Nous nous connaissons depuis plusieurs année, combien ? Je ne sais plus. Comme il habite pas très loin de chez moi, les occasions de nous saluer sont nombreuses.
Quelquefois même, il changeait de trottoir pour venir sur le mien me faire le bonjour du jour : vous allez bien, fait beau, bonne journée, à bientôt, les mots d'usage, petits, comme des perles de rocaille de toutes les couleurs qui caracolaient sur le trottoir...
Je l'avais rencontré par-ci, par-là, il y a très longtemps, à des réunions publiques sur la ville, il connaissait tout le monde et chacun lui disait bonjour. Tiens, je m'étais dit, il fait de la politique, costume cravate, chaussures bien cirées, mais aucun souvenir de ses discours, à part le sourire toujours présent, il avait peut-être la très jeune cinquantaine, peut-être pas, je ne sais plus... Je n'ai jamais réussi à lui donner un âge.
Les jours ont passé, je l'ai retrouvé de temps à autre, un jour je l'ai revu avec un chien, un petit chien qui courait partout autour des jambes de son maître, un petit frisé, à peu près blanc, très joueur, un ami de bonne compagnie...
Quelques mois, quelques années avant le chien, dans un couloir du métro, je l'avais aperçu, plus joufflu, le visage rougeaud, froissé, mal habillé, pas encore de chien en main, juste quelques cartes postales, des dépliants touristiques qu'il proposait aux passants. Quel étonnement, que lui arrivait-il, que faisait-il là à vendre ces cartes et ces tours Eiffel ? Une énigme, que j'avais mise sur le compte de la pauvreté subite, de la grosse tuile de vie, quelle tristesse ! Le pauvre...
Puis, au fil des jours, des mois, des années, je l'avais vu, traînant les pieds après la laisse de son chien blanc, tantôt rieur, mieux habillé, la main tendu, le sourire revenu, à petits pas, il donnait souvent l'impression qu'il était pressé...
J'avais gardé intacte dans ma tête l'énigme du métro et la vente à la sauvette, une seule fois je l'avais recroisé dans le métro dans sa petite entreprise, sur la ligne qui nous ramenait dans notre ville...
Je m'étais dit, il est dans une mauvaise passe, une mouise intensive, comment vivre ainsi de cette micro papeterie souterraine ?
Voilà où je voulais en venir : hier, en pleine journée, j'entends de ma fenêtre entrebâillée un cri qui se répétait à intervalle régulier, un homme hurlait en mettant ses deux mains en porte-voix : Hommes ! Après chaque incantation il faisait un signe de croix, plusieurs signes de croix, il levait la tête devant les immeubles où il y avait beaucoup d'habitants et il relançait son cri : Hommes ! Je me suis dit, cet homme s'adresse au genre humain, il ne leur dit rien d'autre, il les prie, les interpelle, pourquoi ? Pour quelle urgence morale est-il là à interpeller son prochain ? Hommes ! La rue, très calme, était devenue soudainement un chemin de croix. Le petit chien blanc était à ses pieds, assis tranquillement.
J'ai bien regardé, bien scruté et de mon étage élevé, et je l'ai reconnu, l'homme du métro, de la rue d'à côté, mon pays, mon presque voisin, comment est-ce possible, il est malade, il a sombré, j'ai pensé à descendre lui dire quelques paroles, mais il est parti bien avant que je prenne ma décision. De loin maintenant on pouvait entendre : Hommes ! Hommes !... Et imaginer les signes de croix qui allaient avec...
Plusieurs jours après j'ai eu la réponse à toutes mes questions chez une voisine, ma chère voisine chez qui tout le monde se donne rendez-vous pour bavarder, prendre un thé, se faire réconforter, qui accueille avec le sourire tous les voisins qui sonnent à sa porte.
Elle m'a appris ma chère voisine que cet homme, qu'elle connaissait : avait oublié de prendre ses médicaments !! Elle aussi avait eu envie d'aller lui parler, le calmer...
