mercredi 6 juin 2018

J'irai revoir sa Normandie !


 C'est un coin de verdure...

De quelque côté que vous regardiez, il n'y a que des verts de toutes les couleurs, des fleurs, des chants d'oiseaux, des rayons de soleil, pas toujours les mêmes du matin au soir, toutes les saisons défilent dans la journée...

De loin, on voit ces deux fauteuils qui attendent les conversations, offrent l'intimité, la bienvenue, le confort...

À l'heure du thé, il y a du thé fumant...


À l'heure du thé, il y a du thé...



Le paysage devant les fauteuils...

Quand je suis arrivée dans sa Normandie, je me suis dit : ça existe, ça ? Comment fait la nature ici pour tout capter, diriger : les regards, les émotions, les odeurs, les enthousiasmes, les pensées, comment fait-elle pour apaiser les cœurs, diminuer les douleurs, redonner même le sourire ? Bien des peintres s'y sont essayés avec talent, originalité, invention, grâce, beauté... La nature leur restera éternellement supérieure, elle reste une insurpassable oeuvre d'art, on ne peut la mettre en concurrence avec les artistes... Les imitations ne pourront jamais remplacer l'original, mais restent indispensables...

Quelle joie de pouvoir suspendre au mur de sa salle de séjour des paysages, des fleurs, sortis tout droit des pinceaux des artistes du dimanche, comme sont appelés les auteurs qui figurent aux bas des œuvres, le plus souvent à droite. Ils ne sont ni connus, ni cités dans les livres, ne font pas partie des inventaires, des dictionnaires, ces signatures sont le plus souvent des prénoms masculins et féminins : Alice, Renée, Adèle, Maurice, Madeleine, Henri... Dessinées avec pleins et déliés à côté d'une date... "Mes œuvres", achetées ça et là dans des brocantes, des puces et même sur internet, les beaux tableaux de mon frère peuplent mon univers, intimement !

Ici, dans sa Normandie, tous les volumes sont monumentaux, inattendus, superbes, les couleurs si proches se distinguent une à une, chaque brin d'herbe a sa personnalité, il faut beaucoup de temps pour tout absorber, impossible même, alors, j'embrasse l'horizon si proche qui ne va pas plus loin que mon regard, mon cœur... Avec bonheur !


L'horizon si proche

Quand le soleil s'étire à l'heure du déjeuner, ou vers le soir, on bouge, on sort les chaises, la petite nappe, les assiettes et les verres, on met les pieds sous cette table ! Les conversations continuent et mes yeux regardent, dans les intervalles de silence que laissent les paroles, les beautés de la nature, toujours parfaites.

Nous mettons tout sur la table pour ne pas avoir à y revenir, ce beau mélange de salades, de fromages et de fruits y prend place avec harmonie. Nos conversations d'extérieur redessinent tout ce qui se passe à côté de nous :  l'herbe, les fleurs,  le poirier de 100 ans et le pouce qui s'accroche encore sur la façade, la lavande qui ne va pas tarder à répandre sa subtile odeur, la glycine qui attend sa petite réinstallation contre un mur de pierres sèches, et le merisier qui signale l'entrée de la propriété... Etc... Etc...



La belle maison


La grande coupe de lavande


Le poirier de 100 ans et le pouce

Sans rien, ou presque rien en dire, vous voyez bien de quoi je parle !

Dans un très beau lieu neuf, pas besoin d'avoir des yeux neufs, tout vous arrive en rafales, pour la première fois, vous ajoutez sans cesse des impressions qui ne s'en iront jamais, ce sont celles-là que vous garderez, aucune gomme mentale ne pourra effacer ces impressions soudaines... Après, quand vos yeux sont peu à peu habitués à la beauté naturelle, comme ils font quand vous êtes dans le noir, les nuances arrivent, les discernements, les détails prennent plus de place, cet univers entre en vous pour toujours, ces impressions si personnelles, si singulières, risquent bien de devenir, banalement : c'est beau, la Normandie !

Il vaudrait mieux prendre du temps pour traduire les beautés de ce petit coin de nature, la simplicité, le confort, la subtilité et l'élégance du décor intérieur, la somptuosité, le ravissement et l'éclat de l'environnement extérieur... Personne ne fait ça, on traduit le grandiose par : C'est beau, la Normandie ! 

Moi, j'étais déjà "asphyxiée" par l'air généreux et majestueux qui émanait de ces lieux, le soleil était à l'oeuvre, la belle petite maison était sans barrière, sans clôture, sans portail, elle n'était pas vraiment délimitée, en haut du petit chemin qui menait à l'habitation, aux deux fauteuils en osier, une haie bien verte, bien naturelle formait les murs d'un petit parking où pouvait stationner la voiture, invisible de la maison. Dehors, dedans, tout était beau à voir, "belle sous toutes ses coutures", comme vous pourriez le dire d'une "belle" personne, sa beauté, sa générosité sont des douceurs qui ne se mesurent pas à l'apparence, heureusement... Sa beauté vient des profondeurs... Vous vous foutez de l'enveloppe... Ici, dans sa Normandie, la beauté était partout, partout, la nature prenait toute sa place, domestiquée ou naturelle, en pots, en buissons, en herbes folles, en mauvaises herbes, en pommiers, en poiriers, il suffisait au départ qu'elle ait seulement un pied dans la terre, et pour vous reposer de tant de joie, les deux fauteuils, au loin, vous tendaient les bras...

