dimanche 26 juillet 2015

Le petit service !..


Comme une fleur

Ça sonne à ma porte, vite, je laisse mon fer à repasser sur la tranche, un nuage de vapeur s'échappe encore, et  je vais ouvrir. Je vois ma voisine Alice (101 ans en novembre prochain), toute fraîchement sortie de chez le coiffeur, permanentée, l’œil bleu et le sourire aux lèvres, elle me dit : Danielle, vous pouvez me rendre un petit service ? Mais bien sûr chère Alice, de quoi s'agit-t-il ? Danielle, vous pouvez me réveiller demain matin à 7h ? Je dois partir avec ma fille, elle vient me chercher, nous allons en Suisse, ça ne vous dérange pas, Danielle ? A 7h, vous frappez fort pour que j'entende bien... Le sourire, elle le conservait tout en parlant, elle n'arrête jamais de sourire et de vous embrasser.

Alice voyage par-ci, par-là : le midi de la France chez son fils, la Suisse chez son petit-fils...



Comme une rose


Le service que me demandait Alice n'était pas mince, car je suis comme on dit : une lève-tard, mon heure naturelle varie entre 8h et 9h, quelque fois même 10h, vous voyez le service qu'il fallait que je rende à ma  belle centenaire ?

Bien sûr, j'avais répondu favorablement, car sa question contenait pour moi la réponse, qui peut bien se lever au-delà de 7 h du matin, je vous le demande ? Et puis, pouvais-je refuser ? Impossible... Mais oui Alice, sans problème, aucun souci, je tape demain matin à votre porte, avec plaisir !

Merci Danielle, j'ai toujours peur d'être en retard, merci beaucoup, et on s'embrassa... Le dos un peu voûté, les frisettes aussi belles derrière que devant, elle partit rassurée.

Pour accomplir cette mission, il me fallait une certaine préparation : couchée plus tôt que d'habitude, mis le réveil à sonner un chouille avant 7 h : résultat des courses, du mal à m'endormir, mal dormi, rêves passables, mais... Bien avant l'heure, j'étais sur le pont, à 7 h tapantes, je frappe, je tambourine, je parle fort, Alice, c'est l'heure, tap, tap, tap... Boum, boum, boum !

Alors, j'entends une petite voix qui me dit : oui, ça va Danielle, je suis levée...

Sans ouvrir la porte, elle retourne à ses affaires.

Aujourd'hui, je vais faire la sieste, obligatoire, réparatrice, merci Alice, et bon voyage !


 Gardon frais comme Alice !


Je me suis bien avancée sur l'arrosage des plantes, lessivage de la couette, rangement, bricolage, tout ce qu'on ne veut pas faire un dimanche, grâce à Alice je l'ai fait ! Merci Alice, bon voyage ! Profitez de tout !

jeudi 23 juillet 2015

Yvon Lambert, célèbre galeriste parisien, a fermé boutique !!!


La galerie Yvon Lambert, dans le fond de cour du 108, rue Vieille du Temple

Fin juin j'y étais passée, rien vu, rien réalisé, rien senti ! Chez Yvon Lambert, je suis chez moi depuis bien 25 ans !

J'avais été subjuguée par l'exposition des œuvres d'un artiste camerounais : Pascale Marthine Tayou, 48 ans, autodidacte magnifique ! Il touche à tout : de la photographie, du dessin, de la vidéo, de l'assemblage, des performances, du graffiti. Il parle de son intérêt pour l’hybridation des formes et leur circulation en dépit des frontières, et de sa pratique du détournement d’objets usuels et de rebut.

Comme j'étais toute seule dans la grande galerie, j'ai pu pousser des petits cris d'admiration, dès la première salle la force, l'énergie, la beauté des formes m'ont absolument conquise :




Les grosses épines fichées dans le mur (Douces épines), comme des crayons de toutes les couleurs, le cristal, des visages pendus aux branches d'arbre (Arbre de vie) au fond, une fresque de charbon, des lianes métalliques au plafond - Pascale Marthine Tayou, 2015

Des accumulations il y en avait, douces, piquantes, sombres ou éclatantes, je ressentais le surnaturel, le rituel, la vie, la mort, sans l'expliquer, je baignais dans la beauté, uniquement la beauté, la surprise ! Les salles avaient été restructurées, blanchies, agrandies, l'artiste avait déposé là tout son monde spirituel pour nous spectateurs, des gris-gris somptueux, des personnages fascinants :



Poupées Pascale - Pascale Marthine Tayou  (2008-2012)

Balcon des Dieux  - Pascale Marthine Tayou (2010)

Ce petit autel qui paraît un peu touffu, il faut l'observer avec minutie, prendre son temps... Je découvre avec plaisir des miroitements inattendus venant des petites fenêtres de verre, les maisons miniatures posées dans le haut de cet étrange tableau en trois dimensions sont comme des yeux humains qui vous regardent avec le sourire... J'ai compris ça !

