Femme et petit garçon (Yves Boussin)
Chaque jour à sa tâche, il me dit : j'ai remis mes chaînes, ce qui veut dire en clair, je suis esclave de mon travail de commande... Mais je le fais avec plaisir, avec ennui, avec ferveur, avec rage, avec découragement, avec espoir que ça finisse et que ça continue... La répétition provoque des réflexes propice aux inventions aux trouvailles, mais parfois la lassitude s'installe, le doute même...
Chaque jour mon frère a de nouveaux commentaires : j'en ai marre, je les vomis, je n'arrive plus à dormir, je vois les couleurs en rouge, en violet, je n'arrive pas à choisir, il faut que ça s'arrête...
Finalement, il va faire une petite pause et s'octroyer une petite balade à Aix-en-Provence, histoire de régénérer ses neurones. À Aix il y a la très belle Fondation Vasarely à visiter, j'y vais me dit-il...
Quand j'entends mon frère (bien heureux d'honorer des commandes) pester, s'énerver à peindre des sujets qui ne l'intéressent plus vraiment, je ne peux m'empêcher de penser à tous ces artistes qui travaillaient à couvrir de fresques sublimes les murs des églises, puis à tous les autres qui ont pendant des centaines d'années peint sur des toiles, dans leurs ateliers pour "avoir" des commandes prestigieuses, les sujets imposés étaient le plus souvent exclusivement religieux... Comment ces artistes ont-ils fait pour renouveler sans cesse leur art, en avaient-ils eux aussi, plus que marre de peindre Jésus et tous les saints de la chrétienté ? Pour vivre, pour survivre sans doute, pour la renommée, le succès, la gloire, la richesse, à part les artistes qui créaient par conviction religieuse, comment s'attelaient à leur tâche tous les autres ? L'art, le talent l'emportaient sur les contraintes, la nécessité, c'est ainsi que nous les voyons aujourd'hui, en apesanteur, sans les douleurs, les regrets, les incertitudes, les misères, dans toutes leurs splendeurs, leur génie !
Les peintres de Venise excellaient à se distinguer, pour rafler tous les concours, les marchés de la place. La concurrence était rude, âpre, il fallait se placer dans un temps record, et rester dans le sujet imposé par le commanditaire, ceux qui prenaient du retard payaient des amendes, ils suaient sang et eau pour conquérir les clients... Quel métier !
Mais revenons à mon frère, il va encore m'étonner et satisfaire ses acheteurs, c'est sûr !
Tant mieux, moi je ne m'en lasse pas !
Les deux dames au fond vert (Yves Boussin)
4 commentaires:
En effet comme tu le décris si bien,nous n'imaginons pas le "tourment" de l'artiste pour la réalisation de l'oeuvre!
Nous,nous avons "simplement" le plaisir de la découverte et de l'admiration....
Bonne journée à toi,ici sous le soleil et j'espère qu'il en est de même chez toi.
Bisous du matin
C'est vrai Marie-Claude nous n'avons que le plaisir de regarder et de nous faufiler dans les couleurs, les impressions, les sensations, personne pour nous répondre, à nous de trouver les réponses...
Merci Marie Claude pour ton passage, Je te bises ensoleillées d'ici...
Il peste et tempête ton frère mais au final il y arrive et va honorer sa commande .
Par contre oui j'imagine bien que ce ne doit pas être facile ..Et par nature un artiste est en général un peu tourmenté ....
Ces costumes là sont aussi superbes que les précédents
Bonne fin de semaine et bises du soir
Chère Brigitte, oui,oui,oui il va honorer la commande :-))
Tourmente je ne sais pas pour mon frère, mis il cherche toujours...
Moi aussi je trouve que ses costumes sont très beaux...
Toi aussi passé une bonne fin de semaine et un bon WE
Grosses bises à toi.
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