Fleurs de saison
Les choses de la vie un peu tristes :
Quelques fois, nous nous perdons de vue pendant des mois, des années, et puis tout à coup, nous nous retrouvons à tout bout de champ, dans la rue, deux, trois fois par semaine... C'est étrange... Nous reprenons alors notre conversation favorite : la vie et son cortège de bonheurs et de désillusions, crispations, douceurs, exaspérations... Qu'y pouvons-nous, ma chère Adeline, qu'y pouvons-nous ? Elle attaque son récit toujours avec élégance, sourire, elle réfléchit beaucoup et prend son temps pour trouver les mots ciselés sur son expérience, pour mieux se faire comprendre, elle reformule ses impressions et garde toujours le sourire... C'est Adeline !
J'adore qu'elle me raconte ses histoires, elles tournent toujours autour de sa vie de tous les jours, et tous ses jours sont très intéressants. Tu comprends, Danielle, je ne me laisse plus faire. Fais ceci, ne fais pas cela, je me sentais toujours obligée obtempérer, et puis un jour j'ai décidé qu'il fallait que je change. Ça ne s'est pas fait en un jour, j'ai pris mon temps, de victime je suis passée à : j'existe pour moi-même, agissante, et ça m'a changé la vie. Ah bon ! J'imagine... Raconte... Oui, j'ai décidé de prendre de l'épaisseur, pas en poids, tu vois, mais en présence, oui, oui, je vois très bien. Mais tu sais, il est devenu très gentil, toujours rouspéteur mais gentil, il fait plus attention à moi, mais reste difficile à vivre... Pour moi, le divorce est impossible, impossible... Je fais avec ce que nous sommes, et puis tu sais, il est très généreux avec nos enfants, tu vois, quand il fait un chèque il met plusieurs zéros après le premier chiffre... Elle était admirative... C'est bien, ça, Adeline, il faut bien qu'il ait des qualités, ton homme... Nous rions...
Depuis tant et tant d'années que nous nous connaissons, je l'avais vue reprendre du poil de la vie, plus gaie, plus passionnée sur tout, elle aimait la lecture par dessus toutes autres choses, la broderie aussi. En ce moment je ne lis plus, j'ai mal aux yeux, je ne sais pas, ça me pique, j'ai mal à la tête, j'ai un glaucome... Et Maupassant, Adeline, reprends Maupassant que tu adores, ses courtes histoires devraient suffire à ne pas énerver tes yeux, tu vas te régaler... C'est une idée, je vais reprendre Maupassant... Et puis, les vagues de nos paroles sont reparties vers d'autres rivages... Cette fois-ci, c'était l'exclusion : moi, je ne comprends pas ça, elle parlait d'un couple d'homosexuels qu'elle connaissait et qui s'était mariés, malgré le grand scandale causé dans leurs familles, un truc, tu ne peux pas imaginer, ils étaient montrés du doigt, on disait partout : tu te rends compte, ils ont osé, c'est pas normal. Eh bien, le curé du village (Portugal) est venu à leur mariage, elle riait, trouvait que la chute de l'histoire était belle, oui Adeline, belle ! Mais de quoi se mêlent les gens, qu'est-ce que ça peut leur faire, la vie des autres, moi je considère que les homos sont d'abord des personnes comme les autres, comme les autres... Elle venait de loin, Adeline, elle venait de loin... De très loin... Comment vont tes enfants ? Très bien, je file faire des courses... À la prochaine... À très vite, j'espère...
Fruits de saison
Ceux de mes lecteurs qui suivent mes fantaisies depuis un moment savent que je suis une fille des rues, si vous saviez ce que les gens m'ont raconté sur les trottoirs, quand le moment se présentait : les confidences, les chagrins, les serrements de cœur et de mains... Nous étions alors seuls au monde, par tous les temps, sauf sous la pluie, j'ai entendu des pleurs, des mots si beaux, si poignants, nous nous consolions comme nous pouvions, car dans les histoires des autres nous nous retrouvons si souvent...
