mardi 21 décembre 2010

Partir en voyage... Loin... Très loin.


Je ne suis jamais partie très très loin, jamais dépassé 8h d'avion d'affilée...

Aujourd'hui, je pars demain... Très loin, en Indochine, pour 15 jours... Vous n'imaginez même pas les préparatifs...

Au début du projet : oui, ça serait bien, pourquoi pas, il doit y avoir de merveilleux paysages, tant de choses à découvrir, une histoire intéressante...

Il y a toute la partie : il faut prendre les billets, courir les agences, faire des comparaisons, pourvu qu'on ne se fasse pas arnaquer... Où pourrais-je bien aller ? ça coûte combien ? Il faut des visas ? Les avions : c'est sûr ? Il fait beau, il fait chaud ? C'est pas la mousson, ouf !

L'Amie !! C'est exactement ce qu'il me faut, j'en ai une justement qui fait ce travail-là, quel beau métier, elle travaille dans une agence de voyage, elle va tout faire pour moi, bien me conseiller, me fabriquer un voyage fabuleux, pas de soucis, je passe par elle. Un petit coup de fil, j'explique l'affaire et en voiture Simone.

Le projet prend du corps, à part faire le chèque, rien à s'occuper...

Mais... L'Amie ne fait pas l'Asie, elle me refile à une copine, qui connaît très très bien le coin, son agence est totalement spécialisée, je te la garantis, elle est sérieuse, tu peux y aller les yeux fermés, tu verras, elle est efficace, je lui fais un mail tout de suite, confiance... Tu ne vas pas le regretter.

Rien n'est encore tout à fait décidé, mais je consulte déjà des guides, je regarde des livres, je consulte la météo locale. Dans le guide, je découvre 2000 ans d'histoire passionnante, extrêmement remuante, des guerres et invasions, des massacres... Après l'histoire, c'est la géographie... Jamais je ne vais m'en sortir, trop c'est trop... Déjà dans l'Indre, il fallait en connaître un rayon sur le Berry, ses écrivains, ses peintres, ses châteaux, ses jolies fermettes, ses recettes culinaires, sa paysannerie... Pour me sentir immergée dans le département, pendant un mois... Alors vous pensez, l'Indochine, même pour 15 jours !

Panique à bord, par quoi commencer, l'histoire ou la géographie, les maladies tropicales, les transports locaux, comment faut-il s'habiller, les hôtels, les dangers, les moustiques, les diarrhées et les vaccinations... ?

Tu verras, les temples d'Angkor, une vraie merveille...

Les visas, combien de temps à l'avance ? L'obtention du visa vous permet d'aller dans les beaux quartiers, j'ai en poche mes plus belles photos, enfin je vais voir des gens du pays... Pourvu que je n'oublie rien, qu'ils ne me disent pas de revenir... Pour le DTPolio, c'est mieux d'aller à l'hôpital, c'est plus sérieux.

Tu verras, les paysages, les rizières en terrasse sous le soleil, c'est divin.

Ah ! J'oubliais la monnaie du pays, comment ça marche là-bas ? On peut payer en dollars, en euros, en riels ? Bien sûr, pour tout savoir sur les combines, les bonnes affaires, je file sur les forums avec Internet, alors-là tout devient opaque, personne ne dit la même chose, il faut repartir à l'attaque.

Tu verras, c'est un pays magique, pas trop de touristes encore, c'est le moment.

J'ai entendu dire qu'il fallait faire attention à ses petites affaires, pas de bijoux, pas trop d'argent sur soi, pas d'ostentation... Bon, justement mon appareil photo est tout petit, je prends mon sac à dos en toile, le tout vieux, aucun objet de luxe...

En guise de préparation, je suis allée au cinéma voir le film "L'Empire du milieu du sud", dont je vous ai parlé dans mon post du 14 décembre, tout sur le Vietnam, rien sur le Cambodge, raté...

Les gens sont extrêmement gentils et accueillants, tu verras...

Faire la valise, c'est vraiment bien, le départ approche, il faut tout fleetoxer avec de l'anti-moustique qui dure longtemps, finalement le dernier commerçants à voir dans l'histoire, c'est le pharmacien, qui augmente un peu la facture du voyage.

J'emporte mon chapeau ? Des chaussures fermées ? Un parapluie ? Où je vais mettre mes vêtements de neige en arrivant à l'aéroport ? Dans 24h il fera 30° !

La cerise sur le gâteau, je connais une personne, qui connaît une personne qui est Cambodgien, qui habite vraiment là-bas, vous parlez d'une chance... Allez, on commence la correspondance via Internet tout de suite... J'ai des tas de questions à lui poser.

Plus qu'un jour pour téléphoner partout, à ma famille, mes amis, joyeuses fêtes, bon Noël... Prenez soin de vous...

J'y vais, la vie passe comme un éclair, je vous raconte tout en revenant, attendez moi, passez de bonnes fêtes...


samedi 18 décembre 2010

J'ai vu les oeuvres de Henry Darger à Lausanne...


Et j'en suis restée baba !! Je ne connaissais absolument pas cet artiste, et ça a été une vraie découverte, un vrai bonheur.

Au musée d'Art brut de Lausanne, j'y suis rentrée, il faisait jour, j'en suis sortie, il faisait nuit... Bien sûr, vous me direz qu'en hiver, la nuit tombe vite... Mais non, le temps a passé comme un éclair.



Au fond du musée, il y avait une salle entière qui lui était dédiée, de grandes fresques en papier, encadrées entre deux plaques de verre, et suspendues dans la pièce, cette disposition permettait de tourner autour et d'admirer recto/verso avec le même émerveillement.

J'ai essayé de comprendre la signification de ces magnifiques peintures, je me suis bien concentrée, mais rien ne m'a été révélé. Alors, je me suis attachée à retrouver des impressions connues, devant des jeux, un monde d'enfants, j'ai vu des croix, des anges, j'ai pensé à la religion, à la guerre puisqu'on y voit des hommes armés, à des monstres humains, puisqu'il tuent des petites filles sous nos yeux, j'ai vu des êtres surnaturels avec des queues et des ailes... Rien, rien ne m'a aidée, une idée en chassait une autre, le pouvoir évocateur de ces imageries restait muet, ça partait dans tous les sens, rien ne tenait debout dans les histoires, je voyais un monde à l'envers, de gentils enfants, des adultes cruels, des paysages, des papillons, un bout d'histoire des Etats Unis ?... Pas sûr, tout restait opaque, il faudra attendre de taper Google, d'aller sur les sites spécialisés en Art brut, lire Wikipédia pour découvrir le monde fantastique d'Henry Darger.





Alors, mieux vaut ne pas tenter un déchiffrage immédiat du sens, et se laisser emporter par la force, l'étrange et la beauté des couleurs, la transparence et la délicatesse des aquarelles, les imageries totalement imaginaires, les agencements des formes, les cadres, les points de vue originaux. L'harmonie picturale est totale...

Voilà donc, si vous voulez en savoir plus, ce que j'ai trouvé sur Wikipédia, à vous de faire le reste pour faire parler l'oeuvre, et puis allez vérifier à Lausanne la beauté de son art...



L'histoire singulière d'Henry Darger :

"Il voit le jour le 12 avril 1892.

