lundi 26 août 2019

Nous les arbres... À la Fondation Cartier !


Le beau jardin de la Fondation Cartier (Fondation 1984)

Je ne manque presque jamais les expositions de cette fondation, j'adore me promener dans son jardin, j'évite les mois avec touristes, les mercredis avec les enfants, les jours de pluie, c'est mieux !

Nous les arbres, les arbres parlent d'eux mêmes. Mais c'est bien sûr, c'est le moment de nous les montrer, sous toutes leurs formes, à la Fondation c'est possible, il y a du vert partout, les grands arbres, dans le jardin, le mur végétal de Patrick Blanc dès l'entrée, et à l'intérieur, les artistes s'en donnent à cœur joie. Je l'avais bien dit quelque part dans mes pages de blog, les arbres, il faudrait les considérer comme des trésors nationaux, internationaux, les classer au Patrimoine de l'Humanité, les planter partout, sans oublier dans les villes, des feuillus surtout, plutôt que des épineux, qui sont moches et qui brûlent tout de suite dans les incendies de forêt...


Le magnifique mur de Patrick Blanc, verdoyant depuis 1998... 20 ans déjà !

Moi, je me sens totalement concernée quand on parle des arbres, mais je ne savais pas qu'ils communiquaient... J'attends quand même d'y voir un peu plus clair de ce côté-là, mais il semble, d'après des savants, que oui, ils communiquent, par les branches, par les racines. Et même, ils se montrent "timides", certaines espèces évitent soigneusement de se toucher, le mystère est encore entier, mais on le constate, les vues aériennes le montrent, les savants se posent des questions,  pourquoi les arbres font-ils cela ? Laissons-les travailler à la question, attendons leurs conclusions... Une hypothèse fascinante "d'intelligence végétale" est à prendre au sérieux. Les plus anciens fossiles d'arbres datent de 385 millions d'années, en 2015 des scientifiques du monde entier estiment le nombre d'arbres présents sur la Terre à trois mille milliards. Les arbres étaient donc là bien avant les hommes (300 000 ans) et aujourd'hui, on déboise, on déforeste, on saccage, on détruit la diversité... Il faut de la rentabilité avant tout !


Timidité des arbres, pourquoi certains évitent de se toucher ? (photo emprunté chez Wikipedia)

Je ne résiste pas à la citation d'un botaniste français Francis Hallé (81 ans) : "Je me demande si le rapport premier aux arbres n'est pas d'abord esthétique, avant même d'être scientifique. Quand on rencontre un bel arbre, c'est tout simplement extraordinaire" (cliquez sur son nom pour en savoir beaucoup plus sur ce savant défenseur des arbres...). Merci Wikipedia !

Je me souviens des arbres magnifiques que j'ai rencontrés dans la campagne, les arborétums, à Varèse en Italie, j'en parle souvent de cet arbre car il m'avait totalement impressionnée, il avait 450 ans, un cèdre du Liban, merveilleux, impérial :


Le cèdre du Liban, 450 ans, Varèse, Italie (2011), dans le jardin municipal


Le grand noyer de Saint-Genoux (Indre), 2008

En Indre, où je serai bientôt, je vais me consacrer aux arbres, il y a des noyers, des châtaigniers, des saules... Je vais me spécialiser dans les" trognes" (si j'en trouve), ces arbres taillés bas pour qu'ils fassent des rejets faciles à couper pour des usages courants : bois de chauffage, branches de saules pour les vanneries... Je vous en reparle en rentrant...


Pour vous faire une idée des trognes, en Champagne - 2020 (superbe photo empruntée à - Ver de Terre production - Son but est d’aider à former le plus possible d’agriculteurs dans leur transition agroécologique vers les sols vivants et fertiles)



Le cèdre bleu pleureur de l'Atlas (environ 150 ans), arborétum de la Vallée-aux-Loups,
Châtenay-Malabry (2018)



Photo empruntée à Wikipedia (le cèdre bleu pleureur dans toute sa majesté)

Quand je vois ces arbres j'ai les larmes aux yeux, car je mesure la chance que j'ai de les voir dans leur splendeur, c'est l'émotion ! Et aussi, auprès de leurs grands âges, je me sens rajeunie !

