Vanité (Yves Boussin)
Oui, mais : comment, pourquoi, avec qui, pour qui, combien de temps, à quel prix, où ? Pour certaines personnes, vivre, c'est surtout survivre...
J'ai eu l'occasion, au cours de mon séjour en Avignon chez mon artiste de frère, de me confronter naturellement à ce type de questions, face à ses vanités qui se pavanaient sur les meubles de sa belle maison, parées, habillées, dorées, voilées, sous cloche, attention je veille, regarde un peu ce que tu vas devenir de toute façon... Impossible de ne pas réfléchir un peu plus !
L'histoire de cette année avec le crapaud doré... (Yves Boussin)
La même histoire ... De l'année dernière avec les oiseaux noirs (Yves Boussin)
Pour le temps, il avait pensé aux bougies, quelques fois on brûle sa vie par les deux bouts, mais il avait mis une seule bougie sous chaque globe !
Des couronnes et des fleurs, il y en avait partout, moi qui adore les fleurs, je me souviens en avoir mis pour le jour de mon mariage, sur la tête, quelques petites boules de fleurs d'orangers... Mais ça n'a pas duré...
Des couronne en verre, en diamants, infiniment fragiles, infiniment durables... Tiens !
Celle qui m’intriguait le plus, c'était celle avec le crapaud doré... Qu'est-ce qui était passé dans la tête de mon frère pour mettre ce batracien ? Je me souviens des histoires avec les crapauds qui se changent en colombes ou en diamants, comme dans le film de Jacques Demy "Peau d'Âne". L'année dernière, il avait posé des oiseaux noirs...
Pour le masque étoilé, c'était le mystère, la dissimulation, qui suis-je ? J'en ai bien fini avec toutes ces histoires d'être ou ne pas z'être, je sais qui je suis, j'essaye de ne rien dissimuler, d'être ce que je suis, terminé les mystères... J'essaye d'être claire comme le jour, mais ce n'est pas encore facile tous les jours...
Encore une histoire nouvelle cette année, il y a une petite tête de mort avec la grande
S'il a mis des petites étoiles dans le noir et le blanc, il a aussi fleuri les orbites qui se voient derrière le masque, pourtant on dit le plus souvent : avoir des étoiles dans les yeux, mais rarement des fleurs... Tiens !
Toutes ses vanités trônent sur un pied en bronze, solide, équilibré, pratique pour tenir debout, bien droit, ça aide à vivre, on dit : droit dans ses bottes, la tête haute, j'ai essayé de rester droite, mais quelque fois, ma tête penche un peu, trop lourde, j'ai baissé les bras... Tiens !
Elles sont toutes sous cloche de verre, bien à l'abri de la poussière, la poussière est dedans... Tiens !
Hors de sa maison, j'ai dû aussi réfléchir à la vie, intensément...
Devant le Palais des Papes
Sur la belle place du Palais des Papes, je me suis arrêtée devant un petit groupe de personnes qui parlaient de la vie : deux musiciens des rues avec guitare et accordéon discutaient avec deux passantes aimant la musique...
Voilà ce que j'ai entendu : le plus jeune musicien retenait entre ses bras son accordéon, qui paraissait aussi léger qu'une plume, ses yeux clairs accompagnaient son sourire, le guitariste avait sans doute le double de son âge, son père, son oncle, son cousin, son ami ? Il ne disait rien, il écoutait en souriant... Je ne sais pas où ils en étaient de leur conversation avec leurs deux admiratrices, mais j'ai juste entendu ces mots prononcés par le jeune musicien : être vieux, être jeune, ce n'est pas ça qui est important, ce qui compte c'est de vivre...
Pour moi qui ne veut plus fêter mes anniversaires en grandes pompes, voilà une belle leçon, mais bien sûr, l'essentiel c'est de vivre, on se débrouille comme on peut, on fait de son mieux pour être heureux...
Plus loin encore, j'ai pensé à la vie, une longue vie, lors de ma visite à la prison Sainte-Anne d'Avignon (vieille prison du 19e siècle, promise à la destruction et désaffectée depuis 10 ans), où sont exposées les œuvres d'art contemporain appartenant à Yvon Lambert, provisoirement "accrochées" pour cause de travaux dans les locaux qui doivent accueillir définitivement l'ensemble de sa collection. Je me suis réjouie de retrouver le travail d'un photographe (dont j'ai oublié le nom et je n'ai rien pu retrouver sur Internet, je lui demande de bien vouloir m'excuser...) que j'aime beaucoup, et que j'avais déjà vu, à la Maison Rouge et au Palais de Tokyo à Paris, il y a quelque années. .Je retrouvais à la prison Sainte-Anne la même émotion...
