La belle lumière de S Giobbe
Quel charme de se balader dans le quartier de
Cannaregio, encore très calme, beaucoup plus retiré de la foule... Ce jour-là il faisait presque frais, un vrai temps resplendissant d’automne, un soleil doux
comme une étamine de laine, pas besoin
de lunettes de soleil, j’avais les yeux grands ouverts… La pluie souhaitée par
tout le monde ne venait pas... Pourvu qu'on puisse mettre nos imperméables, nos
parapluies, un pull, des grosses chaussures, le mauvais temps c'est pour quand
?
Pourtant, le mauvais temps n'est pas venu de la journée,
juste un peu de vent marin...
La coupole en terre cuite vernissée
J'étais partie visiter la belle église de S
Giobbe, discrètement posée dans un coin de Cannaregio, à l'écart des grands
circuits, j'avais mon "pass", j’ai pris tout le temps qu'il fallait pour regarder dans les coins, c’était vraiment l'idéal pour l’esprit et les genoux... Finalement la carte du "Chorus", l’association qui regroupe
sous sa coupe 17 églises importantes de Venise, permet pour la somme modique de
10 euros de visiter en toute tranquillité une grande partie du magnifique
patrimoine de la ville... L'entrée individuelle d'une église coûte 3,50 euros et
cela décourage les gens qui n’ont pas pris la carte, égoïstement, je ne vais
pas m'en plaindre... C'est à cette église qu’appartenaient les trois magnifiques tableaux de Carpaccio,
Giovanni Bellini, et Marco Basaiti qu’on peut voir au Musée Accademia… Je
m’imaginais les voir dans leur cadre d’origine sur les trois autels de droite, dans la grande lumière de l’église, quelle splendeur !... L'église
devrait les réclamer !
Voilà les trois autels où les oeuvres ci-dessous étaient placées, imaginez ces trois tableaux sublimes les uns à côté des autres, le tableau de Bellini étant celui du milieu qui reprend en trompe-l'oeil le dessin des pilastres de marbre des Lombardo...
La prière du Jardin des Oliviers, Marco Basaiti, 1510 (internet)
La Vierge et l'Enfant entre les saints, Giovanni Bellini, 1480 (internet)
Présentation de Jésus au Temple, Victor Carpaccio, 1510 (internet)
À S Giobbe on peut prendre des photos, j'ai tout
pris... J’adore les terres cuites vernissées de la voûte de la chapelle
Martini, si gaies, si neuves, si brillantes : le Père éternel et les
évangélistes, rien de plus simple… J’aime beaucoup aussi le portail épuré de
l’église, entièrement végétalisé dans le marbre, sculpté par les frères Lombardo, j’aime bien
passer ma main sur les feuilles, douces et chaudes… Le petit cloître attenant est
maintenant fermé, il est utilisé par le patronage…L’association des rameurs
tout au fond a l’air d’avoir définitivement fermé ses portes, rien ne bouge
par ici, tout est calme…Près du pont, en sortant, je vois deux femmes qui
font la causette en tenant leur caddie…
Le beau portail de S Giobbe sculpté par les frères Lombardo
Tout au bout sur la Fondamenta de Cannaregio, le
Ricovero Penitenti, ancien couvent et son église déjà reconvertis au 18e pour
protéger les prostituées repenties (femmes tombées). Il sera entièrement restauré
et restructuré pour accueillir les malades atteints d'Alzheimer, accueil
permanent et accueil de jour. Il y a deux cloîtres qui feront de beaux lieux de
promenades pour les malades... Ce centre, m'a dit un ami, sera sûrement très
cher... On peut l’imaginer, l’hôpital Civil, déjà sauvé par le gong, ne laisse
rien présager des largesses municipales ou régionales… Affaire à suivre…
La restructuration de l'ensemble : église et couvent (internet)
Le campo du Ghetto Nuovo, tranquille... Un peu gris en ce jours "d'automne"
Me voilà au bout de la Venise de l’ouest, au loin la lagune
est immense et plate, je bifurque vers le Ghetto Nuovo qui reste un endroit
paisible, la petite synagogue de la place est pleine, des jeunes, des plus vieux, les fidèles
débordent dans le campo…J’admire cet homme qui porte grande barbe blanche
chapeau noir et foulard de prière, il me demande d’où je viens et je réponds
volontiers. Je vais m’installer plus
loin pour surfer sur ma tablette... Pas de connexion sur ce grand Campo, je me
dis tout aussitôt, tiens, c'est peut-être à cause du shabbat ? Il n'y a
peut-être pas de connexion publique, intentionnellement ? Je ne sais pas. J'ai
donc vérifié quelques jours plus tard, je confirme : il n'y a pas du tout de
connexion sur le grand campo du Ghetto Nuovo, voilà qui est clair... Donc pas de
petit café avec ma tablette ici, dommage... D'ailleurs, presque tout est fermé le samedi... Le petit clocheton vitré de la synagogue ancienne penche légèrement sur la place...