La fondation Cartier nous invite à considérer les arbres comme des acteurs essentiels de notre monde commun. Aujourd'hui, à l'heure où flambent les forêts amazoniennes, le poumon vert du monde, il est temps, plus que temps, de les protéger, de les chérir... Il faut décréter les arbres, la nature, tout le vivant, hommes, animaux, PATRIMOINE DE L'HUMANITÉ... Il y a urgence  ! Ne faisons rien sans réfléchir aux conséquences des destructions d'une espèce pour les autres, toutes les autres... Nous, habitants de la terre, prenons soin d'elle, elle nous le rend tellement bien, au centuple !!!


Comme je ne pouvais pas prendre des photos de toutes les œuvres d'art qui représentaient les arbres, j'ai fait mon petit tri sur le parcours de cette belle expo de la Fondation... Voyons, admirons et réfléchissons !






La Fondation Cartier, derrière ses murs transparents


Déjà, le sens de l'exposition était émouvant pour moi : Nous les Arbres, voilà des personnes qui parlent, nous dévoilent leur beauté. Nous les connaissions déjà, mais pas assez, pas intimement, les regardons-nous assez ?

L'artiste (brésilien) Luiz Zerbini m’éblouit par ses grandes œuvres peintes, où il mêle flore amazonienne luxuriante et modernité urbaine, comme si tout allait si bien ensemble. Et tout va si bien ensemble, en parcourant chaque toile si riche de couleurs, je ne sais plus où commence la nature, les objets de la vie urbaine, il faut prendre son temps, mais l'ensemble est grandiose, le spectateur est dans la nature et pourtant les objets un à un font présence à nos yeux, partie prenante de la nature.




Luiz Zerbini - (Sao Paolo) - 1959 - travaille à Rio de Janeiro (acrylique)


Détail


Luiz Zerbini - (Sao Paolo) - 1959 - travaille à Rio de Janeiro (acrylique)


Détail


Luiz Zerbini - (Sao Paolo) - 1959 - travaille à Rio de Janeiro (acrylique)


 Détail


Luiz Zerbini - (Sao Paolo) - 1959 - travaille à Rio de Janeiro (acrylique)


Détail

Un petit coup d’œil sur l'accrochage du rez-de-chaussé, l’exposition est ouverture jusqu'au 10 novembre, les chanceux qui iront seront heureux !


Herbier - Luiz Zerbini

Autour de ce sublime herbier (installation de Luiz Zerbini), quatre immenses toiles peintes recto / verso laissaient voir la végétation amazonienne et la ville imaginée, des merveilles !


Herbier - Luiz Zerbini


L'herbier et l'arbre fromager


Détail - arbre fromager, cet arbre à contreforts a une longévité exceptionnelle 


L'exposition continue au sous-sol, dans les jardins, il faut y courir, mes photos ne rendent pas assez compte de la beauté de l'ensemble, et ne parlent pas de tous les artistes présents... Notamment trois artistes Yanomami de l'Amazonie brésilienne, qui évoquent dans leurs dessins la "forêt-monde", hommes, animaux, végétaux intimement mêlés. L'émotion est au rendez-vous pour les œuvres qui magnifient la nature, et qui nous font pleurer aussi quand nous savons que celle-ci est terriblement en danger !...

Mes amis, mes passagers, profitez des derniers jours de l'été, moi je file en Indre et je vous embrasse...

vendredi 16 août 2019

Portraits de voyages...


 La dame aux lunettes - Yves Boussin

Il est comme ça, mon frère, il ne peut pas s'empêcher de regarder les gens qui passent autour de lui, et de les croquer, il se moque de la ressemblance, il ne cherche pas le réalisme, il cherche l'esprit, l'inspiration qui marche avec la vélocité, il dit aussi, par bravade : jamais personne ne pourra se reconnaître, tellement je dessine mal ! Vous parlez d'une histoire, personne ne va croire ça...

