jeudi 29 novembre 2018

C'est un signe !!




Les anémones de gaze, les transparences de Noël en Avignon...

Bon signe ? Mauvais signe ? Nous ne le savons jamais à l'avance, mais ce petit déplacement de superstition me va comme un gant, il s'applique à tout ! Mais je le préfère quand il est bon...


Jamais je ne me dis spontanément : tiens, c'est bon signe. Mais mes amis, ma famille, me le disent souvent, surtout quand je suis malade, en voie de guérison, bien sûr, tu as bon appétit, c'est bon signe, quelle belle énergie, c'est bon signe, tu es moins fatiguée en ce moment, c'est bon signe, tu as le sourire, c'est toujours bon signe...



Les signaux sont au vert, ils ne peuvent se tromper, tu vas guérir ! Moi même, je me suis mise à le dire maintenant pour les autres, ceux que j'aime en premier, je voudrais que le petit talisman verbal opère tout de suite, je ne fais pas le signe de croix puisque je ne suis ni catholique, ni croyante, mais  je dis souvent : c'est bon signe. C'est doux à dire, l'affection s'en mêle rapidement, je vois bien que ce sont des mots qui comptent. Tout le monde s'accroche aux bons signes, puisqu'ils sont bons, nous les aimons, nous ne cherchons pas à en savoir plus, c'est bon signe, voilà tout ! Nous sommes résolument du côté de l'optimisme...





Les larmes gelées - Oeuvre collective - Susanna Lehtinen / Silvie Cabezas Pizarro - Musée Vouland d'Avignon

C'est bon signe, tiens bon, je t'en prie, vas mieux, espère, crois-moi ! C'est bon signe, elle va s'en sortir... Le talisman est valable pour presque tout : la santé, le travail, l'amour, la météo, la marche du monde... Je guette le moindre signe qui va dans le bon sens... Souvent, les bons signes ne tiennent pas leurs promesses... Les mauvais ne s'imposent pas non plus... Les signes restent flous...


Quand le temps est mauvais et qu'un petit rayon de soleil traverse les nuages, c'est bon signe, il fera beau... Nous pourrons aller nous promener, ça sera bon pour les salades. C'est à la campagne surtout que les signes du ciel sont importants, le linge qui sèche sur les fils sera sec, vous croyez ? C'est certain, me répond le voisin, j'ai l'habitude, et souvent je constate qu'il pleut toute la journée... Aux champs, Météo-France n'a pas le dernier mot, elle se trompe souvent, dit le gars du coin... Moi, je vous dis qu'il fera beau... Évidemment, il faut habiter l'endroit, avoir vécu longtemps au vert, près des animaux (les grenouilles surtout), pour défier la météo scientifique qui fait quand même presque tout le temps ses preuves. On écoute cependant les gens du terroir, ils en connaissent un rayon, pas comme ceux des bureaux de la météo "qui se trompent tout le temps". Tout le monde oublie les prévisions exactes d'hier et d'aujourd'hui, nous n'avons pas la mémoire du temps... On ne retient même plus les dates, mais mon voisin de campagne est sûr de son coup, je vous dis qu'il fera beau, pas la peine de prendre le parapluie, bien m'en a pris, la pluie m'a trempée jusqu'au os...





Tasse en lévitation au musée Vouland d'Avignon

Il y a des signes qui ne trompent pas, des signes avant-coureurs qu'on néglige, là, c'est compliqué surtout en politique, comment voir clair ? Comment penchera notre balance intérieure, sans la laisser balancer du très mauvais côté... Je veux la paix, la justice, la démocratie, le bien de tous les humains, sans oublier la faune et la flore, qui va trépasser en premier ? Il y a des signes, les mauvais, qui ne trompent pas, je n'entends plus les chants des oiseaux dans ma campagne indroise... 


Je m'interroge, je réfléchis, les mauvais signes sont difficiles à percevoir, je donne ma langue au chat, mais je garde mon précieux bulletin de vote... Les signes encourageants ont des vertus, ils nous donnent du temps, encore quelques efforts et nous serons triomphants, le gros lot n'est pas loin, mais gardons le cap, rien n'est gagné d'avance, regardons droit devant nous, restons confiants, les bons signes sont de notre côté... Quels bons signes, nous ne le savons pas exactement, mais nous sentons le mieux, indéfinissable ! Les optimistes disent que ça va aller, les pessimistes attendent de voir... 





