Moi aussi je m'étais un peu perdue, comme j'aime encore le faire à
Venise : je pars toujours sans plan, on verra bien, c'est tout vu...
J'avais tournicoté du côté de la place Saint-Marc, derrière la belle
vieille horloge qui marque les heures à coup de marteau pour la plus
grande joie des touristes...
Je revenais de l'office du dimanche dans la petite église arménienne,
bien cachée sous un porche, à l'abri des regards et des pas, depuis des
années je passais devant sans la remarquer. Grâce au joli guide sur
Venise de Marie-Caroline Saussier, je m'étais dit : cette année je vais
voir ça ! Pour rien au monde je n'aurais raté ce rendez-vous, ouverte un
seul dimanche par mois, vous pensez, il faut être à l'heure. Encore un
petit coin secret, presque secret à découvrir... Une véritable
aubaine...
La coupole étoilé de l'église arménienne
J'avais pris mes repères la veille pour être certaine d'être à l'heure
pour l'office, je me méfiais de mon sens de l'orientation légendaire,
c'était justement derrière la place Saint-Marc que je me perdais le
plus facilement, j'avais pris des photos de la rue des colonnes où règne
toujours un silence et une tranquillité inattendus, j'avais fait le
tour des pâtés de maisons pour photographier le petit campanile de
l'église... J'y étais parvenue...
La rue des Colonnes, déserte...
C'est ici !
Dans l'église ronde et très petite, très peu de monde, quelques
touristes comme moi, les prêtres attendaient l'heure, l'encens qui
flottait largement dans ce petit espace irritait la gorge, les gens
toussaient un peu, heureux d'être là...
Un petit chœur de quatre hommes formait le gros de la troupe chantante,
deux laïcs et deux prêtres, le plus âgé des prêtres guidait les
choristes les plus jeunes, et puis est venu le prêtre qui officiait
avec son bel habit et ses chaussures brodés. Les chants rythmaient les
prières et l'encensoir, balancé énergiquement par un jeune officiant,
répandait dans l'espace un nuage épais...
La petite église arménienne, baroque
L'ange
La Vierge, l'annonciation gracieuse du 17e siècle
L'office fut très court, un petit groupe de touristes slaves sauva les
meubles in extremis en garnissant les bancs restés vides juste devant
l'autel, les pratiquants arméniens ne se bousculaient pas, nous étions
entre nous, un office confidentiel : moi, la non-croyante, et à peine
une petite douzaine de pratiquants ou curieux...
À la fin de l'office, les prêtres souriants saluaient le petit public,
une belle poignée de mains, dont la mienne, une vraie bénédiction...
J'ai pu prendre toutes les photos que je voulais, l'accueil bienveillant des prêtres me l'avaient permis...
L'office terminé, personne n'a traîne et en quelques minutes l'église retrouva sa porte close pour un mois. Dans la petite impasse, personne, alors que la foule, juste dans la rue derrière, se pressait autour des nombreuses boutiques restées ouvertes le dimanche...
J'ai pu prendre toutes les photos que je voulais, l'accueil bienveillant des prêtres me l'avaient permis...
L'office terminé, personne n'a traîne et en quelques minutes l'église retrouva sa porte close pour un mois. Dans la petite impasse, personne, alors que la foule, juste dans la rue derrière, se pressait autour des nombreuses boutiques restées ouvertes le dimanche...
Je connaissais par cœur le chemin du retour, juste derrière Saint-Marc,
je voulais encore faire une dernière photo de cette belle vue au bout du
sotoportego à la colonne qui est sur tous les blogs des
connaisseurs... La lumière y est si douce, si magique, ce petit pont
reste dissimulé dans une des rues les plus fréquentées du quartier.
La vue magique au fond du sotoportego de la Colonne
Presque arrivée à mon point de départ, je me suis arrêtée devant cet
enfant, assis sur une chaise, dans cette rue si passante, entouré
d'adultes qui tâchaient de lui parler dans la langue qu'il connaissait :
anglais, allemand ? L'enfant se tordait les mains, regardait à droite
et à gauche s'il ne voyait pas ses parents revenir, il était perdu, son
visage crispé, ses yeux hagards ne trompaient pas, il vivait un
cauchemar, perdu dans Venise, haut comme trois pommes, neuf ou dix ans,
il poussait des cris si faibles, si petits, que mon cœur se serra...
Il ne connaissait pas son adresse, pas le numéro de téléphone de ses parents, il était tout seul au monde perdu parmi la foule... Il demeurait sur la chaise accablé, remuant seulement la tête comme un métronome, gauche, droite...
Je me suis dit : j'espère que ces gens vont appeler la police, j'ai vu l'enfant qui s'accrochait à l'adulte qui l'avait pris sous son aile, entrer dans l'hôtel avec lui, plusieurs personnes allaient s'occuper de passer les coups de fils, il serait sauvé, c'est sûr, Venise est petite, la police municipale est très présente... L'enfant pleurait... Il ne reprenait pas confiance malgré la main protectrice qui lui caressait l'épaule en essayant de le réconforter.
Il ne connaissait pas son adresse, pas le numéro de téléphone de ses parents, il était tout seul au monde perdu parmi la foule... Il demeurait sur la chaise accablé, remuant seulement la tête comme un métronome, gauche, droite...
Je me suis dit : j'espère que ces gens vont appeler la police, j'ai vu l'enfant qui s'accrochait à l'adulte qui l'avait pris sous son aile, entrer dans l'hôtel avec lui, plusieurs personnes allaient s'occuper de passer les coups de fils, il serait sauvé, c'est sûr, Venise est petite, la police municipale est très présente... L'enfant pleurait... Il ne reprenait pas confiance malgré la main protectrice qui lui caressait l'épaule en essayant de le réconforter.

Quand je me suis retrouvée place S Marc, j'ai cherché partout des parents affolés mais je n'ai rien vu... Rien, rien, l'enfant était perdu. J'espérais bien qu'il ne resterait pas longtemps dans son chagrin pathétique... J'avais poursuivi ma route, le laissant aux bons soins des gens qui l'avaient récupéré...
La détresse du petit garçon m'est restée plusieurs jours dans la tête, j'avais retrouvé cette sensation d'angoisse qui vous prend quelque fois pour mille choses de la vie et qui vous bloque la respiration..
Mais à Venise tout peut vous faire battre le cœur, le petit garçon a du retrouver ses parents et moi je continuais de vivre tranquillement dans les beautés de la Sérénissime, j'avais cette chance, j'en ai largement profité...
Les beautés de Venise... A suivre !