Moi, je ne trouve pas du tout qu'il dessine mal, il fait comme tous les artistes, il n'en fait qu'à sa tête.

N'est-il pas sitôt assis, au café, au resto, sur un banc, en gare, à l'expo... Qu'il croque, et croque ses contemporains, quelque fois même les personnes croquées réclament leur portrait, que mon artiste de frère s'empresse de leur donner avec le sourire. Les uns sont très contents, se trouvent rudement beaux, d'autres n'ont pas tout à fait le sourire, mais l'art c'est comme ça, il  n'obéit à rien, à personne...



Le monsieur au gilet vert - Yves Boussin

Donc, voilà qu'un petit voyage se  présente, et hop, il emporte son carnet de voyage, ses crayons, ses aquarelles. Plusieurs fois, il m'avait dit : ma sœur, tu devrais me faire un beau sac en tissu pour mettre tout mon matériel, carnet, crayons, pinceaux godets de couleurs, tu me fais une grande bandoulière pour que je sois totalement à l'aise, mais tu la fais belle, surtout.

Oui, bien sûr tu peux compter sur moi, la beauté ça me connaît ! Les sacs en tissu, j'en avais fait des tonnes, alors un sac d'artiste peintre, avec bandoulière, ne me posait pas de problème. J'étais contente de travailler pour mon frère, fière même, disons-le. Biens sûr, sitôt rentrée, je me suis mise à l'ouvrage, la couleur rouille, doublée marron clair, la bandoulière bleue rayée, le sac a été vite fini, pour y mettre ses chefs-d’œuvres... Allez, fouette cocher pour la partie de campagne, la galerie des portraits !


La jeune femme aux lunettes - Yves Boussin

Attention, mon frère ne s'occupe de rien, les valises, ça n'est pas lui, le sac en bandoulière, il ne le confie à personne, personne ne connaît mieux que lui quels crayons, quel carnet, quelles couleurs, quels pinceaux il lui faudra. C'est un casse-tête chinois pour ne rien oublier, vous imaginez la responsabilité que j'avais prise en confectionnant le sac.


Le jeune monsieur - Yves Boussin

En fin de compte, le sac l'a plutôt gêné qu'autre chose, avec la bandoulière, il n'avait pas ses aises, ça le gênait aux entournures, il fallait chercher au fond, tout était mélangé. Je crois que je n'avais pas prévu assez de poches, même, il me semble, pas de poches du tout, c'était ni fait ni à faire, comme si je n'avais rien fait, fichtre. Il a dit : c'est pas pratique, l'a mis peut-être une fois, ou deux, et l'a remisé dans un tiroir, vive la vie d'artiste, rien n'est à leur mesure.

Il a repris le rangement d'avant : les crayons dans les poches, le carnet et le téléphone dans le sac de sa femme, les couleurs dans la valise, bien plus pratique ! S'il oublie quelque chose, gare à la responsable... Il est comme ça... J'ai bien remarqué que les sacs de ma chère belle-sœur étaient toujours spacieux, pas folle, la guêpe !


La belle dame au collier - Yves Boussin

Mon frère est comme ça, il n'aime ni l'eau des ruisseaux, ni les petites et grandes randonnées, il aime même à dire, pour choquer le bourgeois et les amis de la nature (en perdition) : la nature m'agresse ! Il veut dire par là qu'il est un gars des villes, point barre, il aime le bitume, les voitures, les musées, les expos, l'architecture, les bistrots pour dessiner, et les bons restos. Ma petite belle-sœur, je te donne d'office la médaille du mérite, en or massif !


L'homme jeune à la barbe - Yves Boussin

Une fois dehors, en ville, quand il a trouvé sa place, mon frère est tout à son affaire, il sort son attirail à dessiner, qu'importe le bruit, le mouvement, les allers et venues des gens, il est au septième ciel, comme Tiepolo, dans les nuages... Sa femme fait la lecture à haute voix, lit le menu, à elle la poésie culinaire, à lui les portraits, les objets, les perspectives, tout ce qui se trouve à proximité peut trouver grâce à ses yeux, ça reste une surprise que vous ne pourriez  jamais prévoir.


