Le petit jardin naturel, juste à côté d'une entrée du Père-Lachaise
Derrière le mur du cimetière, on aperçoit quelques tombes
L'après-midi fut plus courte, car j'allais à 19h à la salle Pleyel écouter Aggripina de Haendel, version concert, celle que je préfère. Nous nous adaptons immédiatement à l'horaire imposé par la musique : allons voir le petit jardin naturel, caché derrière le grand mur du Père-Lachaise... Bonne idée, un espace secret à deux pas de la circulation intensive de la rue de Bagnolet. Ce jardin a été crée uniquement pour accueillir des plantes de l'Ile-de-France, la nature dicte sa loi, pas d'arrosage ni de produits chimiques, la main de l'homme est légère, les herbes folles vivent leur vie, beaucoup d'arbres : érables, merisiers, sureaux, une petite allée nous mène à la mare minuscule, nul visiteur aujourd'hui, ni grenouille ni libellule, tout est calme. Comme ce jardin de poupée est frais, personne ne le traverse que le gardien qui nous dit bonjour en passant, le square ferme à 20h30 en ce moment...
La petite mare aux grenouilles...
Un peu plus loin encore, le jardin se prolonge un peu vers un espace microscopique aménagé pour les enfants, c'est moche, c'est triste, je n'ai pris aucune photo, les jeux en bois garnis de ferraille, rien n'est engageant ici, c'est très laid...
Au bout de l'impasse, les arbres du Père-Lachaise et ses mystères
Nous avons aussi exploré cette impasse, juste à côté du jardin naturel, au calme, loin du monde, terrasses et jardinets, bien à l'abri des passants, quelques habitants ont la chance d'être à la campagne contre le mur du cimetière...
Terrasse de campagne
À l'ombre des tombes
Le temps filait, le dernier thé avant le départ, le dernier gâteau chinois aussi, nous déballons notre goûter, les choses de la vie défilent dans nos paroles... Métro, changement, au revoir, baisers, je vois de loin le petit sac à dos de ma soeur qui fait une belle tache de couleur rouge sur le quai d'en face...
En route vers Pleyel, mais avec un peu d'avance, j'ai le temps de visiter la belle église orthodoxe russe (Cathédrale Alexandre Nevsky) qui se trouve dans la rue Daru, juste à côté de la salle Pleyel... Consacrée en 1861, elle est classée au titre des Monuments Historiques en 1981.
L'intérieur scintillant de la Cathédrale Nevsky
Un office se prépare, le prêtre a revêtu un somptueux habit rouge et or, personne ne trouve à redire quand je sors mon appareil photo, pourtant interdit dans l'église. Les icônes sont magnifiques, enchâssées dans des écrins d'argent et de pierres précieuses, souvent le coin droit de l'icône est rendu plus brillant par les caresses des croyants...
Le temps file, l'heure du spectacle approche à Pleyel, je suis au premier rang plein centre, le bonheur total. Les musiciens de l'Akademie Für Alte Musik de Berlin font leur entrée, souriants, décontractés, ils vont m'enchanter, ils produisent une musicalité inégalée, tous solistes, ils jouent avec un son unique. Le maître arrive : René Jacobs est salué chaleureusement par des applaudissements nourris... La fête se prépare !
Un beau plateau de chanteurs, une version concert, celle que je préfère, le livret de cet opéra est très compliqué, plein d'intrigues, de mensonges et de convoitises, le surtitrage est très utile pour suivre les rebondissements savoureux... Tout est fait pour me plaire.
Pourtant, le spectateur à côté de moi, pendant tout le premier acte, ne regarde pas la scène, il lit le programme, il est ailleurs, d'ailleurs il ne revient pas à l'entracte... Pourquoi est-il venu ?
Pour moi, les quatre heures de spectacle (entracte compris) ont été des moments de joie, de beauté, d'harmonie, et d'émotion. Un vrai privilège que de voir un opéra (Agrippina) de Haendel en concert avec de tels artistes. Rien ne remplacera jamais le spectacle vivant, rencontres imprévues, émotions nouvelles, partage, tout est vrai ici ! Certains spectacles vivants sont extraordinaires, si nous savons qu'ils ne changeront rien à la marche du monde, nous sentons qu'ils nous font bouger un peu sur notre vision du monde, le spectacle lyrique n'y échappe pas, puisque la musique accompagne les émotions, les idées, et nous bouleverse... La musique a ce pouvoir supplémentaire de multiplier les émois quels qu'ils soient, la tristesse, la joie, la mélancolie... De faire naître des images, de soulever des montagnes... Moi je l'entends comme ça...