La théière lévite aussi au musée Vouland en Avignon

Mes amis, mes passagers, suivez mes pas dans une belle rue d'Avignon, dans le prochain post...

jeudi 22 novembre 2018

Mes petits cailloux... Doux, doux (3)


Miroir, beau miroir...

Ce petit miroir, je l'ai acheté chez un encadreur de Venise, il y a de très nombreuses années. Il en continue sans doute la fabrication mais dans d'autres gammes de prix, il était déjà cher à l'époque, mais il était si joli, il représentait tellement Venise avec ses petite feuilles et fleurs en verre de Murano, le tain du miroir faussement vieilli. J'ai dit : merci ! En sortant de la boutique, emportant mon précieux paquet... La boutique donnait sur une belle fondamenta dans le Dorsoduro, l'année dernière déjà, on ne reconnaissait plus rien dans le coin, il y avait du monde partout, les magasins anciens fermaient ou avaient changé de mains, les nouvelles marchandises étaient plus touristiques, on pouvait compter sur les investisseurs...

Chez moi, depuis des années, j'enlève la poussière des petits sujets en verre avec un pinceau, je souffle, j’essuie délicatement, jamais je ne me regarde dedans, je caresse juste les verres fleuris du bout des doigts... C'est un objet totalement  inutilitaire, juste pour faire beau... Je l'aime... 


Les cartes postales


Je les installe par-ci, par-là, dans mon appartement, les cartes que j'aime et qui m'ont été envoyées, les images qui me rappellent des lieux où je suis allée, mais c'est surtout Venise que je privilégie... Venise est toujours devant ou derrière une carte... J'ai  beaucoup acheté de marque-pages, car j'adore ce format et j'aime particulièrement les détails que permet le format des marques-page, j'ai un gendre qui les laisse dans tous les livres qu'il lit. J'ai beaucoup acheté de cartes postales à Venise, chaque année je faisais une grande liste de destinataires,  et au fur et à mesure des années la liste s'est réduite... Le téléphone y a été pour beaucoup, mais j'ai toujours acheté des images de Venise, même sur place elles m'ont toujours séduite. Jamais plus belles que la réalité, mais je voulais quand même  avoir la copie conforme, je les achetais avec toujours le même plaisir, et puis... Plus tard, quand j'ai définitivement préféré l'original à la copie, je n'ai acheté que les photos des tableaux que je trouvais dans les musées, les églises... Je voulais garder Venise par tous les bouts, j'étais devenue une addict, justement au moment où je n'irai plus !


Le petit cadre avec l’aquarelle

Je me souviens de l'achat de cette petite aquarelle chez un peintre qui exposait tous les jours, sur la grande rive qui longe les jardins du Mole près du Palais Ducal, là où se mettent tous les peintres et les marchands d'éventails et de masques (comme à Montmartre)... Il avait une manière que j'aimais beaucoup, précise et assez floue, délavée comme le permet la peinture d'aquarelle, et si proche des couleurs de Venise, roses et blanches ! Il ne se passe pas un jour où je ne les regarde pas. Le peintre, lors de l'achat, m'avait raconté une histoire (qu'il inventait au fur et à mesure, pour me vendre encore plus de réalité) concernant ce coin de Venise, qui ne ressemblait pourtant à aucun original, je l'ai su longtemps après en connaissant mieux Venise, mais l'histoire et l'aquarelle m'avaient plu... La dernière année, à Venise, le peintre avait passé la main à son fils pour la vente aux touristes...



La coupe de verre de Murano (copie d'ancien)



Comme un original (en bleu) du musée Mocinego

En me promenant à Murano, sans surprise devant tout ce qui s'offrait au touristes, j'avais aperçu cette coupe si fine, si transparente, si simple, avec son petit liseré rouge que j'aimais tant, le prix était raisonnable, puisqu'il s'agissait d'un article de second choix, invisible... Bien sûr, à Murano il y a toujours des œuvres magnifiques dans les arrière-boutiques, un peu à l'abri des manipulations interdites... Des merveilles extraordinaires, qui valent des prix tout aussi extraordinaires...

Le marchand avait ficelé le très fragile objet avec moult bandelettes de papier pour le transport, et elle arriva à bon port chez moi, quelle joie, quel contentement, quand je la prends entre mes doigts, elle ne pèse rien, et sur la balance de cuisine seulement 120 grammes... La poussière remplit les vides, et souvent, je la caresse avec douceur pour enlever le voile gris qui se dépose régulièrement...