Cette visite passionnante se terminait dans une salle bien étrange, d'autres personnages en cristal (Poupées Pascale) habillés de mille matières restaient à l'arrière de grandes colonnes de faïence, superbes. L'atmosphère mystérieuse qui régnait ici, je n'avait pas envie de la quitter, j'ai fait photo sur photo, je n'arrivais pas à trouver le bon angle qui pouvait rendre compte de tout, mais en fait, tant mieux, il faut se rendre sur place pour être saisi de cette magie...




Colonnes Pascale (2007-2015)




Poupées Pascale (2008-2012)


Pots Gri-Gris (2015)

Dans un grand bol recouvert de terre, des dizaines de petites aiguilles de toutes les couleurs, un art de vivre ou de mourir !

J'ai pris toutes les photos avec mon téléphone portable, je n'avais pas prévu de voir cette galerie, je me trouvais dans le quartier pour enquêter sur l'achat prochain d'un nouvel appareil photo ! La surprise a été totale pour moi, je voulais absolument garder toutes ses œuvres en tête, elles mettraient sans doute des années avant de réapparaître dans une galerie, avec mon téléphone tout est imparfait, aucun rendu des couleurs, des volumes, de l'atmosphère... Mais la joie d'avoir pu découvrir cet univers me comblait.

En sortant de la galerie, il faisait beau, bleu, je suis allée m'asseoir dans un petit jardin privé installé grandeur nature dans une ancienne cour entourée d'immeubles anciens, un endroit féerique créé par un jardinier payé par la communauté des propriétaires, la grande porte sculptée de l'entrée était ouverte, le banc en bois invitait quiconque passant par là...



 Le banc à cancans




Le jardin grandeur nature

En m’asseyant sur le banc accueillant, à côté d'une dame qui habitait ici, j'entamais la conversation, elle habitait là depuis plus de 40 ans et je lui racontais ma découverte artistique chez Yvon Lambert, juste à quelques pas de chez elle, elle ne connaissait pas ce lieu... Elle me dit : je vais aller voir cet artiste, vous suscitez ma curiosité... Échangeons nos téléphones... Je terminais mon sandwich, elle retrouva une amie, la porte se referma...

Comme à chaque fois que je fais des rencontres artistiques ou amicales, j'ajoute très souvent à ma journée, de la beauté, de la bonne humeur, de la gaieté, de l'espoir même...

Bon, et alors, c'est bien joli tout ça, mais reviens à tes moutons : la galerie Yvon Lambert ?

Oui, oui, j'y viens, plus tard, quelques semaines après cette belle rencontre, je me suis dit : si je faisais un petit post sur Pascale Marthine Tayou, cet artiste qui m'avait tant plu ?

J'avais heureusement gardé la petite feuille d'information mise à la disposition des visiteurs de la galerie. Au moment où je m'installais à mon ordinateur pour faire mon post, je plaçais la feuille à côté de moi... Alors seulement, j'ai fait attention au papier en-tête de la galerie : elle s'appelait VnH Gallery !! 

C'est quoi ce truc ? Je ne comprenais rien, la même adresse, oui, mais le nom avait changé...

Un petit tour sur Internet m'expliqua en détail la fermeture, le retrait d'Yvon Lambert du marché de l'art, la galerie avait changé de main... Deux femmes, Victoire de Pourtalès et Hélène Nguyen-Ban, lui succèdent, une galeriste et une collectionneuse.

Pas possible ! Que vais-je devenir sans lui ? Il était mon phare dans le dédale des galeries parisiennes, avec lui j'avais découvert tant d'artistes que j'aimais : Christian Boltanski, Daniel Buren, Jan Fabre, André Sorrano, Nan Goldrin, Anselm Kiefer, Douglas Gordon, Adami, Garouste... Et tous les autres à ma portée, sans tambour ni trompette des grandes expos de la capitale... La galerie Yvon Lambert avait été mon université pendant un quart de siècle...

