Quel bonheur de partir dans les petits chemins, à la recherche de ces fruits rouges, le regard aiguisé, qui décrypte rapidement les haies, et les sous-bois.
En voici, buissonnant à perte de vue, sur le bas côté du chemin, ce beau chemin herbeux qui scintille entre les branches des arbres, illuminés par le soleil.
Je ne sais pas si vous, comme moi, avez le souvenir du parfum des mûres ?
La première fois que j'ai humé (car dire sentir, ce ne serait pas approprié) la fragrance des mûres, c'était il y a beaucoup plus de 30 ans... Dans un paysage du Limousin.
La haie encore touffue (avant le remembrement) juste devant le champ de blé fraîchement moissonné, exposée au soleil, laissait rutiler les mûres... J'avais senti ce parfum inoubliable de la mûre, mêlé à celui du blé, chauffée par le soleil, un parfum de bonheur, de douceur, de beauté de la vie, de sourire, de joie d'être environnée par tant de beauté. Pourtant le paysage était simple, un champ coupé ras, près d'un bois d'épais feuillus, chênes, châtaigners, peupliers... Derrière, un sentier qui tournoyait jusqu'à la clairière d'un beau vert olive. Pas très loin encore, sur ce parterre d'herbe, presque neuve, un beau troupeau de vaches limousine apportait la dernière touche de couleur à cette perception idéale.
Une petite route tout à fait en arrière plan, sur laquelle j'étais arrivée avec mon vélo, voyait passer une voiture toute les heures...aux heures de pointe.
L'odeur des mûres, vanille sucrée et acidulée, m'est restée dans la tête depuis. Pendantlongtemps j'ai cherché cette odeur chez tous les parfumeurs, tous les créateurs de sent-bon.
A cette époque, je ne faisais pas encore de confiture avec mon parfum préféré.
Aujourd'hui, j'ai poursuivi mon idée de mettre en pot ces beaux petits fruits de fin d'été, j'ai retrouvé, en les cuisant, l'odeur paradisiaque des blés chauds et des mûres, le ciel bleu et les oiseaux me reviennent en même temps dans les yeux, le nez, les oreilles.
Sur la petite route, à bout de bras comme une balance romaine, il faut sentir avec finesse, le poids du petit plastique s'alourdir jusqu'au kilo pour dire, enfin, là je crois qu'on y est, on a le kilo, non ? Peut-être bien, allez, encore une poignée pour faire bon poids, et deux poignées sont mises avec le sourire. Ce petit réajustement nécessaire garantit le bel ouvrage dans le chaudron.
Les jambes, les mains, les bras sont écorchés au ramassage, ça tire, ça égratigne, ça saigne même un peu, rien à faire, on continue, le jus coule sous les doigts, les ongles sont rouges mûres, tout va bien, le sac se gonfle...
D'une voiture qui passe de temps en temps, l'inconnu regarde avec étonnement les cueilleuses, personne à la campagne ne fait de confiture de mûres. Toutes les ménagères entassent dans leur placard les pots de toutes les couleurs faits avec les prunes, les abricots, les fraises et les framboises, les fruits que l'on ramasse dans son jardin, ou qui sont donnés par le voisin.
8 commentaires:
BRAVO,
un superbe billet de plus,
je me délecte de tes histoires,
tout comme d'une bonne confiture de mures
en fait je devrais dire gelée,
car moi,
je fais la délicate,
j'ote tous les petits pépins....
lorsque je la réalise...
Tu as raison DANIELLE,
l'odeur (et le gout),
c'est sans pareil....
QUAND A TON PARFUM,
tu ne le dis pas,
mais,
te parfumme tu a ta confture préférée a présent ?? (mdr)
doux,
trés doux week end a toi...
