Il fallait mettre les bouchées doubles, on avait sauté un mois, comme vous le savez nous nous retrouvons avec ma soeur une fois par mois pour parcourir quelques rues de Paris que nous ne connaissons pas à fond... Il y a du travail... Octobre est trop vite passé, novembre, pas question de lui réserver le même sort, on sort...
Pour bien commencer notre journée, nous déjeunons dans un petit restaurant vietnamien que nous connaissons bien, l'heure du déjeuner ne se brade pas, nous voulons, en plus de nous régaler, remettre nos pendules à l'heure, nous avons des tas de choses à nous dire. Même si nous nous téléphonons très souvent, il y toujours des nouvelles à revendre, des points à éclaircir, des développements indispensables à dire pour faire tourner le monde, la conversation avec les baguettes est tout à fait propice à la lenteur, parfaite pour la philosophie et la sauce de soja...
Pour ce jour de novembre, nous avions choisi Arts et Métiers, ma station préférée, d'ailleurs j'ai bien pensé à la faire débaptiser, je trouve qu'elle m'appartient un peu, tous les axes de ma vie courante tournent autour : les restaurants asiatiques, les cinémas, les galeries d'art contemporain, mon marchand de thé, le centre Beaubourg, les magasins sympas où je n'achète rien mais que j'aime regarder, les jolis cafés où j'aime bien prendre un thé, les bons gâteaux de chez Jacques Genin le grand pâtissier, c'est par-là aussi... Notre-Dame, la Sainte-Chapelle sont à deux encablures de ma station de métro, d'ailleurs je vois les tours de la cathédrale dès que je sors du métro, à chaque fois je me dis comme c'est beau ! Je vais donc écrire à monsieur Bertrand Delanoë pour lui suggérer un nouveau nom de baptême pour la station : Danielle, ça serait bien, surtout que l'ensemble du réseau souterrain manque terriblement de noms féminins, il n'y en a que deux : Madeleine et Louise Michel, Danielle ne serait pas de trop... Bon, je vais y penser. Je vous avais dit déjà que tout ce qui se trouvait à proximité de ma belle station préférée était mon quartier d'enfance ? Comme une moule sur son rocher, je résiste aux appels de la Motte-Piquet-Grenelle, de Sèvres-Babylone, Trocadéro, Bastille et les quelques 296 stations restantes qui doivent pourtant réserver des merveilles...
Le centre Beaubourg vu de l'intérieur
Tarte au citron de chez Genin... (Photo prise sur Internet)
D'accord, allons rue Mouffetard, prenons le métro à Châtelet, c'est parfait, mais des Arts et Métiers à Châtelet il y a quelques rues à traverser dont il faut se méfier, tellement de beautés à photographier, la course aux trésors commence n'importe où... Cette petite rue, mais bien sûr, c'est la rue Quincampoix, viens donc par ici, je vais te montrer des belles choses...
Rue Quicampoix, costumes et ustensiles à vendre pas faits pour les oies blanches...
Nous remontons la rue Quincampoix, et nous nous arrêtons souvent, d'abord la galerie de photos associative Fait et Cause où j'ai vu cette exposition incroyable du photographe Agou, puis la maison de thés chinoise, avec ses magnifiques objets : comment ne pas stationner devant les lourdes portes anciennes, en bois sculpté, clouté, toutes plus belles les unes que les autres, nous tentons de manipuler les heurtoirs, fixés pour l'éternité, impossible de pénétrer dans les cours, les codes secrets les tiennent fermées à double tour... Nous n'avons pas le temps d'attendre la sortie ou l'entrée d'un riverain pour profiter, curieuses, de l'occasion. L'heure avance et nous ne sommes pas encore rendues rue Mouffetard...
Les oeuvres de la rue Quincampoix... Plantées dans le mur, il faut lever les yeux
Un rond de couleur dans la pierre
La signalisation du centre de Wallonie (Spéciale Hergé)
Une fenêtre condamnée... Par un trompe l'oeil
Une porte fermée
Une autre...
Encore une...
Lumières et couleurs d'un nouveau café qui s'ouvre non loin de là...
Nous y voilà... Il est déjà tard, le jour baisse, mais pas notre enthousiasme... Comme des mouches avec le vinaigre, nous nous laissons happer par un splendide salon de thé chinois, il faut sonner pour y entrer, comme chez le bijoutier ou le banquier, bizarre, nous nous asseyons, on nous propose un thé exceptionnel pour une dégustation à 20 euros par personne, vous auriez vu nos têtes... Nous avons repris sacs et parapluies, bien remercié la dame, et parties à rire sur le trottoir d'en face, tellement l'affaire nous paraissait exagérée, nous somme allées boire un thé ordinaire dans un joli café de la rue, et avons savouré notre deuxième gâteau chinois...
