mardi 30 avril 2019

Le concert du 17 avril dernier !


Je n'ai pas trouvé d'image pour parler du concert, mais comme le bouquet de fleurs s'offre souvent à la fin du spectacle, je vais nous envoyer des fleurs dès le début de mon histoire !

Ce matin, en allant faire mes courses, je rencontre une ancienne choriste de notre groupe : Ah ! Vraiment, vous m'avez bluffée ! Épatée, c'était vraiment très bien, on sentait que vous chantiez avec votre cœur, vous étiez dedans à 100 %, c'était magnifique ! Ah, c'est vrai ? Tu as aimé ? J'en voulais encore... Ah oui, vraiment, tu sais, je m'étais dit, sans être tout à fait décidée : est-ce que j'y vais ? Je connais bien votre répertoire, et puis finalement je suis venue, je ne regrette vraiment pas, il y a beaucoup de nouveautés dans votre répertoire, de très beaux morceaux, vraiment bravo ! C'était superbe ! Je me suis régalée...



Celles-là, nous les avons méritées

Le concert s'était organisé avec difficulté :

Mes amis : je ne vais pas pouvoir assurer la répétition avant le concert, il faudra y aller "à sec"... Nous n'étions pas très rassurés, ouh là là ! Ça fait peur, pas de répète... Bon, nous en avions vu d'autres... Mais pas de répète la veille du concert, ça, c'est dur ! Nous avions toujours l'impression que rien ne pouvait se faire bien, sans répète la veille, ou quelques jours avant... Ce n'était jamais "assez répété", les plus anciens le pensaient vraiment, et les plus nouveaux étaient prêts ! Nous avions connu tous les lieux possibles et imaginables pour chanter : dedans, dehors, par beau temps et mauvais temps, avec peu et beaucoup de public, tout nous allait... Impeccable, pas de problème, on verra bien...

Mais chanter "à sec", ça restait rare ! Même avec 10, 20 ou 30 ans de pratique, il nous fallait notre répète. Ceux qui pratiquent un chœur se reconnaîtront...




Et puis finalement, un soir fut trouvé in extremis pour une répétition improvisée avec l'autre chorale (que nous connaissons très bien), afin d'installer nos morceaux communs. Chacune chanterait des morceaux de son répertoire, et nous interpréterions quelques pièces ensemble à la fin. Le grand classique des rencontres chorales.

Notre répétition eut lieu le soir de l'incendie de Notre-Dame, nous avons commencé la soirée avec nos téléphones plutôt que nos partitions... Seul importait la progression de l'incendie et le courage des pompiers, la flèche était tombée et nous devions commencer nos mises en voix...


Le concert !


La petite église qui nous accueillait, nous la connaissions bien, tout résonnait à merveille, le public était toujours au rendez-vous, chaleureux, bienveillant, des fidèles et des passagers, des amis, des parents, des spectateurs que nous ne connaissions pas, tout était toujours parfait ! Nous avions toujours le trac, les plus petites ne voulaient pas se mettre devant, les grandes défendaient leurs places derrière...


L'église s'était remplie, nos amis, nos "anonymes", étaient là, notre chef avait composé un programme que nous connaissions bien, notre groupe est réduit à 17, dont 15 présents. La réduction de notre ensemble, au fil des années, a forgé l'intensité de notre travail. Certains d'entre-nous chantons ensemble depuis plus de 30 ans, un noyau dur était déjà là à la formation de notre groupe, cette cohésion s'entend encore aujourd'hui dans le son que nous produisons,  plusieurs chefs nous l'ont dit !

Nos chants nous vont bien,  ils gardent du "sens" pour notre ensemble, par ce qu'ils expriment du monde ancien et moderne, avec de belles musiques, quelquefois même nos chefs de chœur successifs nous ont proposé de magnifiques œuvres musicales de leur composition, toujours de très grands moments pour nous. Nous chantons en beaucoup de langues (avec traduction) : russe, hébreux, anglais, zoulou, italien, espagnol, portugais, français, grec... D'un commun accord, nous faisons l'impasse sur les chansons de variété et le jazz...

Les gens étaient contents, et leurs applaudissements furent nourris !

