jeudi 26 juin 2014

L'essentiel c'est de vivre !


Vanité (Yves Boussin)

Oui, mais : comment, pourquoi, avec qui, pour qui, combien de temps, à quel prix, où ? Pour certaines personnes, vivre, c'est surtout survivre...

J'ai eu l'occasion, au cours de mon séjour en Avignon chez mon artiste de frère, de me confronter naturellement à ce type de questions, face à ses vanités qui se pavanaient sur les meubles de sa belle maison, parées, habillées, dorées, voilées, sous cloche, attention je veille, regarde un peu ce que tu vas devenir de toute façon... Impossible de ne pas réfléchir un peu plus !


L'histoire de cette année avec le crapaud doré... (Yves Boussin)


La même histoire ... De l'année dernière avec les oiseaux noirs (Yves Boussin)
Pour le temps, il avait pensé aux bougies, quelques fois on brûle sa vie par les deux bouts, mais il avait mis une seule bougie sous chaque globe ! 

Des couronnes et des fleurs, il y en avait partout, moi qui adore les fleurs, je me souviens en avoir mis pour le jour de mon mariage, sur la tête, quelques petites boules de fleurs d'orangers... Mais ça n'a pas duré...

Des couronne en verre, en diamants, infiniment fragiles, infiniment durables... Tiens !

Celle qui m’intriguait le plus, c'était celle avec le crapaud doré... Qu'est-ce qui était passé dans la tête de mon frère pour mettre ce batracien ? Je me souviens des histoires avec les crapauds qui se changent en colombes ou en diamants, comme dans le film de Jacques Demy "Peau d'Âne". L'année dernière, il avait posé des oiseaux noirs... 

Pour le masque étoilé, c'était le mystère, la dissimulation, qui suis-je ? J'en ai bien fini avec toutes ces histoires d'être ou ne pas z'être, je sais qui je suis, j'essaye de ne rien dissimuler, d'être ce que je suis, terminé les mystères... J'essaye d'être claire comme le jour, mais ce n'est pas encore facile tous les jours...


Encore une histoire nouvelle cette année, il y a une petite tête de mort avec la grande 

S'il a mis des petites étoiles dans le noir et le blanc, il a aussi fleuri les orbites qui se voient derrière le masque, pourtant on dit le plus souvent : avoir des étoiles dans les yeux, mais rarement des fleurs... Tiens !

Toutes ses vanités trônent sur un pied en bronze, solide, équilibré, pratique pour tenir debout, bien droit, ça aide à vivre, on dit : droit dans ses bottes, la tête haute, j'ai essayé de rester droite, mais quelque fois, ma tête penche un peu, trop lourde, j'ai baissé les bras... Tiens !

Elles sont toutes sous cloche de verre, bien à l'abri de la poussière, la poussière est dedans... Tiens !
Hors de sa maison, j'ai dû aussi réfléchir à la vie, intensément...


Devant le Palais des Papes

Sur la belle place du Palais des Papes, je me suis arrêtée devant un petit groupe de personnes qui parlaient de la vie : deux musiciens des rues avec guitare et accordéon discutaient avec deux passantes aimant la musique...

Voilà ce que j'ai entendu : le plus jeune musicien retenait entre ses bras son accordéon, qui paraissait aussi léger qu'une plume, ses yeux clairs accompagnaient son sourire, le guitariste avait sans doute le double de son âge, son père, son oncle, son cousin, son ami ? Il ne disait rien, il écoutait en souriant... Je ne sais pas où ils en étaient de leur conversation avec leurs deux admiratrices, mais j'ai juste entendu ces mots prononcés par le jeune musicien : être vieux, être jeune, ce n'est pas ça qui est important, ce qui compte c'est de vivre...

Pour moi qui ne veut plus fêter mes anniversaires en grandes pompes, voilà une belle leçon, mais bien sûr, l'essentiel c'est de vivre, on se débrouille comme on peut, on fait de son mieux pour être heureux...