Sa mère meurt lorsqu’il a quatre ans. Du témoignage même de Darger, il fut bien traité par son père avec lequel il vécut jusqu'en 1900. Dans les temps précédents sa mort, ce dernier était trop faible pour s'occuper de son fils qui est pris en charge par l'établissement catholique qu'il fréquentait alors. Son comportement perturbe ses camarades qui ne tardent pas à le traiter de fou. Il parle seul, de manière irrépressible et inopinée. Il est probablement affecté par le syndrome Gilles de la Tourette.

Persuadé d'avoir un don lui permettant de savoir quand les adultes lui mentent, il se montre très rétif à toute forme d'autorité. Sa pratique ponctuelle mais récurrente de l'onanisme en public (self-abuse, comme le diagnostiquent pudiquement les docteurs qui l'examinent), finira par le faire interner en 1905. Il séjournera plus de 7 ans à l'Institut Lincoln (Illinois), réputé pour la sévérité des traitements que les internés y reçoivent. Il tente de s’en évader à plusieurs reprises. C'est lors d'une de ces fugues, en 1908, qu'il est témoin d'une puissante tornade qui ravage alors le Comté de Brown dans l'Illinois. Ce cataclysme laisse des traces prégnantes dans l’imaginaire de Darger, comme en témoigne le motif récurrent de la tempête à l’intérieur de ses tableaux.
À 16 ans, lors de sa troisième tentative d'évasion, il parvient à regagner Chicago. Il y trouve l'aide et le réconfort de sa marraine. Elle lui trouve un emploi de portier dans un hôpital catholique où il travaillera jusqu'à sa retraite, en 1963. Il commence alors à régler sa vie selon un emploi du temps immuable. Catholique dévot, il assiste à la messe jusqu'à cinq fois par jour. Il collectionne pour les amasser des détritus de toutes sortes (jouets, figurines religieuses, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines et bandes-dessinées). Il consigne quotidiennement, dans un journal, l'état de l'atmosphère et les erreurs commises par les météorologues dans leurs prévisions. Cette vie de réclusion et de solitude est à peine infléchie par la seule amitié qu'on lui ait jamais connue, et qui le lie à William Scholder. Tout deux s'investissent dans des œuvres de charité dédiées aux enfants abandonnés ou maltraités. Scholder décède en 1959.
De 1930 à 1973, Darger occupe la même chambre à Chicago, au 851 W Webster Avenue, non loin du Lincoln Center Park, dans le quartier de North Side. C'est là qu'il se consacre secrètement à l'écriture et à la peinture. Personne ne sait combien de temps lui a demandé la composition de son œuvre. Outre les Royaumes de l'irréel, il rédige son autobiographie (L'Histoire de ma vie, 5084 pages). Ce n’est qu’après sa mort que l’œuvre à laquelle il a travaillé toute sa vie est découverte. En 1973, Nathan et le Kiyoko Lerner, les propriétaires de l’appartement loué par Darger, mettent au jour les réalisations de l’artiste. Lerner est un photographe accompli et reconnu, ayant notamment travaillé pour le New-York Times. Il perçoit immédiatement l'intérêt du travail de son locataire et se charge de créer une fondation destinée à mettre ce fonds en valeur. Il aidera beaucoup à la réalisation du documentaire de Jessica Yu sur la vie et l'œuvre de Darger.
Henry Darger est inhumé au cimetière All Saints de Des Plaines (Illinois), dans le carré réservé aux personnes âgées des Petites sœurs des pauvres. Sur sa pierre tombale, il est décrit comme un artiste et un « protecteur des enfants ».




mardi 14 décembre 2010

Mes dernières toiles (3)... L'Empire du milieu du sud.



Ayant lu rapidement une critique de ce documentaire dans Télérama, je me suis dit, c'est pour moi : des beaux paysages, l'histoire de l'Indochine, Jacques Perrin aux commandes, projeté dans un cinéma que j'aime, l'Arlequin, rue de Rennes, j'y vais...

J'aime bien le quartier, tout à côté des églises Saint-Sulpice et Saint-Germain-des-Prés, et puis pas loin non plus le théâtre du Vieux Colombier, j'en ai profité pour aller lui tirer le portrait, et puis après je vous ai raconté ma mésaventure... (l'argent perdu, voir post du 6 décembre).

Comme à chaque fois que je me promène dans Paris, je vois les commerces bouger, changer de main ou disparaitre... C'est la bougeotte de la grande ville.

J'aime bien arriver un peu à l'avance au cinéma, surtout à l'Arlequin, qui propose aux spectateurs un petit bar très joli, très coloré, où il fait bon patienter en lisant le programme.

Au théâtre c'est pareil, j'aime être là avant l'heure, pour savourer le plaisir du moment à venir, voir le décor, regarder les gens, ce temps-là fait partie de la représentation... Comme je suis une inconditionnelle du 1er rang, dans les salles à placement libre, je stationne près de la porte d'accès à la salle, pour être sûre de l'avoir, j'arrive donc impérativement plus tôt ! Tous mes amis le savent et tout le monde en rit.

J'ai donc eu mon petit temps d'avance au cinéma, y avait du monde pour ce film, mais pas au point de faire salle comble tout de même.

En fait, le documentaire retrace uniquement l'histoire du Vietnam, je pensais qu'on y verrait un peu le Cambodge où j'ai le projet d'aller faire un tour dans très peu de temps... Suite aux prochains numéros !

L'histoire coloniale, les guerres au Vietnam, envahi tour à tour par les Japonais, les Français, puis les Américains... Des documents uniquement historiques, des images d'archives exceptionnelles provenant du monde entier... Les morts, les douleurs, les pleurs, les espoirs d'un pays martyrisé... Les textes, en voix off, étaient constitués uniquement d'extraits littéraires vietnamiens, français et américains... D'une grande portée historique, et pleins d'émotion.

Finalement, devant l'intensité, l'intérêt, et l'émotion suscités par les images, j'oubliais très vite le Cambodge pour me concentrer sur le Vietnam.

Un beau document à voir, pour le souvenir, l'histoire, la beauté des paysages, dans la paix retrouvée...



samedi 11 décembre 2010

Mes dernières toiles (2)... Potiche de F. Ozon.



Ce film est drôle, plein d'humour, extrêmement féministe, plein d'acteurs magnifiques, spécialement Catherine Deneuve qui m'émerveille, la mise en scène est éblouissante.

J'ai beaucoup aimé le parti pris de reconstitution d'une époque, les couleurs si bien choisies jouent un rôle énorme (comme dans les films de Jacques Demy), dans la beauté de tous les paysages intérieurs, les décors, les costumes, donnent au film une vraie personnalité, la signature d'un cinéaste confirmé... Vous voyez : pas déçue du tout par Potiche, décidément, F. Ozon fait du beau boulot...


J'avais totalement adoré 8 femmes (2002) avec toute une brochettes d'actrices éblouissantes, bien aimé également Sous le sable (2001) avec Charlotte Rampling, sensible et émouvant, Le temps qui reste (2005), conquise encore par le petit délire de Ricky (2008) avec Alexandra Lamy, boudé par la critique et le public, je crois.

Peut-on dire que je deviens une inconditionnelle de ce cinéaste ? OUI !

Ces sujets d'inspiration sont très diversifiés, il excelle dans tous les genres, surprend avec talent.