La jeune dame - Yves Boussin


Le carnet de voyage, il a dessiné un arbre, tiens ! Un peu de vert tout de même...

Chez lui, dans son atelier, j'adorais le voir s'approcher de son chevalet quand il faisait du pastel, il fallait faire très attention à ne pas s'appuyer sur le dessin, il avait une petite baguette (bleue) qui lui servait de retenue, pour soutenir sa main légèrement au dessus des couleurs, pour ne pas les érafler. Le tableau montait lentement, il fallait du temps pour tout comprendre, à la fin, quand tout était terminé, souvent il disait : j'ai failli le louper, à un moment ça a merdé, mais j'ai bien  rattrapé... Il avait su prendre des risques.


Il triture, gratte, affûte, cherche ses couleurs, et ça va démarrer (la petite baguette bleue est là)


Avec le pastel, le chef d'orchestre ne lâche pas sa baguette

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La petite baguette magique soutient sa main pour ne pas écraser le pastel


L'oeuvre est bien avancée (avec sa petite baguette), le pastel se fait hors sol !


Voilà c'est terminé, je peux l'emporter

Bien sûr, il n'avait pas fait tout le même jour, il a fallu une bonne semaine pour mener à bien cette belle entreprise, d'autant qu'elle était pour moi, cadeau royal, un cadrage serré comme je les aime, des couleurs flamboyantes et fraîches, une vraie beauté !

Depuis l'aventure de mon beau pastel, mon frère a décidé de lever le pied, déménager, et reprendre le dessin, tranquillement assis à une table, sur un banc, dans un musée, une expo, une balade (en ville), il reprend son langage habituel, son alphabet coloré. Il a l’œil, et le bon, pour voir tous les détails de son sujet, il va vite en besogne, vous pouvez parler à ses côtés, il n'entend rien, rien du tout... Seuls ses yeux ont des radars !

Mes amis, mes passagers, la prochaine fois je vous raconte les arbres... Profitez encore de l'été...

mercredi 14 août 2019

Le Palais Royal est un beau quartier... (2)


Quand on arrive par derrière, côté rue Croix-des-Petits-Champs, voilà ce qu'on voit, par une fenêtre bilobée formée par les arcades du Palais Royal : on tombe sur un tableau de la Renaissance peint par Véronèse, au moins ! À travers la belle perspective des colonnes et des parasols, on distingue le feuillage des tilleuls du si beau jardin, tiré à quatre épingles, une vue paisible, admirable... Un autre monde... Plongé dans la lumière tamisée quand il fait gris, et resplendissant sous le soleil !


Et que se passe-t-il juste devant ? Des parasols en rang d'oignons, parfaits de couleur et de forme

Donc, je vous disais dans le post précédent, que ma promenade au Palais Royal était due à ma recherche de parfums à la rose. La petite parfumerie qui se trouve juste derrière les parasols du Palais Royal, je la connaissais depuis très longtemps, mais je l'avais oubliée... J'étais passée à autre chose.

Avant d'y retourner, j'avais travaillé la question des parfums sur internet, je savais exactement ce que je voulais, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. J'étais venue avec mon antisèche, le résumé de  tout mon travail de recherche s'y trouvait, un gros travail de plusieurs heures, sur un petit papier qui pouvait tenir à l'intérieur de ma main ! La vendeuse, croyant que je venais faire mon marché avec ma liste de courses, m'accueillit avec un grand sourire... Je lui expliquais que je voulais une odeur de rose vanillée aussi belle que l'odeur des roses jaunes... Si j'avais eu un abricot de mon abricotier, cet arbre qui se trouve en bas de ma tour, dans une ex banlieue devenue le Grand Paris, je l'aurais apporté, mais la cueillette de cette année a été seulement de cinq fruits, que j'ai mangés ! Les abricots de cet arbre sont merveilleux, ils sont d'une couleur jaune/rose, gros comme des œufs de pigeon délicieux (c'est peu dire) au goût, odorants (difficile à décrire) comme une rose introuvable... Leur parfum, si délicat, magique, léger, aurait pu témoigner parfaitement du parfum que je cherchais. : un parfum de rose jaune déposé sur un abricot, et si c'était possible, mâtinée de vanille et de mûre, vous voyez ? C'était demandé une robe couleur de lune, je le savais bien.