Un spectateur est venu vers moi à la fin du concert et m'a dit : c'est vraiment bien ce que vous faites, vous formez un très bel ensemble, c'était formidable, vous chantez avec cœur, avec passion, ça s'entend ! Merci monsieur, c'est vraiment gentil, vos compliments nous vont droit au chœur...

Bien sûr, les années se sont accumulées, nos voix ont changé, de nouveaux choristes sont venus nous rejoindre, nous les avons accueillis avec bonheur, le bonheur du partage de la musique et de l'amitié..

Si vous le pouvez, courez chanter !!


Avec un peu d'avance

Allez, promis, juré, le prochain post sera Normand et proustien  !!!



mardi 23 avril 2019

Alice, des nouvelles fraîches !


 Alice, mon ancienne voisine dans sa 103e année

Allo ! Alice ? C'est Danielle, votre voisine, vous vous souvenez ? Depuis votre départ, je pense souvent à vous, comment allez-vous ? Alice mon ancienne voisine aura 105 ans en novembre prochain ! Je précise son âge pour les passagers de mon blog qui ne sont pas encore  au courant !! Elle a déménagé l'année dernière... Elle est dans le sud près de ses enfants... Mais elle aurait aimé rester dans notre immeuble... Chut !!

Alice va bien, j'ai eu la joie de l'entendre aujourd'hui au téléphone, Alice est restée très design dans ses conversations téléphoniques : oui, ça va bien, Danielle, merci, dans l'ensemble ça va bien. Que faites-vous, Alice ? Je tricote, je lis un peu, tout va bien... Je n'ai pas pu en savoir beaucoup plus, mais j'ai trouvé sa voix vive, souriante, pareille à celle qu'elle avait quand nous étions toutes les deux sur le même palier...

Comme elle me le demandait, je lui ai annoncé qu'il y avait des nouveaux locataires, très sympathiques, dans son logement....

Alice ne m'en a pas dit plus, mais je sais qu'elle va bien, c'est l'essentiel...

Je lui ai dit que je donnerai de ses nouvelles à mes lecteurs et amis sur mon blog, mais je ne suis pas sûre qu'elle comprenait bien l'affaire ! Pour internet, elle a toujours eu un petit flou...

Alice, portez-vous bien, je garde en tête vos cheveux blancs frisés comme un mouton, vos yeux bleus et votre sourire, je vous rappelle très vite...


Alice ! Ma centenaire bien-aimée... Dans sa  103e année

Le prochain post, comme promis, retour à la Normandie !

vendredi 19 avril 2019

Un beau petit tour en Normandie...


Le mouton caché derrière le pommier, le matin en ouvrant ma fenêtre !

Un beau petit tour, intense, en Normandie, chez une amie qui me recevait avec sa générosité et son affection, printemps fleuri et doux, en bandoulière... Au matin, le mouton était sous ma fenêtre, et me regardait du coin de l’œil sans bouger... J'ai eu largement le temps de lui tirer un portrait caché...

Les arbres tiraient à blanc de toutes leurs fleurs, il y aura des fruits à toutes les branches, le poirier palissé s'étirait de tout son long sur la façade, en débordant sur la gouttière... Si ça continue, il n'y aura pas assez de place pour les fruits, les fleurs sont serrées comme des sardines...





Le poirier s'étirait de tout son long...

Dans les prés  les pommiers faisaient d'énormes bouquets, les fleurs préparaient l'explosion de la semaine suivante, les pivoines montraient leurs gros boutons rouges, les tulipes baissaient du nez, l'herbe était d'un beau vif, il y avait toutes les couleurs, tout était parfait. La nature ne fait jamais de faute de goût, elle est toujours copiée, photographiée, dessinée, interprétée, mais c'est toujours elle qui règne en maître, la beauté, c'est elle sans conteste...

Tout le monde est d'accord là-dessus, pas besoin de décréter un référendum, la nature que l'on tue partout, il faut la défendre coûte que coûte, aux armes citoyens, prenez vos pelles et vos pioches et allez dans les champs... On a beau classer tout ce qui reste au Patrimoine Mondial, dans peu de temps il ne restera plus grand chose, que de la poussière polluée sous nos pieds et des rivières empoisonnées, les mers sont déjà bien entamées, ça demandera un peu plus de temps pour la saccager complètement... Dans mon séjour intense j'ai entendu des oiseaux, vu des papillons, et le mouton derrière la maison, je l'ai laissé bien tranquille...

