La belle inconnue de la rue des Francs-Bourgeois, 3e arrondissement de Paris
Les promenades que je fais sur les pas d'Eugène Atget m'apprennent à regarder de mieux en mieux, je fais des découvertes de toute beauté grâce à ma patience et mon audace devant les digicodes des immeubles qui ne veulent pas de moi : j'attends les sorties et les entrées des locataires et je me glisse dans les architectures des siècles passés, le plus souvent bien conservées, restaurées, embellies... Je vous en prie, faites donc, merci, fermez bien la porte en sortant, bien sûr, bonne journée, au revoir... Ces mots qui sont aussi forts et efficaces que des clés m'offrent des cours-jardins, des escaliers de pierre, des vues imprenables, du silence volé au brouhaha de la rue...
C'est ainsi que j'ai eu la surprise de rencontrer cette grande dame blanche, accoudée à un petit muret, au pied d'un bel escalier, l'air pensif, il lui manquait juste sa main gauche... J'ai cherché sur le socle son nom, son prénom, la signature de l'auteur, rien, la dame reste un mystère pour moi, si vous savez quelque chose sur elle, venez nous le dire ici, ça nous fera plaisir...
C'est ainsi que j'ai eu la surprise de rencontrer cette grande dame blanche, accoudée à un petit muret, au pied d'un bel escalier, l'air pensif, il lui manquait juste sa main gauche... J'ai cherché sur le socle son nom, son prénom, la signature de l'auteur, rien, la dame reste un mystère pour moi, si vous savez quelque chose sur elle, venez nous le dire ici, ça nous fera plaisir...
E. Atget l'Hôtel du marquis de Lagrange, 1900-1927 rue de Braque, il date du milieu du 18e siècle
Il faisait beau, très beau ce jour-là, il y avait du ciel bleu partout et pour les photos c'est vraiment mieux... Avant d'arriver dans la rue des Francs-Bourgeois, je me suis attardée rue de Braque en l'Hôtel du marquis de Lagrande, sur les pas d'Atget, j'y ai pris beaucoup de photos car tout le méritait...
Magnifique photo d'Atget 1901, une superbe perspective, lumière irradiante
La boulangerie juive qui fait le coin de la rue des Ecouffes et de la rue des Rosiers
L'entrée de l'Oratoire et la petite synagogue sur la rue
La statue sur le socle de droite a disparu...
Ma photo est beaucoup moins belle, mauvais cadrage, je voulais retourner tout de suite sur les lieux, mais je n'ai plus trouvé de courage une fois rentrée chez moi...
Détail de l'entrée...
La lumière à travers cette grande porte vitrée était très douce et donnait une couleur marbrée à la pierre blanche...
Le décor fleuri, les deux bancs de pierre, le dallage de l'entrée...
Entrée principale rue de Braque, avec son grand banc de pierre
Ferrure ancienne de la grande porte d'entrée en bois
Un peu plus loin, la rue des Francs-Bourgeois s'est transformée radicalement au cours des 20 dernières années, la rue calme et paisible que j'ai connue alors est devenue une rue branchée, pleine de commerces ouverts le dimanche, la foule se presse pour faire ses achats, les petites enseignes petit à petit se font racheter les unes après les autres par les grandes marques ou des boutiques franchisées, la maison Guerlain y a élu domicile, c'est là qu'il faut être pour bien vendre et acheter en ce moment.
La boulangerie juive qui fait le coin de la rue des Ecouffes et de la rue des Rosiers
L'autre boulangerie juive rue des Rosiers
La même chose est arrivée dans la rue des Rosiers, le dynamisme commercial d'aujourd'hui a tout bousculé, presque tous les petits commerces de bouche ont fermé, subsistent deux belles boulangeries qui vendent fort cher les délicieuses pâtisseries juives, le bon pain au pavot et autres bonnes choses d'Europe de l'Est... Dans l'ancien quartier juif du Marais demeure la belle synagogue de la rue Pavée construite par Hector Guimard au début du 20e siècle :
"Ne disposant que d'une bande de terrain biaise et très étroite (5 m × 23 m), Guimard a construit le bâtiment tout en hauteur. En façade, la verticalité (12 m) est accentuée par les étroites fenêtres et les pilastres continus. Le volume intérieur est aussi entièrement vertical. Il comporte deux étages de mezzanines de part et d'autre de la travée centrale. La nef est éclairée par des verrières au plafond et une vaste baie vitrée dans le mur du fond.
