dimanche 23 novembre 2014

Automne 2014 dans l'Indre... Le défilé des souvenirs...




Le tas de bois au bout du sentier

J'habite l'Indre pendant un mois par an, dans mon château, ma villa, mon jardin d'automne, que je loue chaque année pas du tout pour des raisons de santé, mais pour la joie, la beauté de tous ses sentiers. C'est une ancienne petite fermette toute retapée par le propriétaire dans les moindres détails, c'est beau, et le jardin est recouvert d'herbe drue et bien verte, il y a deux grands arbres : un tilleul et un figuier qui s'entrelacent près du vieux puits, ils ont le même âge, sans doute près de 100 ans...

Le défilé des souvenirs :

La première fois que j'y suis allée, j'avais trouvé le coin très enchanteur, les champs, les prés, les étangs, les grands arbres, les petites vignes, les hérons, les vaches en veux-tu en voilà, pas de chiens méchants dans les petites rues... Rien que des gens charmants à qui je dis bonjour, bonsoir, alors seulement, ils me répondent avec le sourire, eh oui ! même à la campagne où nous sommes plus proches, plus lents, plus visibles, demeurent quand même les hésitations de voisinage... Maintenant que j'ai de la bouteille sur le terrain il y a moins de méfiance, plus de courtoisie, il en faut du temps pour se connaître... C'est jamais gagné d'avance...


L'étang

La confiture de mûres, faite avec les baies ramassées à la main, les pieds dans les ronces, leur odeur sucrée, vanillée, divine, quand elle se mettent à bouillir dans le chaudron, en un tour de main j'en avais aligné quelques pots sur la table, chaque année j'ai recommencé... Pourtant cette année j'y ai renoncé, j'en avais encore largement assez dans mes placards pour attendre l'an prochain...

Les noix, je savais sous quels arbres il fallait ramasser les plus grosses, quelquefois quand l'année était moins bonne je glanais aussi les petites, il ne fallait pas faire la difficile, l'année dernière je les ai toutes épluchées, enlevé même la petite peau si fine, je les ai mises dans des pots en verre et quand j'ai voulu les manger, offrir, elles étaient toutes moisies, j'ai tout jeté... Tristement ! Mais non Danielle, il ne fallait pas faire comme ça, tu dois juste les casser sans te presser, l'hiver au coin du feu ou de ton radiateur, ne t'embête pas avec la petite peau, tu les mets au congélateur, ça marche très bien... Je vais faire comme ça...


Les noix

Les noisettes, j'en ai rempli de pleins paniers, j'allais chez une voisine qui avait un petit parc aussi beau que le Paradis, à la fin du mois de septembre, aux pieds des noisetiers, il y poussent des milliers de cyclamens sauvages, des violets, des blancs, pour la cueillette des noisettes il fallait faire attention à ne pas piétiner les fleurs... En choisissant les plus grosses, elle me racontait ses voyages à l'autre bout du monde, me montrait les photos, m'expliquait tout ! C'était passionnant... On s'asseyait sur un banc...


Les noisettes

Les fruits du grand figuier, bien en évidence au dessus de la table de la salle à manger du jardin, étaient toujours mûres à point pour les desserts, cette année j'ai essayé d'en faire de la confiture, je ne l'ai pas encore goûtée, j'attends les crêpes et les copains pour la Chandeleur, un peu avant ou un peu après, nous avons toujours autant de plaisir à les manger, mais la confiture qu'ils préfèrent c'est quand même celle que je fais avec des oranges achetées chez le marchand du coin, celles des mûres et même des mirabelles viennent très loin derrière... Mes clients sont difficiles.



Le désert réjouissant au dessus de la table en plein air

Les grosses salades du jardin de mes hôtes, les haricots verts, les courgettes, les tomates et les aubergines me sont livrées presque tous les matins, avec le sourire, le bonjour et les baisers, tu n'as besoin de rien d'autre ? Merci c'est merveilleux, merci mes amis.

Tous les jours j'ai besoin de toute la beauté du coin, de respirer, de marcher dans l'herbe, de regarder le ciel étoilé...