L'abricotier de notre immeuble l'année dernière
Cette année, nous n'aurons aucune récolte, pas un seul abricot ne pousse sur notre arbre municipal, il a subi les coupes de l'élagage avec pansement rouge aux cicatrices des grosses branches, il se remet lentement... Il est tout en feuilles, en boule, gracieux, bien vert, moins haut, une santé de fer, il se prépare pour l'année prochaine, nous serons à son chevet jusqu'à la nouvelle récolte... Je vous tiendrai au courant... Nous avons coupé les petits arbustes de la jardinière en dur au bas de nos escaliers, maintenant c'est dit, notre office nous abandonne (à notre demande) le soin de tout ce qui pousse en bas des marches. Nous avons aussi replanté trois plantes vertes dans le bac de notre hall d'entrée qui avaient été volées, une par une, nous restons surpris de voir que tout va bien, tout le monde s'en occupe, un peu d'eau par-ci, un peu d'eau par-là, elles vont finir par avoir des hauts-le-cœur tellement elles auront bu...
Alice ! Fleur parmi les fleurs, très fière de poser !
Alice ! J'y viens (ma chère voisine dans sa 104e année)
Elle s'était cassé le bassin au cours de son voyage chez son fils dans le sud, la voilà revenue en maison de rééducation, tout près de chez elle, nous sommes allées la voir, et l'avons trouvée assez pimpante. Elle fait le tour de son l'étage deux fois par jour minimum avec son déambulateur, elle ne souffre de nulle part, allez hop ! Le kiné la trouve très en forme... Elle ne se plaint pas, on mange bien, les gens sont très gentils, sa voisine ne lui parle pas car elle est sourde et ne veut pas porter d'appareil, elles se sourient simplement, se font des signes... C'est un peu triste... Pendant toute la visite, dans le petit jardin, dans l’ascenseur et dans le hall d'entrée, je regardais à droite et à gauche les résidents en chaise roulante, la tête penchée, les idées ailleurs, l'endroit était sinistre... Alice, revenez vite, ne restez pas là-bas, on vous attend, vous nous manquez sur notre palier... Tout l'immeuble vous réclame !
Légumes de saison
Encore une mauvaise nouvelle du jour !
Bien installée dans l'autobus, dans le sens du paysage en marche, j'allais au cinéma dans le quartier d'à côté, il y avait du monde, du monde, il n'y a jamais assez d'autobus, ils sont tous pleins à craquer. Une petite dame, bien mise, coquette, bien maquillée et souriante avec son petit caddy sur le côté, s'est assise en face de moi, voyant les voyageurs monter : femmes voilées, noirs, bronzés... Se penche vers moi et me dit assez discrètement : nous sommes envahis ! Je l'ai regardée interloquée, je suis restée bouche bée, je n'avais plus de voix pour parler, j'ai changé de place... Elle doit se demander encore pourquoi !
Prochain post les murs peints de Vitry-sur-Seine, j'ai adoré... Je partage...
8 commentaires:
toujours aussi palpitant... les mini histoires et les maxi...bises
Elfi, Merci pour ton enthousiasme que j'adore.
Bises du soir
Belles illustrations dans ton agenda.
"Fille des rues",tu m'a fait rire,je suis un peu comme toi,souvent des rencontres inattendues!
En principe les fruitiers n'aiment pas trop l'élagage,j'espère que l'année prochaine la récolte sera fructueuse.
Heureuse d'avoir des nouvelles rassurantes d'Alice,vivement son retour parmi vous.
Je pense que ta voisine du bus,après réflexion,a du comprendre ta réaction....
Joli dimanche à toi avec des bisous du matin.
Oui Marie Claude, les illustrations étaient magnifiques (agenda de l'année dernière) j'avais plaisir à tourner les pages...
Tu me rassures pour l'abricotier :-)
Moi aussi j'attends qu'Alice rentre :-)
Passe un très bon dimanche, bises du matin clair.
Merci Danielle, j'ai tout savouré: tes multiples récits et les belles images. Pour finir... moi aussi je pense que la dame dans le bus a du comprendre ta réaction, et je me souhaite aussi qu'Alice revient vite chez elle.
J'attends ton pochain billet... :-))
Gros bisous du dimanche!
Merci Siu, merci, espérons que cette dame aura compris le sens de ma réaction...
Merci Sieu d'attendre mon prochain billet.
Grosses bises du dimanche soir.Il a fait beau doux aujourd'hui.
La vie au quotidien ,la belle vie, pleine de ton enthousiasme, de ta joie, de ton écoute toujours. C'est passionnant ! Si si je t'assure et parmi les nouvelles bonnes et moins bonnes celle d'Alice . J'espère qu'elle va vite rentrer chez elle , tu nous le diras bien sûr.
Je t'embrasse
Merci chère Brigitte, merci pour tes encouragements... qui me donnent envie de continuer...
Oui, dès qu'Alice rentre je vous le dis...
Passe un bon mardi, je t'embrasse fort.
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