Les fleurs artificielles
On m'avait dit (conseil de professionnel) : le mieux pour vous, c'est de ne pas conserver des bouquets de fleur séchées chez vous, pas du tout recommandé pour la santé de vos poumons, qui me jouaient des petits tours. Bon ! Comme j'avais deux bouquets de fleurs séchées, je me suis dit, je vais en supprimer un... Voilà comment toute ma recherche a commencé !
Internet quant du nous tiens, j'ai cherché une boutique à Paris ou je pourrais trouver des "beaux" végétaux industriels. Euréka ! J'ai trouvé, j'y vais !
Et j'ai commencé ma promenade, ma recherche, avec enthousiasme ! Au moment où je traversais pour prendre le métro, j'ai entendu une une dame marmonner dans mon dos : elle s'est trompée, elle s'est trompée de compte, et si... Qu'est-ce qui vous arrive madame ? Ben, elle s'est trompée de compte. Ah bon, et c'est grave ? Elle sortait de la poste... Vous avez bien eu vos sous sur votre compte ? Oui, mais elle s'est trompée de compte... Bon, mais tout va bien maintenant, tout est réparé, vos sous son bien à vous ? Oui... Alors la vie est belle, soyez tranquille, tout est bien qui finit bien ! Elle a continué son chemin avec le sourire et moi aussi, la journée commençait bien... J'allais voir du monde, allez, je prends le bus, il est là, mais le bus s'est arrêté bien avant mon arrêt à cause d'une manif qui passait dans le coin, tout le monde descend, tout le monde était perdu. Allons bon, ça commence très bien, je vais faire un petit tour de quartier. J'ai fait l'agent de la circulation : oui, c'est par là, vous trouverez la station de métro la plus proche, tout le monde rouspétait, il faisait beau, et j'ai pris des rues que j'avais un peu oubliées, depuis le temps... La rue de Charonne, la rue de la Roquette, la rue des Tournelles...
Une belle cour rue de Charonne, avec la petite chaise sur l'enseigne...
La cour des maisons de ce quartier, près de la Bastille, autrefois plein d'ateliers d'ameublement...
La cour ressemblait à un jardin botanique, tout était en place, les pots, les jardinières, les arbres...
Le printemps faisait le reste, tout le reste, le plus beau de l'histoire ! Quelle chance ! J'avais encore beaucoup de chemin à faire pour arriver chez mon fleuriste de fleurs éternelles... Je levais la tête à droite et à gauche pour tout voir à 360 °, pas facile ! J'en ai fait du pays, aller/retour même combat : la marche à pied... Finalement, dans la rue du fleuriste, rue des Tournelles, j'ai eu la chance de visiter (rapidement) la belle synagogue (début 20e siècle), ravie que la dame de l'accueil ait bien voulu, sur mon insistance, tout éclairer pour moi, un privilège dont je l'ai chaleureusement remerciée !
Après ma visite impromptue et chaleureuse dans cette magnifique synagogue, un grand bonheur, un privilège, ah, le voilà ! J'ai trouvé le fleuriste en "plastique". Il m'a accueillie avec gentillesse, comme une cliente potentielle qui venait acheter une robe du soir, la boutique était un jardin non périssable magnifique, des champs de couleurs comme vous n'en avez jamais vus. Il fit des essais avec un vase qui ressemblait au mien comme deux gouttes d'eau : que pensez-vous de celle-ci, et celle-là, vous pourrez réfléchir et revenir choisir une autre couleur pour étoffer votre bouquet quand vous en aurez envie. Dans sa serre chaque branche s'appelait une "tige" et l'addition se calculait à la "tige", j'ai fait chauffer ma carte bleue avec le sourire !
Puis, comme un saumon d'eau douce, j'ai remonté le cours d'eau, doucement, jusqu'à mon point de départ, avec mon beau bouquet artificiel sous le bras. La rue de Turenne, toujours magnifique, avec ses beaux hôtels particuliers, ici une belle galerie d'art, là une belle église St-Denys-du-St-Sacrement (fin du 18e, début du 19e siècle) avec des œuvres remarquables, dont celle-ci :
Très belle Piéta d'Eugène Delacroix (1842-1844) magnifiquement restaurée
Une effervescence inouïe agitait les bénévoles de l'église à l'approche des fêtes de Pâques, poussière, draperies, fleurissements, un petit "balai" tournoyait pour aller dans tous les coins, une grande fresque occupait toute la coupole du chœur et je n'arrivais pas à situer les personnages, surtout celui du milieu, entouré de petites lumières (pas assez de culture religieuse et d'iconographies, sans aucun doute), ça m'embêtait de sortir de l'église sans avoir augmenté mes connaissances en la matière...
Dieu le Père, Jésus et Marie - Abel Pujol - 1838
J'ai eu la chance d'être sauvée de l'ornière par une dame qui descendait de l'échelle, un chiffon à poussière dans la poche : bien sûr, c'est une représentation de Dieu le Père pas ordinaire du tout que vous voyez. Son collègue, le balai à la main : ah bon ! Tu m'en apprends, des choses, je n'étais donc pas la seule dans ce néant, enfin "éclairée" subitement !
Rue de Turenne, le bel olivier de la cour d'un bel hôtel particulier...
Dans le métro du retour, une jeune femme s'est exclamée : comme elles sont belles vos fleurs ! Mon bouquet de fleurs artificielles faisait sa star, elle ne voulait pas y croire, je peux toucher ? Bien sûr !!
Encore une emplette providence, parcours touristique assuré à chaque pas... En quête de fleurs impérissables, j'avais passé une journée inoubliable, à découvrir, redécouvrir les petites rues de Paris...
Il est temps maintenant pour moi de retourner dans les galeries d'arts, ou ailleurs !... À bientôt les amis, portez-vous bien, les temps sont très durs... Je vous embrasse !