J'avais lu à la médiathèque du petit bled où j'habite en septembre, sous le figuier, à côté des vaches, des oiseaux et des écureuils, qu'il existait aux alentours un lieu où l'on pouvait encore voir un groupe d'habitations qui datait du Moyen-Âge. Ni une ni deux, j'ai pris mon vélo pour aller voir.
En passant au village, j'ai pris un petit café au bistrot, là un monsieur, au comptoir, faisait ses comptes : j'ai 68 ans, si je vis jusqu'à 80 ans, j'ai encore 12 ans... Pas un instant à perdre. Il disait tout ça avec un grand sourire, jovial et détendu.
Bon, j'ai pris mon café avec le petit carré de chocolat déposé dans la soucoupe, grande classe ! J'ai pris le temps de lire le journal du coin, les nouvelles fraîches de la région.
J'ai pédalé un bon moment, en regardant du coin de l'œil, derrière les vitres de mes lunettes, le paysage, les maisons. J'ai revu la grande loge de vigne, bien visible, debout au milieu du champ moissonné, l'année dernière je n'en voyais qu'un petit bout, elle était coincée dans le maïs.
Je suis passée devant le pommier qui m'avait fait de délicieuses compotes l'an passé, aujourd'hui, rien, pas une au gibet, l'arbre était vide, nu, désolé, ses feuilles étaient toutes racornies, je passais mon chemin.
J'entendais le froufrou de mes roues sur le bitume, pas une voiture, la route était une grande piste cyclable. Il était déjà tard, le soleil commençait à former de grandes ombres partout.
L'odeur de tout le paysage s'engouffrait dans mes poumons, même celle de la bouse de vaches était suave.
L'odeur de tout le paysage s'engouffrait dans mes poumons, même celle de la bouse de vaches était suave.
J'avais mis un gros foulard, deux fois enroulé autour du cou, je roulais tranquillement, toujours prête à mettre pied à terre. J'avais rendez-vous avec l'histoire.
Voilà, j'y suis, je remarque le grand tilleul qui marquait le début du lieu-dit. Un tilleul immense qui faisait mal au cou à force de chercher sa cime. J'emprunte le petit chemin vert qui mène à la propriété, je n'avais même pas vu que c'était un chemin privé, interdit d'entrer...
Magnifique, grandiose, incroyable... : assises dans l'herbe, quelques grandes bâtisses du 15e siècle bien restaurées me transportaient plus de 600 ans en arrière, deux petites lucarnes sculptées comme des rosaces d'église dominaient le plus grand pignon. Au coin, l'échauguette de pierre, en parfait état, a fait glisser sur toute la hauteur du bâtiment, jusqu'au talus, les excréments de nos illustres ancêtres.
Il faudra que je revienne avec mon appareil photo, demain...
J'ai repris le chemin de randonnée, juste en face. Le vélo à la main, ça montait trop et puis il fallait prendre le temps de regarder les champs, les haies formées de ronces pleines de mûres et d'aubépines à gros grains rouges. Pas un bruit, pas un souffle de vent, un petit soleil qui permettait de faire miroiter par petites touches les ombres et les lumières qui couvraient le sol.
Ça et là, derrière les fils bleus, légèrement électrifiés, de beaux troupeaux de vaches ivoire achevaient la peinture du beau tableau de genre que j'avais sous les yeux.
J'avançais, en plein silence, au loin, très loin, des vrombissements de voitures, comme des bulles de savon.
Ici, le remembrement avait tracé des prairies immenses, des lacs remplis de végétation, sans un arbre.
Au détour de mon chemin, dans une mer d'herbes hautes, j'ai vu un vol de hérons griffer l'horizon d'un coup d'ailes, et dessiner gracieusement des accents circonflexes inversés, comme sur une estampe japonaise.
Je suis restées bouche bée, rien n'existait d'autre que cette fuite !
7 commentaires:
Et moi je vous suis dans vos balades contées, toujours avec plaisir.
A bientôt.
On te suit, je suis moi aussi derrière toi dans cette ballade ... Ces lieux sont magnifiques ! Ton récit toujours sensible et imagé.
Moi aussi, je passe un moment toujours délicieux à te suivre dans tes promenades pleines de joie de vivre...
Tu as sur la vie un regard "exceptionnel" (et c'est la psychologue qui parle...)
Miss, comme je suis contente de vous avoir à mes côtés dans mes balades...
A très bientôt, bonne journée.
Artemisia, c'est vrai ces lieux sont magnifiques, je suis émue par ce partage...dans mon blog... vraiment !
Passe une très belle journée.
A tout bientôt.
Norma, ce que tu me dis me touche énormément... Merci Norma.
Je vise c'est vrai la spontanéité et la sincérité à travers les gens, les choses de la vie que je rencontre...
Je suis heureuse que nous le partagions ensemble.
A bientôt Norma, à bientôt.
Bon, ben voilà un joli programme pour le week-end qui vient. Je veux voir le chêne centenaire, l'immense tilleul, les hérons s'envoler, je veux aussi goûter les compotes de pommes et les confitures de mûres, et faire un tour de vélo. Tu ne parles pas des fromages du coin... Je suis sûr qu'il doit y avoir de bons chèvres, hein? Finalement, nous arriverons plus tôt que prévu : j'ai posé une RTT pour vendredi! Gros bisous, GF
Enregistrer un commentaire