Le mobilier (luminaires, chandeliers, appliques et bancs), ainsi que le décor végétal stylisé en staff et les garde-corps en fonte, sont également des créations d'Hector Guimard. On retrouve dans les dossiers des bancs le même mouvement ondulant que sur la façade et ils sont ornés de motifs triangulaires. À l'origine, il n'y avait pas d'étoile de David sur la façade mais également un triangle, comme on peut le voir sur les vieilles photos. L'étoile de David date peut-être de la rénovation d'après-guerre.
La synagogue, financée entièrement par des fonds privés, fut inaugurée le 7 juin 1914 sans représentant officiel du Consistoire central.
Seul édifice cultuel de cet architecte, il a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par un arrêté du 4 juillet 1989, y compris tous les éléments liturgiques immeubles par nature" (Wikipédia)
La synagogue Hector Guimard (1913-1914)
L'Oratoire de la rue des Ecouffes, toujours actif en fond de cour et la petite synagogue juste à côté :
L'entrée de l'Oratoire et la petite synagogue sur la rue
L'Oratoire en fond de cour
Je n'ai pas économisé mes pas, le Mont-de-Piété était encore ouvert rue des Francs-Bourgeois, j'ai foncé... Beaucoup de monde aux prêts... Dans la cour que je connais depuis des lustres, je n'avais jamais remarqué cette grande tour, reste (le bas de la tour en pierre) du mur d'enceinte de Philippe Auguste (12/13e siècles), et puis dans le coin, presque invisible à l'oeil nu, les ruines d'une façade d'un Hôtel du 17e siècle... Rescapée des constructeurs...
Dans la cour du Mont-de-Piété, la tour du mur d'enceinte de Paris 12/13e siècle (partie basse) qui subsiste encore grâce à l'intervention de Victor Hugo pour sa conservation. Le bâtiment au dessus et sur le côté, en briques, date de la fin du 19e siècle
Vestige de l'Hôtel de Nouvion 17e s.
La façade cachée de l'Hôtel de Nouvion qui date du 17e siècle, dans la cour
J'ai des souvenirs intimes avec ce lieu appelé "ma tante" quand j'étais petite, maman utilisait souvent les services de prêts sur gages proposés par ce service de Crédit Municipal de la ville de Paris, pour joindre les deux bouts. Elle avait une bague sertie d'un diamant qu'elle portait au petit doigt, nous savions que lorsque notre mère ne portait pas sa bague, elle l'avait mise "au clou", et puis un beau jour, nous la revoyions à son auriculaire, nous nous en réjouissions, car c'était le signal que ses "affaires" allaient mieux, ainsi les jours oscillaient entre la bague au doigt et la bague "au clou". Aussi je me suis étonnée d'avoir encore quelque chose à découvrir dans la cour intérieure du Mont-de-Piété que je pensais connaître par coeur... Je ne passe jamais devant le Crédit Municipal sans penser à maman avec émotion... En visitant la cour, j'ai vu beaucoup les gens qui sortaient avec le sourire et le papier vert, récépissé correspondant à la somme d'argent obtenue en échange d'objets de petite valeur qu'ils venaient de gager pour le quart de leur valeur...
Mon repos fut bien gagné par l'arrêt dans le jardin secret de la rue (35-37) accessible par la Maison de l'Europe (Hôtel de Coulanges), il y avait beaucoup d'enfants, des parents et des pique-niqueurs...
Le petit jardin de la rue des Francs-Bourgeois
Dans le calme, assise sur un beau banc de bois... Il était déjà trop tard pour les photos, l'ombre avait gagné tout le terrain sur le soleil...
Pas sûr que les prochains petits mystères de Paris puissent continuer avant mon départ pour Venise... Il y a tant à faire, mettre les croix sur la liste, choisir la valise, acheter le thé vert aux agrumes, penser à l'épluche légumes, la petite passoire à thé...
Portez-vous bien, je vous dis à bientôt... Si je ne vous revois pas, passez un bel été...
14 commentaires:
Bon voyage : flâner et engranger tous les petites choses qui font que Venise est toujours dans mon coeur ...Vous avez le regard curieux et Paris semble attirant pour la toulousaine que je suis : effrayée par le bruit , la foule , la pluie et le froid à chaque voyage dans la capitale : j'aimerais 'Paris au mois d'Août ' ...
Amicalement
Estelle
Oui Estelle Paris au mois d'août est bien plus agréable, moins de monde, moins de voitures...
Merci d'être passée par-là...
A bientôt
J'ai lu avec grand plaisir tes derniers billets, ton coiffeur me fait penser à celui que nous avions à Turin !
Je passe souvent dans le Marais devant la synagogue mais je n'ignorais qu'elle était de Guimard.
Bon voyage à Venise.
