mardi 21 juin 2011

Le trio gagnant... Au Cinéma, et au Théâtre !!

Deux beaux films, enfin ! Dans mon panier !


Une séparation : Asghar Farhadi (Iranien)

Au cinéma, pendant des décennies, pour échapper à la censure, les films iraniens ont raconté des fables, des chemins initiatiques, des histoires d'enfance. Les adultes restaient à la marge.

Kiarostami, Makhmalbaf, les deux plus grands (que je connaisse) ont réalisé de superbes films, émouvants, beaux, et d'une grande simplicité. Kiarostami, avec trois gestes, deux regards et peu de mots, m'a entraînée au plus profonds de la réflexion sur les choses essentielles : vivre, mais comment, pourquoi ?

Les enfants ont toujours été les acteurs principaux, les apprentissages, les méditations, les regards sur la vie, se racontaient à travers eux.

La fille de Makhmalbaf, Samira, très jeune cinéaste aussi douée que son père, a repris le flambeau avec un superbe film "La pomme" (elle avait alors 17 ans - 1997), qui racontait l'histoire de jeunes adolescentes enfermées dans un appartement en plein Téhéran, qui se débrouillaient pour sortir dans le monde au prix d'énormes difficultés. Puis "Le tableau noir" (1999), époustouflant de beauté, les adolescents sont au centre du film, une jeune femme surtout qui veut apprendre à lire... Samira, entre dans la cour des grands...

Avec Farhadi, on nous parle enfin d'adultes, une autre génération de cinéastes, ils parlent des difficultés de la vie de tous les jours, de la crise sociétale, des hommes et des femmes... Diversité à tous les étages...

Ici, deux couples, les anciens et les modernes ? Pas si simple, ouf ! Les couples ne parlent pas le même langage, ils n'ont pas le même mode de vie, ne vivent pas du tout dans les mêmes nécessités, l'un est modeste, l'autre plus aisé, forcément, ils vont avoir du mal à s'entendre, mais seule la recherche de la vérité va tous les contaminer.

Je vous laisse le plaisir de découvrir toutes les intrigues du film, les enfants sont bien sûr très présents, mais ici, ils observent les adultes, ils sont les principaux témoins....

Ce film connaît un énorme succès en France mais également en Iran... Les acteurs sont passionnants, émouvants... Affaire à suivre.


BeginnersMike Mills (Américain)

Vous connaissez tous l'histoire, un vieux père fait son coming out à 75 ans, il a perdu son épouse après 45 ans de mariage... Il est gay, il a toujours été gay. Son épouse le savait, elle pensait le "guérir" de la chose, puisque l'homosexualité était encore une maladie dans les années de sa jeunesse, pour certains elle l'est encore aujourd'hui d'ailleurs... Les mauvaises idées ont la vie dure et longue.

Le film nous révèle avec énormément de finesse et de sensibilité deux situations, le père peut vivre enfin au grand jour son homosexualité, heureux enfin et il est déjà trop tard, il se sait atteint gravement d'un cancer, son fils va connaître en même temps une rencontre amoureuse importante avec une femme. La mort de son père le plonge dans une douleur profonde...

Ce film est magnifique, plein d'émotion, je n'ai pas arrêté de pleurer... Le réalisateur Mike Mills dit : "À la mort de chacun de mes parents, je ne me suis pas retrouvé complètement terrassé par le chagrin. Il y avait comme une explosion à l'intérieur de moi, le sentiment que la vie est courte. Et je ne pouvais plus dormir, je voulais tout faire tout de suite..."

Dès que vous voyez l'affiche de ces deux film, prenez vos billets tout de suite, des histoires importantes et belles vous y attendent... Soyez du voyage, n'oubliez pas les mouchoirs...



Que faire ? De Jean-Charles Massera et Benoît Lambert

Au théâtre de la Colline, quel bonheur, quelle soirée, quelle pièce, quels acteurs : François Chattot et Martine Shambacher. Un couple dans sa cuisine fait l'inventaire de ce qu'il faut garder comme idées reçues venues de la littérature, de l'histoire :  la révolution Française ? La  révolution Russe ? Mai 68 ? Les droits de l'homme ? La gauche, la droite ? L'art ? Ils essayent de faire le tri des livres, ceux qui en parlent si bien et si contradictoirement, finalement, ils s'interrogent : qu'est-ce-qu'on garde ?... Ils mettent le Capital dans le placard... Éclairé comme un autel... Ils chantent, il dansent, ils lisent, ils sautent, ils s'aiment, ils essayent de sauver les meubles des idées. Dans la vie, on se trompe souvent, la théorie ne colle pas avec la réalité, on ne sait plus, on doute, mais... Faut vivre (magnifique chanson de Mouloudji).

Ce spectacle est un enchantement, rien à jeter, vous êtes nourri-logé à l'enseigne de l'intelligence, reste plus qu'à se laisser porter, pleurer, rire, c'est exactement ce que j'ai fait... Quel soulagement aussi, de penser à mes doutes, mes erreurs, mes choix,  sans avoir à me désespérer... Faut vivre !

Ils sont en tournée pour 2 ans, s'ils passent dans votre ville, courrez, ne prévenez personne pour être sûrs d'avoir de la place, chuuuut !

6 commentaires:

Michelaise a dit…

Oh là, là, je suis impardonnable, le film iranien "séparation" passait à st georges et on a oublié d'y aller... pour une fois je ne peux me plaindre de n'avoir point une bonne programmation... dommage que je n'aie pas vu ton article avant
quant à la pièce, je note soigneusement, merci Danielle, c'est super d'avoir ton avis

Enitram a dit…

Chuuuuuuut!!!
Trois , enfin deux films et une pièce que j'avais envie de voir (tu nous le confirmes), enfin les deux films, et la pièce je la guetterai aussi...

Danielle a dit…

Ah ! Zut, oublié d'y aller GGGRRR :-)))

La pièce, j'ai adoré, on passe par toutes les couleurs des émotions...

Passe une bonne soirée Michelaise.

Danielle a dit…

Enitram, si tu peux ne rate ni les films ni la pièce.

Mais passe une très belle soirée...

A tout bientôt.

Michelaise a dit…

Ah ... je suis trop CONTENTE : en fait, cela passe cette semaine ! celui que j'ai raté mais qui sera sans doute rediffusé pour les touristes cet été c'est le caht du rabin
Donc, à moi la séparation, ouf !! j'en parlerai forcément plus tard.

Danielle a dit…

Trop bien, tu verras c'est un excellent film, tu nous diras cela.

Tandis que le chat du rabbin, c'est beau, presque trop beau pour être vrai, mais cette fable de générosité et de fraternité se laisse voir avec plaisir :-)))

Bisous du matin à toi Michelaise.