vendredi 3 février 2012
Venise 2012... Forgive me please !
Il faisait beau comme d'habitude, la semaine était épatante, j'avais mon plan pour la journée, une expo, des photos, des rencontres, des explorations... Dans la petite salle de bain de mon logement, je terminais ma toilette, en petit tenue ultra légère, en fait j'étais toute nue avec rien dessus... Mon appartement est situé au rez de chaussée d'un petit immeuble, quand j'ouvre mes fenêtres je n'ai pas une très grande vue, juste un rosier qui a du mal à pousser, quelques lauriers roses, un rail de pelouse guide les visiteurs vers l'entrée de l'immeuble et se poursuit jusque sous mes fenêtres...
Un peu plus loin, de grands arbres serrés m'empêchent absolument d'imaginer le moindre horizon... Autrement dit je n'ai aucune vue ici que je puisse photographier pour épater mes amis...
Donc, c'était un matin bleu de Venise, il faisait doux, l'été vous passait sur les épaules comme de la mousseline, j'étais à ma toilette, j'avais laissé la fenêtre poussée mais pas fermée, les vitres habillées d'un film blanc translucide laissaient passer la lumière et m'abritaient des regards indiscrets... J'étais nue comme un ver et j'étais bien...
Soudain, je vois la fenêtre s'ouvrir comme par magie, et la tête d'un homme jeune, genre Japonais, avec lunettes et grand sourire, apparaître dans l’entrebâillement... Catastrophe ! Mais que me veut-il celui-là, même pas le temps de prendre une serviette pour couvrir ce sein qu'il n'aurait pas dû voir, et qu'il a vu tout de même... Je hurle : mais enfin !... Les mots m'ont manqué, je n'ai pas pu dire sur le moment tout ce qui me venait de méchant, je suis restée quasi muette pendant quelques secondes... Bien sûr je me suis reprise très vite, et j'ai hurlé, zut, zut et zut, on ne peut pas être tranquille chez soi !
Puis, reprenant mes esprits totalement et sereinement, j'ai terminé mes ablutions en me disant que je n'allais pas en faire un drame, c'était peu de chose, voilà, un homme jeune avait poussé ma fenêtre, croyant sans doute y trouver quelqu'un d'autre, mais quand même, j'étais vexée mais pas catastrophée. il m'avait vue totalement nue, mais je m'en remettrais très facilement, je pense !
Je finis de m'habiller, pomponnée, j'oublie vite la petite scène osée, me voilà prête pour de nouvelles aventures Vénitiennes, j'entends alors sonner à ma porte, qui ça peut bien être ? Je ne connais personne à Venise même, j'écoute, j'hésite un peu, le facteur est déjà passé, d'habitude il crie pour qu'on lui ouvre le portail, là je n'ai rien entendu, bon, allez je vais ouvrir, c'est peut-être un voisin ? J'étais totalement présentable et parfumée.
J'ouvre la porte avec précaution et là, je vois mon jeune Japonais, en pleurs, rouge et en sueur, ses mains jointes sur son ventre formaient une petite niche sur laquelle il avait posé, bien en évidence, une carte postale du Sacré Coeur, je me suis dit immédiatement : ça y est, le cauchemar recommence, que me veut encore cet acharné ?
Des gouttes ruissellaient sur son visage, il était mal en point, pour un peu je lui aurais donné un verre d'eau, le voilà qui tremble de tout son corps et qui commence à me parler en anglais, vous savez que je ne parle pas anglais, je ne me débrouille que très très mal, sauf dans un film quand il est sous-titré... Et le voilà qui parle, qui parle, qui émet un torrent de paroles, puis il me montre la carte postale, me fait comprendre qu'il est très nerveux, qu'il n'arrive pas à vivre, qu'il est extrêmement malheureux à cause de ce qui est arrivé tout à l'heure...
Je comprends un mot sur dix mais assez pour me rendre compte qu'il est dans un état désespéré, la culpabilité le ronge, sa vie est un enfer maintenant qu'il m'a vue toute nue à ma fenêtre, vous pensez, une femme à qui sans doute il doit respect et considération, j'avais l'âge, bien l'âge d'être sa mère, c'était terrible... Probablement des angoisses excessives héritées de sa culture ?