Je ne sais si tu auras le temps de nous faire aussi les petits mystères de Venise, mais en tout cas, c'est merveilleux les blogs car, comme tu le remarques, on est nettement plus attentif, plus réceptif aux détails pour avoir une "belle" publication, la plus complète possible : du coup on voit des choses qu'on n'aurait pas remarquées. Et ton témoignage sur Ma Tante est émouvant : c'est à peine si j'ose lui confronter le mien ... maman, et oui, encore une maman, adorait les brocantes et "faire de bonnes affaires" alors elle fréquentait les ventes de Ma Tante, pour s'offrir quelques bijoux non repris ! lorsque le bijou était en "bas-or", c'est à dire titrant à moins de 18 carat, qui était alors le titre légal, on le cassait : sur une enclume, le commissaire priseur lui donnait un coup de marteau ... du coup, cela se vendait très peu cher, et papa détordait le bijou !!
Evelyne, je suis contente...Si à Turin il y a ce coiffeur humain et gentil comme le mien... Merci pour ta lecture attentive.
La synagogue est belle aussi à l'intérieur...
Bises du soir.
Michelaise, je ne sais pas trop si je suis plus attentive à cause des blogs... Je me suis posée la question quand je me suis trouvée dans la cour, comment se fait-il que je n'ai pas vu cette tour et tout le reste. Je ne peux pas encore y répondre... J'aime bien l'histoire de ta maman avec ses bijoux à 18 carats et ton papa qui détordait le métal si précieux :-)))) La bague de maman avait une histoire, c'était celle de notre père qui est mort très jeune... Nous avions toujours peur que maman ne puisse pas la retirer, elle restait quelque fois longtemps sans la reprendre... Elle l' à toujours reprise :-))))
Bises à toi à tout bientôt.
C'est à priori n'importe quoi ce matin, j'allais te dire que j'étais d'accord avec Michelaise, je trouve les blogs merveilleux, ils permettent d'être attentifs et de découvrir une foule de choses……. En même temps je n'ai pas lu ton post, je me réserve ce moment avec un thé fumé sans doute. Je voulais te demander pourquoi pars-tu avec du matériel de cuisine ? Tu remarqueras que j'ai survolé les coms et des dernières phrases qui m'ont intriguées.
Je t'embrasse et beau voyage.
Chère Françoise, je pars avec du matériel de cuisine car je loue depuis des années un petit studio avec cuisine...:-))) ... Et il manque toujours quelque chose...
Merci d'être là...
Bises du jour.
Merci encore de cette belle visite guidée par tes pas.
Bon séjour à Venise que tu nous feras, j'espère, découvrir par tes yeux.
Bises du jour et à très bientôt
Brigitte, merci, je vais faire de mon mieux à Venise...
Peut-être encore un post avant de partir, faut voir :-)))
Bises à toi.
Pas eu le temps de lire ton post, je veux le lire à un moment où je serai tranquille. Je pense que louer un studio ou autre chose c'est le meilleur moyen de connaître un ville, même quand je séjourne à l'hôtel à l'étranger, je vais toujours dans les commerces de bouche comme on dit pour faire bien pour vivre le quotidien. Je me souviens des échoppes au Yémen toutes petites mais où l'on trouve l'essentiel, depuis je vois la société de consommation différemment. C'est aussi le moyen de moins dépenser( si tu as des adresses, je suis preneuse). jamais je ne partirais avec un épluche-légume, je fais avec les moyens du bord, je l'avais bien compris tu es une perfectionniste.
Bon voyage.
Bises sincères.
Françoise, pas du tout perfectionniste, mais un épluché légumes pour une mengeuse de légumes comme moi...
Bien sûr c'est un mien de dépenser moins... Mais faire avec les moyens du bord c'est très bien aussi :-)))
Ça fait une très grosse dizaine d'années que je vais à Venise et j' ai mes petites habitudes... Les adresses je ne les connais pas à part la mienne qui est top secrète bien sûr :-)))
Le Yémen ça fait rêver...
Je te bise du soir...
Pour remarquer quelque chose autour de soi, il faut une certaine disposition d'esprit. Ton témoignage concernant la bague de ta maman est très émouvant. Mes parents, des gens simples n'ont jamais eu recours à Ma Tante mais je me souviens très bien de ma belle-mère qui à Nantes fréquentait le Crédit Municipal et se félicitait d'y faire de belles affaires sans le moindre état d'âme…….
Ton secret vénitien, garde-le bien car….c'est un secret.
Françoise c'est vrai que pour ceux qui ne pouvaient plus retirer leurs bijoux ça devait être moche ! Pour ceux qui faisaient de bonnes affaires, ainsi va la vie...
Oui, mon secret vénitien je le garde secret...;-)))
Bises à toi, fortes.
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