Cette oeuvre est composée de 100 photos, 100 portraits de personnes différentes, âgées réellement de quelques jours à 100 ans, les photos sont mises en rang d'oignon, presque à touche touche, à hauteur de votre regard... Impossible de baisser les yeux, le temps défile... Défile, l'image vous colle à la peau, ah ! Me voilà à 20 ans, j'ai le temps... Ainsi de suite...
Plus loin encore, j'ai pensé à la vie, une longue vie, lors de ma visite à la prison Sainte-Anne d'Avignon (vieille prison du 19e siècle, promise à la destruction et désaffectée depuis 10 ans), où sont exposées les œuvres d'art contemporain appartenant à Yvon Lambert, provisoirement "accrochées" pour cause de travaux dans les locaux qui doivent accueillir définitivement l'ensemble de sa collection. Je me suis réjouie de retrouver le travail d'un photographe (dont j'ai oublié le nom et je n'ai rien pu retrouver sur Internet, je lui demande de bien vouloir m'excuser...) que j'aime beaucoup, et que j'avais déjà vu, à la Maison Rouge et au Palais de Tokyo à Paris, il y a quelque années. .Je retrouvais à la prison Sainte-Anne la même émotion...
Cette oeuvre est composée de 100 photos, 100 portraits de personnes différentes, âgées réellement de quelques jours à 100 ans, les photos sont mises en rang d'oignon, presque à touche touche, à hauteur de votre regard... Impossible de baisser les yeux, le temps défile... Défile, l'image vous colle à la peau, ah ! Me voilà à 20 ans, j'ai le temps... Ainsi de suite...
Une photo par année d'âge = 100 photo = 100 ans
La première photo : Felina, un bébé de 8 jours...
La dernière photo : Maria Victoria a 100 ans...
Mon frère, mets toi en face de la photo qui représente ton âge, il se mit devant, et nous avons regardé l'avenir en face... Courageusement, avec le sourire... Moi aussi j'ai pris place devant le portrait de mon âge, courageusement avec le sourire... En espérant vivre 100 ans comme madame Maria Victoria, comme ma voisine, ma chère Alice, qui pourra se faire tirer le portrait bientôt, entourée de tous ses enfants, petit-enfants, arrières-petits enfants, elle aura l'âge de Maria. En novembre prochain, elle aura 100 ans !
Des nouvelles d'Alice : (ma voisine de pallier)
Des nouvelles d'Alice : (ma voisine de pallier)
Alice revient du Nord et elle repart dans le Sud, toute rose de visage, tout sourire, toujours avec son gilet blanc qui lui donne un teint de perle nacrée... Ses cheveux frisés sont de la même couleur que son gilet... Alice a frappé à ma porte, elle m'a apporté des chocolats dans un petit paquet transparent, avec son grand sourire, je lui demande chaque fois : comment allez-vous, chère Alice ? Et elle me dit invariablement : on fait aller... Allez Alice, portez-vous bien, gardez le sourire, bon voyage chez votre fils... Pleins de baisers...
Mon frère dessina dans son carnet noir tout le temps de la visite :
La très belle oeuvre de Miroslaw Balka Ciel (2010), et mon frère qui dessine superbement tout ce qui bouge
Chers lecteurs, à bientôt, portez-vous bien, vivez en joie, en espérance, profitez du soleil, de tout...
En rentrant à la maison j'ai fait le point avec mon double mètre ruban, mon oeuvre, ma vie en quelques figures, j'ai pris soin de marquer le début et la fin (de 1 à 100 pour voir large), en jaune le début en bleu la fin, j'ai tortillé ma vie dans tous les sens, et je me suis dit : poursuivons, poursuivons, jusqu'à la fin il me reste du temps, j'en ai fait un jeu.
C'est pas tout ça, mais il faut que je prépare mon voyage à Venise, encore des photos de 1 à 500, peut-être plus, est-ce bien nécessaire ? Chaque recoin de Venise a été photographié des millions de fois : portes et fenêtres, reflets, ombres et lumières, gondoles et gondoliers, ponts, places, chats, tous les jardins et les coins secrets, secrets de polichinelle... Peu importe, je vais et revoir, on ne sait jamais, s'il reste une pierre qui n'a pas sa photo....