Il se met à trembler des pieds à la tête, et me demande de lui pardonner... Je le regarde effarée et j'abrège tout de suite ses souffrances, en lui disant le plus solennellement possible : allez en paix mon ami, je vous pardonne.
Il me tend alors la carte postale du Sacré Coeur, comme il aurait offert le Saint Sacrement, sourit, s’essuie les yeux, s'incline devant moi, soulagé, me remercie encore et encore, et prend congé avec moult courbettes...
J'ai compris en essayant de reconstituer le parcours du combattant, que ce jeune Japonais, cherchant des amis qui étaient logés dans le même immeuble que le mien, avait poussé ma fenêtre croyant que c'était la leur, et était tombé sur l'odalisque du rez-de-chaussée, côté rosier rose, alors que ses amis étaient du côté hortensias bleus ! Mince !
Sur la carte postale sacrée, il avait écrit ces mot en anglais : Madame, pardonnez mon arrogance, ne m'en veuillez pas, je suis un vilain homme, merci pour toujours (traduction personnelle proche de l'exactitude).
Je me suis dit en souriant, j'espère que mon pardon lui aura suffit pour qu'il puisse couler des jours heureux, et surtout ne pas gâcher son séjour à Venise... Pour si peu.
J'ai recherché la carte postale pour vous la montrer, mais je n'ai rien retrouvé... Il faut me croire sur parole...
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11 commentaires:
Mauvaise manip, la "fenêtre" n'était pas la bonne
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Cocasse!
Comme quoi, la vie d'une vénitienne adoptive peut rencontrer bien des aventures!
Cela nous a valu, chère Danielle, en tant que lecteurs, une histoire bien sympathique, on devrait peut-être le remercier ce jeune homme, pour cette maladroite et désopilante indélicatesse!!!
Souhaitons-sourire- qu'il ne se soit pas coupé un doigt en guise de repentir en rentrant dans son lointain pays.
M de Sclos
Houlala oui, chère Martine, souhaitons-lui des sourires comme les miens...
Grosses bises du jour à toi.
J'adore vos histoires Danielle!! Me voilà prête à entamer ma journée le sourire aux lèvres : )
Je vous souhaite une belle journée,
Bises
AnnaLivia, souriante, terminez bien votre journée, je n'ai rien à vous pardonner, sinon à vous dire merci d'être passée :-)))
Bises de maintenant.
Ce n'était pas sous titré mais quelle jolie anecdote, comme c'est dommage que tu n'aies plus sa carte postale ! mais où diable a-t-il pu dénicher ce Sacré Coeur ? et quel courage pour oser sonner à ta porte et oser venir se présenter à toi, je suis totalement admirative devant le cran qu'il lui a fallu. Belle histoire Danielle comme tu sais nous en raconter tant !
Michelaise, oui, je peste après moi pour avoir négligé cette carte postale... Cet homme avait du faire un tour d'Europe en passant par Paris...
Oui, c'est très vrai, tu as mille fois raison, quel courage il a eu de frapper à ma porte, il me fait peine encore aujourd'hui, je le revois tout entortillé dans les tourments, heureusement que j'ai pu lui pardonner pour qu'il s'apaise.
Je te fais des bises fortes.
Il vous en arrive "de belles" à Venise !!!
Bises.
Mazette, Danielle! Entre ta première fois avec Marcel et ton rôle improvisé d'odalisque, il t'en arrive de ces choses!!!
Pour notre plus grand plaisir!!!
Bon dimanche à toi.
Françoise, tu as raison il m'en arrive "de belles" j'ai quand même recherché la carte postale... Mais toujours rien !
Bises du jour.
Tu as vu juste Marie-Josée, des sensations bien osées, sur tous les fronts :-)))
Merci de ta visite, à tout bientôt, très vite. Bises froides - 3 quand même sous abri !!!
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