Bon, revenons à Potiche, inspirée d'une pièce de théâtre de Pierre Barillet et JP Gredy, interprétée par Jacqueline Maillan (1983), que je n'ai jamais vue. Le propos : l'ascension des femmes, d'une femme soumise, qui devient une femme d'action et excellente négociatrice avec les ouvriers de l'usine de son industriel de mari... Bien sûr tout est cousu de fil blanc, et nous suivons avec plaisir cette ascension-là... Réjouissante et tonique.

Les autres acteurs sont tous excellents, Depardieu, Lucchini, K. Viard, Godrèche... Deneuve, maternante et décidée, diablement énergique, ira... Jusqu'au combat politique, en chantant...

Si vous voulez passer un bon moment, voir de bons acteurs et vous régaler d'une belle mise en scène... Pas d'hésitation, ce film est pour vous.

Les dialogues sont savoureux, j'ai bien ri... Peut-être rirez-vous aussi ?

jeudi 9 décembre 2010

Mes dernières toiles (1)... Alamar

Le film de Pedro González-Rubio (Mexique) se déroule au large de la barrière de corail de Chincorro : sa beauté et sa fragilité lui ont par ailleurs value d’être inscrite en 1996 comme Réserve Naturelle de la Biosphère par l’UNESCO, et elle pourrait prochainement être nommée Site d’Héritage Mondial, avec sa biodiversité unique et endémique.

D'entrée voilà le paysage posé, magnifique, entre la mer et sa faune, le ciel et ses oiseaux... Seulement trois personnages principaux : le père, le fils, le petit-fils... Et le héron...

Le petit garçon, enfant de divorcés, rejoint son père au Mexique pour une petite période de vacances.

Ils vivent ensemble, avec le grand-père, dans une maison sur pilotis, ils pêchent tous les jours et cuisinent le produit de leur pêche, les repas se prennent devant l'océan...

Les apprentissages et l'affection se distribuent sur trois générations, sous nos yeux.

Jorge, le père, aime, protège, et initie son fils à observer la nature, à la connaître et à l'aimer.

Le grand-père, jeune encore, fait allusion à la vieillesse, il plonge et replonge dans les fonds marins, l'heure de sa retraite n'a pas encore sonnée...Heureux, il profite de la présence de son fils, et de son petit-fils.

Natan, le petit garçon, ouvre les yeux, les oreilles, et reçoit l'amour de ses père et grand-père dans la joie la plus totale. Il apprivoise un héron blanc qui vient lui rendre visite dans leur maison aquatique.

II découvre et apprend de la vie... Avec plaisir, prudence et nécessité, la pêche, la cuisine, les rencontres amicales... Le temps passe... Avec amour beauté et bienveillance.

À la fin des vacances, il faut repartir vers Rome, où sa mère l'attend...

Le film est somptueux, l'émotion est toujours présente grâce au regard précis du réalisateur sur les petits gestes des adultes, protecteurs, affectueux, encourageants, qui poussent l'enfant à prendre des risques mesurés. Les détails de la vie quotidienne, sont comme des paroles d'amour, qui en disent long sur les liens qui se tissent entre ces trois personnages, le paysage grandiose... Et le héron.

Si le film passe près de chez vous, et même un peu plus loin, courez le voir... Prenez un mouchoir, l'émotion est forte comme la mer.

mardi 7 décembre 2010

Pour ne pas perdre les mots de tous les jours...

Vous le savez maintenant, je suis une collectionneuse...

Je garde les mots de tous les jours comme des pierres précieuses. Pas facile à garder, je me donne beaucoup de mal, car ils sont tellement fragiles, sitôt dits, sitôt envolés...

Alors je note dans ma tête ceux de l'ascenseur, du palier, du trottoir, du supermarché, du marché... Et bien d'autres lieux où les mots se distribuent...

L'autre jour, je rencontre une voisine, celle qui parle beaucoup beaucoup, elle est comme ça... Et ne pleure jamais, même quand elle est triste. Ce jour-là c'était très grave, elle avait perdu sa maman, elle tournait et virait pour tout absorber, le chagrin, les souvenirs et tout ce qu'on doit faire pour préparer les obsèques...

Au milieu d'une phrase, j'ai vu ses yeux devenir tout rouges, ses paroles tremblaient un peu, oui, ça me rappelle la mort de mon frère,et nous nous sommes embrassées pour nous rapprocher, nous aider, sans beaucoup de mots, juste une étreinte.

Sur le trottoir, la belle Alice, ma voisine de 96 ans, revenait bredouille de ses courses pour Noël : ben, Alice comment ça se fait, vous n'avez rien trouvé ? Si, j'ai trouvé, mais nous n'avons rien acheté... Ah bon ? Mais oui, tout est beaucoup trop cher, vous vouliez acheter quoi, Alice ? Des vêtements, que voulez-vous acheter à Noël, mais ce n'est pas possible, nous sommes nombreux dans la famille, des habits, ça n'est plus possible, à la mode, beaucoup trop chers. Aïe ! Alice, il faut réfléchir à nouveau, ne pas désespérer, vous allez trouver un cran en-dessous. Alice, il fait froid vous devriez rentrer pour ne pas prendre froid... Son beau sourire et ses yeux bleus sont partis se mettre au chaud...

Dans l'ascenseur, j'ai fait le coup de la météo à un jeune homme que je ne connaissais pas, illico il me dit : quel temps, un coup la pluie, un coup le soleil, un coup le froid, mais ça va changer, je vous le dis, de toute façon il n'y a plus de saisons... Donc c'est vrai, dans l'ascenseur il n'y a plus de saisons !

Dans le hall de l'immeuble, je rencontre une indigestion, comment, comment, vous êtes malade ? Oui, figurez-vous, Danielle, qu'hier soir j'ai mangé des tas de trucs qu'il ne fallait pas, et beaucoup, je suis gourmande, j'ai souri, la belle était repentante, un jour en moins à profiter du soleil, allez ouste, au lit...

Au téléphone, j'entends la voix amie qui me dit : prends bien soin de toi.

Au marché, c'est plutôt la politique qui ne dit pas son dernier mot, tout le monde dit le contraire de son voisin, ça fait un chahut... Demain on rase gratis, pourvu qu'on ne souffre pas de trop, la vie passe comme un éclair.

Dans le métro, je n'ai rien entendu qui me soit adressé, tout le monde lit le journal, le même, le gratuit, nous lisons tous les mêmes mots sur le monde, mais dans les têtes ça doit bouillir à contresens, chacun doit avoir sa solution, de quoi faire 36000 histoires et plus même...

Au spectacle, un soir, une amie me dit, il faut vivre au jour le jour, au présent de l'indicatif, moi je suis heureuse quand je suis avec les gens que j'aime, elle nous presse le bras à l'une et à l'autre, ses amies qui étions là avec elle... Une belle émotion passait entre nous.


Dans ma boîte aux lettres un petit mot d'une amie, merci de ton sourire, assez de pleurnicheries, tu as raison, la vie est belle.

Il y a eu bien d'autres mots dans la semaine, ceux qui donnent du courage, de la joie, de l'espérance, je note, je note pour la prochaine fois...


Ayez le dernier mot, chers passagers de mon blog...


lundi 6 décembre 2010

Le billet de 10 euros...