Une vue rose de Venise


Cette vue existe, je ne sais pas où, mais ce rose, je l'ai vu une fois, dans la soirée, à l'heure du soleil couchant, je n'en croyais pas mes yeux, un rose de porcelaine s'étalait sur tout... J'ai vu cet enchantement, j'y étais, le rose de juillet 2016, je m'en souviens encore...




Les soirs roses de 2016



Encore le rose du soir de 2016

J'ai mis moins d'une minute pour comprendre ce que je voyais, ce fut la course contre la montre... Inutile d'essayer de prolonger l'effet, il cessa très rapidement, comme par enchantement, sous mes yeux.

Ah ! Venise, je t'ai encore dans l'oeil dans le moindre détail, souvent je révise dans ma tête les parcours que je faisais, pas très loin de mon appartement, il y avait dix mille entrées et cent mille sorties, chaque année je trouvais quelque chose de nouveau... Une vie, même bien remplie, ne suffirait pas à tout expertiser. J'étais déja contente quand je trouvais un itinéraire inconnu au bout de vingt ans de visites...

Il restait les palais, les églises, les chapelles, les oratoires, les musées, les paysages, les places, les rues, les jardins, les îles, les ponts, le cimetière... Je n'oublie pas le cimetière juif du Lido, admirable et les couchers de soleil sur la lagune, sur le Grand Canal et dans tous les petits coins à découvrir. On peut aussi toujours compter sur le hasard pour des heureuses rencontres, je les gardais jalousement pour moi, comme des trésors... Je n'aurais jamais fait un bon guide, à cause de toutes mes rétentions...


Le jardin de Mazzorbo

Vous voyez bien, chaque ouverture devient un tableau, chaque tableau magnifique, bien réalisé, très ressemblant, reste pourtant en dessous de la réalité... À Venise,  il y en a pour tous les yeux, tous les appareils photo, chacun peut devenir un artiste sans le savoir grâce à la beauté intrinsèque du sujet regardé, un bon cadrage, une belle lumière, et roule ma poule... Mais il n'empêche que, comme à la campagne quand vous ramassez les fleurs des champs, même si vous sentez vos bras trop petits pour les contenir, tellement vous les trouvez belles comme le jour, vous voulez toujours agrandir votre bouquet, et celle-ci, et celle-là, et celle-ci...

À Venise, j'ai toujours eu cette sensation, de n'avoir pas assez de regards pour cueillir ses beautés, j'en laissais toujours derrière moi, et j'en avais pourtant plein les yeux...

Mes amis, je vais rechercher d'autres cailloux, ne perdez pas patience, je reviens... Merci de repasser !


mercredi 14 novembre 2018

Mes petits cailloux... Doux (2)


Ma boite à thé, belle comme au premier jour, en fer blanc qui n'a jamais bougé

Il n'y a pas que les photos qui soient menteuses, il y a aussi les marchands de thé !

Un jour, j'ai acheté du thé vert en feuilles, le plus beau, le plus bio (paraît-il), et je me suis dit : si je mettais les boutons de fleurs de jasmin dedans, le goût en serait accentué, non ? Après un certain temps de réflexion dans le rayon des thés, j'ai donc acheté un petit flacon de fleurs blanches de jasmin séchées et, quand je suis rentrée chez moi avec le Graal, j'ai mélangé les bourgeons blancs avec les feuilles vertes. Et, résultat, zéro pointé ! Les fleurs n'avaient aucune odeur, et mon mélange était raté, quand j'ai fait couler, délicatement, l'eau chaude (pas trop) sur le thé, ça sentait terriblement  le foin !

Il faut avouer que les fleurs m'avaient fait tourner la tête, je m'imaginais avoir trouvé l'astuce pour parfumer mon thé, que nenni, pour parfumer du thé vert c'est tout un art, et visiblement, je n'avais pas cet art-là ! Depuis, j'ai laissé dormir ensemble le thé, les fleurs et la cuillère... Nous verrons plus tard, car il faudra probablement enlever toutes les fleurs une par une, pour fabriquer une tasse de thé buvable...



Le thé vert en feuilles - les boutons de jasmin - la cuillère en argent, au repos

Non seulement la grande boite est belle, mais pas besoin de la nettoyer, elle brille toujours, elle peut contenir 200gr de thé, elle est parfaite ! Tout le monde veut la même, je me disais : voilà un petit cadeau qui fera plaisir à plus d'un, mais je ne l'ai jamais retrouvé, même chez le marchand indien chez qui je l'avais dénichée. Elle est unique !