Le petit clocheton qui penche de la petite synagogue très ancienne
Je reprends ma route à regrets... J'attends le
vaporetto à l'arrêt Guglie pour repartir plus loin... Un taxi bateau accoste à
l'embarcadère du vaporetto avec toute la petite famille : la grand-mère, ses enfants
et petits-enfants. La grand-mère n'est pas stable, ses enfants n'ont plus vingt
ans et les petits-enfants ont largement l'âge de raison... Tout ce petit monde
doit régler au mieux la sortie du bateau de la grand-mère. L'embarcation
bougeait sans arrêt, la marée était basse, il y avait un bon dénivellement
entre le quai et le bateau, voilà notre mamie bien embarrassée pour accoster, ses enfants l'encouragent : allez maman, tiens-moi bien, donne-moi la main, mamie, ça va aller, attends un peu que le bateau bouge moins... Mais le plus
efficace fut le chauffeur du taxi, il bloqua un peu mieux son bateau et la mamie mit pied à terre, tout le monde cria, bravo, bravissimo, les applaudissements étaient fournis, la vedette avait mis pied à terre, l'affaire était
faite et bien faite, je comprenais bien mieux l'expression : arriver à bon
port...
Le canal de Cannaregio, le taxi est quelque part par là...
Je faisais moins la fière au Cambodge, quand je
devais à mon tour, monter et redescendre d'un petit bateau pour aller manger du
poisson grillé sur une petite île qui nous tendait les bras, j'étais confuse,
je ne pouvais pas monter d'un coup de rein sur le bateau, trop haut ! Le
conducteur avait vu du premier coup d'oeil que je n'y arriverais pas, il est
allé tranquillement prendre une chaise en plastique qui traînait par là, il
l'avait collée contre le bateau et hop ! Après une petite courte échelle,
j'ai pu embarquer, vous n'imaginez pas le ridicule de la situation... Tout en
mangeant mon poisson délicieux, en face de la mer bleue comme le ciel, je
pensais un peu au retour... Il faudrait recommencer avec la chaise,
l'embarquement que tout le monde faisait parfaitement, en sautant légèrement...
Donc, l'histoire de la mamie de Venise me rappela immédiatement mon aventure
des pays lointains... Avec énormément de compassion...
Chaise d'embarquement...
Je m'aperçois que toutes les photos empruntées sur internet s'évaporent avec le temps !!!!!
8 commentaires:
Le campo du Ghetto nuovo fut l'une des plus belles journées de mon séjour à Venise : nous étions loin de la foule , un petit air de village flottait et nous avons passé l'après midi sur un banc à l'ombre à rêver et admirer : les passants étaient souriants , les enfants s'amusaient et un monsieur a soulevé son chapeau noir en nous croisant ...
Je me suis surprise à encourager , moi aussi la mama à sauter 'le pas ';
malheureusement , ce premier voyage ne m'a pas permis d' admirer beaucoup d'églises : il fallait choisir et nous avions privilégié les promenades 'nez en l'air '
bonne journée !
Estelle
Estelle, partir le nez en l'air et rester à l'ombre à rêver est indispensable, c'est vrai que par ici on est tranquille...
J'ai trouvé ce bout de quartier un peu revigoré sur le plan des commerces, j'ai remarqué que le pâtissier/cafetier "Majer" s'y était installé avec ses glaces...
La Mama m'a bien rire, mais avec discrètion :-)))
Bises du jour.
Voila encore un très beau reportage sur un "coin" de Venise que je ne connais pas. Le Bellini est splendide.
Je ne sais si le message va s'afficher... quelques problèmes avec blogger en ce moment.
Bonne journée.
Comme d'habitude un beau reportage j'imaginais la Mama avec le sourire aux lèvres ...
Ah la chaise d'embarquement indispensable à ce que je vois !!!
Merveilleuse lumière dans cette église.
Ta dernière photo du canal est superbe
Hum les glaces tu y as goûté à celles de ce pâtissier cafetier?
j'attends la suite de ton voyage
Bonne et douce soirée à toi
Merci Robert de votre visite...
je suis contente car votre message arrive dans les spams, je peux donc aller le rechercher...
C'est vrai ce quartier de Cannaregio réserve bien des surprises... des bonnes surprises.
A très bientôt Robert.
Brigitte, merci, merci pour tout...
Non, je n'ai pas goûté les glaces de chez Majer, j'ai mon glacier sur le campo Margherita qui me convient tout à fait, ses glaces sont dé-li-cieuses...
En ce moment je suis en Avignon, mais je n'oublie pas Venise...
A tout bientôt.
Te voilà, toi aussi, munie d'une tablette! Joli anachronisme dans la Sérénissime.
Apparemment, cela ne t'empêche pas de goûter les plaisirs des petits coins de Venise qui semblent bien déserts, malgré la saison, ce qui est tout à fait pour me plaire!!!
Mais oui Marie-Josée je suis tablettée et ravie de l'être, plus légère qu'un ordinateur portable, elle peut prendre des photos et faire des vidéos, pourquoi se gêner :-)))
Rien ne m'empêche d'aller dans tous les coins sombres de Venise, où encore souvent je me retrouve seule...
Bisesss du jour à toi, prends soin de toi, tu vas mieux ?
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