Dans le silence de ce coin de Paradis j'ai quand même entendu une ligne d'avion, petite, mais présente... Murmurante... C'est fini, le silence complet, le ciel est saturé avec tous les transports inutiles de viandes, légumes, fleurs, fruits, et autres nourritures terrestres que l'on pourrait cultiver à côté de chez nous... Le monde marche sur la tête... Au dessus de ma tête...

Bon, Danielle, ne rouspète pas, puisque tu es au Paradis !


La glycine grimpe et prépare sa sortie triomphante...


Voyez-moi ça...

Bien sûr, pour soigner toute cette belle nature, lui donner un petit coup de main pour la tenue de la pelouse, enlever les fleurs fanées, les mauvaises herbes, il faut beaucoup se pencher, c'est du vrai travail... À plein temps...


Près du petit cimetière d'à côté, les platane n'en peuvent plus de lever leurs bras si haut, vivement l'arrivée des feuilles

Vous l'aurez compris, les amis, surtout si vous vivez dans un jardin, à la campagne, où l'herbe est beaucoup plus verte qu'ailleurs, le grand renouveau arrive avec toutes ses couleurs, ses saveurs, ses odeurs. Le printemps s'élance, je me suis réjoui du chant des oiseaux, je les croyais perdus, j'ai même vu des papillons jaunes...

J'ai bu des thés parfumés avec mon amie, on a veillé, bavardé, regardé par les fenêtres de sa maison dès le matin encore frisquet, on a poussé des grands cris, surtout moi, pour toutes les nouveautés naturelles que je voyais de près dans son immense jardin fleuri...

Pas très loin du poirier en fleurs, à Verneuil-sur-Avre, il y a une belle église dont la construction va du XIIe au XVIe siècles, les bâtisseurs ont pris leur temps, ils ont manqué d'argent pour tout construire en même temps. À l'intérieur, il n'y a pas beaucoup de monde en cette saison, on peut admirer les chefs-d’œuvres sans se presser :


La chaire toute en dentelle de fer forgé de Normandie - XVIIIe siècle


Une magnifique mise au tombeau du XVIe polychrome, restaurée en 1980, les personnages sont très émouvants


La Vierge à la pomme, pierre polychrome du XVe siècle, d'un grand raffinement


Un Grand groupe sculpté : "L'adoration des mages", de la fin du XIXe, superbe

Nous sommes montées en haut de sa très belle tour en couronne (un campanile de style flamboyant, juste posé près de l'entrée de l'église), elle est haute de 56 mètres, trois étages à grimper, plus de 250 marches, avec la satisfaction, tout en haut, de pouvoir admirer le paysage à perte de vue. Il faut avoir du souffle !


Sur une carte postale, la voilà sans aucun changement

J'étais au Paradis, rien à faire, c'était vrai du début à la fin !

Le prochain post sera encore normand et proustien : visite d'Illier-Combray et sa  recette de cuisine, campagne, campagne, campagne... Je vous y attends !

 À très, très vite... Je vous réserve quelques beaux dessins d'animaux en voie d'extinction, cris d'alarme, cris d'alerte !!!

jeudi 18 avril 2019

Balade dans Carpentras !


"Y'a de l'art dans l'air "-  La fête des parapluies, passage Boyer (dite la rue Vitrée)


Il n'y a pas toujours de chronologie dans mon parcours, mais au fil des images je vous raconte... Par où je suis passée, et souvent ce que j'en ai pensé... À ma dernière descente en Avignon, j'ai eu la joie de visiter... Un peu, Carpentras... De survoler...

Il y a des merveilles dans cette ville. Comme tous les centre-villes des petites villes (29 000 habitants), certains commerces déclinent, contraints et forcés par les grandes surfaces qui vendent de tout, et qui se sont installées aux portes de la ville...

J'ai été frappée par :

 - Les oliviers plantés en plein centre-ville...


Les oliviers en plein centre-ville entourés, de voitures et de grands platanes

- Les parapluies de Carpentras...