Plus loin encore, j'ai pensé à la vie, une longue vie, lors de ma visite à la prison Sainte-Anne d'Avignon (vieille prison du 19e siècle, promise à la destruction et désaffectée depuis 10 ans), où sont exposées les œuvres d'art contemporain appartenant à Yvon Lambert, provisoirement "accrochées" pour cause de travaux dans les locaux qui doivent accueillir définitivement l'ensemble de sa collection. Je me suis réjouie de retrouver le travail d'un photographe (dont j'ai oublié le nom et je n'ai rien pu retrouver sur Internet, je lui demande de bien vouloir m'excuser...) que j'aime beaucoup,  et que j'avais déjà vu, à la Maison Rouge et au Palais de Tokyo à Paris, il y a quelque années. .Je retrouvais à la prison Sainte-Anne la même émotion...

Cette oeuvre est composée de 100 photos, 100 portraits de personnes différentes, âgées réellement de quelques jours à 100 ans, les photos sont mises en rang d'oignon, presque à touche touche, à hauteur de votre regard... Impossible de baisser les yeux, le temps défile... Défile, l'image vous colle à la peau, ah ! Me voilà à 20 ans, j'ai le temps... Ainsi de suite...




Une photo par année d'âge = 100 photo = 100 ans


La première photo : Felina, un bébé de 8 jours...


La dernière photo : Maria Victoria a 100 ans...


Mon frère, mets toi en face de la photo qui représente ton âge, il se mit devant, et nous avons regardé l'avenir en face... Courageusement, avec le sourire... Moi aussi j'ai pris place devant le portrait de mon âge, courageusement avec le sourire... En espérant vivre 100 ans comme madame Maria Victoria, comme ma voisine, ma chère Alice, qui pourra se faire tirer le portrait bientôt, entourée de tous ses enfants, petit-enfants, arrières-petits enfants, elle aura l'âge de Maria. En novembre prochain, elle aura 100 ans !

Des nouvelles d'Alice :  (ma voisine de pallier)

Alice revient du Nord et elle repart dans le Sud, toute rose de visage, tout sourire, toujours avec son gilet blanc qui lui donne un teint de perle nacrée... Ses cheveux frisés sont de la même couleur que son gilet... Alice a frappé à ma porte, elle m'a apporté des chocolats dans un petit paquet transparent, avec son grand sourire, je lui demande chaque fois : comment allez-vous, chère Alice ? Et elle me dit invariablement : on fait aller... Allez Alice, portez-vous bien, gardez le sourire, bon voyage chez votre fils... Pleins de baisers...

Mon frère dessina dans son carnet noir tout le temps de la visite :


La très belle oeuvre de Miroslaw Balka Ciel (2010), et mon frère qui dessine superbement tout ce qui bouge


En rentrant à la maison j'ai fait le point avec mon double mètre ruban, mon oeuvre, ma vie en quelques figures, j'ai pris soin de marquer le début et la fin (de 1 à 100 pour voir large), en jaune le début en bleu la fin, j'ai tortillé ma vie dans tous les sens, et je me suis dit : poursuivons, poursuivons, jusqu'à la fin il me reste du temps, j'en ai fait un jeu.








Ma vie, mon oeuvre de 1 à 100 pour voir loin, très loin...

C'est pas tout ça, mais il faut que je prépare mon voyage à Venise, encore des photos de 1 à 500, peut-être plus, est-ce bien nécessaire ? Chaque recoin de Venise a été photographié des millions de fois : portes et fenêtres, reflets, ombres et lumières, gondoles et gondoliers, ponts, places, chats, tous les jardins et les coins secrets, secrets de polichinelle... Peu importe, je vais et revoir, on ne sait jamais, s'il reste une pierre qui n'a pas sa photo....

Chers lecteurs, à bientôt, portez-vous bien, vivez en joie, en espérance, profitez du soleil, de tout...

dimanche 22 juin 2014

Il giorno delle sorelle… Le joli mois de juin (2)


Par temps un peu gris, le mur végétal de Patrick Blanc rue d'Aboukir (un an d'existence )

J'avais dit à ma soeur : si tu veux, nous pouvons aller rue d'Aboukir, rue Vivienne, Place des Victoires, faire le tour des propriétaires du coin… Parfait, m'avait-elle dit, notre rencontre mensuelle entre soeurs, vous la connaissez par coeur depuis des temps et des temps que je vous la raconte, fidèlement, avec empressement,  ça doit même devenir lassant, mais il faut bien que je dise à chaque fois par où nous commençons... Non ?