Yvon Lambert est né en 1936, il a quitté l'école très tôt, il n'a fait aucune étude, il était fils d'un chauffeur de taxi, il affirme avoir acheté sa première oeuvre à quatorze ans. Pendant six mois, sa mère lui paye le loyer de sa première galerie à Vence, place du Grand Jardin, puis il ouvre une galerie à Paris rue de l’Échaudée, en 1986 il arrive au 108, rue Vieille du Temple, qu'il ferme le 31 décembre 2014, sans m'avertir ! 

Yvon Lambert déclare (en gros) dans un entretien à France Culture : je quitte ce "marché" de l'art contemporain qui me déçoit, je ne me retrouve plus dans ce milieu "d'investisseurs", moi qui ai longtemps accompagné les artistes, fais des découvertes, gagné de l'argent, certes, mais aimé, surtout, aimé l'art contemporain, le métier aujourd'hui ne m’intéresse plus tel qu'il est devenu, uniquement centré sur l'argent.


Durant l'été 2008, Yvon Lambert est invité à exposer une importante partie de sa collection à la Villa Médicis de Rome. Cette même année, il annonce qu'il envisage de faire une donation à l'État français de 300 œuvres de sa collection, pour une valeur estimée à environ 63 millions d'euros, dans le cadre de la création à Avignon d'un centre d'art contemporain permanent. Ce projet est entériné en novembre 2011 avec la donation de 450 œuvres à l'État français, inaliénables, à l'hôtel de Caumont.

Voilà donc des années qu'à chaque visite chez mon frère, qui demeure en Avignon, je vais y voir les collections d'Yvon Lambert...

Quand j'ai appris, avec six mois de retardla fermeture de sa galerie, j'en ai été toute retournée ! Comment cela m'avait-il échappé ? Je n'en sais rien... Mais je suis triste ! 




La galerie Yvon Lambert a fermé, une page s'est tournée sur la scène artistique française...

vendredi 3 juillet 2015

L'abricotier, les orchidées, le nouvel appareil photo et le Hip Hop !


L'abricot de l'abricotier du bas de mon immeuble
L'abricotier :

Chaque année, fin juin,  branle-bas de combat aux pieds des marches de ma tour, l'abricotier qui y prospère nous gratifie de magnifiques fruits, très peu cette année car il a été mal taillé, me dit un voisin connaisseur, mais voyez la splendeur, un parfum unique : abricot, mâtiné de rose, fondant, un goût que vous n'imaginez pas si vous achetez vos fruits en supermarché... J'ai réussi à passer ma main à travers le grillage pour en saisir deux, un voisin m'en a donné un, la gardienne m'en a promis un autre... Vraies récompenses de saison...


Rose, un peu cabossé, le rescapé est chez moi, je l'ai dégusté comme un roudoudou...

Petit à petit, avec les années, je m'assagis, je regarde les abricots qui tombent sur le pauvre petit bout de gazon qui entoure l'arbre, sans colère, je me dis : pas grave si personne ne peut les ramasser tous, ils sont là, ça me suffit...

L'orchidée, les verveines :


La belle orchidée rempotée

Pour la Fête des mères, un de mes fils m'a offert une splendide orchidée, d'une couleur et d'une élégance incroyables, je me suis dis tout de suite : c'est le moment, je vais la mettre dans une vasque avec celles qui sont orphelines sur ma commode.

Je suis allée très loin de Paris pour trouver une vasque qui me convenait... C'est à l'unanimité que tous les livres, les sites internet qui donnent de bons conseils pour vos orchidées, disent (c'est l'ABC) : évitez de rempoter pendant la floraison ! Oui mais voilà, moi je ne pouvais attendre, j'ai donc travaillé sans filet avec la grande fleur qui bougeait dangereusement et le résultat est tout à fait satisfaisant. Le lendemain, l'ensemble des transplantées avait repris de l'assurance, la hampe de fleurs se trouvait délicatement posée dans un parterre de feuilles ragaillardies... Depuis tout va pour le mieux, les fleurs fleurissent de plus belle...

Pas facile de rester créative sans prendre de risques !

Et puis chemin faisant, j'ai voulu aussi changer les bacs à fleurs de mon balcon, vieux comme mes robes, tout décatis, noirs à faire peur, plus du tout vaillants et dans le jardinage, ce n'est pas forcément dans les vieux pots que l'on fait les belles fleurs...