Qu'ils sont beaux à voir, ces 100 parapluies du beau passage Boyer, peints par des artistes amateurs et professionnels, des enfants (entre mars à fin août 2019), organisés par l'association Les Papillons. Le thème des œuvres sur parapluies était cette année : du mandala au vitrail... L'ensemble du décor est superbe, festif et original...


Le passage dans toute sa splendeur des parapluies

Les parapluies de Carpentras me font penser à Paris... Je connais un passage dans Paris où il y n'a qu'un seul parapluie à l'affiche...


Le petit passage de l'Ancre à Paris, il faut le voir pour le croire


Le parapluie est à l'honneur, en tout bien tout honneur, pour la réparation


 Ici, un peu d'art en plus, dans l'atelier parisien, on répare les parapluies depuis 1970

- La grande bibliothèque-musée...


L'ancien Hôtel-Dieu du 18e siècle (photo empruntée à Wikipedia), tel qu'il apparaît aujourd'hui, restauré et sans parking,...

Il se dresse, en majesté, au milieu de la ville, l'intérieur est resplendissant, l'escalier à double volée me laisse bouche bée. Ce bâtiment recèle des trésors : bibliothèque ancienne, chapelle, pharmacie, mobilier précieux. Pour l'instant le public n'y a pas accès...


Le grand escalier à double volée vous accueille dès l'entrée


De la belle ouvrage, avec ses deux pots fleuris de chaque côté de l'escalier (pots à feu qui se trouvaient à l'origine en toiture, remplacés par des copies en silicone, plus légères à supporter par le bâtiment)

Sur les murs de l'entrée, devant le grand escalier, de petits panneaux colorés, les uns à côté de autres, à touche touche, illustrent les généreux donateurs de l'ancien Hôtel-Dieu. Sur chacun d'eux figurent le nom du "donatif", et le montant du don...


Généreux donateurs du 19e siècle, il suffit d'en faire la lecture, avec patience


Des généreux donateurs, 19e-20e siècles


Un des premiers donateurs inscrits ? (18e siècle)


Un des derniers donateurs inscrits ? (20e siècle)


Le dernier pour la route (20e siècle)

Le grand Hôtel-Dieu fraîchement restauré accueille une énorme bibliothèque, médiathèque, prochainement le projet d'installation regroupera tous les musées de la ville, un beau et grand projet en route ! J'ai vu sur une affiche qu'il s'y donnait un spectacle, voilà donc le grand hôpital transformé en centre culturel...

- L'ancienne cathédrale de Carpentras...

Ma brève visite me  donne envie d'y revenir... Une façade magnifique, l'édifice date des 15 et 16e siècles.


L'ancienne cathédrale Saint-Siffrien, le portail principal est splendide !


Le petit coup d'oeil à l'intérieur, la grande nef


L'autel et gracieux anges dorés


Vers la porte sud, une fontaine, 
un grand calme


Une tête sévère et couronnée de laurier au dessus d'une porte d'entrée, dans cette petite cour

Cette petite cour à la fontaine me rappelle les arrière-cours de Venise, l'ombre et la lumière se disputent l'espace, la fontaine donne son eau sans limite, et le calme règne...



Juste au dessus de la Vierge, la boule aux rats... Appelée la porte aux juifs !


La boule aux rats

Elle tient son nom du fait que les juifs nouvellement convertis au catholicisme pénétraient dans la nef par cet accès. "Il est surmonté de la « boule aux rats », qui représente le monde rongé par le péché et les hérésies" (Wikipedia). Bien des interprétations existent sur ce symbole : peste et épidémies, représentation des mécréants, des hérésies et des vices du monde, des brigands dévorés par le démon. J'ai recherché sur le net d'autres significations, je n'ai rien trouvé, il existe huit églises en France où l'on peut trouver une boule aux rats... Peut-on faire un lien avec le nom donné au portail sud de Carpentras, et l'antisémitisme du symbole  de la boule aux rats ? Je n'ai rien trouvé qui pourrait confirmer cette hypothèse. Voilà un beau sujet de recherche qui reste à faire... Pour ma part, sans connaitre rien de plus, la boule aux rats me met mal à l'aise...

Juste en face du portail principal, j'ai photographié cette grande sculpture de Sainte-Anne et de sa fille la Vierge, en bois doré, extraordinaire...


