dimanche 18 février 2018

Sheila Hicks... Les lignes de sa vie !


Cette artiste est américaine, elle a 84 ans, elle vit et travaille à Paris depuis 1964, quasi une parisienne ! Sheila Hicks se destinait à la peinture, quand elle découvre les textiles du Pérou précolombien. Elle parcourt le Mexique, l'Amérique du Sud, s’initiant aux techniques des tisserands indigènes. Son œuvre se situe entre la tapisserie et la sculpture. Elle utilise la laine, le coton, la soie et des fibres synthétiques. Aux fils de trame, elle ajoute parfois de grosses mèches qui retombent en milieu de panneau sous forme de pompons ou de tresses d’un aspect précieux, quand il s’agit de soie, ou au contraire sauvage, lorsqu'elle travaille la laine brute, le lin, la fibre synthétique... : voilà ce que je vous proposais dans mon post du 18 janvier 2018 (cliquer ici) consacré à cette artiste. L'exposition du centre Pompidou me replonge avec ravissement dans le souvenir de sa très grande pièce exposée l'été dernier à la Biennale de Venise, aujourd'hui, avec des pièces plus anciennes, des années 1960 à 2018, mais disposées sans ordre chronologique. Bien sûr, dès la première pièce, l'enchantement, la joie ont été immédiatement au rendez-vous, j'avais hâte de revivre la jubilation de Venise, je sentais bien que je vivais de beaux moments, tellement intenses et augmentés, puisque j'étais avec ma petite-fille (grande jeune femme) pour la visite. Ça commençait très, très fort...


Sheila Hicks (1934) - Cordes sauvages (2014-2015)



Sheila Hicks - détails

Dès l'entrée de la rétrospective (une vingtaine d’œuvres appartiennent au centre Pompidou), voilà ce qui vient à nous, une cascade de cordes de toutes les couleurs, enrubannées, entortillées, dans tous les sens, les sens de Sheila. Elles sont suspendues au plafond par des fils de nylon transparents, ce qui fait qu'on dirait qu'elle descendent du ciel par magie pure... Les ombres portées sur le mur amplifient le mouvement et la densité des cordes, une perspective grisée, impalpable, se dessine derrière ce rideau de couleurs, impossible de séparer les textiles et les fils colorés de leurs ombres... Les cordes sauvages vous retiennent déjà par l'émotion qu'elles suscitent, d'emblée ! L'oeuvre de cette artiste offre de la joie...

Dans une des vidéos que l'on peut voir pendant une bonne heure, l'artiste parle de son travail, c'est un régal de l'entendre "tisser" les liens entre ses apprentissages successifs des techniques artisanales mondiales, et institutionnelles (Aubusson), et aussi les techniques de teintures, avec son oeuvre textile si personnelle, si subtile, si créative. Elle tord les tissus, les fibres, dans tous les sens, les couleurs vives ou délicates coulent de partout comme des ruisseaux, des torrents, des végétaux, ou quelque fois même elle construit des murs avec d'énormes pierres, légères et duveteuses comme des plumes. Les matières qu'elle utilise, brillantes ou mates, fragiles ou solides, s'entassent avec harmonie, forment des monticules méticuleusement calculés, et, pour les matière venues de la récupération, de la réutilisation (deuxième main), elle leur fait revivre une nouvelle vie sous d'autres formes... J'aime beaucoup ses tas, ses empilements, ses pliages, ses rangements d'experte :







Sheila Hicks (1934) - Palitos con Bolas (2011). Ces merveilleux galets  et bâtons tissés multicolores, amoncelés "presque" par hasard, une merveille



Détail - Le frétillement des couleurs (sous un autre angle)


Plus je me rapprochais, et plus je pouvais distinguer les détails de couleurs dans tous leurs arrangements, comme les petits coups de pinceaux des peintres impressionnistes qui tentaient de faire vibrer la lumière (avec succès).



Blouses mise au rebut, pliées avec un savant décalage, qui évoquent les vagues du sable blanc... Une deuxième vie...


Les retombées élégantes des grands pompons serrés à la taille...



Le tressage et l'empilement




Sheila Hicks (1934) - La sentinelle de safran




Les escalades, les ascensions, les empilements, les répétitions, ici avec les poches (usagées). Les visiteurs étaient encouragés (aucun visiteur n'avait osé) à y glisser des mots, des lettres, des choses, participations multiples à l'oeuvre... Ça n'a pas marché ! Il faut peut-être attendre un peu, à mon prochain passage je vous dirai ça...


 La liberté d'assembler des chemises de nouveaux-nés de l'hôpital de Lund, en Suède ("Baby Time Again", 1977-78), ou de créer une oeuvre "chamanique" (deuxième main)

Avec Sheila Hicks, chaque volume "posé" au sol, ou "élevé" dans les airs, nous emmène dans un monde poétique... Moi qui ne suis pas tellement "poésie", car elle ne me touche pas toujours, je suis très souvent emportée par les œuvres des plasticiens, par une couleur, une idée, une forme qui va m'émouvoir, quelques fois je ne sais pas tout de suite pourquoi, mais je sens que ça me plait, sans bien savoir encore pourquoi... Je cherche...