Boite à thé - boite à pilules - clémentine pour la couleur - et petit paquet de thé aux agrumes qui se trouve juste derrière, sur l'étagère

Bien sûr, la boite à pilules en argent a aussi son histoire, je vous la raconte : j'avais aperçu cette petite merveille dans la vitrine d'un grand argentier de Venise, la plus ancienne boutique d'argent de toute la Sérénissime. Je passais et repassais devant, sans oser entrer, je me disais que dans cette boutique splendide, tout devait être hors de prix, passons notre chemin. Et puis chemin faisant, un jour, j'y suis entrée, il y avait de l'argenterie du sol au plafond, de très belles pièces anciennes, des grandes et des petites. Moi, je voulais connaître le prix de la toute petite, là, en vitrine, sur la gauche, vu l'état  squelettique de mon italien, j'avais montré la chose avec le doigt... 


La boite ancienne en argent, fermée

Le gars m'en a dit le prix, il l'a même baissé, sans que je lui demande rien. Il a astiqué la boîte avec la peau de chamois, et pendant tout le temps que dura l'astiquage, il m'a raconté l'histoire de l'Italie. Je ne parle peut-être pas, mais je comprenais assez bien tout ce qu'il me disait... D'abord, "ils" fabriquaient et vendaient de l'argenterie de père en fils depuis des lustres, mais maintenant que les touristes voulaient tout pour rien, ils allaient être obligés de fermer boutique. J'ai vite compris qu'il n'était pas du même côté de mon manche politique, il parlait de la Ligue du Nord avec beaucoup de lumière dans les yeux, il astiquait, il astiquait, moi je n’impatientais, je voulais payer et emporter ma belle petite boite ancienne en argent. Comme je n'avais pas beaucoup de répondant, même si je hochais la tête de temps en temps ou montrais ma réprobation, mes doutes, il poursuivait allègrement, avec passion, sa leçon d'histoire, la Ligue par-là, la Ligue par-ci, on ne faisait plus rien de bien dans ce bas monde, surtout en Italie, il n'y avait que dans sa boutique qu'on trouvait le fin du fin, tout le reste ne valait rien... Du travail à l'ancienne, bien fait, avec talent, voilà madame, merci beaucoup, arrivederci, ouf ! Me voilà sortie, depuis, je me sers tous les jours de cette superbe boite, j'y mets mes pilules pour la tension, et elle a baissé ! Je dois l'astiquer moi aussi, énergiquement, avec la peau de chamois, de temps en temps, pour qu'elle garde son éclat, je l'aime...



Boite ouverte, vue sur pilules jaunes et blanches

Je l'ai mise à portée de mes yeux, mais les paroles se mélangent encore dans ma tête, je m'en étais bien sortie, et même pour un peu moins cher qu'ailleurs, comme quoi, mieux vaut peut-être aller directement acheter ses bijoux chez Chaumet plutôt que chez Tati, non ? Je n'en suis pas certaine, certaine, j'ai des doutes... Quand même...

Les amis, les petits cailloux s'amoncellent, je les sème encore au prochain post...

lundi 12 novembre 2018

Mes petits cailloux... Doux... (1)


Branche de laurier et bouquet de menthe, secs

Allons bon, Danielle, ça commence très fort, des herbes séchées, squelettes végétaux, qu'y a-t-il à dire là-dessus ?

Tout, mes amis, tout, voyons-nous encore ce qui nous entoure dans nos logements, nos maisons ? Regardons-nous les objets qui font partie de nos quotidien avec un œil neuf, un battement de cœur ? Je vous propose une petite promenade intime à travers les choses qui m'entourent et qui me sont chères, ou indispensables...

Ces deux branches de feuilles sèches pendent au bout d'un petit ruban de soie verte depuis la fin de l'été. Une fois le dessèchement complet, je mets toutes les feuilles en pots, et je m'en sers soit pour le thé, soit pour les bouillons, les légumes... Le parfum de la menthe perd de son intensité, je lui  préfère les feuilles fraîches qui ne durent pas, et laissent un sillage et un goût uniques. Ces deux bouquets m'ont été donnés par des amies, le souvenir s'étire sur plusieurs mois, et chaque fois que j'ajoute une feuille dans mes préparations culinaires, je pense à elles, chaque fois...

Quand mon frère avait encore son jardin en Avignon, je revenais souvent avec un gros bouquet de laurier tout frais, je l'accrochais sur la poignée de ma petite valise, comme des fleurs des champs...