Sainte-Anne et la Vierge (bois doré)

La suprise du coin de rue, en levant légèrement la tête, elle s'exposait à tous !

Quel plaisir d'avoir le projet d'un retour à Carpentras, j'y loue ma place à mon prochain voyage en famille, mais avant de revenir en Avignon, je vous parle de mon petit tour en Normandie... À très vite chers amis et passagers de mon blog !

lundi 15 avril 2019

Notre-Dame de Paris


J'avais pris cette photo en janvier 2016 à 16h

 Pourvu qu'elle tienne le coup ! Je suis triste !








vendredi 5 avril 2019

Le dentier du Misanthrope !



Le Misanthrope par la troupe de la Comédie Française (2017)

Mon cinéma de quartier propose Le Misanthrope, version filmée de la pièce de théâtre de Molière, jouée à la Comédie française en 2017. Je ne vais pas la louper... Le Misanthrope n'est jamais pour moi une fois de trop.

J'avais donc arrangé ma journée pour être bien à l'heure à la séance. et avoir une bonne place. Le Misanthrope, ça va attirer du monde, c'est sûr. Les fanas de Molière, comme moi (principalement cette pièce) vont venir de partout... L'idée d'aller voir la version filmée m'a réjouit plusieurs jours à l'avance... Pas question d'arriver à la bourre, ou trop juste, je veux être dans les trois premiers rangs, juste au milieu. Les arts de la scène : théâtre, danse, concerts (chants/musique), marionnettes, opéras... Me laissent toujours espérer de grandes émotions provoquées par la beauté, le sens, la rencontre avec moi-même, des moments précieux pour susciter un dialogue intérieur... Je me réjouis  aussi, bien sûr, chaque fois de voir/d'avoir vu un film qui m'a enthousiasmée, le 7e art est un art à part entière, en fait il n'y a pas de hiérarchie dans les arts, il suffit je crois, de s'intéresser à tous pour vivre mieux. Les arts nous sont, comme la philosophie, nécessaires à perpétuité...

Pour les 9e et 10e arts, la passion me viendra peut-être dans une autre vie, je ne vais pas avoir le temps dans celle-là...

"Les dix arts (Wikipedia)
À la fin du xxe siècle, la liste suivante se trouve bien établie et stabilisée à dix : (à vous de revoir le classement !)


Le Misanthrope par la troupe du Français (2017)

Le Misanthrope représente pour moi le sommet de la littérature (avec évidemment quelques autres auteurs), le Misanthrope est ma marotte, j'essaye d'aller voir la pièce chaque fois qu'elle se donne. En passant cette semaine sur le Boulevard de Strasbourg, j'ai vu de nombreuses personnes qui attendaient pour avoir des billets au "Théâtre Libre", à des prix bien supérieurs de ceux de la Comédie française... 

(Théâtre Libre : L'ancien théâtre Comedia a été racheté en 2018 par le producteur Jean-Marc Dumontet, qui possède déjà les théâtres Antoine et Bobino. Il adopte désormais le nom de Théâtre Libre). Voilà pour le nom du théâtre qui m'intriguait. Je me demandais pourquoi ce théâtre était plus libre que les autres ? Je n'ai pas du tout trouvé de réponse...

Donc, journée Misanthrope, pour moi : attente bienheureuse jusqu'au soir...

Je garde toujours un exemplaire de la pièce sur ma console, placée juste devant la porte de sortie de mon appartement, si je sais que le trajet de transports en commun sera long. Il n'y a plus qu'à le glisser dans mon sac... Et roulez jeunesse !


Sur ma console, le petit livre prêt à lire dans le métro, bus, train... Vélo, trottinette...

Sur la place de la Mairie, toute proche du cinéma, il faisait beau, soleil radieux, les gens mangeaient des glaces, il y avait une file d'attente incroyable devant la petite boutique ambulante du glacier. Pas pour moi les glaces, mais une belle place sur un banc pour admirer le paysage urbain... Le temps, qui sait que vous attendez, fait toujours tourner les aiguilles très lentement, c'est un esthète, vous avez beau regarder votre montre, il est toujours trop tôt... L'attente fait partie du spectacle !