Nous sommes parisiennes depuis toujours, d'aussi loin que je m'en souvienne, même si sur le tard, nous avons fini par atterrir en banlieue... Mais puisque la petite couronne va devenir, devient, le Grand Paris... Nous serons d'ici peu de nouveau sur nos terres, sans nous en apercevoir.

Nous savons aussi que presque chaque rue de Paris mérite une visite détaillée, nous travaillons ainsi pour la postérité…

Bon, j'y viens, j'y viens à notre rendez-vous de juin. Un jour spécial, puisque nous devions fêter mon anniversaire, depuis quelques année je ne mets plus de bougies sur aucun gâteau, n'annonce plus la couleur de mes printemps, je fête mon anniversaire entre quatre yeux, plusieurs fois dans la semaine, des coups de fils, des  : maman, qu'est-ce qui te ferait plaisir pour ton anniversaire, j'ai toujours des tas d'idées, mais une seule à la fois... Notre dernière rencontre de juin était donc aussi un petit clin d'oeil à mon anniversaire, voilà tout.

Le resto vietnamien, nous ne changeons pas, le café, nous ne changeons rien non plus, la joie de se revoir est toujours aussi vive : alors, quoi de neuf depuis hier (nous nous téléphonons presque chaque jour, les nouvelles fraîches sont forcément souvent réchauffées). Vous connaissez sans doute ces habitudes auxquelles nous tenons, qui ne lassent jamais, ces petits riens qui font énormément de bien.


Nos petits noirs 

Puis je l'emmène voir le mur végétal : ce champ de fleurs à la verticale est une merveille, chaque petit brin de vent le décoiffe, il bouge comme un champ de blé... Voilà le passage du Caire, assez délabré et moche, il semble avoir du mal à se refaire une santé, les grossistes du prêt-à-porter occupent majoritairement les galeries, mais beaucoup de boutiques sont à vendre, le passage essaye de faire peau neuve... Sans doute, il faut attendre... Les trois galeries qui le composent n'attirent plus les flâneurs, seulement les curieux...

Le passage du Caire date du 18e siècle, il fut construit lors de la campagne de Napoléon en Egypte, l'immeuble qui ouvre le passage est original, la façade est ornée de trois éfigies de la déesse Hathor avec ses oreilles de vaches... Quelques hiéroglyphes et des colonnes...


La déesse Hathor forme le beau décor du 2e étage, c'est juste en dessous que nous avons pris notre café !

Dans la rue d'Aboukir qui reste très vivante, il y a presque exclusivement des commerces de vêtements en gros et au détail, bijoux fantaisie, maroquinerie, le petit métier de "porteur" se porte bien, ils attendent leurs clients avec un diable, les accompagnent jusqu'à leur voiture, en roulant leurs achats encombrants et pesants... J'avais vu des porteurs à Istanbul mais je ne me souvenais plus du tout des porteurs parisiens... La rue comporte également quelques immeubles des 17 et 18e siècles, il faudra y revenir... Et une fontaine Wallace dans sa couleur originelle, vert profond, la couleur du mobilier urbain de cette époque, pour être en harmonie avec les parcs et les allées bordées d'arbres...


Bel immeuble ancien restauré rue d'Aboukir



Pas loin du passage du Caire, une fontaine Wallace...  Elles tiennent leur nom du philanthrope britannique Richard Wallace, héritier de la grande fortune paternelle, qui finança leur édification au 19e siècle


Les porteurs de la rue d'Aboukir


Le diable


Puis nous avons filé rue du Mail, pas très loin de la place des Victoires, voir le lieu de fabrication des pianos Erard. Au 23 de la rue on peut encore admirer la cour de l'ancienne manufacture des pianos Erard, 315 personnes y travaillaient encore en 1870, la fabrique à l'étroit rue du Mail ira s'installer rue de Flandre dans le 19e arrondissement et fermera ses portes définitivement en 1939. Dans cette cour est installée une grande marque de vêtements et les vendeurs, nous voyant avec nos appareils photos, nous ont invitées à rentrer et à visiter les lieux, nous offrant petits gâteaux, sourires et gentillesse extrême, nous avons parlé du passé de leur lieu de travail, en fait, ils ignoraient "qu'ici" des pianos et des harpes avaient été fabriqués au 19e siècle. L'accueil chaleureux et intéressé de ces personnes nous combla de joie. Le bavardage fut cordial, nous y avons passé un très bon moment. L'un d'eux me demanda si je pouvais lui donner des lieux à visiter dans la Capitale, encore un passionné de Paris... Je lui ai dit : allez sur mon blog, vous y trouverez certainement des coins parisiens qui vous plairont... Il a pris note aussitôt de l'adresse de mes "Merveilles"...