Les cadeaux du jour

Souvent avec les légumes du jardin, il y avait quelques grappes du raisin qui commençait à être mûr, en échange, je prenais des nouvelles de la famille, du voisin, on parlait de tout ce qui n'allait pas si bien que ça, maintenant qu'on se connaissait depuis des années on ne se gênait plus pour se lamenter sur les mauvais jours, les mauvaises nouvelles qui font mal, qui blessent, qui tenaillent, qui font souffrir plus que d'autres, on se prenait dans les bras... C'étaient les brassées de certains matins... Tu fais quoi cet après-midi ? Je vais voir les champs, je roule, je pédale, je vais faire mes petits tours parfumés aux odeurs de l'automne... Tu as raison, bonnes promenades, fais attention... Tu as mon numéro de portable ? Je l'avais...



En voiture Simone

Les odeurs, celles des feux de feuilles, de branches et d'herbes, quelle bénédiction, il fallait attendre d'être dans le bon vent, celui qui garde la fumée bien droite, c'est la loi, il ne faut pas enfumer son voisin, mon hôte savait que je prenais ses flammes en photo, il me prévenait : Danielle, je prépare un feu pour demain... Quand il avait déchargé ses tombereaux de végétaux, il plantait sa fourche juste devant, le feu changeait de hauteur presque tous les jours, il renaissait de ses cendres au fur et à mesure que le grand jardinier  nettoyait le petit parc, il coupait, égalisait, élaguait, et transportait ses coupes dans une jolie petite charrette jusqu'au tas de bois vert à brûler... Alors-là, les odeurs se répandaient jusque dans nos maisons respectives, j'avais juste envie de respirer jusqu'à complète extinction du feu... 


Le beau tas d'herbes au début, devant une rose trémière


La rose trémière a chaud, le feu crépite



Le petit cratère du soir


Mise à jour du tas un matin suivant


La petite charrette de ramassage

Les vaches dans les prés, toujours tranquilles, tiraient la langue, faisaient claquer leur queue, bougeaient leurs oreilles pour chasser les mouches, pissaient un coup, bousaient mollement à qui mieux mieux, c'était toujours une merveille de les voir, on se regardait de longs moments dans les yeux jusqu'à ce qu'elles abandonnent la place pour continuer leur repas... Souvent je m’asseyais juste devant elle, mais pour me relever, il fallait que je tire sur mes bras pour que mes jambes en fassent autant... Quel travail !



Les belles curieuses

Les cygnes, les hérons, les ragondins, les canards glissaient les uns à côté des autres sans se déranger, ils formaient des ronds, des triangles, des zigzags sur la surface de l'eau, l'étang est toujours resté ma promenade favorite, je restais des heures dans le silence, la beauté, la lumière et le doux froufrou des ailes des oiseaux sauvages qui se déplacent dès le moindre bruit, de temps en temps une carpe sautait par dessus l'horizon, juste pour se détendre...


L'étang bleu

À la ferme d'à côté, où toutes les vaches sont enfermées pour la traite de leur lait, pas de sortie pour elles, elles doivent rester à côté de la trayeuse électrique, matin et soir, leur lait coule dans les tuyaux, la paille de leur litière est changée deux fois par jour, mais le spectacle reste pitoyable, il ne vaut pas celui que donnent leurs collègues dans les champs... Ici, elles ont très vite de la merde jusqu'au cou, on peut dire tout ce qu'on veut, moi je les plains...


Les emprisonnées

Je bavarde avec l'éleveur, il répond à toutes mes questions, il ne me cache rien, je crois, il est pour les grands rassemblement d'animaux dans les fermes des 1000 vaches, plus besoin d'importer le lait, savez-vous que tous les yaourts de chez Danone sont faits avec du lait qui vient de Lituanie ? Pas du tout, je ne sais rien de tout ça...

Il continue de faire un élevage pas du tout intensif de deux gros cochons roses pour avoir à disposition les jambons, les boudins, les côtelettes, tout ce qui fait du bien avec de la purée ou des patates sautées...

Derrière l'église, il y a un petit chemin exposé tout le temps au soleil, il traverse des jardins, tout le long des petits murets de pierres sèches, les fleurs et les arbres dépassent, il faut que je me mette sur la pointe des pieds pour apercevoir plus facilement les pommiers et les plans de tomates... On n'entend rien de ce côté-là, pas de voitures, pas de promeneurs non plus, je suis toujours seule à suivre ce sentier...