Maintenant qu'il est en appartement, ce sont mes amies qui me font ces cadeaux. Le petit ruban vert, en soie, a sa propre histoire : j'avais trouvé, il y a quelques années, des rouleaux de rubans en soie aux Puces de Montreuil, je les garde soigneusement, et pour orner mes petits cadeaux, je fais des beaux  petits nœuds que je dispose sur les paquets... Juste pour faire beau !

En vacances, dans ma campagne indroise, je suis tentée par tous les végétaux que je pourrais rapporter et faire sécher, mais je me retiens. Lles bouquets d’hortensias avec leurs couleurs arc-en-ciel m'ont souvent tentée, mais j'ai résisté...

Sur le chemin du retour de Montfort L'Amaury, je n'ai pas pu me retenir de glaner quelques marrons. Emportant un bout de promenade dans mes poches... Un homme qui passait nous salua : comme nous, il ramassait, mettait dans sa poche. C'est bon pour les rhumatismes, tout ce qui ne va pas, dit-il avec un large sourire, j'étais toute prête à le croire... Déjà, j'allais mieux... Du genou droit, surtout...


Les marrons de Montfort


Pommes, aulx, salade et noix (2015)

Cette jolie réserve, justement, je l'ai rapportée de l'Indre : cadeaux des propriétaires de ma location, cadeaux tout frais, tout bons, tous beaux

Les champs, la rivière, les chemins creux, les tas de bois, les fleurs, les roses fanées, les petits jardins alignés, pimpants... Sont restés là-bas... Tous les animaux, les gens sont restés aussi... Je vais les retrouver l'année prochaine, si prochaine... J'ai toujours le cœur serré quand je les perds de vue...


Ces fruits de la passion d'automne...

M'ont été donnés : prends ça, tu vas te régaler, une bonne soupe ! Mais non, je n'ai fait aucune soupe, je les ai mangé des yeux... Je me souviens aussi de magnifiques coings, donnés pour le parfum : tu verras, tu les mets dans une coupe dans ta cuisine où tu veux, et tu sentira leur fraîcheur et leur personnalité... Je n'ai jamais rien senti, il fallait que je mette le nez dessus pour avoir une petite effluve de rien du tout, un petit parfum acidulé, mais rien de magique... J'ai renouvelé l'opération plusieurs années, en vain... Mieux vaut compter sur le rêve... 

J'ai ramené des brassée de lavande, je l'adore, mais jamais je n'ai été récompensée, dans les petits sacs accrochés dans mon armoire, je ne sentais rien sans les avoir triturés un peu dans ma main, un petit filet d'odeur se dégageait alors, mais si furtif... Il reste le rêve, je les ai gardés longtemps pour le rêve...

Les pommes données, rapportées, je les ai toutes mangées... Non sans avoir pris la photo, leur temps était compté, il ne fallait pas qu'elles se gâtent trop vite, mais chaque fois qu'elles passaient sous mes yeux, j'admirais leur spectacle, quand toutes les feuilles furent tombées, elles avaient disparu.


Mes belles pommes d'amie


Fin de vacances d'automne à la campagne

Heureusement que j'ai gardé la photo, mes amis qui m'avaient fait ce cadeau se demandaient bien pourquoi je photographiais "tout et n'importe quoi", ils s'étonnaient toujours de ce qui me plaisait... Danielle, viens donc, je remue les pommes, Danielle, viens donc, j'allume le feu sous les feuilles mortes, Danielle, viens voir, je ratisse, j'élague, je coupe, je plante, j'arrose, je tonds, je fais propre avant l'hiver ! Ils m'appelaient, car ils savaient que tout me plaisait... Mon ami allait et venait dans ses petits chemins, il tournait en rond, regardait le travail fait, et ce qui restait à faire, avec le sourire et un grognement : Ah ! Si je n'avais pas tout ça à faire... J'en mourais... Plusieurs fois il m'en avait parlé : quand je me lève le matin, je réfléchis à ce que je vais faire, ça me rend heureux, même si je m'en plains. Ah ! J'ai encore tout ça à faire, quelle corvée ! Mais non, mon ami, pas une corvée, un élixir de jouvence. Il savait que ses jérémiades sonnaient faux, ça lui donnait du cœur à l'ouvrage, son cœur qu'il avait dû se faire rafistoler, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux... Allez, au boulot mon ami, c'est ta vie... Cet homme est un poète sans le savoir, il ressemble à monsieur Jourdain, ses mots s'ajustent aux sentiments, ils sont beaux et simples, ça fait du bien, il me surprend toujours, il raconte ce qu'il fait de concert  avec ce qu'il pense, et ça donne de l'originalité à tout ce qu'il dit......