La cour de la fabrique des pianos Erard

Au 13 de la rue existe toujours la très belle maison de la famille Erard, le musicien F. Liszt y fut reçu pendant 50 ans, il y avait au fond de la superbe cour une salle de concert de 228 places qui existe toujours, malheureusement nous n'avons pas pu la voir, il paraît qu'on y fait des défilés de mode, elle est ouverte à la location pour des événements divers...



Ici était reçu le Maître…



La spendide demeure de la famille Erard (la cour)



La tres belle cour, au fond, la salle de spectacle




Une entrée latérale à droite dans la cour 



En pleine lumière artificielle

Nous ne demandions rien à personne, nous avons appuyé sur tous les digicodes que nous trouvions dans la cour, et notre surprise fut totale, face au marbre, aux dorures et aux lustres de bronze, nous sommes restées médusées, les lieux restent dans leur état original.



Une autre vue de la cour, au fond, près de la salle de spectacle 


Le programme était chargé, nous n'étions pas loin de la place des Victoires où trônait Louis XIV, la place était vide, la aussi quelques boutiques à vendre, l'activité commerciale était réduite.





Une moitié de la place des Victoires, sous le ciel gris


Demeurent dans ce secteur les marchands de tissus d'ameublement renommés comme la maison Lelièvre, et tous les autres grands noms... La passementerie a établi ses quartier par ici.


La passementerie...


Les très beaux tissus d'ameublement


Sans presque nous en apercevoir, nous nous sommes retrouvées au coin de la rue Croix des Petits Champs et de la rue La Vrillière, nous n'en finissions pas d'admirer cette immeuble à tourelles, avec ses balustrades de dentelle forgée, une étonnante maison, un hôtel particulier du 18e siècle (Portalis) qui a survécu à tous les temps. Il a été construit en 1750 par l'architecte Ledais. Nous en profitons pour reprendre un café sous le bel auvent gris en bas de la maison... Un peu de repos, le ciel est toujours gris, mais notre journée touche à sa fin, nos pieds commencent à compoter... Mais nos cœurs sont allègres...


L'ancien Hôtel Portalis de loin


De plus près


La dentelle des balustres

 Nous décidons de reprendre le métro, sur notre route nous découvrons encore une maison étonnante qui vend des animaux naturalisés, toutes les espèces, sauvages ou familières de toutes les couleurs, des présentations exceptionnelles. Dans le silence de la jungle, l'Arche de Noé existe à Paris, rue d'Aboukir. L'accueil est chaleureux : entrez je vous en prie, faites comme chez vous, on nous autorise même les photos, avec le sourire, nous les complimentons sur l'ensemble de leur collection, il y a du charme ici, de la beauté, du rêve et quelques frissons...










"Design et nature", 4 rue d'Aboukir, l'adresse vaut le détour

Il paraît que "la taxidermie est devenue à Paris le nec plus ultra, tout ici est spectaculaire, les lions, la girafe peuvent faire peur, les oiseaux, les papillons, les scarabées, les poules, les oies, les canards vous regardent fixement...

Retour au point de départ, le petit grelot accroché au sac à dos de ma sœur grelotte et disparaît de ma vue, mais avant de disparaître tout à fait dans le couloir du métro, souvent nous nous étions retournées pour nous faire un dernier signe de la main : rentre bien ! Nous prenions des directions opposées, mais nos têtes restaient émerveillées par les découvertes des beautés du jour.

Maintenant il faudra attendre octobre pour reprendre nos virées, Paris attend nous sagement, nous avons de nouveaux projets aussi beaux que la rue d'Aboukir à explorer...

lundi 16 juin 2014

Il giorno delle sorelle... Au joli mois de mai (1)



La première petite allée à droite

J'ai du retard pour vous raconter nos balades de sœurs sur Paris. La première s'est faite presque entièrement sous la pluie, avec seulement quelques éclaircies... Suffisant cependant pour nous permettre quelques rencontres inattendues et de belles visites...