Le petit chemin derrière l'église, le mur de pierres sèches

Les reines des reinettes sont les seules pommes que j'aime à la folie, cette année je n'en ai trouvées aucune, j'ai roulé, roulé jusqu'au seul coin où je sais qu'elles poussent sur un grand pommier sauvage, cette année pas une à me mettre sous la dent, quel dommage pour les tartes et les compotes... Il faudra attendre l'année prochaine, j'espère !

Le petit chemin vert, les gens d'ici l'appellent "la routine", tout à côté de chez moi, est un objet d'admiration permanente, du matin au soir il change de vert, vert d'eau jusqu'au vert bouteille, j'ai juste une porte à pousser, vous le verriez, vous en tomberiez tout de suite amoureux... Voilà où j'en suis.


 La routine au soleil



Un peu plus tard, jamais trop tard


Plus près

Je ne peux pas vous parler de tout ce que j'ai vu, ça finirait par vous ennuyer... Cependant, encore un dernier mot : l'atelier de mon hôte, un grand hangar plein de trésors (il fait tout dans sa maison et son jardin) est très, très, très bien rangé, même plus que cela, j'y ai vu des tableaux, des obsessions, des marottes, j'ai tout pris en photos et je lui ai montré les photos de ses œuvres, il a ri, et puis j'ai pris tout ce qui traînait dans le jardin, tout ce qui me plaisait, il m'a dit, mais c'est incroyable Danielle, tu as les yeux partout, toutes ces choses que je ne voyais plus... Il n'en revenait pas de tout redécouvrir, depuis, il ne fait pas plus attention qu'avant, il me laisse aller partout en toute liberté, c'est vraiment bien... Dans son jardin, son hangar, j'ai tout le temps fait des découvertes... Une fois sur ma tablette et sur Facebook, nous les regardions ensemble... Je vous en fais profiter :

Les beaux tuyaux et les outils du hangar de mon hôte :










De l'ordre certes, et des harmonies parfaites

Dans le jardin de mes hôtes :







Des ombres, des lumières et des couleurs

Prochaine promenade : Brescia la Lombarde,  la belle des belles...

vendredi 21 novembre 2014

Voilà c'est fait, ma voisine Alice a 100 ans !





Samedi tout le monde avait sorti ses beaux habits, le champagne coulait à flots, les fleurs arrivaient par wagons, les paquets, les cadeaux tenus à bout de bras par les visiteurs étaient de toutes les couleurs, les petits, les gros, avec des rubans et des bolducs blancs…

Quand je suis arrivée à la salle municipale, louée pour l’occasion par sa famille, il y avait un brouhaha sympathique, les appareils photos crépitaient doucement, un petit peu par-ci, un petit peu par-là, s’il vous plait souriez, parfait, c’est pour la postérité…

Sur une grande table tout était disposé aux regards, les présents et les fleurs, je ne suis pas restée jusqu'au bout pour voir la distribution… Mais vu l’amoncellement, ça a dû prendre un sacré moment…

Les bavardages allaient bon train, la famille, les locataires (les plus anciens de l’immeuble, ceux qui la connaissaient de près), les amis de tous âges,  le Maire est arrivé avec son photographe, allez madame Alice, vous serez dans le journal, c’est pas tous les jours qu’on a 100 ans !

Je voyais Alice qui courrait partout, elle n’entendait rien mais souriait à tous, comme elle le fait d’habitude, elle sourit avant les mots, elle fait comme elle peut… Je me disais, elle qui ne voulait pas de fête, la voilà servie…

Après il y eut un repas pour la famille, ils étaient au moins quarante m’a-t-elle dit plus tard, il y en avait, il y en avait, le lendemain nous avons encore déjeuné avec les restes pour 15 personnes, vous vous rendez compte…


Hier encore j’ai eu de la famille qui arrivait de Suisse, nous étions cinq, c’est moi qui ai préparé le repas... Je n’en revenais pas, mais comment faisait-elle, Alice, pour trouver tant d’énergie ?...

Danielle, j’ai eu plein de cadeaux, mais comme les noms ne sont pas marqués dessus, je ne sais plus de qui ça vient, il faudra que je vois ça avec ma fille.