Les (en)chanteurs m'ont touchée, principalement la basse Marcos Fink dans le rôle de Claude, drôle, touchant, émouvant, complètement incarné dans son personnage, sa belle voix profonde m'a fait pleurer. Quelle joie aussi d'entendre Dominique Visse, avec cette voix si particulière, piquante et acidulée à souhait, une tessiture si originale, il était parfait. Bejun Mehta superbe contralto n'est pas en reste dans le rôle d'Ottone un grand moment, la charmante Sunhae Im dans le rôle de Poppée est pétillante jusque dans sa voix, je reste moins convaincue par Alex Penda (Agrippine) qui ne me touche pas du tout, moins de moyens vocaux à mon goût...
Sunhae Im et Bejun Mehta
Vous l'aurez compris, il y avait du feu d'artifice sur scène, le seul bémol mais non des moindres, c'est au maître René Jacobs que nous le devons : il se pique de "mise en espace", et avait placé les chanteurs derrière l'orchestre pendant de très longs moments, ce qui fait qu'on les voyait pas, et qu'on les entendait beaucoup moins bien. En regardant Jacobs diriger (avec un stylo à bille) son orchestre, je me disais : il dirige uniquement pour lui, les chanteurs sont devant ses yeux, du premier rang on peut même l'entendre chantonner en même temps qu'eux, il doit s'imaginer qu'il est dans un studio d'enregistrement, sans se soucier des spectateurs qui attendent que les interprètes reviennent sur le devant de la scène pour le bonheur de tous. Monsieur Jacobs, s'il vous plait, pensez à nous, votre public, laissez-nous les chanteurs sur le devant, on s'en fout de la mise en espace, la qualité de l'interprétation présente sur le plateau n'a nullement besoin d'accessoires, ils sont magnifiques au premier plan, ne nous en privez pas. Merci Maître... Sinon tout était extraordinaire !
Merci messieurs dames, du bonheur que vous donnez à votre public, merci ! Souvent j'ai eu envie de pleurer bien avant que le spectacle ne commence, la joie d'être là était incomparable.
Voilà une journée trop (?) remplie de rencontres belles et émouvantes, j'en rêve encore.
10 commentaires:
quelle journée en effet Danielle !!! que de belles photos encore, je ne me lasse de venir contempler votre blog... c'est un ravissement pour les yeux et vos textes sont toujours intéressants.
je ne me lasse PAS (j'ai oublié le mot, pardon).
Ho la ... quelle journée bien remplie et pleine de petits et grands bonheurs .
Tu racontes tellement bien que j'étais quasiment avec ta soeur et toi pour votre balade !!!
Merci encore
Bises très pluvieuses
Je suis déjà passée une fois, j'ai lu...et je reviens pour t'affirmer qu'une journée n'est jamais trop remplie de bonnes choses.D'ailleurs, il y a belle lurette que tu en es convaincue et que tu essayes de nous le faire comprendre avec tes histoires toujours si bien écrites, toujours si pleines d'émotions diverses.Ah, les sorties entre soeur...j'imagine la nôtre à ma soeur et à moi...ça serait pas coton du tout!! :-)))
belle semaine à toi...bien remplie ...
Bises très humides....je me retire dans mon arche!
Amélie merci, je suis très touchée...
Merci et bises du soir à vous, à très bientôt.
Brigitte, oui c'est ça petits et grands, quel bonheur de faire encore des découvertes dans ce vieux Paris, au détour d'une rue que l'on connait pourtant si bien... Ma soeur adore ça aussi, nous rions, nous faisons même attention où nous mettons les pieds, à rire on peu trébucher, et toujours le nez en l'air :-))
Brigitte merci de ta visite sur nos sentiers.
Bises du soir.
Danielle, j'aime bien que tu reviennes, c'est vrai jamais trop remplies en fait les journées, tu as raison, mais sur celle-là il fallait vraiment que je ne sois pas trop fatiguer pour les quatre heures d'opéra :-))
Du coton entre ta soeur et toi, bon, allez sois bien douillettement installée dans ton arche.
Belle soirée Danielle, bises fraîches, trop pour la saison.
C'est super ces petits chemins bordés d'arbres verts aux alentours du Père Lachaise, ça donne vraiment envie de marcher sur tes pas. Dommage qu'il pleuve toute la semaine, je t'aurais bien imité!
Cher GF, oui les petits chemins de Paris sont sous la pluie, je vais de ce pas à la Fondation Cartier...
Grs bisous du jour.
J'aime bien quand tu parles de tes petites journées avec ta Sorella !
Bon je passe sur ton repas, tu es un heureux caractère, ça sera mieux la prochaine fois n'est-ce pas ?
Jolie cette allée où on a l'impression d'être à la campagne, j'aimerais bien habiter là !
Un bon moment en ta compagnie que tu as le talent de partager avec beaucoup de fantaisie.
bisous
Danielle
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