Pour acheter des bacs à réserve d'eau il faut encore aller loin, les grands magasins parisiens ont réduit leurs rayons, les magasins spécialisés ont moins de choix, il faut aller en campagne pour s'approvisionner, se rapprocher des vrais jardins...

Mes verveines attendrons la transplantation, je les arrose avec amour tous les soirs, je les mets à l'ombre, je leur parle doucement, attendez s'il vous plait, tenez le coup...


Verveines en attente de pots neufs !

Il n'y a pas que dans les bacs qu'il y a du changement !

L'appareil photo :


Mon nouveau chouchou

J'ai reçu en cadeau pour mon anniversaire un nouvel appareil photo, un petit compact expert, dans la même lignée que celui que j'avais perdu dans le métro. J'avais bien sûr la mission de l'acheter, le choix n'a pas été facile, plus vous cherchez, plus vous êtes perdu, j'en ai fait l'expérience pendant 8 jours... Sur internet, j'ai passé en revue tous les sites de conseils, de top model, de classements sérieux, de blogs, j'ai interrogé les amis, demandé des avis dans les magasins de photo, j'ai beaucoup réfléchi et plus j'approfondissais  la question, plus elle restait sans réponse, une idée poussait l'autre, à la fin je fus totalement découragée : lequel acheter ?

Pendant une autre bonne semaine j'ai continué ma quête, investigué, et je me suis dit en bout de course : tu étais contente de ton appareil perdu, et bien achète le même, depuis 6 ans ils sont montés en gamme, fait des progrès, achète le numéro du jour, voilà c'était fait, il fallait y penser, le Canon G 16 s'est imposé, ouf ! Tout m'apparaissait clair, mûrement pensé, maintenant il fallait juste l'acheter.


Petite sortie à la campagne avec le nouvel appareil... Septembre devrait être prometteur !

Pendant 8 autres jours, j'ai surveillé les prix, à la Fnac ils changeaient tous les jours, presque toutes les heures, comme à la Bourse, c'est normal m'a dit la vendeuse, on s’aligne sur internet et sur la concurrence locale, il m'a fallu guetter la baisse pour sauter dessus : 100 euros de moins en quelques heures ! La bonne affaire en somme...

Je l'avais ! Je n'osais même pas m'en servir, le sortir dehors ? Pas question, je vais attendre de n'avoir plus peur de le perdre pour devenir audacieuse, reprendre du poil de la bête, j'ai acheté une housse, une courroie de cou, je me suis bien préparée pour le grand jour, déjà dans les petits chemins verts il y avait des noisettes...

Le Hip Hop :

Il faut que je vous raconte la joie que j'ai eue en regardant danser ces jeunes de toutes les couleurs, du plus clair au plus foncé. Je suis restée assise (par chance) sur une grosse borne, au premier rang des spectateurs, dans la rue, pas très loin du centre Beaubourg, le festival a commencé avec la sono à fond et puis les danseurs ont entamé leur démonstration...



Ne partez pas, le groupe de danseurs est derrière le groupe de jeune brésiliens en vacances à Paris

Moi j'étais émerveillée, je les avais déjà vus exercer leur art dans le coin, à chaque fois j'ai fait une halte, aimantée, admirative. En fait ils sont quatre, avec la musique ils entrent dans la danse tous ensemble ou séparément avec un petit solo, puis ils se complètent, se poursuivent, s'enchaînent, ils s'observent furtivement, règlent leurs mouvements sur l'ensemble, ce sont des magiciens qui gardent toujours le sourire, ils sautent, bondissent, font des pas de quatre, leurs bras comme du caoutchouc ondoient comme des algues, tous les corps se tordent, se plient, ils glissent sur le sol comme sur une patinoire, ils prennent possession du public, tout le monde applaudit à tout rompre. Ils disposent toujours, discrètement, un ou deux chapeaux devant le public, sans jamais le faire passer, ce sont les spectateurs qui se déplacent pour remplir les couvre-chefs...

Au moment où je me suis assise, il y avait du monde, des jeunes en balade, passionnés, ils ont tous voulu faire le selfie avec les danseurs, j'ai attendu patiemment le retour des artistes sur la scène et la sarabande est repartie, toujours différente, toujours surprenante de créativité...

J'ai préparé mes sous pour le chapeau... J'ai sorti le téléphone pour les photos :


Ils entrent en scène


Je n'ai pas pu éviter le crâne à droite, il fallait faire vite

Bravo messieurs, le public est en liesse, l'après midi commence bien...