Mes amis, je ramasse mes cailloux... Doux et je reviens... Attendez-moi...

samedi 10 novembre 2018

Montfort l'Amaury... Le retour !


Les moutons au pré de Montfort l'Amaury, le 26 novembre 2009


Les vaches du 5 décembre 2012

Allons à Montfort ! Nous aimions cette petite ville pleine de charme... Petit inconvénient pour moi, il fallait que je me lève tôt, mon amie est matinale, je repoussais notre rendez-vous toujours un peu plus loin dans le matin : rendez-vous sur le quai, Danielle, oui mon amie, oui, j'y serai. Elle arrivait en principe une belle demi-heure à l'avance, et moi un petit quart d'heure seulement, nous étions extrêmement à l'heure, toujours plus tôt que prévu.. Mon amie me faisait des signes de loin...

Une heure de transport depuis la gare Montparnasse, un trait d'union entre la Capitale, bruyante, polluée, et la campagne, là-bas, l'herbe a toujours été plus verte !



Le charme de décembre et ses feux de végétaux, très poétiques (2012)

Depuis 2009, nous allions régulièrement à Monfort l'Amaury, il faudrait avoir enregistré nos conversations pour nous rappeler vraiment le climat de nos promenades. Rien à voir avec la météo du ciel, qu'avions-nous à nous dire en ce temps-là, faisions-nous la pluie ou le beau temps, refaisions-nous le monde autrement, avec moins de dangers ?

Les émotions provoquées par les paysages, la beauté des couleurs et des ombres, le silence, avec quelles âmes les avions-nous accueillis ? Impossible de s'en souvenir, mais nous avions toujours eu envie d'y revenir...

Ah ! Monfort l'Amaury : son église Saint-Pierre et sa merveilleuse verrière (37 vitraux du XVIe), d'une beauté confondante, unique. Unique en Ile-de-France, son très vieux cimetière des XVI/XVIIe, entouré de galeries semblables à un cloître, les vestiges du château du XIIe siècle, la maison de Maurice Ravel que nous n'avons jamais visitée, ouverte seulement le week-end, à 18 km de la forêt de Rambouillet... Et les nombreuses maisons à colombages dans les petites rues de la ville...

Ah ! Montfort l'Amaury... Nous réservait toujours de belles surprises...


L'abri voyageurs de la gare de Montfort, novembre 2018

Un paysage n'est pas complet dans mon souvenir sans les mots qui se disaient en marchant, sous le soleil ou avec des nuages. Une fois, sur le chemin du retour, nous avions ramassé sur nos épaules toute la pluie de la journée, trempées jusqu'aux os, nous avions gardé le sourire, mais nos mots, nos mots... Envolés ! Tant mieux, ils seraient de toute façon trop étriqués pour évoquer la réalité... Certaines conversations sont des confessionnaux ambulants... Nous avions le temps, un pas devant l'autre, sans se presser, nos cœurs en bandoulière, forcément, nous avions parcouru tellement de chemins dans notre vie, nous avions tant à raconter, tant à partager... Nous le faisions, naturellement, comme on respire...

Comme de belles ponctuations, les paysages, les églises, les chemins, les belles villas regonflaient nos poumons, comme c'était beau ! 




Quelques vitraux en pleine lumière, d'une beauté confondante !


L'entrée du cimetière (2018)



Une galerie du vieux cimetière, ratissée de près, magnifique (2018)



Et une vue générale, l'ancien et le nouveau...

Pour notre retour de 2018, il faisait un soleil radieux, la lumière pénétrait partout, triomphale, donnant à tout le paysage des nuances incroyables, la finesse des arbres effeuillés les faisaient ressembler à des Corot...


La présence de la lumière tant de fois imitée par les peintres


Le batelier de Mortefontaine - Jean-Baptiste-Camille Corot (1796-1875)

Il ne faisait ni froid, ni vent, nous avons pique-niqué sur le banc d'une petite place. Le temps doux, illuminé, ne changeait pas ce qui ne peut être changé : le bruit ! Le bruit surprenait dès la sortie de la gare, tout le long de la nationale qui mène à Montfort (3 km). Mais Danielle, il n'y avait pas tant de voitures les autres fois, nous ne nous entendions presque plus parler. Danielle, c'est assommant ce bruit constant, ces vitesses, ces pétarades... Au bout des 3 km, nous n'en pouvions plus... Tiens, c'est bizarre, jamais nous ne l'avions entendu avec cette force, était-ce le trafic qui avait augmenté, ou était-ce nous qui avions changé ?