Le beau billet

L’autre jour, comme j’allais faire mes courses, j’ai trouvé un billet tout neuf de 10 euros ! Je marchais tranquillement vers le centre commercial, grand temple de la consommation de ma ville…

Près du distributeur de billets, il y avait la queue, et 2 mètres plus loin je vois, collé au pied du mur, un beau billet tout neuf qui avait sans doute volé avec le vent… De la main du receveur, à la mienne, en toute innocence…

Moi, j’ai toujours rêvé de trouver l’argent dans la rue… Je me souviens de l’expression de ma maman qui me disait, quand je me faisais tirer l’oreille pour accepter sa participation à un achat que je trouvais coûteux : tu trouves l’argent dans la rue, toi ? Ce qui voulait dire : ce que tu veux acheter est tellement cher, et comme tu ne trouveras pas d'argent dans la rue pour l'acheter, laisse-moi t'aider.

Je pense aussi à une expression d'une de mes tantes, qui répondit un jour à une vendeuse d'un Monoprix qui faisait la tête parce que son billet n'était pas impeccable : ben moi, je voudrais bien en avoir des wagons des billets, comme ça !

En trouvant ce billet de 10 euros, j’ai pensé à elles.

J’ai repensé aussi dans le même temps à l’achat de places au guichet d’un théâtre parisien (le Vieux Colombier, un vieux théâtre crée en 1917, et repris par la Comédie Française en 1993), il y a très très longtemps. J'étais jeune et toute contente d’avoir eu des places pas trop chères, je me réjouissais du spectacle, de la soirée, la vie était belle.
Le vieux Colombier
Un peu plus loin, en regardant mon porte-monnaie, je m'étais aperçue que j’avais perdu une grosse somme d’argent en payant mes places, j’ai eu honte, tant d’argent, je pense que cette somme à l’époque devait représenter à peu près 200 euros de nos jours… Donc pas mal d'argent, les places de théâtre devenaient horriblement chères !

J’étais très en colère après moi, et la soirée théâtrale fut totalement gâchée, vous imaginez bien... J’avais réservé cette somme pour faire des achats de vêtements, je n’ai plus le souvenir précis des vêtements que je n’ai pas achetés, seul celui de la perte m’est resté... Dans ma famille, personne ne m'avait culpabilisée... C'était presque pire.

Je revoyais la scène en boucle, moi perdant les billets, et lui/elle les ramassant avec le sourire.

Depuis, je ne passe jamais devant ce théâtre sans repenser à ce petit tour de passe-passe. Cette semaine, j'ai pris la photo pour l'exorciser, mais avec le sourire, car depuis le temps, je me suis pardonnée. J'y suis retournée en spectatrice amnésique plusieurs fois depuis...

Mais la providence ne m'a pas abandonnée pour autant, depuis la perte de mes 200 euros, j'ai trouvé souvent de l'argent par terre, comme le petit Poucet, j'ai ramassé ça et là quelques pièces de monnaie semées discrètement, plus rarement des billets, sauf ceux laissés entre les dents du distributeur de billets par un distrait, quatre billets de 100 Francs...

Vous trouvez de l'argent dans la rue, vous ?

vendredi 3 décembre 2010

L'écharpe...


Je suis une très grande professionnelle de l’écharpe… J’en ai déjà fait plusieurs pour mes fils et mon gendre… Toutes pareilles, le même point, la côte 2/2, la même laine, la même longueur… Seule la couleur change…

Mes hommes ont eu leurs exigences, surtout dans la longueur, ils voulaient pouvoir l’enrouler plusieurs fois autour du cou, et il ne fallait pas que ça gratte… L’écharpe fait donc 2m de longueur.

Tout le monde a voulu des franges assez longues aux deux bouts.

Quand l’hiver arrive, je retrouve mes écharpes autour de leurs cous avec plaisir.

J’avais trouvé une petite boutique un peu vieillotte dans Paris, qui vendait les laines, pure laine, en écheveaux. Un petit rituel est donc nécessaire pour transformer l’écheveau en pelote. Je ne sais combien de temps ce magasin va encore exister ? Je sauve un peu les vieux meubles, en somme, avec mes écharpes...

Pour la fabrication de la première, je leur avais demandé : ça vous dirait d’avoir une belle écharpe en pure laine qui ne gratte pas ? Le premier qui m’a répondu l’a eue. On a fini par s’entendre sur la couleur, la longueur et la largeur de la chose.

Pour les suivantes, je commençais toujours comme ça : ça vous dirait une belle écharpe en laine ? Les garçons ont toujours répondu oui. Je ne me souviens plus du tout en quelle saison je commençais le tricot, en automne, ou à l'entrée de l'hiver ? Je crois bien pourtant que ça devait être en hiver, car l’été je n’ai pas du tout envie de tricoter une écharpe, donc pas du tout envie de poser la question.

Pendant tout le temps de mon travail d'hiver, je me disais, il faut faire vite, il fait froid.

Un printemps, j’ai eu envie de proposer à un de mes fils : ça te dirait une écharpe en lin naturel, très élégante ? Et mon fils m’a dit, oui, une belle écharpe en lin, ça serait rudement bien. J’ai donc commencé à la travailler... Et je ne l’ai jamais terminée, mais il ne perd rien pour attendre, je vais la reprendre… Je l’avais laissée en plan car les aiguilles étaient très petites, il fallait des heures et des heures pour en venir à bout, vous imaginez, 2m de côte avec des aiguilles N° 2 !

Et puis cet hiver, j’ai posé la question à ma petite-fille (qui est presque aussi grande que les écharpes précédentes)... Oui mamie, ça serait super ! Alors je suis allée très vite à la vieille boutique, j’ai acheté deux écheveaux pour commencer… Dans la couleur qu’elle voulait.

Il y a très longtemps, je brodais beaucoup au point de croix, mais j’ai décidé d’arrêter à jamais, faute de place, faute d’idée, faute d’enthousiasme, faute de temps.


Mais j’ai gardé le plaisir d’avoir un ouvrage « de dame » à portée de main, pour tous les petits moments de libre, où la tête travaille d’un côté et les mains de l’autre…

Alors périodiquement je pose ma question, bientôt il faudra changer de couleur, renouveler le stock, j’aurais des commandes, je suis tranquille.

Et puis, l’ouvrage n’est pas seulement là pour occuper la tête, il est utile pour l’amour à donner et à recevoir, et puis, presque 2m de tricot, ça en fait de l’affection au cm², ma marque de fabrique c’est : le bonheur de donner du temps à ceux que j'aime, sans compter….

Dès que la nouvelle grande écharpe en laine sera finie… Je reprends celle en lin, je ne veux pas qu'on dise, tiens, tiens, elle a eu une panne d'amour, c’est seulement à cause des petites aiguilles que je prends plus de temps !

jeudi 2 décembre 2010

La carte et le territoire... Michel Houellebecq


C'est quoi cette histoire ? Je n'ai jamais rien lu de cet auteur, il faudrait quand même que je m'y mette... C'est fait, avec le prix Goncourt 2010.

Le récit est attachant, peu de personnages, le narrateur qui est artiste peintre, l'histoire se passe de nos jours.

J'ai lu ce livre presque d'un trait, facile, direct, pas de périphrase, pas de métaphore, pas de poésie non plus...

L'écriture est lisse, pointilleuse sur les détails techniques, la liste des supermarchés, tout sur les réparations de chauffe-eau, et le chien de la race des Bichons... D'autres détails extrêmement passionnants sur les cartes Michelin ne vous sont pas non plus épargnés.

Page 426, notre narrateur Jed Martin "prit congé d'une existence à laquelle il n'avait jamais totalement adhéré", page 428 la dernière, Houellebecq médite, avec la fin du narrateur, sur "la fin de l'âge industriel en Europe et plus généralement sur le caractère périssable et transitoire de toutes l'industrie humaine".