Elle allait promptement vider ses tiroirs pour me montrer le beau pyjama de soie bleue, l’écharpe rose en pur cachemire, venue d’une grande maison, le foulard bleu en coton fin. Les fleurs, il y en avait partout, devant la télévision qu’elle ne regarde jamais, une énorme corbeille de fleurs de toutes les couleurs, des glaïeuls blancs, des roses, des roses, des roses... Quand je suis entrée chez Alice il y avait une odeur de jardin qui flottait dans l'air, un jardin de toutes les saisons, de tous les horizons, c'était le blanc et le mauve qui dominaient, des couleurs douces comme des bonbons au miel...

Dans sa cuisine encore des fleurs, des orchidées mauve tendre, des grands papillons, en pleine floraison, une vraie beauté... Regardez ! Un à un elle me faisait faire le tour de ses vases : j’adore les fleurs et là et encore là, voyez !

Puis nous nous sommes assises sur son canapé et nous avons un peu parlé du dessous des cartes : vous n’êtes pas trop fatiguée, Alice ? Crevée, je suis crevée, ce soir je vais me coucher très tôt, dans la salle je n’entendais rien, quand il y a plus d’une personne c’est le brouillard, ça me résonne dans la tête, pourtant j’ai des amplificateurs d’oreilles tout neufs, mais c’est pareil, plus d’une personne, je ne distingue plus rien… Elle vous dit tout ça avec le sourire, et ses grands yeux bleus sourient aussi.



A Noël ils vont vouloir m’emmener je ne sais pas où... Mais vous serez fatiguée, Alice... Ah ! Fatiguée je m’en fiche, j’ai largement l’âge de mourir ! Le plus tard possible Alice, le plus tard possible, elle souriait encore, mais je savais qu’elle était prête pour le grand saut depuis longtemps...

Bon, Alice, je vous laisse, terminez bien votre repas, allez vous coucher de bonne heure, je reviens vous voir très vite...

Alice a 100 ans, je suis émerveillée par sa vivacité, son esprit vif, sa silhouette fine et ses cheveux toujours parfaitement coiffés...





 Alice attend que ses cent ans se passent d'elle... 
  

lundi 17 novembre 2014

Venise juillet 2014... L'office à l'église grecque (10)



Fondamenta S Lorenzo, le campanile de l'église grecque

J'étais venue bien en avance, comme d'habitude, mais vraiment en avance, je tournicotais de droite et de gauche, tiens, je n'avais pas remarqué ce glacier artisanal avec ses parfums originaux, sa vitrine était couverte d'articles de journaux, de guides qui vantaient ses mérites, un endroit unique, il faudra goûter ses délicieuses glaces, ce que je ferai l'année prochaine... Promis, juré... Mais pour l'heure, j'allais à la messe orthodoxe...

Cette commerçante qui vend de belles perles au détail... Il faut que j'y revienne voir de plus près, tiens, de jolis marque-pages décorés avec des perles, de Venise ? Pour les perles, rien n'est moins sûr, mais ces petits cadeaux feront des heureux quand même ...

J'ai tout le temps qu'il me faut pour faire quelques petits achats, souvenirs, plaisir... L'église orthodoxe (16e siècle) est près de tout, dans un endroit que j'adore, il suffit de passer le pont pour entrer dans son petit jardin, les portails des voies d'eau sont toujours fermés, rouillés, plus personne n'arrive en barque à la messe...



Le petit mur d'enceinte de l'église


Les grilles dorées, rouillées de l'entrée par la voie d'eau à la petite église orthodoxe grecque

Juste avant le pont, près du café qui fait l'angle menant à l'église, il y a toujours deux chaises dehors pour les gondoliers, j'y prends place un instant, personne ne me dérange, il est trop tôt pour la prise du service des gondoles, voilà qui va me permettre d'attendre l'heure de l'office sans me fatiguer..


La place occupée par des gondoliers sous le parasol

Le long de la fondamenta, en levant les yeux à la hauteur du premier étage, j'admire toujours cette figure de Saint Laurent qui donne fièrement le bras à son instrument de torture, la sculpture blanche est superbement mise en valeur sur l'ocre lumineux du mur...


