Parler ou se taire ?
Tel est le mystère :
Il y a plusieurs écoles : celle des plus bavards (dont je suis), et celle des plus silencieux (dont je peux être aussi), pas facile de trouver sa voix ! Les deux ne s'y retrouvent pas aisément. Tout dépend des circonstances...
Vous avez sans doute vécu ces envies fréquentes, alternatives dans votre existence ! On va pouvoir en parler pendant longtemps, jusqu'à la fin sans doute... La très grande fin, bien sûr...
Je ne parle vraiment du silence ou de la parole qu'à l'aune de mes expériences personnelles, pas du tout envie de généraliser abusivement, il ne s'agit que de moi, nous ne pourrons pas aller très loin dans l'analyse. Tout le monde voudra s'exprimer là-dessus en fonction de sa nécessité propre, intime, urgente, habituelle... Impossible de me mettre dans une case, mais j'ai mes petites tendances...
Délicat comme sujet, mais moi, je sais à peu près où j'en suis... T'as bien de la chance, Danielle ! Voyons voir un peu :
Par exemple, quand je vais aux spectacles vivants ou plein écran, voir une expo ou un musée, j'aime bien y aller seule, le plus souvent. Depuis très, très longtemps, quand j'étais encore très jeune, adolescente qui démarre, j'allais partout toute seule, j'aimais bien cet entre-soi avec moi-même, je craignais le partage avant d'avoir fait le tour de mes impressions personnelles, de mes interrogations, de mes incompréhensions, je voulais avoir mon idée avant d'en discuter avec d'autres... J'ai gardé ce mode d'exploration jusqu'à aujourd'hui... Avec les arts en général, j'aime bien aller seule au front et réfléchir silencieusement. Avec les humains de la vraie vie, c'est tout autre chose, j'aime mieux parler...
Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas du tout toute noire ou blanche, maintenant que j'ai vieilli, j'ai changé (un peu), j'aime aussi partager, à deux, à trois ou plus, avec enthousiasme, empressement, réjouissement ! Pas si simple de trouver mon mode d'emploi...
Cause toujours :
Au dernier spectacle que j'ai vu au théâtre de la Colline à Paris, qui s'appelait : "À la trace" d'Alexandra Badea, je n'ai pas compris grand chose. J'y étais allée sur ce thème intéressant : "On ne connait jamais son enfant... À la place de nous apprendre à changer ses couches, on devrait plutôt apprendre à aimer nos enfants sans chercher à les connaître"... En gros, c'était le sujet de la pièce. Un magnifique décor à deux étages à la verticale, découpé en trois espaces horizontaux chacun, les acteurs (3 femmes) passaient d'un cadre à l'autre, tout au long de la pièce. Une débauche de vidéos avec des acteurs masculins qui dialoguaient avec les actrices sur scène, des paysages aussi, qui défilaient superbement sur le décor, qui accompagnaient, faisaient partie du spectacle. Au début, une actrice chantait une chanson donnant un beau un moment d'émotion, pourtant la voix n'était ni singulière, ni attachante. J'adore les moments musicaux dans un spectacle vivant quand ils surgissent là où on ne les attend pas, j'ai vécu des surprises de taille dans certains spectacles, des émotions très fortes à cause d'un chant, uniquement... Mais revenons à mes moutons...
Mon petit décor à moi : fleurs de mon balcon et orchidées qui baissaient un peu la tête
Je n'ai rien compris, pas tout compris, rien senti en tout cas, trop de paroles, trop de texte alambiqué, trop de décor, pas de corps, aucune émotion, seulement à la fin cette révélation raide, tendue, mal jouée : on devrait plutôt apprendre à aimer nos enfants sans chercher à les connaître... J'attends toujours que ça se joue, je me suis sauvée... La salle était à moitié vide, je ne sais pas pourquoi : bouche à oreille, ponts du mois de mai, beau temps ? À vous de voir... J'ai repris le métro sans un mot.
Petite parlotte de village :
Alors que j'entrais dans la petit boutique de mon petit épicier du coin, où il n'y avait que deux hommes, je lançais un "bonjour messieurs-dames"... Ce qui surprit l'un des deux qui me dit : mais il n'y a pas de dame (à part moi). C'est vrai, dis-je, c'est l’habitude. Ah ! C'est peut-être "Elle" (pointant du doigt l'affiche) qui vous fait dire ça, cette belle vache rouge qui rit avec ses boucles d'oreilles, peut-être en effet, alors l'épicier ajouta : c'est comme la vie, le fromage n'est pas terrible, mais l'animal est amical, souriant, il fait plaisir à voir... Nous faisons de la philosophie de bon matin, lui dis-je, c'est vrai, c'est bien agréable d'en parler ensemble...