Après la contemplation des gens et de circulation ambiante, je me suis installée au bar du cinéma pour boire un thé vert...


Personne à l'horizon pour la séance qui démarrait (enfin) dans une heure, qui va venir une heure en avance faire le poireau pour une version filmée d'une représentation de la Comédie Française ? Pour l'instant, je suis seule avec mon thé, mon livre, mon téléphone et ma montre.


Pas question d'être plus loin le le quatrième rang. L'attente fait partie du spectacle !



L'affiche

Impeccable, troisième rang, pile au milieu, personne à droite, personne à gauche, le film commence : scène 1, je suis déjà dans l'action,  et voilà qu'un monsieur arrive en retard à côté de moi.

"- Alceste :

Moi votre ami ? Rayez cela de vos papiers.
J'ai fait jusques ici profession de l'être ;
Mais après ce qu'en vous je viens de voir paraître,
Je vous déclare tout net que je ne le suis plus,
Et je ne veux nulle place en des cœurs corrompus..."

Monsieur enlève son manteau, respire un bon coup, se tourne et se retourne et finit par croiser ses mains sur sa poitrine... Je me disais, ce n'est pas grave du tout, je connais la pièce presque par cœur, mais au fond de moi je rouspétais, son installation m'avait dérangée... Il allait me gâcher le spectacle.

Soliloque intérieur : mais, Danielle, laisse s'installer ce pauvre homme, ne sois pas hargneuse ! Un petit retard n'est pas un drame.

Tout va très bien, Alceste dit exactement ce que vous auriez aimé dire, exaspéré par le monde, le mensonge, l'hypocrisie... La lâcheté, tout doit partir du cœur, comme peut le faire un ado qui dit pis que pendre à ses parents... Les ados ont le droit d'être très sévères, ils ont naturellement peu de réserve... Mais les adultes doivent aborder leurs contemporains avec respect, indulgence, on ne peut pas toujours dire la vérité qui pourrait blesser inutilement... Il faut avoir un peu d'emprise sur nous-mêmes

Enfin bref, la pièce avance et Monsieur fait du bruit avec son dentier, je l'entends imperceptiblement, mais cet "imperceptiblement" me met dans une rage noire, le petit bruit finit (dans mon cerveau) par prendre la place des acteurs eux-mêmes, je ne vais pas pouvoir endurer ça pendant trois heures ! Le dentier choque et entrechoque. À l'entracte, je me déplace !

La première partie durait une heure et demie ! Je pestais (intérieurement), un entracte de 10 minutes m'a permis, rapide comme l'éclair, de me déplacer avec armes et bagages à l'extrémité du rang, où il n'y avait personne... Ouf ! Sauvée ! Au bout du rang, je sentais juste le souffle léger de la climatisation qui me passait dans le cou, pas grave, j'aurais mal à la gorge demain, mais ici je suis tranquille, plus de grincements de dents, j'avais retrouvé la sérénité. Je pouvais me laisser tranquillement submerger par mes émotions. Le Misanthrope arrive toujours à me fait pleurer de bonheur... La pièce est si belle, si émouvante, à un moment ou à un autre, je corresponds, fatalement, à un des personnages, mais Alceste reste mon préféré, il me touche du début à la fin... Facile de se retrouver en lui : la colère, l’égoïsme, l'impatience l'emportent sur la modération, l'écoute, l'empathie, mais il reste touchant, car je sens en lui ce qu'il faudrait gommer en moi pour ressembler un peu plus à Philinte...

Au spectacle, je deviens une furie (très contenue) quand j'entends le plus léger bruit à côté de moi... J'aime entendre une mouche voler (pas trop fort), je n'y peux rien... Tout bruit me parasite, même un parfum  fort peut arriver à me gêner, mais c'est plus rare.

Cette représentation filmée, je l'avais vue en vrai en février 2017 à la Comédie Française, placée comme une reine pas loin de la scène. J'avais noté sur mon agenda cette critique sévère et très brève : pas la meilleure représentation de ma vie ! Au cinéma, les prises rapprochées redonnaient du volume au jeu des acteurs... Je préférais presque le film au spectacle vivant....