Le livre est amer, moqueur, ironique, sombre, sans joie, une description fine et sensible d'une relation (ratée) entre le narrateur et son père.

Pourtant, je ne suis pas sûre d'avoir retenu grand chose du récit, je n'ai ressenti aucune émotion, j'ai exploré le Goncourt avec curiosité, je cherchais une belle découverte, et j'ai refermé le livre en m'interrogeant sur le style, l'histoire, le ton de l'oeuvre... Je n'ai rien trouvé.

Et vous ? Parlez moi de votre enthousiasme s'il vous plaît... Je me sens très seule derrière ces lignes !

mardi 30 novembre 2010

Arman... Au centre Beaubourg.


La Vénus (1992) rue Caillot Paris

Après avoir vu l'amoncellement de violons, en bronze, à la Fondation Gianadda, j'avais renouvelé mon stock d'admiration pour Arman... J'aime bien cet artiste.

Mais l'exposition au centre Beaubourg n'a pas produit sur moi l'enthousiasme attendu... Pourquoi ?

La pratique, établie en système, de l'assemblage de produits industriels ou de récupération, semble avoir beaucoup vieilli : les boîtes, les clous, les truelles, les objets de toute nature, les instruments de musique, les poubelles, les tubes de peinture, etc.... Toutes ces oeuvres que je connaissais par coeur, me paraissent maintenant dater, même si en son temps l'intérêt, la nouveauté, l'étonnement de son travail, avaient suscité de l'enthousiasme... Aujourd'hui, je suis passée très vite entre les rangs de matériels, les résines ont jauni, les objets poussiéreux, les oeuvres ne révèlent rien d'autre pour moi que de l'ennui. J'ai compris le système, je passe à autre chose. C'est le désenchantement.


L'heure de tous (1985) Gare Saint Lazare Paris

Seules les sculptures en bronze me réveillent, leur massivité et leur élégance font encore illusion et me plaisent.

Bref ! Je n'ai pas retrouvé la découverte, la joie, la légèreté de mes premiers regards, je suis passée rapidement à travers l'exposition, j'avais bien encore envie d'être éblouie.

Je me suis dit, ces oeuvres sont devenues à tel point usées par si peu de temps, ça ne m'intéresse plus, ça m'indiffère, voyons celle-ci, et celle-là, rien ne bouge en moi, l'émotion n'y est plus !

Pourtant, j'aime bien retrouver ses sculptures parisiennes : les pyramides de valises et d'horloges gare Saint Lazare, la Vénus (statut antique découpée) place Caillot. Elles font maintenant partie du paysage, il ne faudrait pas les changer.



Consigne à vie (1985) Gare Saint Lazare Paris


En photographie, le système d'assemblage, d'accumulation, de découpage, qui a fait vivre Arman, permet aussi de créer des dynamique agréables... Combien de fois n'avons-nous pas été tentés de prendre la photo de caisses d'oranges, ou de poires, bien alignées sur les beaux étalages de marchés de Provence et d'ailleurs ?

Les accumulation produisent toujours autre chose que la simple vision d'un objet. La multiplicité créée une dynamique nouvelle. C'est vrai, un gros plan sur la caisse d'oranges devient un champ de couleurs plaisantes, la vitrine d'un droguiste qui expose une palette de pigments donne de la joie, mais... Ces photos restent banales, mêmes belles, sans création véritable, le cadrage reste sans surprise, la répétition se suffit à elle-même pour produire son petit effet de lignes ou de couleurs, elle ne crée plus de bavardages intéressants... Mais... Reste toujours tentante pour le photographe amateur, comme moi.

Des regrets... Voilà ce que m'inspire la dernière exposition d'Arman.


dimanche 28 novembre 2010

Biutiful... De A. Gonzalez Inarritu.



Certaines rues de Barcelone ressemblent à certaines rues de Paris.

J'ai tout de suite vu que ce film dégoulinait dans mes rues de Paris, les rues pauvres, les plus exposées au trafic de tout ! Je reconnaissais tout ce que je vois ici, pas très loin.

Le film raconte l'histoire d'un homme au bout d'une histoire d'amour, au bout d'une histoire de vie, il trafique pour élever ses enfants, subvenir aux besoins de sa famille. La pauvreté est à l'oeuvre à Barcelone comme à Paris... Moi aussi je la vois, la pauvreté, dans certaines rues de Paris... Je ne peux pas faire autrement, elle est sous mon nez.

J'ai beaucoup pleuré pendant le film, j'ai beaucoup de peine et de révolte aussi dans certaines rues de Paris.

La première fois que j'ai vu des centaines de personnes vendre des chiffons, des objets, des riens du tout sur le trottoir à la porte de Bagnolet, juste au dessus de l'échangeur, je me suis dit, comment c'est possible tout ça ? Où ça va aller ? J'ai vu les courses contre la montre entre la police et les pauvres... Qui détalent en laissant toute leur fortune par terre.

La première fois que j'ai vu des dizaines et des dizaines de personnes vendre des fringues, des objets trouvés, des rebuts de poubelles, en pleine journée au métro Belleville, en pleine rue, je me suis dit, comment c'est possible tout ça ? Où ça va aller ?
J'avais vu la même chose à Venise, des contrefaçons vendues à la sauvette, pareil que sur la Butte Montmartre...

J'ai vu aussi les campements de fortune en haut des buttes, sur les côtés du périphérique, je les ai bien vus ceux-là, sans cesse détruits, sans cesse reconstruits... Heureusement que la voiture roule vite, j'ai presque pas le temps de les voir, ça fait du baume au coeur...

Biens sûr si j'habitais ailleurs, un peu plus loin, je ne verrais rien...

Dans le film Biutiful, je retrouvais avec émotion toutes ces misères, toutes ces difficultés à vivre, pour ceux qui viennent du sud, mais pas seulement les gens du sud... Comment ça va finir tout ça ?

Les marchands de sommeil, dans le film, on voit comment ça s'organise, mais je sais que pas loin de chez moi, c'est possible aussi... Je l'ai appris il n'y a pas longtemps.

Quelle impression j'ai eue un jour de voir rappliquer du haut de la rue des pauvres, poussant leurs caddies, remplis, blindés, un magasin entier de petits riens, sur roulettes... Ils allaient vendre à la sauvette...

Dans le film Biutiful, j'ai retrouvé ces images parisiennes désespérantes, désespérantes aussi à Barcelone...

Ce film est beau, émouvant, grave, désespérant certes, mais quelle belle humanité...

Vous avez peut-être vu ça aussi par chez vous ?... Si vous vous sentez le courage, allez voir le film... Vous me direz.

vendredi 26 novembre 2010

Arc-en-ciel dans mon escalier...


J'ai revu la désespérée (voir mon post du 3 novembre dernier)... Magnifique, souriante : alors, comment c'était, ce séjour au loin ? Extra ! Une ambiance incroyable, des gens gentils, j'étais chez une amie, nous sommes allées faire des balades, j'avais envie de crier dans la nature. Elle leva ses bras à l'horizontale, poussés comme deux ailes, pour me raconter ça... Mon oiseau s'envolait dans le hall d'entrée...