Léon Brel, affineur de fromage, s'est inspiré en 1921 du dessin original de Benjamin Rabier, crée au cours de la première guerre mondiale, en négociant les droits à l'auteur, pour déposer sa marque de fromage
Je venais juste de changer de trottoir, où j'avais fait remarquer à mon marchand de légumes qu'il avait l'air un peu fatigué : c'est le Ramadan, madame, ça fatigue. Ben oui, je comprends, mais c'est bon pour la santé, vous savez. Ah bon... Et le voilà qui me vante les mérites de la diète "ramadienne", je ne sais pas où j'ai vu ça, c'est scientifique, vous savez, indépendamment des religions, bien sûr, les docteurs disaient que c'était bon pour la santé, de ne pas manger beaucoup, manger doucement, moi je fume et bien c'et dur de m'en passer toute la journée... Bon, alors courage et bon Ramadan ! Mon marchand de légumes est un lettré, il lit beaucoup, écrit, fait de la poésie, d'ailleurs sa boutique est un vrai petit jardin, j'aime bien y aller, on parle beaucoup... De tout...
Histoire sans paroles et beaucoup d'oeuvres :
J'avais vu un entrefilet dans un canard : Agnès Varda s'expose ! J'y cours, j'y vole, je ne m'occupe pas du temps, je ne prends pas de parapluie, je chausse mes nus-pieds, avec Agnès je suis certaine de passer un bon moment. Peu avant d'arriver à la galerie, une pluie battante, du tonnerre, de la grêle, les 10 plaies d'Egypte ! J'avais les pieds trempés, le pantalon itou, la grande lessive, mais pour Elle, j'aurais nagé dans la rue...
Une petite expo, pas plus grande qu'elle, mais comme je suis une inconditionnelle, une fan, pas question de critiquer...
Il y avait là des petites maquettes de maison, de tentes, de bateaux, faites avec la pellicule 35 mm de son film "Le bonheur", qui ne pouvait plus servir maintenant que le numérique était arrivé... Elle avait dû faire tous ses tiroirs, ses archives, l'intention était touchante, la glaneuse avait recyclé, fabriqué tous ces objets avec les copies de ce film sorti en en 1964. Je suis restée dans la galerie, grâce à la pluie, à observer sans dire un mot... Alors que j'en aurais parlé volontiers avec quelqu'un. Dès l'entrée, nous passions sous une arche, elle était construite entièrement de boîtes pour transporter les bobines... Agnès ! Quoi que vous fassiez, vous donnez toujours envie de pleurer... Et de sourire... Merci !
Histoire sans paroles et beaucoup d'oeuvres :
J'avais vu un entrefilet dans un canard : Agnès Varda s'expose ! J'y cours, j'y vole, je ne m'occupe pas du temps, je ne prends pas de parapluie, je chausse mes nus-pieds, avec Agnès je suis certaine de passer un bon moment. Peu avant d'arriver à la galerie, une pluie battante, du tonnerre, de la grêle, les 10 plaies d'Egypte ! J'avais les pieds trempés, le pantalon itou, la grande lessive, mais pour Elle, j'aurais nagé dans la rue...
Une petite expo, pas plus grande qu'elle, mais comme je suis une inconditionnelle, une fan, pas question de critiquer...
Il y avait là des petites maquettes de maison, de tentes, de bateaux, faites avec la pellicule 35 mm de son film "Le bonheur", qui ne pouvait plus servir maintenant que le numérique était arrivé... Elle avait dû faire tous ses tiroirs, ses archives, l'intention était touchante, la glaneuse avait recyclé, fabriqué tous ces objets avec les copies de ce film sorti en en 1964. Je suis restée dans la galerie, grâce à la pluie, à observer sans dire un mot... Alors que j'en aurais parlé volontiers avec quelqu'un. Dès l'entrée, nous passions sous une arche, elle était construite entièrement de boîtes pour transporter les bobines... Agnès ! Quoi que vous fassiez, vous donnez toujours envie de pleurer... Et de sourire... Merci !
