Le bronze et la rose
En 2019, je continue à ramasser les cailloux doux de ma rivière... Ces objets n'ont rien à voir avec la nouvelle année, ils sont là depuis belle lurette, et je les couve du regard...
La belle rose, je l'ai cueillie telle quelle, sur les pavés des Puces, je n'ai pas de souvenir précis sur son achat, la date à la signature me rappelle seulement son ancienneté : 1933 !
Rose avec épines
Elle était toute emballée, pas besoin de passer chez l'encadreur, une étape de moins dans l'attente de la consommation. Je l'ai posée sur le premier meuble qui me passait sous la main, et depuis, elle a fait le tour de la maison, à la recherche de la meilleure place, la plus adaptée à sa beauté, je n'ai jamais réussi à me satisfaire...
Un peu comme dans la vie, comment trouver sa place ? Sa vraie place, place durable, avec le moins d'épines possibles ? Avec les objets, c'est assez facile de les accorder avec la tapisserie... Mais nous ? Avec qui, quoi, nous marions-nous le mieux possible ? Je donne ma langue au chat...
Pour voir de près, c'est ma spécialité, je me suis équipée depuis longue date. Souvent, le jour des Puces, je partais très tôt le matin, dans le noir, quelque fois le froid, rarement la pluie, avec ma lampe et mes loupes de poche. Il m'en fallait, des instruments, pour distinguer le vrai du faux, comme dans la vie, je vous le dis, sauf que dans la vie, il faut beaucoup beaucoup mieux pour y voir clair... J'ai bien essayé la longue vue, le périscope, le microscope, les lunettes astronomiques, je n'ai rien vu venir ! Juste mes lunettes de presbyte qui ne portent pas assez loin pour voir de près... Quelques personnes pourraient voir de travers mon désir de l'observation...
Mes loupes
Avant de partir à la pêche au trésor, quel plaisir de tâter mon troisième œil dans ma poche, prêt à l'emploi. Tirer des objets le vrai du faux, une joie chaque fois renouvelée ! J'y suis toujours parvenue, sauf une fois : je me suis fait refiler une photographie rehaussée, ni vue ni connue je t'embrouille, de rage je l'ai déchirée et jetée dans le caniveau... Je n'étais pas fière de moi, m'être faite avoir, même à peu de frais, c'est un peu insupportable pour une chineuse . La cause de mon ire, n'avait donc rien à voir avec le petit prix, mais avec l’orgueil déjoué, la petite expertise malmenée : tiens ma fille, pour la spécialisation des compétences, tu peux toujours repasser... Aux Puces, tu peux toujours te faire retourner comme une crêpe, à tes dépens... Un peu comme dans la vie, nous y revoilà. Il faut travailler la philosophie dans tous ses sens, pour se sortir de tas d'ennuis, de casse-tête chinois, de vie ou de mort, de chagrins, de regrets, et comme le dit la chanson (chantée magnifiquement par Isabelle Adjani), il suffit pourtant de sortir du fond de la piscine en tapant du pied dans l'eau...
Dans la vie, l'expertise ne sert à rien, pour vivre heureux il faut vivre simplement, prendre les choses comme elles viennent... Alternons les joies et les peines, et discutons-en avec nos amis, souvent ils disent vrai, vous éclairent, ont des lumières dans tout ce qui vous reste totalement obscur...
Mais aux Puces, je suis seule juge avec ma loupe... Les objets n'ont pas de cœur, ils se laissent manipuler sans état d'âme... Ouf ! Les acquéreurs sont juste des chasseurs fragiles, sans fusils, sans armes, un simple œil de lynx suffit, ils sont un brin inutiles, mais toujours pleins d'anecdotes pour distraire leurs amis...
Dites-le avec des fleurs : l'an 2019 sera tout neuf, appliquons-nous à faire un sans faute
Prise de l'improviste, j'avais mis au frais du persil plat pour cuisiner, et heureusement, j'ai eu l'idée du bouquet de fin d'année, simple, candide, sans épine, malin... Je l'ai photographié dans toutes ses lumières, le matin à la pointe du jour, et le soir à la lumière artificielle...
Persil au matin et petite flaque d'eau
Un brin d'herbe est un brin d'herbe, il faut laisser parler la nature, un rien l'habille, le magnifie... Le persil, c'est aussi beau frais que cuit...
Je vous ai parlé de mon papillon bleu serti dans une épingle d'argent (cailloux précédents, n°5). J'ai aussi ma petite bête dorée, en boîte, je l'ai trouvée chez mon frère, juste avant qu'il ne déménage pour aller s'installer en ville, loin des moustiques carnassiers. J'avais ramassé cette cigale morte dans le chemin de son jardin... Il m'avait montré comment il avait transformé en bronze une autre bestiole qu'il avait trouvée par terre... Une simple bombe de peinture dorée avait suffi à la transformer en sculpture, j'ai fait pareil avec la mienne, et je l'ai mise dans cette petite boîte transparente... Juste pour faire joli !
De long en large, la cigale qui avait fini de chanter tout l'été
Naturellement, je n'ai pas de goût prononcé pour les bêtes empaillées ou naturalisées, mais le papillon et la cigale, je les aime comme des curiosités trouvées par hasard... La cigale est maintenant à l'abri du temps dans son sarcophage doré...
Bonne, bonne, bonne année 2019, mes amis fidèles et passagers d'occasion, laissez les belles choses, les curiosités et la fraternité envahir votre vie... Pour le reste, si vous avez des recettes pour être heureux, partagez-les !!!