La grande affaire, me dit-elle ! Nos roses, vous le devinez, ne viennent jamais seules, elles se composent d'une note de tête, de cœur et de fond. Je savais tout ça à fond : la note de tête est la plus volatile, celle de cœur se développe pendant des heures, et la note de fond fixe le parfum dans le temps, laisse un sillage... Berce vos vêtements, votre foulard, notre sensibilité... Un assemblage très compliqué...

Je savais tout, tout, tout sur la pyramide olfactive... Sur mon papier, j'avais noté avec précision les effluves que je voulais respirer sur les petites languettes de papier-test. La charmante vendeuse démarra au quart de tour son chant poétique, un chant chargé des mots évocateurs du jardin d'Eden : aussi beau qu'un champ de roses bulgares, vous sentez cette élégance poudrée, un peu fragile mais très présente, le grain de folie, racé, audacieux, ce tourbillon capiteux qui enchante ? Sentez encore... Elle me mit sous le nez, après l'avoir copieusement nébulisé, le témoin muet mais odorant. Ah ! La note de tête ne m'inspirait rien d'agréable, me piquait le nez, mais où sont la rose et la vanille, accessoirement la mûre qui vient quand on commence à cuire la confiture ? (Me disais-je intérieurement). Ses mots et mes odeurs ne se ressemblaient pas du tout... Non ? Tenez, sentez, celle-ci, associée avec de la mûre, vous l'avez ? Mais oui, mais oui, la voici, elle finit sur une note boisée-cuirée-animale, un sillage de rêve... Encore des mots, toujours des mots, paroles, paroles, et paroles... Les mots sont menteurs... Moi, je voulais ma rose jaune avec la vanille et de la mûre, si c'était possible, le petit papier-test allait et venait sous mes narines, et je ne retrouvais rien qui m'aille. Au prix où était vendue la bouteille, je voulais être sûre de mon choix, on ne choisit pas un parfum au hasard, il faut se donner du mal, l'affaire est d'importance et comme disait (à peu près) Colette (qui  habitait dans ce beau jardin) : je préfère me passer de bifteck plutôt que de parfum, et il se trouve que je pense exactement comme elle, au diable le bifteck, je préfère le parfum... Je préfère devenir végétarienne, végétalienne, et sentir bon !


J'adore voir les chaises avec les pattes en l'air, le silence des allées vides

Comme un vol de papillons, les ailes des petites bouts de papiers passaient et repassaient, le manège dura bien une demie-heure, la vendeuse avait de l'endurance, un sourire infini, comme il n'y avait pas d'autres clientes à servir, elle prenait son temps... La boutique était pleine de mots qui n'avaient rien à voir avec les odeurs...

J'étais une cliente sérieuse, mais les mots et la rose (à la vanille mâtinée de mûre) n'étaient pas au rendez-vous... Je vais réfléchir, je pense que celui-ci serait peut-être à mon goût, mais je ne peux pas me décider tout de suite, il faut laisser le temps passer pour voir ce qu'il fera sur ma peau... Elle me donna des échantillons, ces petites bouteilles de poupée, si précieuses, écrivit le nom de la fragrance vaporisée sur chacune des languettes, et les mit une à une dans une petite pochette en plastique pour ne pas mélanger les odeurs. Elle méritait la Légion d'honneur... Et moi le bonnet d'âne, à ne pas savoir ce que je voulais, ou mieux, à chercher exactement ce que je voulais, sans le trouver ! 