L'arche romane en boîtes de pellicules, on peut y lire les titres des films dessus
La grande serre du Bonheur, grandeur nature, on peut rentrer dedans, construite avec des copies du film "Le Bonheur", tournesols, transparence, portes et fenêtres ouvertes, tout respire le bonheur ? - Agnès Varda
Les beaux tournesols faux de l'été - "Le bonheur" Agnès Varda
Maquette de barque en ruine et en pellicule - Agnès Varda
Maquette, modèle réduit de la grande maison pleine de tournesols - Agnès Varda
Un ensemble très émouvant de petites maquettes, réalisées entièrement avec de la pellicule (copies du film) - "le Bonheur"
Bien sûr, avec Agnès Varda, qui ne fait pas dans le bonbon anglais, on peut se douter que "le bonheur" tournera au vinaigre... Fleurs, musique, famille heureuse avec ses deux enfants, l'histoire, va tourner au désastre... Ainsi vont les histoires d'amour... Au désastre pour la plupart... "Les histoires d'amour finissent toujours mal" (Les Rita Mitsouko) mais à quoi bon en parler...
Et bien chantons maintenant :
Quand on chante on ne parle pas, biens des chanteurs que je connais ont choisi le chant pour se taire ! Allons bon, Danielle, qu'est-ce que tu nous chantes ?
Accompagnés de la musique, les textes des chanson en disent plus long que les paroles, l'harmonie à trouver à plusieurs n'est pas facile, le chœur dans lequel je chante depuis toujours a dû apprendre à écouter les autres pour sonner juste. Certains en avaient assez de parler pour ne rien dire... Ils se sont mis à chanter...
À très vite mes amis, entre mes lignes, où, je ne sais pas encore...
Et bien chantons maintenant :
Accompagnés de la musique, les textes des chanson en disent plus long que les paroles, l'harmonie à trouver à plusieurs n'est pas facile, le chœur dans lequel je chante depuis toujours a dû apprendre à écouter les autres pour sonner juste. Certains en avaient assez de parler pour ne rien dire... Ils se sont mis à chanter...
À très vite mes amis, entre mes lignes, où, je ne sais pas encore...
4 commentaires:
Oh une expo qui me parle dès tes premières images … Et toi tu parles bien aussi en mots toujours ! En vrai je l'ignore mais je sais que tu écoutes très bien. C'est important l'écoute peut-être davantage que la parole ???
Je ne suis pas une grande bavarde ,juste ce qu'il faut: pas plus, pas moins ! Enfin, je crois ...
je ne visite pas beaucoup d'expos mais il est vrai que je préfère y aller seule . C'est comme pour le cinéma, je ne lis que très peu des critiques et hop j'y vais . il m'est arrivé de me tromper mais rarement en fait . Le dernier :La fêtes des mères que j'ai beaucoup aimé et l'amie qui m'accompagnait aussi .
Belle semaine à toi et bises du jour
Chère Brigitte, oui, je crois moi aussi que l'écoute est très importante...
Je n'ai pas vu "La fête des mères", pour les critiques, il me suffit de lire le thème pour avoir envie d'aller voir un film, ...le réalisateur bien sûr, plus rarement les acteurs... Sauf pour les grands que j'aime beaucoup ! Je n'aime pas que les critiques racontent l'histoire avant, j'ai besoin de la surprise, de la première image, du rythme...
Toi aussi Brigitte passe une belle semaine, je t'embrasse fort.
Contrairement à toi je suis toujours accompagnée ( très souvent la même amie) pour le ciné ou les expos.Nous nous exprimons peu durant la visite encore moins au cinéma,mais ensuite nous sommes heureuses d'échanger en prenant une petite dégustation.Un plaisir que nous apprécions depuis longue date.
J'aurais bien aimé voir cette expo d'Agnès Varda que j'aime beaucoup aussi.
Bien joli ton petit bouquet jolie présentation.
Les commerces de "proximité" qui disparaissent de plus en plus permettent des échanges souvent très conviviaux!!
Toujours aussi heureuse de te lire.
Gros bisous du soir.
Merci Marie Claude, oui, je comprends avec quel plaisir ton amie et toi partagiez toutes vos activités... J'aime ça aussi, mais... J'aime bien allez seule à mon grès... de l'instant.
C'est vrai, nous "causons" avec mes petits commerçants, qui paraissent d'ailleurs bien s'en tirer sur le plan commercial en ce moment...Des tas de gens font comme moi :plus près, plus proches...
Passe une très bonne fin de semaine Marie Claude, je t'embrasse du matin.
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