Vraiment ça va mieux, mais oui, tu es resplendissante, mais dis-moi, tu as perdu du poids ? Oui, j'ai perdu près de 10 kg... 10 kg ? Mais t'as fait quoi ? J'en sais rien, rien du tout, j'ai rien fait, j'étais bien, j'avais envie de crier, de chanter dans les montagnes, c'était formidable, mon amie aussi a chanté et crié, on était seules, il faisait beau, le ciel était bleu partout, j'ai tout oublié...





Je voyais bien qu'elle avait tout oublié, aïe, comment ça va faire quand l'oiseau redescendra sur son perchoir ?

Et puis tu sais, on va discuter, on va voir, on va continuer... Elle parlait de vie commune, d'amour... Elle avait tout oublié...

Elle était pressée la désespérée, elle courait faire des courses, passe une bonne journée, je suis contente de te voir comme ça... À bientôt ! Elle a tourné la tête, j'ai vu seulement le sourire, la rapidité, l'empressement pour aller dehors, c'était miraculeux... Pourvu que ça tienne le coup, les ailes, les kilos, le ciel bleu, l'amour retrouvé....

Un autre jour, je me suis dit, il faut j'aille voir Alice (ma chère voisine de 96 ans), il faut que je lui dise que les orchidées, qu'elle m'avait rendues à moitié crevées après juste trois semaines d'absence, repartaient pour de bon, il y avait des tiges qui poussaient de partout. Les fleurs arrivent à nouveau, les blanches, les roses, mon jardin explose, même les racines se dressent toutes droites. Il faut absolument que je dise ça à Alice, elle était si triste de voir le champ de bataille, sans fleur, feuilles jaunies, racines flétries... Elles ne savait plus où donner de la tête pour exprimer son désarroi... De me les rendre dans cet état.

En rentrant de vacances, j'avais repris mes pots entre mes bras, feuilles basses et racornies, plus une seule fleur, en fin de vie, le bonsaï on n'en parle plus, il prenait de la place, il fallait le tailler, il était mort de sa belle mort, sans souffrance... J'étais entièrement tétanisée, mais je me suis vite consolée. Je ne pouvais pas en vouloir à Alice, impossible, je suis même certaine que pour être sûre de faire bien, elle les avait douchées plutôt deux fois qu'une, comme on rajoute du sucre sur le gâteau, juste la pincée de trop... Sur le bonsaï, elle n'avait sûrement pas pensé à la pincée de sucre, dommage !

J'ai pris au passage un pot de confiture d'oranges, celles que j'avais faite l'année dernière, avec passion, orange, cannelle, gingembre... Il faut de la douceur à 96 ans, beaucoup de douceur...

J'ai sonné, tambouriné à sa porte, Alice a l'oreille fatiguée d'avoir tant entendu dans la vie...

J'ai crié : Alice, c'est Danielle.

Elle est apparue, le sourire aux lèvres, comme d'habitude, bien pomponnée des pieds à la tête, la serviette à la main, je la dérangeais en plein déjeuner...

Alice, Alice, je voulais vous annoncer une bonne nouvelle, les orchidées sont toutes en train de refleurir, je ne pouvais pas attendre pour vous le dire, ça voulait dire aussi : tout est réparé entre nous, plus de mauvaises pensées, les fleurs parlent pour nous, tout va être comme avant, des blanches, des roses...Elles vont nous donner des couleurs et de la beauté.

J'ai donné le pot de confiture, je l'ai embrassée, elle était radieuse... C'était vraiment une bonne nouvelle !

La vie passe comme un éclair !

mardi 23 novembre 2010

Les héritiers... Le retour !


Si vous voulez bien suivre mon histoire, reportez vous à mon post du 12 juin dernier, c'est un peu obligatoire pour tout bien comprendre.

Peu après le décès de la vieille dame, la maison en bas de chez moi, a bougé... Les héritiers (?) sont venus prendre des mesures avec un mètre ruban, après, ils ont re-mesuré tout le jardin en faisant des grands pas, pour confirmer sans doute ce qu'avait dit le mètre ruban... J'ai bien vu que ça n'était pas des spécialistes de l'immobilier, mais des particuliers qui calculaient avec les moyens du bord, vous imaginez, mesurer un jardin avec un mètre de couturière ?

La maison bouge de plus en plus, dans la journée les portes et fenêtres restent grandes ouvertes, le portail grillagé, si léger, est constamment entrebâillé, juste assez pour garer une voiture.

Et voilà que les grands travaux commencent : avec une petite brouette, ils sortent un tas de terre de la cave, qu'ils accumulent dans le jardin, ils sont même reformé une petit colline, un remblai, le paysage se transforme dans le carré d'herbes folles... La cave va s'agrandir ? À voir tout ce qu'ils retirent de là-dessous, je me dis qu'ils vont faire les choses en grand, mais je ne sais pas encore quoi !

La brouette va et vient avec ses petits tas, et au bout du jardin, un camion fait lui aussi des voyages pour emporter la terre et les pierres...

Mais il n'y a pas que la cave qui prend de la dimension, ils ont vidé tout l'intérieur de la maison, tout, tout, tout, les portes, les planchers, les cloisons. Maintenant il y a un grand tas de bois, sur le côté, près de l'escalier de l'entrée, presque aussi haut que le toit du petit appentis-garage qui a longtemps abrité une voiture, que je n'ai jamais vue !... Puisque les locataires de cette maison, je les ai connus déjà vieux, ils ne conduisaient jamais. Ils se tenaient les soirs d'été assis sur le banc, juste en dessous du cerisier qui ne faisait plus de cerises depuis longtemps.

Après le cerisier abattu pour cause de vieillesse, le banc enlevé pour cause d'inutilité, voilà que tous les vivants que j'ai connus sont partis l'un après l'autre...

Je me suis dit, avec le remblai, il vont peut-être construire un château, avec deux tours et un pont-levis, ou planter des asperges ? Il faut attendre, pour l'instant ils creusent le souterrain qui va peut-être aller jusqu'à a Mairie, la seule place forte du coin ?

Tout commence très tôt le matin, le midi, une petite pause casse-croûte très sobre, juste ce qu'il faut. Et la brouette reprend du service, pose les petits tas sur la colline qui grandit, le remblai prend du ventre.

Maintenant, tout va aller autrement, la petite maison ouvrière va devenir un château, un palace, un loft ? Une bonne affaire !

Pour l'instant c'est l'usine à gaz...

On met les petits plats dans les grands, la brouette s'active du matin au soir, la cave doit maintenant pouvoir abriter 10 000 bouteilles de vin.

La petite maison va-elle devenir une affaire exceptionnelle, à 500 000 euros ?

On vit vraiment une époque formidable, plus besoin de trouver de l'or noir, il y a un bon filon en bas de chez moi...

Suite au prochain numéro... Je vous fais signe.

lundi 22 novembre 2010

Venise, la ville des amoureux ?




Venise, la ville des amoureux ?

Pourquoi cette idée, totalement artificielle, romanesque et tenace, arrive-t-elle encore à faire des adeptes ?

Je n’en sais rien !

La gondole y serait-elle pour beaucoup ? Cela tient-il aux prouesses du gondolier, qui non seulement rame comme un Dieu, mais chante aussi à ravir des chansons d’amour ensoleillées ? Peut-être le décor de la gondole, entièrement pensé pour épater le touriste, pompons rouges et tapis rutilants, participe-t-il à l'idée ? La promenade en bateau est-elle décidément totalement romantique ? Il est vrai que les amoureux au bord de l’eau, dans une barque, sont seuls au monde… Avec le gondolier !