Comme vous le savez depuis le temps que je vous en parle, nos après-midis entre soeurs commencent toujours par un petit resto vietnamien, soit à Belleville, soit aux Arts et Métiers : midi et quart, d'accord, ma soeur essaye toujours de me faire venir le plus tôt possible pour trouver une bonne place et puis aussi, comme elle se lève de très bonne heure, beaucoup plus tôt que moi, elle a faim ! Et ensuite, après notre café, nous naviguons à vue, ou nous avons des plans précis...

Notre avant-dernière sortie sous la pluie, celle de mai, commença donc à Belleville et se termina à Belleville, si peu de chemin me direz-vous ? Oui, mais rempli de découvertes, de conversations et de plaisir d'être ensemble.

Nous avions changé de resto, notre préféré était fermé, nous avons juste eu à traverser la rue, nouilles sautées, un régal, beaucoup de bruit autour des tables, des adultes, des enfants, nous n'avons pas traîné…

Nous avons pris le Boulevard de la Villette, tout droit, première à droite, et nous avons traversé une petite allée singulière, enfouie sous la verdure, des fleurs de printemps en plus dans la rue, le calme et quelques photos…



Au bout de l'allée...

Nous avons regagné le boulevard le nez au vent, tiens, c'est quoi ceci ? Trois belles médailles en or massif sur le fronton d'une maison, des diplômes et le nom Bornibus, la célèbre moutarde (qui n'existe plus) nous intriguent : Allez hop ! Allons voir de plus près chez chez Wikipedia, l'histoire de la fameuse moutarde :


Les médailles de la moutarde Bornibus


Les diplômes

"En quelques années, Alexandre Bornibus devient l'un des piliers de la moutarde en FranceCe fulgurant succès s’explique en partie par l’innovation, alors placée au centre de la stratégie d’entreprise. Alexandre Bornibus modernise ainsi les ustensiles et procédés de fabrication. Il dépose notamment en mars 1864, un brevet sur « un moyen de tamiser la moutarde et diverses autres substances ».

La réussite de cette marque passe certes par sa qualité, mais avant tout par sa stratégie de communication. Le chef d’entreprise a en effet fait appel à l’auteur du très célèbre roman "Les trois Mousquetaires", Alexandre Dumas, possédant en commun plus qu’un prénom mais aussi les plaisirs de la vie. En mars 1870, quelques mois avant sa mort, l’écrivain remet le manuscrit du Grand dictionnaire de cuisine, le manuel sera achevé par Anatole France et Leconte de Lisle. A. Dumas y écrit : « Culinairement, enfin, vous me demandez quelle est la préparation que je préfère. Jusqu’à ce que j’aie gouté et apprécié la moutarde de Monsieur Alexandre Bornibus, j’ai préféré les moutardes de Maille et Bordin à toutes les moutardes ; mais lorsque le hasard m’eut fait gouter celle-là, je compris qu’elle devait l’emporter un jour sur toutes les autres ».
En 1861, à l'approche de ses quarante ans, Alexandre se sépare de son frère Joseph et reprend une fabrique de moutarde, Touaillon et fils, installée dans le quartier des Halles3. Alexandre Bornibus délocalise et rebaptise très vite l’entreprise. Celle-ci portera désormais le fameux nom Bornibus et est délocalisée au 60, boulevard de la Villette."
Aujourd'hui il ne reste plus grand chose de visible de l'entreprise Bornibus, sinon des lofts en fond de cour, à l'intérieur de l'immeuble, nous a dit la personne à l'interphone, sans ouvrir la porte



Plus de moutarde ici...

Justre à côté de l'ancienne fabrique de moutarde, nous avons trouvé l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture, installée sur un site scolaire centenaire : d'abord une école municipale d'apprentis professionnels (une école-usine) construite en 1873, qui devient (après reconstruction en 1990) le Lycée Diderot, qui devient école d'architecture d'aujourd'hui en 2009. Un accueil sympa nous a permis d'aller à notre guise dans l'établissement, entièrement rénové depuis 2 ans, de jeunes étudiants circulaient dans tous les étages, une vraie ruche, nous avons admiré les locaux en toute tranquillité... Nous pensions mordicus que l'école était installée dans les anciens locaux de cette fabrique de moutarde à cause de la grande cheminée, nous ne savions rien de l'école-usine, mais Internet m'aida à y voir plus clair en remettant les choses à l'endroit... Il règne dans cette école un petit air ancien entre les bâtiments en briques rouges, la cheminée et la cour d'entrée...