Dedans, la sculpture continuait, les perspectives, les points de fuite étaient parfaits, comme dans les tableaux de Vermeer, la lumière venait aussi de gauche, par des fenêtres à petits carreaux (l'angoisse de la maîtresse de maison).


Une belle (petite) flambée pour faire chaud et beau

Il y eut même un soir une rencontre magique avec un jeune homme de 23 ans qui passait par là, il promenait son chien, mon amie le connaissait, c'était un enfant du pays, la conversation alla bon train, confortablement assises dans nos deux fauteuils. Il prit place accompagné de la tasse de thé offerte par mon amie, la conversation qui débuta à partir des talents du chien finit par faire le tour des "dépressions heureuses", comme il appelait ses états du matin... La pénombre, l’empathie, la confiance, la bienveillance, nos grandes différences d'âges, l'intérêt que sa personne nous inspira  d'emblée, orienta naturellement la conversation sur ses préoccupations du moment, de fil en aiguille,  il fut ainsi au centre de cette soirée amicale. Il parla avec plaisir de ses passions, ses espoirs secrets, ses recherches intimes, ses difficultés, son travail... Je relançais de temps en temps ses paroles, par une petite question par ci, par là, sur des sujets sensibles et délicats pour approfondir : l'amour, la mort, les passions, les plaisirs, les déceptions, ses attentes et ses projets dans sa vie. Petit à petit il sembla reprendre du crédit auprès de lui-même, la confiance en lui, si fragile, renaissait un peu, nous le sentions, imperceptiblement,  un beau moment... Vers 2 heures du matin, j'avais froid, sommeil, je suis partie me coucher, il ne se montra pas pressé de partir, je lui dis aussi que j'avais été heureuse de le rencontrer... Il resta là jusqu'à 4h avec mon amie à poursuivre les chemins que nous avions ouverts ensemble... Notre conversation intergénérationnelle fit des merveilles... Nous l'espérions ! Nous, les deux doyennes, nous nous étions engagées avec sincérité et confiance, sur tous ces sujets que nous pouvions nourrir de nos expériences, bien sûr, mais aussi de nos réflexions personnelles. Nous y avions tous trouvé notre contant de douceur et de la chaleur humaine.

À la prochaine chers amis, entre mes lignes... Je cherche des mots, des situations nouvelles à partager...

8 commentaires:

Brigitte a dit…

Oh oui c'est beau la Normandie et belle la maison de ton amie ! Jolie rencontre avec ce jeune homme et quel échange formidable …
Bon séjour dans cette région, Danielle et bises de la nuit

Danielle a dit…

Oui, chère Brigitte, c'était magnifique !

L'échange aussi avec ce jeune était tellement émouvant...

Moi aussi je t'embrasse très fort.

Marie Claude a dit…

Le paradis existe chez ton amie,quelle belle maison et ce si joli jardin bien accueillant,un séjour que tu as apprécié et que tu racontes si bien.
Une belle rencontre profonde et enrichissante partagée avec ce jeune homme.
Tu nous fais voyager dans de jolis endroits et j'aime cela!!!
A bientôt.
Bisous du soir

Danielle a dit…

Marie Claude c'est vrai, le coin ressemblait au Paradis tel qu'on pourrait imaginer un bel endroit plein de merveilles et de calme.

Vraie aussi, cette rencontre, profonde et très enrichissante, une très grande émotion s'en est dégagée pour nous trois.

À très vite, je t'embrasse du soir.

siu a dit…

Tout à fait d'accord avec Brigitte et Marie Claude... Je trouve que votre rencontre avec ce jeune homme a donné lieu à un échange aussi intéressant, important et profond qu'agréable, en tout cas carrement hors du commun, n'est-ce pas..?.. Et que ce lieu (Normandie + maison + jardin) frole vraiment le paradis. Si l'on ajoute la qualité toujours si haute et riche de ton récit, et bien nous voilà... c'est comme si on était là nous aussi!
Grand merci donc chère Danielle (en attendant ton prochain billet...).

Et gros bisous du matin.

Danielle a dit…

Merci Siu, oui avec Brigitte et Marie Claude vous avez raison de trouver cette rencontre profonde, émouvante, touchante avec ce jeune...

Le lendemain matin, nous en parlions encore avec mon amie...

Et ce lieu "frôle le paradis" c'est exactement ça...:-))

Nous avons eu toutes les chances avec le soleil, le ciel bleu... Le paradis...

Passe un bon WE je t'embrasse Siu.

Les Idées Heureuses a dit…

Une nouvelle page d'écriture, de celle dont on peut se délecter, dans la douceur de la lumière normande, dans la douceur de cet intérieur qui me conviendrait parfaitement.
La rencontre, improvisée, loin de tout support électronique, l'échange vivant et légèrement sonore, dans une nuit sans doute étoilée par les jolis mots qui éloignent les maux....
Bien un nouveau châpitre, ma Belle!
Bises
Mina de retour, sous la pluie légère qui va alimenter la verdure environnante...

Danielle a dit…

Merci chère Mina, merci pour tes mots si doux...

Les échanges rencontrés dans ce petit séjour, ont été passionnants...

C'est vrai aussi Martine que les mots peuvent adoucir, redonner confiance, j'en suis heureuse...

Bon retour chère Mina, bon retour dans tes espaces bien verts et fleuris.

Je t'embrasse fort.