Mais à Venise, peut-on dire encore qu’ils sont seuls au monde ? Plus on est de fous, plus on s'aiment ?

Je cherche encore…

Cette ville est décidément une ville de vacances, de flânerie, de marche à pied et d’admiration pure, pas de voitures, pas d’embouteillages, pas de feux verts ou rouges, juste quelques ponts à passer, mais ces ponts contribuent grandement au roman de l’amour… Ils justifient partout une photo, un baiser, un coup d'oeil imprenable. Les souvenirs d'amour nécessiteront un album, si possible acheté à Venise.

Venise est une ville où le moindre déplacement est une promenade historique, le moindre point de vue est beau, la plus petite photo est toujours réussie dans ce décor de rêve.

On ne peut rien rater à Venise, puisqu’elle est faite pour ça.

Je cherche encore…

En fait, je pense vraiment, en essayant d'approfondir la question, que Venise est la ville des amoureux car c’est une ville de vacances. Pourtant, faire un voyage en amoureux pourrait aussi bien se faire en Ardèche, en Corse, en Lozère, où la beauté est partout ? On devrait y réfléchir. Non, à Venise, c'est là qu'il faut aller pour le 31 décembre, le cadeau des 40 ans de mariage, le voyage de noce, la preuve d'amour. Ce n'est pas la bague en diamant qui compte, c'est Venise.

N'oublions pas le Pont des soupirs, qui peut peut faire penser à l’amour, car les soupirs des prisonniers ont depuis longtemps été oubliés au profit de ceux des amoureux, non ?

Sans compter les bons restaurants, les glaces, les pizzas, les spritz, les cafés serrés, les perles et les masques... Ah ! Oui, j’allais oublier, il y a l’italien, cette belle langue qui chante du matin au soir en jouant avec les mains. Totalement exotique !

En fait, non, ce qui est typiquement fait pour les amoureux, c'est le grand tour sur le Grand Canal, aller-retour, grandiose d'un côté, sublime de l'autre, debout ou assis, l'appareil photo qui fait aussi vidéo d'une main, et les larmes dans les yeux...

Il y a aussi la visite des îles, qui donnent de la vigueur à l'amour ? C’est très romantique ça, la mer, les pâlines, les oiseaux, la lagune, le grand large ?

J’allais oublier les promenades du soir, à la lueur des beaux lampadaires, dans les petites rues où sur les campi noirs de monde, je ne conseille pas la place S. Marc ni le pont du Rialto, beaucoup trop d’amoureux…


Mais non pas du tout, vous n'y êtes pas, c'est Casanova, ce grand amoureux, qui a fait la réputation de l'amour à Venise, Roméo et Juliette, c'est à Vérone, mais je crois qu'à Vérone il y a aussi beaucoup de monde ?

Vous voyez bien que je plaisante… Je ne sais pas du tout pourquoi les amoureux font des voyages d’amour à Venise, plus qu’à Strasbourg ou Saint-Aubin ?

Dites-moi votre idée à vous, pourquoi les baisers sont-ils plus doux à Venise qu’ailleurs ?






samedi 20 novembre 2010

Venise août 2010... La porte de prison.


Tous les matins, je vais prendre mon petit café, ou mon thé, dans un bistrot dont la terrasse ouvre ses tables sur le grand campo Santa Margherita, tout près de chez moi. Les tables rondes, nappées, sont belles, bien abritées du soleil sous un bel auvent vert, qui mâtine le teint et donne bonne mine à tout le monde.

Dans ce café viennent, de bonne heure, les habitants du coin, des femmes, des hommes d'un certain âge... Les hommes lisent leur journal ou discutent avec ceux qui passent, les femmes prennent des nouvelles de leurs petits-enfants avec le téléphone portable qui se trouve dans la poche de leur gilet ou de leur robe d'été... Pronto amore, è la nonna...

Rien ne les bouscule, le temps passe à petites goulées. avec le café le patron peut apporter de délicieux sablés, des croissants farcis à la marmelade de fruits, l'odeur est sucrée, vanillée, la Venise du matin sent le gâteau frais et le café chaud.

Moi je prends un café allongé, déjà c'est mal vu, mais je sors aussi mon mini ordinateur, car je peux avoir la connexion sur le campo, celle mise à disposition des citoyens vénitiens gratuitement par la Municipalité (mon logeur et ami m'a prêté son code d'accès :))

Les dames qui téléphonent à leurs petits-enfants, qui sortent leur chien, ou qui vont faire leurs courses, me regardent du coin de l'oeil...

Mais tout va bien, nous nous entendons bien, nous ne nous disons rien, puisque je ne parle pas italien... Mais mon sourire, et le leur, en disent long...

Quand je passe la commande de mon" allongé", le patron ne sourit jamais, pas un mot. Je me suis dit, tiens, pourquoi est-il triste comme ça ? Il fait la tête ? Il n'aime pas que je profite de sa terrasse pour me connecter ? Il voudrait bien que je prenne un sablé ? Il trouve que je gâche un café en mettant de l'eau dedans ? Il n'aime peut-être pas les touristes ? Il voudrait peut-être être ailleurs ?

Et puis, tous les matins où je suis venue sont restés identiques, avec ce monsieur qui ne disait rien. Mais je me suis aperçue qu'il faisait de même avec tout le monde, il prend la commande, revient avec, et repasse relever les compteurs, jamais un mot, jamais un sourire... Pourtant sa terrasse est toujours pleine, jamais de musique (heureusement) comme souvent ailleurs sur le campo, l'après-midi, la clientèle rajeunit. Mais notre homme garde son sérieux.

Il sert toujours avec son grand tablier blanc sur le ventre, bien peigné, mais pas de sourire, pas de parole, il est tout seul dans la boutique, forcément, pas le temps de parler.

Souvent, je viens chercher ma commande au comptoir, je lui rappelle que je suis là, dehors, à attendre, mais il s'en moque complètement, il continue à faire de la vapeur avec sa machine à café, il fait trembler le lait, avec un petit geste bien ajusté, pour le faire mousser quand il vient recouvrir le café.

Le soir, quand je me suis attardée avec mon café ou mon thé et mon petit ordinateur... Et que l'heure de la fermeture approche, il enlève les tables une par une, empile les chaises deux par deux... Toujours sérieux, l'heure c'est l'heure, 19h30, c'est pas 19h32. Voyez, je commence à ranger, préparez la monnaie, pliez bagage, je ferme.

Maintenant me voilà rassurée, toutes les questions que je me posais sont caduques, j'ai bien regardé, bien observé, bien analysé, il fait la porte de prison avec tout le monde, mais alors pourquoi sa terrasse est-elle toujours pleine ?

Il est le moins cher du campo, bien à l'écart des terrasses qui se mettent à chanter très fort, dès le matin, avec une clientèle plus jeune.

Le café est bon, les viennoiseries sont délicieuses, le service est bien fait, rapide, efficace, mais le patron est une vraie porte de prison... Dommage !

Vous vous doutez bien que je n'ai pas passé tous mes matins chez lui, je suis allée voir ailleurs, pas très loin, j'ai découvert une petite terrasse, tout près de la Barca, cette belle barque "marchande" pleine de fruits et légumes, amarrée sur l'eau à demeure, un grand auvent en plastique vert protège la marchandise du soleil, ce magasin flottant fait le bonheur des passants et des appareils photos... Ce sont des frères jumeaux qui tiennent le négoce, c'est ce que j'en ai déduit, tellement ils se ressemblent...Voyez le bateau jardin... Il est en bonne place dans tous les guides...