Je le dis et le redis, pour moi, la hiérarchie artistique n'existe pas, les gestes des créateur(es) peuvent se faire de mille manières, avec milles matières, ils n'arrêtent pas de me toucher, de me surprendre, de m'étonner, l'invention/création est sans fin. Je suis toujours prête à me laisser embarquer... De surprise en surprise, de coup de cœur en coup de cœur... Je cours les galeries et les expos...

L'art de Sheila Hicks paraît naturel, simplissime, posé, relevé, brodé, enroulé, vite fait, alors qu'il est très travaillé, très réfléchi, très préparé, très compliqué, très élaboré. Ses carnets de travail sont des œuvres à part entière, elle s'entoure d'équipes importantes (d'après les vidéos) pour réaliser ses grandes œuvres. Tout comme dans les ateliers des grands peintres de la Renaissance, il y avait du monde pour peindre, avec Sheila Hicks, il y a du monde pour enrouler, tournicoter, installer, fabriquer... J'ai regretté que dans un si grand espace, elle n'ait pas présenté des pièces plus imposantes, plus architecturées... Mais bon, on ne va pas se plaindre...



Ses carnets préparatoires, ses origines d'apprentissages

On peut dire que Sheila Hicks sait apporter ses pierres à ses édifices, mais quelles pierres ! Des pierres rayées de couleur, comme les strates d'un temps passé... Le fil passe et repasse...


Ses pierres brodées...


Détail

Ses colonnes qui montent ou qui descendent, enserrées régulièrement par des fils brillants, comme les rubans autour des nattes des enfants, retombent avec grâce au pied des pilastres de coton, de laine ou de soie, ou de fibres synthétiques... L'effet est magnifique !




Je ne sais pas le nom exact de cette sculpture,
mais elle cascade...


Sheila Hicks (1934) - Atterrissage (2014) - cordes de fibres synthétiques


Détail


Et l'admirateur, devant les dernières créations (2018), des panneaux enveloppés de fils de lin, pouvant former les murs d'une pièce de la maison, et qui pourraient se changer suivant les saisons, c'est que que nous raconte Sheila dans une des vidéos...

Je vais peut-être revenir sur cette exposition qui durera jusqu'au 30 avril 2018 au centre Pompidou, vous avez le temps d'en entendre parler... Sûrement un petit retour sur ses petits tissages appelés Minimes, entrepris dès 1956... Des toutes petites pièces encadrées et accrochées au mur... À suivre...

À très vite chers lecteurs, chers passants... Pour d'autres enchantements...

11 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

Il y avait un imposant tas de "pompoms" colorés à la Biennale, tu as du les rencontrer. J'aurais aimé m'y assoir dessus et lire un livre...ou faire des glissades...
Tout en imaginaire!
Bises encore ambrées de Venezia que j'ai quittée mercredi après un étonnant Carnevale!
Mina

Danielle a dit…

Bien sûr chère Martine, j'ai remarqué un tas de pompons à Venise, j'en ai parlé sur mon blog :-))

Comme tu as de la chance de revenir de Venise, je crois que pour moi, à l'avenir, il faudra y renoncer...

Gros bisous à toi Martine.

Bonheur du Jour a dit…

Je ne connais pas du tout cette artiste, mais cela me plait énormément. Quel dommage que je sois loin du Centre Pompidou ! Merci pour la découverte.

Anne-Marie a dit…

Magnifiques photos d'une magnifique exposition

Danielle a dit…

Bonheur du jour, quel plaisir ! Dommage pour la distance, je suis par contre heureuse de vous avoir fait découvrir Sheila !

Bises du soir.

Danielle a dit…

Anne-Marie, merci pour tout !

À très vite.

Bisous du soir.

ELFI a dit…

je suis tellement occupé en ce moment, que j'ai failli de manquer ces merveilles...
je suis enthousiaste! merci!!! bises

Danielle a dit…

Bien sûr Elfi, elle est pour toi Sheila, je comprends ton enthousiasme.

Gros gros bisous du jour.

Brigitte a dit…

Quelle belle expo haute en couleurs !
Merci du partage de ta visite ,une très belle découverte pour moi .
Bises

Danielle a dit…

Merci Brigitte, une très belle expo pleine de douceur et de couleurs.

Grosses bises du soir. Frisquet !

Anonyme a dit…

Bonsoir Brigitte
Dans le cadre de la rédaction de mon mémoire aux Beaux-Arts d'Angers en section textile je cherchais une photo de l'oeuvre de Sheila Hicks "Baby time again" pour illustrer un sujet sur la maternité.
J'aurais souhaité savoir si vous aviez cette photo publiée et d'autres en bonne qualité et que vous seriez d'accord pour m'envoyer.
Je précise que je vous créditerais en tant que photographe et qu'en tant qu'étudiant il est demandé et légal d'illustrer nos mémoires d'oeuvres d'autres artistes, ce mémoire restera dans un cadre universitaire non publié au grand public.
MErci d'avance
Anne Leb
vous pouvez me joindre au 6029746829 si vous souhaitez!