celui-là, "La main Gauche" je ne l'avais pas, et ma surprise fut grande lors de ma lecture d'une nouvelle que je ne connaissais pas et qui s'appelle : Allouma. Force est de constater, oh, rage ! Oh, désespoir ! Combien Maupassant était bien de son temps, il avait fait sien ce langage de l'époque colonisatrice, raciste, profondément irrespectueux et méprisant envers les arabes. Les femmes sont des esclaves inintelligentes, des filles...  "J’éprouvais pour elle un dédain paternel", "J'en ferais une sorte de maîtresse esclave", "Car ces créatures-là, sur le sol africain, nous appartenaient presque corps et âme","Car elle dû mentir d'un bout à l'autre, comme mentent tous les Arabes, toujours, avec ou sans motifs. C'est là un des signes les plus surprenants et les plus incompréhensibles du caractère indigène : le mensonge", "Je ne l'aimais pas - non - on n'aime point les filles de ce continent primitif", etc, et... Toute la nouvelle est à l'avenant, un langage qui se perpétue et se propage toujours de nos jours... Méfiance !

Je ne vais pas vous infliger l'ensemble de la nouvelle, mais c'est la première fois que chez Maupassant, je découvre ce racisme profond, violent, abject. Un de mes auteurs favoris trouve que les Arabes sont des sous-hommes ! Je suis peinée de cette très mauvaise surprise !


Mes fleurs du jour dans le petit vase à sept branches

Mes amis, à très bientôt pour des merveilles inconnues...

4 commentaires:

Marie Claude a dit…

J'ai le premier tome "du côté de chez Swann" depuis très très longtemps!!!
Les avis sont partagés sur cet auteur,certains enthousiastes,d'autres beaucoup moins...
Il va falloir que je me fasse vraiment ma propre idée,tu me donnes envie de le ressortir.
Maupassant j'ai lu beaucoup de nouvelles,je ne connais pas celle que tu présentes.
Toujours aussi beau ton bouquet clôturant ton billet.
Bisous d'après midi

Danielle a dit…

Marcel, il faut le relire et le relire :-)

Pour Maupassant je l'ai toujours quelque part avec moi...

Merci Marie Claude, belle soirée...

Brigitte a dit…

De belles trouvailles au marché aux puces !
je ne connais pas non plus la nouvelle que tu présentes mais je n'ai pas du tout envie de la lire !
Toujours de belles présentation de fleurs .. ou de fruits pour agrémenter tes billets
Belle journée Danielle . Je t'embrasse fort du matin

Danielle a dit…

Merci Brigitte pour ta présence... Le marché aux puces est un vrai trésor... À tous les prix...

Tu as raison, laissons Maupassant dans son grand génie, mais aussi dans les mots de la société de son temps...

Merci pour les fleurs, merci pour les fruits.

Passe un bon WE du patrimoine...

Je t'embrasse fort, chaleureusement.