Sur la Barca, les montagnes de tomates, courgettes et melons, attendent le client, je commande mon café americano, j'ai le sourire du garçon... Et sa petite phrase de bienvenue, rituelle et nécessaire : Arrivo subito !

Je me détends, je sors mon mini ordinateur, me branche sur Skipe pour avoir des nouvelles de la famille et des amis.

Je regarde défiler les touristes par deux, en groupe, en troupeaux, en file indienne, il fait beau, je fais des plans sur la comète... Je complote avec ma carte, mon guide et mes envies pour partir à la découverte... Les odeurs de vanille, de sucre, et de café flottent sur le Campo...

jeudi 18 novembre 2010

Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch.


Voilà deux jours que je pleure, ah bon ! En voilà une drôle d’idée !

J’ai vu deux fois, à un jour d’intervalle, le merveilleux documentaire réalisé par Anne Linsel et Rainer Hoffmann (deux Allemands), « Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch ».

Ce film a été réalisé en 2008, quelques mois avant la mort de Pina Bausch. Elle avait décidé de reprendre son fameux spectacle "Kontakthof" (qui expose l'âpre relation entre les hommes et les femmes, la quête de l'amour et de la tendresse), non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui n'étaient jamais montés sur scène. Tout le travail fait avec les jeunes pour monter cette pièce est là, devant nous, avec tous les moments intimes de l’apprentissage : les hésitations, les encouragements, les peurs… Nous assistons au travail, aux progrès, aux doutes.

La beauté, l’émotion s’installent tout de suite, les jeunes, bien filmés en plans serrés pour ne rien perdre de leurs paroles, se livrent entièrement et avec extrême pudeur, certains ne connaissent même pas la chorégraphe, mais ils sont captivés par l’expérience, ils savent qu’ils ont le privilège d’être là, de participer à un grand moment.

Nous suivons pendant 92 mn l’appropriation de cette œuvre par les jeunes. Les rencontres, les confidences, la confiance, la tendresse qui s’établissent entre eux et les deux répétitrices (danseuses à la création de l'oeuvre en 1978) sont fortes, humaines, riches de sensations pour tous les participants… La pièce se monte, époustouflante de beauté, Pina apparaît plusieurs fois, pour guider, remercier, conseiller… Elle est toujours confiante… Elle sourit et son sourire, sa voix me font pleurer, elle manque à l’univers de la danse, elle manque à la création, elle manque au monde de l’art, elle me manque…


Les jeunes gens s'engagent totalement dans ce travail, ils sont fiers d’être là, ils se transforment, affirment leur personnalité, renaissent, s’enthousiasment, ils sont heureux d’avoir été choisis pour l’affaire de leur vie.


Les représentations vont avoir lieu, il faut être bons, excellents… L’aventure est prodigieuse. Ils sont prodigieux.

Vous voyez, comment ne pas pleurer d’émotion en traversant le film, sur les pas de Pina Bausch et de ses jeunes interprètes.

Ce documentaire m’a donné beaucoup de bonheur… Soyez heureux également en courant le voir, dès que vous pourrez…


Pina Bausch

mardi 16 novembre 2010

Venise août 2010... Dans le vaporetto.



Il était environ 19 heures, quelques beaux rayons de soleil traînaient sur la Riva degli Schiavoni, à deux pas de San Marco, face à la mer, repeignant tout en rose.

Un gros bateau avec 3000 passagers, les visiteurs d'une journée, débouchait du canal de la Giudecca, en ronflant comme 1000 éléphants. J'entendais, provenant du cargo, en je ne sais quelle langue, un commentaire, sûrement historique, se propager sur toute la rive... Après le commentaire, une musique arrosa tout le bateau, personne ne pouvait y échapper, même pas moi.

A côté de ce mastodonde, le vaporetto ressemblait à une crevette.


Je venais de réviser de fond en comble le quartier de San Pietro : le cloître, juste à côté de l'église, habité par des gens, était nickel, le puits était fleuri, la glycine, qui étendait ses bras sur deux arcades, attendait tranquillement l'année prochaine pour refleurir.


L'église toute blanche, avec sa belle façade inspirée de Palladio, m'aveuglait sous le soleil, l'intérieur était clair, mais pas assez, pour éclairer les tableaux, si fait que je ne me rappelais de rien, sauf du beau fauteuil en marbre du XIIIe, la chaire (présumée) de Saint Pierre, décorée de vrilles, de motifs floraux et de belles lettres arabes.


J'avais quelques voeux à faire et je mis trois petits cierges... Pour l'espérance.




Le campanile, éclatant lui aussi, revêtu de pierre d'Istrie, avec son air penché, faisait sa tour de Pise. Son ombre fraîche paraîssait le lieu idéal pour tenir des conversations, des dames et des messieurs du quartier causaient, confortablement assis sur des fauteuils pliants...


Les bancs rouges des alentours étaient tous occupés, il fallait bien vite repérer un espace libre pour se reposer et sortir sa bouteille d'eau.

Les deux passerelles de part et d'autre de l'église, reliant la petite île, étaient entièrement restaurées, le passage était royal.



Beaucoup de maisons sont à vendre sur l'autre rive du canal San Pietro, des opérations immobilières qui ne laissent rien présager de bon... Au bout de la via Garibaldi, le kiosque à journaux est lui aussi à saisir...


En deux ou trois ruelles, j'étais redescendue près du bassin de Saint Marc, j'arrivais juste à la fin de la messe du soir, à l'église San Zaccaria, le magnifique tableau de Bellini était éclairé par les projecteurs. Le soleil, qui pénétrait encore par les fenêtres et la porte d'entrée grande ouverte, illuminait l'ensemble des oeuvres qui tapissent tout l'intérieur de cette superbe église... Une merveille.

Je voulais trouver du pain pour mon repas du soir... Mais j'ai bien vite abandonné l'idée, au profit du lèche vitrines, et des photos...
Je pris donc le vaporetto (bondé) pour rentrer chez moi, j'avais trouvé un siège à l'intérieur, et je vis venir un fauteuil roulant d'une taille inhabituelle, très large, la jeune adolescente qui l'occupait était énorme, blonde aux yeux bleus, habillée tout en blanc, blanc aussi le petit fichu sur la tête. Sa mère qui l'accompagnait, ruisselante de sueur (il faisait très chaud), était énorme, comme sa fille, le père était mince comme un fil.

Je remarquais tout de suite le charmant décor du fauteuil, tout fleuri, les poignées avaient de jolis bracelets en tissu à fleurs de toutes les couleurs, le sac accroché à l'arrière était pareillement paré, et le flot de rubans suspendus à la fermeture éclair du sac faisait comme un arc en ciel... La maman s'épongeait le visage, le cou, vérifiait que la jeune fille était bien installée... Quand elle s'adressait à elle, elle se penchait, lui souriait, et lui parlait, elle lui donna à plusieurs reprises, quelques détails sur les palais qui défilaient...Tout en continuant de s'éponger les grosses gouttes qui dégoulinaient dans son cou, le sourire ne la quittait pas.

Il y avait tant de douceur, tant de respect entre ces deux-là, que je ne les quittais pas des yeux, jusqu'à ma station... Le fauteuil en fleurs descendit juste avant moi, avec son ange blanc.