Parfumeurs, déclamez les vers des fragrances, poétisez, inventez des mots, marketez tant que vous voulez, mais de grâce, rendez-nous les odeurs de la nature, pures, fraîches, merveilleuses. La nature, c'est elle qui est originale, révélez-nous l'odeur du tilleul de juin, des freesias du printemps, de la mûre après le premier bouillon de cuisson de  la confiture, la rose jaune, si suave, si belle, si magique, le chèvrefeuille, la fleur d'acacia, l'oranger du sud, la vanille de Madagascar ou d'ailleurs, le jasmin de nos jardins, le lilas, le muguet, la violette. Les accords de la nature dépassent tous ceux mis en bouteille d'après la pyramide olfactive... Je cherche les parfumeurs n'ayant pas peur de restituer les fleurs de nos jardins, vivement que je me jette sous le figuier de l'Indre où je serais en septembre...


Le jardin, le jet d'eau, le soleil

En sortant de la boutique avec mes précieux élixirs et mes pochettes parfumées, je savait déjà que rien ne faisait l'affaire, j'étais déçue, moi qui était prête à sauter le pas, craquer mes économies, mettre le paquet sur une bouteille, mais la bonne... Je gardais l'espoir que le temps jouerait pour moi, les tests feraient leur effet dès que je serais chez moi, ça valait le coup d'attendre, patience, ma fille... Et je me mis en attendant à photographier avec gourmandise les terrasses fermées du jardin silencieux...




Merci le mois d'août, les lundis, ils me font du bien

Quelle belle aventure ce jardin du Palais Royal au mois d'août, je vous recommande le lundi, quand  (presque) tous les magasins sont fermés, même le sable du jardin n'est pas rayé, les chaises font les pieds en l'air, restent les bancs où on se rassemble tous ensemble pour respirer l'ambiance, c'est le temps du bavardage possible avec son voisin, sa voisine, conversation de météo, pourquoi pas, c'est un beau début... Prenons le temps de faire connaissance, souvent les mots des rencontres vont loin (à mon âge, bien sûr), les impressions de la vie sont matinées de tant d'émotions dont on peut un peu parler à des inconnus...


Mais revenez-y aussi quand tous les magasins sont ouverts, il y règne un air de luxe, de volupté et de rêves, presque inaccessibles

Mes amis, mes passagers, l'été va se finir avec des airs parfumés, profitez du beau temps, de la pluie et même du vent... Profitez de la vie !  Je vous embrasse !

lundi 12 août 2019

Le Palais Royal et un beau quartier... (1)


Le plus beau café de la place de la Bourse : "Le Vaudeville 1918"

On peut le prendre de tous les côtés, il reste beau : du marbre, du bronze, du cristal, de la mosaïque au sol, du cuivre, du bois, du cuir... Que des matières dites nobles... Une équipe de service adorable, tous des garçons avec le sourire, un accueil chaleureux, même pour un café décaféiné allongé, ils se coupent en quatre... J'avais mon appareil photo en bandoulière en guise de carte de visite, je pouvais annoncer la couleur de ma curiosité... Madame, vous pouvez regarder partout, faites comme chez vous, un déca allongé, c'est parti. Il est magnifique votre café, il est bien de 1918 ? Oui madame, plus toutes les nouveautés ! Je regardais de tous mes yeux.


Les matières, les couleurs du beau Vaudeville

Ah ! Vous avez de bien beaux siphons anciens à fabriquer de l'eau de Seltz (eau gazeuse) ! Et hop, illico, le garçon du comptoir les descend de l'étagère et les place sous mon nez, nous nous mettons tous autour de ces belles verreries pour les examiner, seuls le plus vieux des garçons et moi savions à quoi ils avaient servi... Le plus jeune n'osait pas les remettre sur l'étagère avant la photo... Merci monsieur, vous pouvez les remettre, je les prendrai en hauteur. Ah bon, voilà, je les remets en place ! J'ai pris la photo. Les garçons étaient tous attentionnés, et j'ai bu mon déca avec délice.