Mais ce prédicateur à ses heures avait réveillé en moi des questions, des doutes, une compassion, était-il à ce point préoccupé par l'état de l'humanité ? Sa maladie, en l'absence de médicaments, réactivait-elle des angoisses existentielles lourdes qui lui gâchaient la vie ? Je ne sais pas... Mais il m'a fait peine !
Bon, au prochain post je reviens à Venise... Patience...
Je m'étais dit, il est dans une mauvaise passe, une mouise intensive, comment vivre ainsi de cette micro papeterie souterraine ?
Voilà où je voulais en venir : hier, en pleine journée, j'entends de ma fenêtre entrebâillée un cri qui se répétait à intervalle régulier, un homme hurlait en mettant ses deux mains en porte-voix : Hommes ! Après chaque incantation il faisait un signe de croix, plusieurs signes de croix, il levait la tête devant les immeubles où il y avait beaucoup d'habitants et il relançait son cri : Hommes ! Je me suis dit, cet homme s'adresse au genre humain, il ne leur dit rien d'autre, il les prie, les interpelle, pourquoi ? Pour quelle urgence morale est-il là à interpeller son prochain ? Hommes ! La rue, très calme, était devenue soudainement un chemin de croix. Le petit chien blanc était à ses pieds, assis tranquillement.
J'ai bien regardé, bien scruté et de mon étage élevé, et je l'ai reconnu, l'homme du métro, de la rue d'à côté, mon pays, mon presque voisin, comment est-ce possible, il est malade, il a sombré, j'ai pensé à descendre lui dire quelques paroles, mais il est parti bien avant que je prenne ma décision. De loin maintenant on pouvait entendre : Hommes ! Hommes !... Et imaginer les signes de croix qui allaient avec...
Plusieurs jours après j'ai eu la réponse à toutes mes questions chez une voisine, ma chère voisine chez qui tout le monde se donne rendez-vous pour bavarder, prendre un thé, se faire réconforter, qui accueille avec le sourire tous les voisins qui sonnent à sa porte.
Elle m'a appris ma chère voisine que cet homme, qu'elle connaissait : avait oublié de prendre ses médicaments !! Elle aussi avait eu envie d'aller lui parler, le calmer...
Mais ce prédicateur à ses heures avait réveillé en moi des questions, des doutes, une compassion, était-il à ce point préoccupé par l'état de l'humanité ? Sa maladie, en l'absence de médicaments, réactivait-elle des angoisses existentielles lourdes qui lui gâchaient la vie ? Je ne sais pas... Mais il m'a fait peine !
Bon, au prochain post je reviens à Venise... Patience...
6 commentaires:
Toujours triste de voir le désarroi moral d'une personne et notre impuissance...
Je comprends ta peine,sachant que tu es toujours sensible au monde qui nous entoure.
Nous allons bientôt être en novembre, mois que je n'aime pas trop (mauvais souvenirs)malgré les couleurs chatoyantes de l'automne....
J'espère que tu vas nous "remonter" le moral avec un beau billet sur Venise au soleil loin de la grisaille.
Un beau W.E Danielle.
Gros bisous du matin
Oh le pauvre homme ,c'est terrible pour lui et toi tu es toujours compatissante et à l'écoute .
Allez vite un billet sur Venise!
Gros bisous du soir
Marie Claude, oui, oui, le prochain post sera sur Venise, de belles couleurs, des coins que j'aime, des mots doux...
Bon novembre quand même Marie Claude et bises du soir.
Brigitte, oui, tournons les yeux vers Venise:-)))
Grosses bises de maintenant.
J'attends ton billet avec impatience, cela me fera sans doute rebondir....
Notre monde a tellement besoin d'histoires divertissantes! Bises de Venezia, ancora!
Mina
C'est vrai chère Martine, le monde a besoin de légèreté...
Je reviens à Venise, où tout n'est pas rose :-)) non plus !
Moi aussi j'ai hâte de voir tes belles photos et tes sourires.
Grosses bises du soir à toi.
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