J'avais vu, il y a trente ans peut-être, un Misanthrope qui m'avait enthousiasmée, l'émotion était à son comble : c'était "lui", Alceste dans toutes ses couleurs, les autres acteurs étaient parfaits, chacun avait son moment de gloire, inoubliable, jamais depuis je ne vis un Misanthrope qui surpassa cette représentation... Je n'ai jamais pu l'oublier, j'étais allée la voir deux fois de suite. Aujourd'hui, je vais voir cette pièce dès qu'elle se donne... Je suis toujours à la recherche d'une belle interprétation, le jeu des acteurs est central, le metteur en scène peut situer l'action au 17e ou transposer au 21e siècle,  peu importe, cette pièce est intemporelle, tellement elle nous ressemble encore.

J'accepte toutes les propositions, chacune peut se révéler géniale. Le texte de Molière est tellement moderne, sublime, qu'il peut se mettre à toutes les sauces, je suis déjà prête à adorer les prochaines reprises... Bravo les artistes ! Le Misanthrope, pour moi, c'est toujours la fête !

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La représentation filmée

Mes amis à très vite, j'ai toujours du plaisir à vous  savoir voir sur mes lignes... À très vite...

mardi 2 avril 2019

Lettre à Agnès : LA TRÈS GRANDE !


 Agnès Varda (1928-2019)

Chère Agnès, personne ne pourra te remplacer, tu es unique ! Depuis des dizaines d'années, je suis avec toi, tout près de toi. Déjà, quand j'étais très jeune, je collectionnais tes photos dans les programmes du TNP inventé par  Jean Vilar, tu vois, mon admiration ne date pas d'hier ! 

J'ai suivi tes Traces-d'Art jusqu'à l'annonce de ta mort ! On me dit : c'est normal de mourir à 90 ans, mais non, je ne trouve pas cela normal pour toi... Tu avais encore tant de merveilles à fabriquer. Tu vas nous manquer...

Pas un jour, pas une minute, tu n'as cessé de créer, tu n'as cessé de nous éblouir. Je dis nous, car nous sommes nombreux à t'aimer pour les Joies-d'Art que tu nous a données...

Ton originalité, ta simplicité, ton humanité, tes beautés émouvantes sont dans mon cœur, j'ai entraîné beaucoup de monde dans ma suite, et ma petite-fille (grande maintenant), que j'ai "élevée" dans ton sillage et celui de Jacques Demy (nous avions fait le gâteau de Peau d'Âne), m'a téléphoné vendredi pour me dire : Mamie, Agnès Varda est morte, je suis triste... Je ne savais rien encore, je n'avais pas encore entendu la funeste nouvelle, elle me laissa sans voix.

Chère Agnès, prends ton temps, là-haut tu trouveras peut-être des producteurs plus généreux, maintenant que tu es célèbre dans le monde entier, tu trouveras peut-être plus d'argent que de ton vivant... Ils ont mis beaucoup trop de temps à croire en toi, les producteurs...

Quand tu as sorti Les Glaneurs et la glaneuse, j'étais tellement enthousiaste que je voulais te le dire, alors, je t'ai écrit une lettre de fan, et je suis allée dans ta rue (Daguerre) pour te la remettre, comme je ne connaissais pas le n° de ton habitation, j'avais demandé à la poste de te transmettre mon mot... Ils l'ont fait, et tu m'as répondu, merci chère Agnès.


Recto


Mon verso !


L'Hommage, l'au-revoir avec des fleurs de freesias, glanées sur mon chemin urbain, je ne connais pas de fleurs qui  sentent aussi bon, aucun parfumeur n'a pu reproduire leur fragrance, inimitable, comme ton oeuvre ! J'ai une grande partie de tes films à domicile, mais je préfère les voir sur grands écrans :  fictions,  documentaires (pas menteurs), les installations nous seront peut-être un jour représentées...


Agnès, la seule chose que je n'aimais pas, c'était ta coiffure tonsurée, tu peux la changer, s'il te plait ? Sinon, fais comme tu aimes...

Je pense à toi, et je continue à regarder tes films avec passion. Merci Agnès, merci ! Porte-toi bien...

Je t'embrasse fort. 

Danielle


PS. Dis à Jacques Demy que je regarde aussi beaucoup ses films extraordinaires.