vendredi 14 octobre 2011

Les vagues, de Virginia Woolf au théâtre de la Colline




La représentation avait lieu dans la petite salle, au premier étage du théâtre, le placement était libre et je me trouvais au 2e rang, presque l’idéal, car je préfère le 1er rang !

Voilà très longtemps que j’avais lu, et totalement oublié, ce roman de Virginia Woolf, mais sa petite musique est inscrite en moi depuis des lustres, bizarrement j’ai adoré ses mémoires sa correspondance, beaucoup plus que ses romans…

Les Vagues, c’est l’histoire de six personnages, trois hommes et trois femmes, qui se quittent à la sortie du collège et se retrouvent à différentes étapes de leur vie. Leurs voix s’entrecroisent, se mélangent, chacun décrit les impressions, les angoisses, les espoirs, les espérances, la solitude, et constitue des bribes de parcours de vie. Au début, pas vraiment d’histoire linéaire, tout flotte dans l’air, les jeunes comédiens tentent d’installer sous nos yeux le petit ronron de leurs vies. Un septième personnage, Perceval, n’est identifié à personne, mais relie chacun des personnage.

Les personnages : Bernard, Louis, Neville, Jinny, Susan et Rhoda, par le biais de monologues intérieurs, vont petit à petit prendre de l’épaisseur, ils vont naître de leurs mots.



Mais voilà, la construction dure très longtemps, les fondations sont profondes,une heure est passée,  mon voisin de gauche s’endort très vite, plus loin, la dame pose doucement sa tête sur l’épaule de son compagnon, à ma droite, un monsieur qui respire comme Dark Vador regarde de temps à autre sa montre… Moi je tente de comprendre de ce qui se passe sur scène, il y a bien les six jeunes acteurs, mais je n’arrive pas à être captivée par ce qu’ils disent, en fait, je ne comprends rien, ni à la structure, ni à l’émotion, ni aux mots… Attendons, ça va venir.

Quatre personnes quittent le 3e rang, puis ce sont les côtés qui se dégarnissent… Le monsieur qui dormait à côté de moi est parti, celui qui regardait sa montre est resté…


Nos personnages grandissent, ils cèdent la place à leurs aînés (Six autres acteurs, plus âgés)  ils ont vieilli, les trois jeunes femmes ont pris de la bouteille, les trois hommes ont les cheveux gris… La pièce devient passionnante, les personnages s’incarnent, respirent, parlent, racontent les désillusions, les chagrins, les morts, la vie pas à pas qui finit par ressembler à celle de tout le monde, pourtant… Que d’espoirs au début du parcours…

La très belle musique de Virginia Woolf, envoûtante, fait son office, j’y suis, je suis restée jusqu’au bout, trois heures de chuchotements, de vagues qui échouent sur le sable de nos vies, pourquoi n’en savons-nous pas plus à la fin qu’au commencement ? Elle nous parle de nos échecs, de nos rêves, le temps passe si vite, il aurait fallu ne pas se tromper, cependant, impossible de faire marche arrière, de faire autrement.

Les six jeunes comédiens n’ont pas fait le poids, le tintamarre de leurs mots m’a intriguée, un peu endormie, je dois l’avouer. J’ai commencé vraiment à être dedans, comme le reste de la salle dès qu’ils ont pris de la maturité, du poids, les comédiens plus âgés avaient plus de présence, ils se sont imposés d’emblée, avec des mots peut-être plus proches de moi, je ne sais pas, mais l’enchantement a eu lieu en toute simplicité, avec une mise en scène réduite aux acquêts, costumes de ville, vidéo très discrète, six chaises en fer, une table et des bougies, la scène est divisée en profondeur par de grands panneaux blancs opaques…

A surfer sur les phrases de Virginia Woolf, forcément, il faut avoir le pied marin, ses vagues à l’âme vous atteignent en plein cœur. 




5 commentaires:

Miss Lemon a dit…

C'est vrai Danielle que certains auteurs gagnent à être connus par leurs journaux qui sont le miroir de leurs états d'âme.
Voyez ce qu'écrivait Virginia Woolf et qui abonde dans votre sens :
" Je pense parfois que seule l'autobiographie relève de la littérature; les romans sont les pelures que nous ôtons pour arriver enfin au cœur, qui est vous ou moi, rien d'autre."

Quant aux acteurs de cette pièce, les plus matures ne sont-ils pas ceux qui ont pris le temps de réfléchir sur leur vie, de faire un pas de côté et d'observer leurs états d'âme justement ?
Pour les plus jeunes, leur temps viendra!

Amitiés Danielle et toujours merci pour vos riches billets.
Miss Lemon.

Danielle a dit…

Chère Miss, merci de votre commentaire si juste si révélateur de l'état d'esprit de Virginia Woolf pour la littérature, je suis ravie qu'il corresponde un peu au mien.

Merci Miss,pour vos mots.

Bonne journée à vous.

Michelaise a dit…

un peu ennuyeux, vaguement décevant mais tu es restée tout de même... j'aime ton récit qui raconte bien comment parfois, on se prend au jeu, même si ce n'est pas formidable... et même si 3h c'est long ! et quoi de plus désagréable que de s'endormir au théâtre !!

Danielle a dit…

C'est vrai Michelaise, attendre que le temps passe, mais rester quand même... Jamais je ne pars au cours de la représentation au théâtre... Mais là, j'ai eu le temps de voir les spectateurs et leur ennui et finalement au bout du compte, j'ai beaucoup aimé cette pièce...

Passe un très bon dimanche.

Marie-Josée a dit…

Virginia Woolf n'est pas un auteur que l'on adapte impunément au théâtre. Tu as eu plus de patience que mon dos qui aurait certainement rechigné avant la fin des trois heures.

Peut-être le cinéma convient-il mieux à Virginia Woolf. Tu as certainement vu l'adaptation du roman de Cunningham, The Hours? Biographie et fiction s'entremêlent et, pour une fois, j'ai presque préféré le film au livre!