San Lorenzo, souriant, serrant son grill de torture

Plus loin, en passant le pont, on arrive sur ce beau campo San Lorenzo, toujours désert et ensoleillé : une maison de retraite (sur la gauche), quelques bancs pour les résidents et les passants, les nombreux chats, la grande église (allez voir le beau blog d'AnnaLivia pour mieux connaître l'histoire et les mystères de cette église)... Sa façade reste de briques depuis des siècles, elle clôt le fond du campo, déconsacrée, elle n'est jamais ouverte au public, à l'intérieur tout tombe en ruine, mais elle reste impressionnante, les grilles de clôture du couvent sont encore en place, on peut y pénétrer lors de certaines expositions temporaires pendant les Biennales d'art contemporain... Je suppose que la maison de retraite doit exister dans les anciens locaux du monastère, entièrement transformés sans doute...


Le campo San Lorenzo (emprunté sur internet)


Triomphe des couleurs et de la douceur au coin du campo San Lorenzo

Dans le secteur il y a tout à voir, à revoir : les couleurs, les mystères, les beautés des palais, les reflets de l'eau présente partout, et il faut toujours beaucoup compter sur les découvertes... Assise sur le campo San Lorenzo, souvent je me suis dit  : pourvu qu'ils ne changent  rien ici, l'espace appartient aux personnes âgées, malades ou dépendantes, les fauteuils roulants peuvent y circuler en toute sécurité... Les chats y prospérer allègrement...

Il me semble bien que l'heure de la messe était à 10h30 le dimanche, j'étais quasiment la première "paroissienne" en avance, je suis allée m'asseoir discrètement sur les stèles en bois sculptés sur le côté, dans l'église orthodoxe il n'y a pas de bancs dans le chœur, les pratiquants se tiennent debout, après avoir embrassé les différentes icônes dès leur arrivée, quelques laïques tournent les pages des livres de chants posés sur un grand lutrin tournant en bois sculpté, ils attendent le début de l'office.

J'ai tout mon temps pour admirer le grand mur d'icônes disséminées dans l'or, l'ange Gabriel et la Vierge Marie (l'Annonciation) se partagent la lumière de l'ouverture toute ronde, tout en haut du panneau qui fait rentrer le soleil, la superbe croix grecque s'impose magnifiquement...


Un mur d'or et de couleurs, tout en haut un rond de lumière, et très peu de monde

Bien assise sur mon banc un peu dur j'attends le début de l'office, nous sommes trois ou quatre personnes, une jeune femme alors placée plus avant, près du mur d'icônes, me fait signe de venir la rejoindre, je fais donc le déplacement et reprends ma place de sphinx. Les prêtres officient derrière le mur, à peine visibles par la porte centrale tout le temps ouverte, les laïques psalmodient, les chants que j'attendais ne viennent jamais dans la beauté que j'espérais...

Les stèles en bois ne sont pas confortables, je tournicote un peu pour mieux m'installer, une dame s'avance vers moi, encore une qui s'occupe des visiteurs, mais pas du tout, elle me dit avec un air renfrogné : on ne croise pas les jambes dans une église, et vlan !

Me voilà avertie, au moment où un groupe de touristes slaves entrent pour faire masse, chacun connaît le rituel, baisers aux icônes, petit instant de recueillement devant le mur d'or, trois petits tours et puis s'en vont... J'ai profité de l'envolé des fidèles de passage pour m'éclipser en douce...

Pas très prenant l'office chez les orthodoxes grecs, surtout avec si peu de monde, comme à l'église arménienne...

En sortant j'ai retrouvé le soleil éclatant, le ciel bleu, j'ai continué ma promenade... Au bout de la fondamenta, le linge brillait dans le soleil...


Le linge comme de grands drapeaux blancs...


Il suffit de passer encore un pont pour se retrouver devant la scuola San Giorgio degli Schiavoni (XV/XVIe siècles), dont la décoration intérieure au rez-de-chaussée est composée d'une dizaine d'oeuvres de Vittore Carpaccio... Rien n'a bougé, semble-t-il, depuis cette époque...





Extraits de l'oeuvre de Carpaccio, pour donner envie d'aller la voir de plus près...

Prochain épisode je ne sais pas bien encore... Affaire à suivre !