Quelles belles photos, Danielle! Je me réjouis de goûter cette confiture de mûres à mon retour de Los Angeles, en espérant que les blés seront encore chauds pour que je puisse me livrer à mes pitreries habituelles... A très bientôt, GF
L'an dernier j'ai fait d'admirables et simples desserts de mûres avec du fromage blanc par exemple ... J'allais cueillir ces mûres dans un bosquet d'un parc publique devant les yeux héberlués d'enfants. (Je prenais les fruits en haut pour éviter toute pollution inappropriée... !) Pas un gamin ne m'a posé de question , n'a essayé d'en cueillir ou d'en goûter. Je voyais bien qu'avec ma petite barquette d'osier nappée de papier absorbant pour ne pas abîmer les fruits, je devais passer pour une folle ! Ce roncier, qui avait dû échapper aux jardinier, m'a régalé tout l'été ! Les gens ne savent plus vivre et ne connaissent pas ces petits trucs de la nature si sympas.
Toujours cet art du récit, Danielle.
J'aime particulièreent : "A cette époque, je ne faisais pas encore de confiture avec mon parfum préféré"...
Belle journée à toi !
Norma
Comme toi, Danielle, j'ai porté pendant des années, cette douce et subtile odeur liée aux souvenirs d'enfance. je l'ai trouvée chez l'Artisan parfumeur : "Mûre et musc". Bon, je l'avoue, un peu cher. J'en ai usé et abusé jusqu'à l'indigestion.
Bon dimanche !
J'allais te dir al même chose que Zen, moi aussi j'ai porté Mûre Musc" de chez l'Artisan Parfumeurn,mais j'ai stoppé quand ils ont fait l'extrème, ce n'était plus pareil et il m'ecoeurait...
Toi tu as des souvenirs de blé, moi j'ai le souvenir d'un été en Corse en redescendant de Sartène, j'en ai trouvé tout le long de mon chemin, je remplissais mon petit sac et à chaque fontaine je le passais sous l'eau fraîche et je les savourais au fur et à mesure, je ne faisais pas encore de confitures...
Chers amis je profite d'une toute petite connexion pour vous remercier de tous les mots que vous avez laissés, et vos impressions mêlées autour des mûres et du partage, merci !
A très bientôt, je vous bisesss du jour, ciel bleu et douceur de la campagne.
Danielle
Les mûres.
Quand j'habitais Minorca, une des îles Baléares, il y avait tout plein de mûres, poussiéreuses, le long des murs de pierres bordant les chemins. Personne ne les cueillait. Nous, nous cueillions tout ce que les natifs dédaignaient : Les mûres, l'épinard sauvage, les asperges sauvages, les champignons * blue feet*, au grand dam des autochtones qui croyaient que nous allions mourir.* C'est poison * ! Ces cueillettes arrangeaient bien notre porte monnaie raplapla.
A Londres, nous ramassions les pommes de terre tombées, Les salade mises de côté par terre, par le marchand car les feuilles extérieures n'étaient pas
belles. Cela devenait un sport, Bernard passait par dessus la barrière juste pour aller chercher une salade qui avait atterri là. Des haricots *français* un peu moisi en dessus, il n'y avait qu'à enlever le dessus. Un gâchis énorme dont nous profitions. Nous faisions des échanges avec une nana des îles. C'est la première fois que j'ai mangé du manioc et des patates douces. J'étais jeune et n'avais pas encore voyagé.
Nous ne pouvions pas *récolter* les oeufs et les tomates. Nous avons organisé le repas de fin d'année d'étude à l'école d'art de Bernard rien qu'avec, pour la plupart, des *choses* ramassées* par terre au marché. Dommage que nous n'avions découvert *ce truc* que 3 mois avant notre départ pour l'Espagne. En Suisse, impossible de ramasser des *choses* par terre, il n'y en a pas !
Un souvenir rigolo; après le marché, nous allions au cinéma, le grand sac de jute, aussi ramassé par terre, appuyé contre le mur de la salle obscure. Personne n'aurait osé le toucher !!!
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