Arrivées en ville, nous l'avons trouvée plus désolée, quelques magasins fermés, à vendre, un cœur de ville désertifié. Heureusement, des commerces marchaient toujours : une supérette, deux boulangeries-pâtisseries, des magasins à colifichets, décors d'intérieurs, des coiffeurs... Les coiffeurs, dans une petite ville où il ne reste plus grand chose, sont les derniers à partir. Les voitures bruyantes circulaient dans les petites rues, et comme il n'y avait personne, les bruits des moteurs nous paraissaient plus forts.

Danielle, nous ne reviendrons plus à Monfort, assez, nous allons nous arrêter de vouloir y retourner.

Nous avons vu et revu avec plaisir  toutes les beautés du coin, inscrites aux Monuments Historiques, et les autres. J'ai félicité les jardiniers pour leur beau travail : heureusement que vous êtes là ! Merci madame, merci beaucoup... Et ils reprenaient leurs instruments de torture pour dompter la nature, la rendre encore plus belle. Nous étions restées énormément de temps dans l'église à admirer les vitraux, dans le cimetière ancien rien n'avait bougé, sinon les monceaux de fleurs qui coloraient les tombes, la chapelle de la famille de Charles Aznavour croulait sous les hommages ! 

Le temps passait... Allez Danielle, partons, il est l'heure de reprendre notre train, nous ne reviendrons plus à Montflort, il y a trop de bruit, le chemin qui mène à la gare n'est plus décoré de vaches et de moutons, où sont-ils passés ? Les voitures formaient le gros du troupeau, les vroum, vroum avaient-ils comme par enchantement remplacé le chant des oiseaux (que nous n'avions jamais entendu) ? Mon amie, qui d'habitude dans nos promenades n'était gênée par aucun bruit, recherchait maintenant le silence. Danielle, ce n'est pas croyable, aujourd’hui j'entends tout, c'est horrible, je perçois le bruit par dessus tout. Nous n'avons jamais pu trancher, pourquoi détestions-nous aujourd'hui ce que nous supportions sans problème jusqu'à présent ? Le lieu avait-il vraiment augmenté ses décibels, nos oreilles devenaient-elles plus délicates ? Nous ne le savions pas... Deux ronchonneuses, ça c'est sûr...

La prochaine fois, si nous allions à Noyon, voir la cathédrale ? Parfait, en décembre, c'est une belle période pour admirer des gargouilles, bien sûr, avec grand plaisir, nous irons, nous irons...

Le retour fut aussi bruyant que l'aller, j'ai pris une photo en trente seconde, sur la nationale, un petit bout de moment calme, mais ne vous vous y fiez pas... La photo est menteuse, le bruit arrivait de toutes parts comme un grand vent...


La route nationale pendant trente secondes de calme


Quand le bruit devient plus perceptible, quand il commence à faire parler de lui en premier, quand il envahit l'environnement, alors, il faut changer de lieu, rechercher le silence devient une priorité... Je songeais à l'Indre, à mon vélo, mais là aussi, je n'entends plus les oiseaux...

Mes amis de passage et mes amis réguliers, à très vite pour d'autres images et paroles...

vendredi 2 novembre 2018

Reprise de mon Atelier : perles...


Le parc Dupeyroux de Créteil

L'image de ce beau parc n'a rien à voir avec mon atelier de perles, j'ai choisi de mettre cette image en tête de mon post simplement parce que je la trouvais belle, en complet décalage avec ce qui m’obligeait à venir par ici, après un trajet assez long en métro, pour un rendez-vous chez mon dentiste, que je redoutais. Jamais d'agrément chez le dentiste, je n'y vais que contrainte par les événements, et ravie quand les soins se terminent. Ce petit parc est comme une perle posée sur un environnement bruyant et vraiment moche, une exception végétale traversée par le soleil...

Dans ce lieu inconnu, en sortant de chez mon dentiste, toute réparée des dents, je me suis trouvée, comme Alice au Pays des Merveilles, dans un parcours plein de beauté et de surprises... Personne à l'horizon, les allées fleuries poussaient pour moi seule, la lumière perçait les arbres jusqu'à mes pieds, la douceur du temps rendait les bancs utilisables pour toute la journée...

