Cinéma de la vie... Oslo 31 août... De Joachim Trier (Norvège)

Une seule journée

Anders est en fin de cure de désintoxication, il sort du centre une journée, pour un entretien d'embauche avec un éditeur, employeur potentiel qui lui permettrait d'entrevoir un avenir professionnel, il est intelligent, cultivé, écrit bien... Au cours de cette journée, il va revoir ses amis, la femme qu'il aime ne veut pas le rencontrer, elle lui délègue une amie.Tout au long de cette journée il cherche des raisons de vivre, de se donner un nouveau départ... Le chemin est difficile, dès le début nous pensons qu'il n'y arrivera pas, nous apprenons par bribes son histoire familiale, pas plus compliquée qu'une autre, son histoire d'amour terminée, pas plus douloureuse qu'une autre. Son meilleur ami est bien installé dans la vie, une femme, des enfants, un métier qu'il aime et une jolie maison... Mais les paroles de son ami sont amères, elles ne correspondent pas au beau décor affiché de la vie de famille, douce et tranquille... La lassitude, l'ennui, la routine jalonnent aussi le parcours.

Le soir, Anders se retrouve dans une fête d'anniversaire bien arrosée, 30 ans déjà, lui dit son amie qui est affectée par le temps qui passe si vite pour elle... L'alcool coule à flot, les rencontres se succèdent, les bavardages entre amis, la vie palpite, comment s'accrocher, trouver des raisons de poursuivre ?

En fait l'idée de suicide, présente dès le début du film, plane jusqu'à la fin... Le spectateur espère qu'il va y renoncer.

 Tous les acteurs sont formidables, on a l'impression d'être dans un documentaire/fiction. Anders (Anders Danielsen) est déchirant  !! Les gros plans de la caméra accentuent l'intensité de son regard posé sur la vie.

Un très beau film, plus de questions, d'observations et de doutes que de réponses, pas de discours prédécoupés et convenus sur la drogue, non, nous sommes avec Anders au spectacle de la vie, entre la vie et la mort, il est sur un fil... Un film à voir quand vous êtes plutôt en pleine forme, vous ne sortez pas indemne de la séance... Ça n'est pas un film divertissant, les questions que se pose Anders sont essentielles, comment être heureux, comment vivre et mourir ? Vous voyez, pour y réfléchir, prenons tout notre temps....

Pour rester dans le thème :

J'étais déjà dans le bain la semaine dernière avec une BD qui retrace la vie d'un groupe de toxicomanes en cure de désintoxication : Jean, Marie et les autres patients sont dans un centre spécialisé pour décrocher. La BD s'appelle Le Château des Ruisseaux (Poicelet/Bernière), les dessins, magnifiques, s'organisent librement dans les pages, ils ne rentrent pas dans des cases, les dialogues sont simples, durs et sans artifices... Cet album de 70 pages nous raconte les difficultés des uns et des autres à conquérir  le chemin de l'abstinence... Incertain...

Une petite note de dernière page précise que 15% des patients demeurent abstinents après leur passage au Château des Ruisseaux, le livre est une autofiction, le Château des Ruisseaux existe bel et bien à Bucy-Le-Long (Aisne), les personnages ont existé, leurs noms ont tout simplement été changés...

Je ne sais plus où j'ai, vu ou entendu parler de cet ouvrage, mais cela m'a suffisamment intéressée pour que je l'achète... Une BD qui traite de la toxicomanie, pourquoi pas, le pari est gagné, c'est très beau et très très émouvant !

C'est ce dessin si touchant,  qui me décida immédiatement à commander la BD