Les verreries, les cuivres et les miroirs : au café Vaudeville, on ne rigole pas avec la beauté


J'ai sorti ma pièce de deux euros, car ici, sur cette belle place, dans ce splendide café, le déca coûte 1,30 euros. Je voyais que le garçon tournicotait pour trouver la monnaie, vous n'avez pas de monnaie, monsieur ? Pas grave, me dit-il, je vous l'offre ! La classe, la très grande classe au Vaudeville ! Je me suis dit, quand je viendrais place de la Bourse, j'irais toujours au Vaudeville... Je suis sortie comme une Reine...


La grande classe au Vaudeville

Dans le périmètre de la Bourse, il y a beaucoup de choses à voir, d'abord la rue des Colonnes : l'histoire de cette rue est très compliquée, je vous renvoie à Wikipedia pour apprécier tout le sel de cette spéculation immobilière du 18e siècle  (cliquer sur spéculation). La rue est surprenante, j'ai beau l'avoir vue des quantités de fois, je la regarde toujours avec surprise...


Rue des Colonnes, dans le prolongement de la rue de la Bourse



La rue des Colonnes se continue de l'autre côté de la rue de la Bourse

Un exemple de nouveau mobilier urbain, à deux pas de la rue des Colonnes, rue de la Bourse, ce jour-là la Bourse avait ses colonnes en fête.


Le nouveau mobilier urbain, juste devant le Monoprix, pratique pour déguster son sandwich


La Bourse en fête, enrubannée de couleurs franches et pimpantes

Ce vieux Palais Brongniart est le lieu historique de la Bouse des valeurs, aujourd'hui il n'y a plus d'achats à la criée en corbeille, la bourse physique n'existe plus depuis 2000. La Bourse de Paris est désormais intégrée dans Euronex : dès la fin des années 1990, et après la mise en place du Nouveau système de cotation (NSC), la Bourse de Paris lance une initiative de fusion entre diverses bourses européennes, qui culmine avec la création d'Euronext en 2000. Elle a été délocalisée dans la zone industrielle de Basildon, en banlieue de Londres, sous bannière anglaise, tout comme les places financières d'Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Luxembourg. Le CAC 40 est ainsi indexé par Euronext (Wikipedia). Je me demande comment ça va se boutiquer avec le Brexit ?

Pour l'heure, j'étais toute à ma promenade, au diable les développements  financiers... Tout se fera de toute façon sans moi...

Je n'avais qu'une seule idée en descendant à la station de métro Bourse : filer jusqu'au Palais Royal pour aller respirer les roses ! Cachée dans un repli du Palais Royal, il y a une petite boutique unique à Paris, d'une parfumeuse créatrice de parfums qui ne propose que des odeurs de roses. Pour y arriver, je passe obligatoirement par le passage Vivienne, si beau, je ne résiste jamais à ce lieu. En août, il est silencieux, peu de touristes, puisque presque toutes les boutiques sont fermées, c'est comme ça que je l'aime le mieux... Entièrement à moi !



Le seul café ouvert à l'entrée du passage






Le même café donnant dans le passage, avec son élégance, sa beauté, son confort


Le passage au mois d’août, rendu aux Parisiens









Fermés...


Quelques touristes pourtant, bien équipés, routiers à pédales

Dans le passage, il reste tout de même quelques inconditionnels du lundi du mois d'août, le libraire, la marchande de fleurs en papier et ses lumières, et le somptueux marchand de châles...


Les fleurs en papier, enguirlandées toute l'année pour notre plus grand plaisir


La librairie ancienne


La marchande de châles merveilleux, soie, laine, coton, cachemire...


Par ici la sortie...

La promenade se continue à l'arrière du Palais Royal, par les petites entrées qui donnent rue des Petits Champs, les escaliers, les passages presque secrets...


Passage presque secret vers le Palais Royal...

Mes amis, le post prochain sera fait de roses et du jardin du Palais Royal... Passez un bel été où que vous soyez... Suite au prochain numéro !