Mais je reprends les perles... Depuis ma guérison, je me suis mise à enfiler des perles avec passion, de tous côtés mes amies me réclamaient des réparations, des créations, des transformations, des petites envies nouvelles, à porter en tous temps... J'ai recommencé à tirer le fil de nylon, rassemblé les couleurs, trié les petites et les grosses perles. Commencer l'atelier par des réparations, c'est l'idéal, le travail de répétitions encourage la création, il fallait que je retrouve les techniques d'enfilage que j'avais perdues, depuis le temps...

Ce qui voulait dire que la solidité avait été mise à l'épreuve du temps avec succès ! Et surtout, le plaisir de faire plaisir avec trois fois rien...


La mise en route...



Réparation impossible d'un petit bracelet, les perles ne se font plus dans cette couleur !


Renaissance avec la diversification des couleurs



 Commande spéciale, avec plaisir



Transformation : le centre était un bracelet assez lourd en pierres dures, et hop ! Voilà un joli collier tout remonté...

Pendant le travail, si les perles s'ajoutent sur le fil, dans ma tête défilent aussi les pensées, les bonnes et les mauvaises. Les pense-bêtes s'accumulent, quelque fois même dans la seconde qui suit, il me faut les noter, pour garder des traces. Enfiler des perles n'est pas de tout repos, il y a du monde qui se bouscule au portillon, trop vite,  il faut donc faire avec, ni les couleurs, ni les formes ne peuvent rien changer au défilé des paysages mentaux qui s'agitent là-haut... J'ai vu le loup, le renard et la belette, j'ai vu le loup et le renard danser... J'lai ai vu taper du pied...

Ne dit-on pas que le travail manuel dissipe les inquiétudes, calme les angoisses ?... Pas du tout, il concentre vos forces sur les formes, les couleurs, il requiert votre vélocité, votre virtuosité, il s'appuie sur les difficultés rencontrées, et c'est ça qui sauve. Le travail met à distance, et vous donne des satisfactions issues des matières employées : à réussir un "truc", c'est le résultat qui fait du bien à l'âme... Si vous vous arrêtez, les paysages mentaux, tristes ou gais, reviennent intacts ! Il faut donc toujours rester en action, même dans des actions minuscules, enfiler des perles pour trouver de l'apaisement. Vous êtes toujours avec moi ?

Je fais feu de tous bois, une de mes amies, chère, porte souvent du bleu comme ses yeux, je lui fais un collier bleu :


Le collier de mon amie

Une autre voulait briller discrètement mais sûrement, je lui fais un collier plein de lumière, mais j'ai oublié de prendre la photo, je lui ai fait aussi un collier de couleurs délicates en verre :


Les petits cailloux de verre

Je ne peux pas résister au plaisir de vous conseiller quelques films que j'ai adorés :

Les six portraits XL d'Alain Cavalier, cinéaste français qui, à 87 printemps, continue de nous éblouir avec cette oeuvre, à déguster sans modération, on peut même y aller plusieurs fois, tellement c'est foisonnant de détails. J'ai déjà vu le portrait de Léon le cordonnier, Guillaume le boulanger, Daniel le poète avec ses TOC si présents, Jacquotte qui garde son passé enfermé, intact et poussiéreux, dans la maison de ses parents, de ses grands parents... Je ne suis pas pressée d'aller voir les deux derniers portraits, je veux prendre le temps qu'il faut pour me réjouir, les garder pour la fin, saliver. Savoir que j'en ai encore deux à voir m’enthousiasme !

Six portraits XL, de Alain Cavalier


Le grand bain, de Gilles Lelouche

Un film qui donne à voir tout ce que l'on peut espérer des humains : la compassion, l'entraide, la solidarité, et en plus le rire, l'émotion, la beauté, et l’espérance... Un régal, pas de mièvrerie, des mots durs et des actions difficiles, cette bande de bras cassés va tout casser sous vos yeux... Courez... Moi, j'ai adoré ! Bravo monsieur Gilles Lellouche, une réussite totale...



S'il vous reste du temps allez voir le très beau documentaire, "Le grand bal" de Laetitia Carton, ça donne des frissons, sept jours complets et huit nuits à danser sur des répertoires qui viennent de tous les coins de France, également les standards des danses de salon. Les danses traditionnelles et collectives de nombreux pays sont présentes, un docu superbe et enchanteur. Courez aussi ! Calez-vous dans le fauteuil d'orchestre, et balancez...

Mes amis, mes passagers, suite au prochain numéro !!