Le beau café avec du thé à prix normal
Beaucoup trop de choses à voir dans cette très ancienne rue Mouffetard et dans son prolongement, la rue Descarte, on peut y dénicher un morceau du mur d'enceinte de l'époque de Philippe Auguste caché sous un porche, quelques façades d'immeubles classées aux Monument Historiques, une vieille fontaine du 17e siècle :
La belle façade entièrement fresquée...
Détail
Détail
Les fresques sont parsemées de clous qui brillent au premier rayon de soleil... Cette façade signalait sans doute une bonne maison, volailler ou charcutier, viande de chasse ou de basse-cour, destinée à durer toujours, ils avaient fait les choses en grand... Un peu plus loin une belle enseigne polychrome À la bonne source, également classée, qui indiquerait avec humour la boutique d'un marchand de vin (17e siècle).
Charmante enseigne restaurée depuis peu...
En bas de la rue, je me suis essayée à reproduire une photo prise par Atget au début du 20e siècle, mais la partie n'était pas gagnée...
Eugène Atget, l'église Saint-Médard, rue Mouffetard, 1910
Les mêmes la semaine dernière... 2012
Cette rue est bourrée de mystères, au 39 de la rue Descartes, celle qui prolonge exactement la rue Mouffetard (après la place de la contrescarpe), Verlaine serait mort en 1895... Hemingway y aurait loué une chambre quelques années... Tout reste à vérifier...
La fontaine du Pot-de-Fer du 17e siècle, à sec... Au coin de la rue Mouffetard et de la rue du Pot-de-Fer...
Wikipedia LPLT (merci !)
La rue est bourrée de couleurs, de fleurs, les touristes sont ravis, petit à petit nous voyons bien que la rue perd de son charme à cause des magasins franchisés qui rappliquent, l'uniformité commerciale fait son oeuvre... Tout est en place pour satisfaire les visites touristiques...
Les couleurs
Les fleurs
Détail...
Un commerçant avec lequel nous faisons causette nous informe que beaucoup d'appartements dans la rue sont loués aux touristes, comme dans beaucoup de capitales européennes très visitées : Berlin, Rome, Venise...
L'église Saint-Etienne-du-Mont, près du Panthéon, est notre ultime étape, mais il fait sombre, l'intérieur n'est pas éclairé, impossible de prendre des photos... Cette église renferme des merveilles, dont un jubé de marbre blanc du 17e siècle (le seul restant à Paris). Une chaire sculptée du 17e représente le développement du mystère de la parole de Dieu, et on y trouve aussi le trésor des trésors, le tombeau de Sainte-Geneviève, patronne de Paris... J'y reviendrai prochainement...
Notre journée avec rires, explorations et bavardages s'achève, bloquons un jour pour décembre, glissons ensemble dans les mystères de Paris, l'affection est le ciment de nos promenades, promis, à très vite ma soeur... Je t'embrasse un point c'est TOUT.
11 commentaires:
je trouve magnifique cette visite à paris.. un point c'est tout.
:-)))))) merci chère Elfi de ton accompagnement.
Très bonne journée à toi.
Encore un billet comme je les aime chez toi plein de chaleur humaine, de rire partagés et de belles visites .
Merci de cette ballade Danièlle .Et vous avez eu bien raison de quitter ce café ou le thé est à 20 euros !!! C'est dingue ça je n'en croyais pas mes yeux ,euh faut pas s'foute'du monde,hein .
Bonne semaine et bises du jour
Oui, tu imagines le prix prohibitif du thé, même très bon !!! :-)))
Nous avons préféré le thé à 3 euros dans un beau décor...
Merci de ta visite Brigitte,
Grosses bises et bonne semaine à toi également.
C'est fantastique de se promener à travers Paris avec vous deux...on entends vos rires entre les lignes de ce joli récit.
Bonjour Isis et merci de ta visite dans notre journée de sœurs... C'est vrai que nous rions beaucoup de tout un tas de petites choses...
À très bientôt.
Moi, quand je viendrai à Paris, je serai forcément une touriste, mais tu m'amèneras dans les petits coins qui ne sont pas encore transformé pour LEUR plaire...
Bises froide d'un premier jour sous zéro (misère!)
Marie-Josée dépêche toi:-))))
Il y a du vent aujourd'hui l'hiver avance par ici, passe un bon dimanche sous zéro, au coin du feu...
Je t'embrasse fort.
Un bien beau reportage dont je retiendrai en priorité... les chaussures, tu te doutes !
Très belle semaine, Danielle, je t'embrasse.
Merci chère Norma d'être passée, les chaussures bien sûre, je me souviens très bien de ton petit point faible :-)))))
Grosses bises à toi aussi et bonne journée...
Je me dis, Danielle, que vous avez un don pour voir ce que les autres ne voient pas... sans doute des millions de personnes sont passées aux mêmes endroits que vous sans percevoir la poésie et la magie de ces lieux... Vous savez redonner "le beau" aux choses et aux lieux que vous cotoyez du regard, c'est magnifique Danielle. C'est une sacrée qualité que de savoir faire ça... un grand Bravo !
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