Les lingettes :
Vous prendriez quoi à ma place ? Je m'étais adressée à une vendeuse du grand magasin qui remplissait tranquillement au rez-de-chaussée les rayons de savons, tampons, coton... : celui-là, il a l'air bien, c'est pour bébé, il ne doit pas y avoir trop de produits toxiques ? Détrompez-vous, écoutez, moi je suis bio, très bio, mais je peux vous dire que ça ne veut rien dire du tout, celui-là est bien aussi, mais un peu plus cher, voyons voir l'étiquette, ben non, ils ne disent pas grand chose non plus, mais pas du tout, détrompez-vous, même en pharmacie ils ne vous disent rien, vous l'avez pris où votre paquet ? Au premier, bon je vais avec vous, nous allons examiner l'affaire...
Pour un paquet de lingettes que je voulais irréprochables, j'avais fait trois fois le tour du rayon hygiène enfants du premier étage, interrogé une mère de famille pour avoir un avis : prenez ceux-là, ce sont les meilleurs.
Voilà pourquoi je m'étais retrouvée à la case départ du rez-de-chaussée avec mon paquet dans les mains, dans l'incertitude absolue, le doute, l'angoisse peut-être pas, mais le gros doute... La vendeuse était joviale, elle avait besoin de se dégourdir les jambes, changer d'étage, bavarder un peu ça lui faisait du bien, merci beaucoup, vous êtes vraiment gentille de vous déplacer avec moi, et hop ! On recommença à zéro, la lecture des étiquettes se fit avec minutie, regardez celui-ci : pas de paraben, pas de parfum, pas de colorant, rien que du bon coton avec un petit produit de rien du tout, c'est parfait, merci mille fois... J'en ai marre de travailler, toujours la même chose, ranger les rayons, noter, commander... Ah ! Si je pouvais gagner 200 000 euros ! Vous feriez quoi avec 200 000 euros ? J'ai une maison, mais vous savez j'aurais préféré avoir un HLM, pourtant je suis française "moi", mais je n'ai jamais pu en avoir un... Patatras ! Il fallait tout reprendre à zéro, impossible, pas le temps, en cinq minutes, comment lui faire comprendre que ça n'était pas comme ça qu'il fallait expliquer l'attribution des logements sociaux, j'ai vérifié : pour avoir un logement social il faut être français ou étranger admis à séjourner en France avec un titre de séjour en cours de validité (valable 10 ans renouvelable), les étrangers qu'elle voyait partout étaient sûrement des Français comme elle, il fallait seulement qu'elle rajoute quelques couleurs dans son nuancier... Les différences sont des richesses, pas des malheurs ni des injustices...
Je n'avais pas le temps d'en discuter, je voulais juste acheter des lingettes de bonne qualité, pour un malade qui souhaitait un petit peu de fraîcheur, c'était tout ce que je voulais...
En bas de l’escalator je lui ai dit : prenez un billet de loterie, un truc qui se gratte, nous sommes vendredi, il paraît que c'est le bon jour... Elle me sourit, mais le charme était rompu...
Il faudra que j'en parle sur mon blog, ces rencontres mi-figue mi-raisin, pas extraordinaires, mais tellement déconcertantes, souvent décevantes au bout du compte...
La neige, la neige, la neige :
À chaque fois je peste, je grogne !
Depuis le début des chutes de neige, tous les journaux télévisés parlent des sports d'hiver comme si c'était l’événement le plus important au monde ! Les vacanciers sur leurs skis font la une des médias tous les jours ou presque ! Les congères, les flocons, les skis, les embouteillages et les commerçants qui attendent les clients, y'a pas plus urgent à dire en ce moment.
À chaque fois je peste, je grogne !
Les statistiques disent (Observatoire des Inégalités) que les vacances à la neige ne concernent que 17 % des français qui partent régulièrement (dont 10% tous les deux ans), au total 8 % partent au moins une fois tous les deux ans. De plus, tout le monde sait que ce type de vacances coûte un prix exorbitant...
Mais les journaux télévisés ne le savent pas, ils font bataille de neige et descentes de pentes à l'ouverture des Infos, c'est immuable, quelque fois même il y a malheureusement des accidents, les imprudents qui font du hors-piste prennent des risques et se retrouvent piégés sous une coulée de neige, les morts même font le lever de rideau, l'information spectacle commence... C'est assommant !