L'entrée de l'école d'architecture par le Boulevard de la Vilette


L'escalier qui mène à la lumière


La très haute cheminée en briques rouges


Quelques beaux arbres dan le petit jardin intérieur



De l'ancien (Lycée Diderot) dans du neuf

Des points de vues imprenables, des amphis, des cours, des patios, des escaliers en bois, des perspectives d'architectes… Une belle école d'art !

En passant devant tous ces étudiants qui discutaient, prenant le café de la pause, pas du tout étonnés de notre petite visite, je me disais que le métier d'architecte devrait être mis à la même enseigne que celui des médecins, réglé par un "serment d'Hypocrate du bâtiment". Les architectes qui construisent des maison horribles, faites pour durer des dizaines et des dizaines d'années, sans âme, sans esprit, sans vraie recherche architecturale, bâties pour la plus grande tristesse des habitants et l'enlaidissement du cadre de vie, devraient être déchus du droit d'exercer leur art ! On ne devrait exiger d'eux que du beau, du beau, du très beau,… Mais je sais que ma plainte est naïve.

Quand je vois les oeuvres de Frank Gehry, Jean Nouvel, Foster, Pei, R. Piano et bien d'autres moins connus mais tout aussi talentueux, qui enrichissent notre vie, je me dis que l'architecture à de beau jours devant elle.


Une perspective

Nous étions loin d'avoir terminé notre promenade, nous voulions aller voir la machine à distribuer le pain chaud à toutes heures dont nous avions entendu parler aux informations. Un lauréat du concours Lépine avait commercialisé un distributeur de pains, près de sa boulangerie, avenue Mathurin-Moreau à côté des Buttes-Chaumont, il garnissait l'engin de baguettes précuites et quand vous mettiez une pièce de 1 euro, le pain finissait de cuire en 10 minutes, une belle invention, le pain était de très bonne qualité, paraît-il... Mais voilà, le boulanger/inventeur ayant fermé boutique et la machine avec, nous n'avons rien pu voir.

Pas de machine, pas d'image…

C'est une dame qui habitait dans cette avenue qui nous raconta l'histoire du boulanger qui était parti avec sa machine, elle habitait depuis quarante ans dans un bel ensemble de logements HBM construits entre 1924 et 1930, spacieux, gracieux, en briques rouges à la mode de cette époque, nous y habitions avec mes parents, j'y suis restée après leur mort... Elle était bien heureuse d'y vivre, mais depuis quelques années ça bougeait trop dans la cité, des bandes dealaient pas loin de ses fenêtres, faisant un raffut épouvantable toute la nuit, ce qui fait que la vie était nettement moins agréable pour elle... Et pour tous les locataires...

De vraies anguilles madame, la police arrive à droite et eux ils partent à gauche, comment voulez-vous faire ? On ne sait plus comment faire... La dame était bavarde, mais l'histoire tourna au vinaigre quand nous en fûmes à parler d'insécurité, vols, vandalisme et le racisme de cette charmante dame ne tarda pas à se révéler au grand jour, naturellement, comme l'eau qui coule sous les ponts... Au revoir madame, bonne continuation... Nous avons continué la visite de la cité, vu les petits jardins partagés, tout beaux, tout fleuris, bien arrosés, bien entretenus par des volontaires courageux, mais à la vue de quelques guetteurs déjà postés pour les bonnes affaires, notre promenade s'arrêta là, on regagna nos pénates jusqu'au métro Belleville, nous avions vraiment fait deux bouts de rues en quelques heures... Nous avions respecté notre tempo : aller doucement, admirer, s'étonner, prendre des photos et bavarder sans s'alarmer de trop des mauvaises nouvelles !

Pas d'image non plus pour l'insécurité...

Fais attention à toi pour le retour, boucle ton sac à dos, sois prudente, quelle belle journée encore nous avons passée... Pour le mois prochain prenons date très vite, avant mon départ en Avignon, d'accord, je t'appelle, des embrassades, des sourires, des gestes de la main et le petite sac à dos de ma soeur a disparu dans le couloir du métro...

Mes amis, très vite je vous raconte notre promenade du mois de juin, bavardages, découvertes, bonne humeur, par beau temps, très beau temps, comme la robe de Peau d'Âne...