À chaque fois je peste et je grogne, il va falloir que moi aussi je change de disque, que je reste plus souriante, plus optimiste, plus patiente surtout, ou alors il faut que je prenne les Infos avec 10 minutes de retard... Je vais réfléchir !
Le couloir de l'hôpital :
Allez ! On y va, elle nous prit le bras, une de chaque côté, frêle, incertaine, mais téméraire, notre amie avait entrepris de marcher un peu avant le dîner, pour se dégourdir les jambes et se refaire des muscles, nous sommes parties toutes les trois serrées pour la minuscule promenade de santé dans le couloir étroit du service de l'hôpital. Je sentais son bras s'accrocher au mien, profondément, avec confiance, regardant au loin tout le chemin à parcourir. Nous allions à sa petite allure, avec des arrêts fréquents, nous avions tout notre temps pour elle. Le couloir était encombré d'engins de soins : l'un pour prendre les tensions, l'autre à distribuer bonnets, masques et gants pour pénétrer dans les chambres des patients. À chaque obstacle il fallait freiner de nos six fers, mais l'essentiel était de rester amarrées toutes ensemble pour ne pas faire dévier notre malade du moindre centimètre, elle comptait beaucoup sur nous pour réussir son exercice, aller jusqu'au bout et revenir. je sentais à mon bras, jusque dans mes jambes, le poids plume de notre marcheuse résolue, courageuse, notre vacillante marchait sur une poutre... Sans doute un imperceptible souffle d'air qu'elle seule devinait, lui donnait l’élan qu'il fallait pour avancer ...
Elle disait bonjour à tout le monde, tout le monde la connaissait, la laissait passer avec un mot aimable, notre gentil escargot remontait le courant comme un saumon qui vient de naître...
Allez ! Encore un effort, il nous faut revenir, le tournant s'est bien négocié, rien ne bascule ni de gauche ni de droite, notre sportive, château branlant, restait souriante, elle progressait avec ses chaussons de velours à pas feutrés, mesurés, elle économisait chaque mouvement, elle volait très lentement en nous tenant de près, nous l’encouragions, encore une belle longueur à faire, une autre pause ? Sur cette corde raide je me suis sentie seule au monde, nos six bras attachés comme à un mât de navire en pleine tempête, il faut vaille que vaille atteindre l'autre rive...
Je sentais en moi la peine et la joie, de la voir ainsi si faible et pourtant si décidée, si forte en volonté, quand nous sommes enfin revenues à son point de départ, sur son lit, soulagée, contente, fatiguée, nous avions bien travaillé à lui redonner courage, maintenant tu vas te reposer, la nouvelle aventure sera pour demain, d'abord le fauteuil, après le couloir, nous verrons à ta mine les étapes à franchir d'un seul regard, comme tu voudras...
À demain, mange bien, dors bien, sois sage... Baisers... Une fois la porte refermée, le couloir de l'hôpital est resté désert.
Ainsi va la vie vers son mauvais côté...
4 commentaires:
Pas facile n'est ce pas de trouver de bonnes lingettes !
La neige ,le ski comme s'il n'y avait plus que cela qui comptait et moi aussi ça m'énerve ...
Les couloirs de l'hôpital ne sont pas d'un très grand réconfort pour une balade ...mais bien accompagnée cela change tout . J'espère que ton amie va aller vite mieux .
Bises du jour gélées
Brigitte je suis contente de trouver une mécontente comme moi de la neige et du ski :-))
C'est vrai, les couloirs ne sont pas d'un grand réconfort, mais bien "accompagnée" tu as raison, ça change tout...
Je t'embrasse fort Brigitte à bientôt.
Et une seconde qui en a "marre" aussi de ces infos autour des sports d'hiver....les medias n'innovent pas beaucoup toujours les mêmes bouchons aux mêmes endroits.
Attendons la fin de ces vacances pour le bilan financier des commerçants....
J'espere que ton amie ira un peu mieux surtout avec ta visite qui doit lui remonter le moral.
Gros bisous du soir
Ah ! Oui Marie Claude marre de la neige et des pentes pour une minorité de vacanciers, en prime Time de la télé...:-))
Mon amie va à petits pas, tout petits...
Merci Marie Claude et gros bisous...
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