mercredi 29 juin 2011

Venise… Très bientôt le départ !


Le petit embarcadère

Comme d’habitude, à quelques semaines du départ,  je suis soumise à des alternatives mentales diverses : le malaise et  la réjouissance.

Le malaise, avec l’appréhension de retrouver le monde, la foule, les hordes de touristes, le commerce qui bat son plein, jour et nuit, les pacotilles dans les vitrines, les publicités énormes qui barrent les splendides palais, l’impression aussi d’être dans une ville musée, une coquille vide, transformée en un immense appartement et un gigantesque cornet de glace… Sur les Zaterre, dès le matin, en faisant mes courses chez Billa, la supérette du quartier, je regarde avec tristesse les grands paquebots glisser lentement dans le canal de la Giudecca, remplis de 5000 personnes faisant coucou de la main aux passants. De la gare maritime s'écoule la gigantesque chenille à 10 000 pattes des visiteurs journaliers, venus jeter un œil sur Venise, visite éclair, souvenirs durables ? Ils suivent tranquillement le guide au parapluie de couleur qui s’élève au dessus de toutes les têtes. Mais comment faire autrement pour voir Venise en une journée clé en mains ? Tout le monde a droit à Venise, c'est bien normal, ultra naturel, mais comment faire pour garder à cette ville un peu de quotidien authentique ? Une vie de quartier comme partout ailleurs dans le monde ? Impossible à Venise, tout y est fait pour le tourisme, et chaque année c’est pire…


Les portes donnant sur l'eau

La poste vendue, le marché du Rialto bientôt disparu ? Les librairies devenues marchandes de souvenirs, le boulanger, le charcutier, le droguiste,  fermés les uns après les autres, qui proposent maintenant des perles, des masques et des porte-clés…Comment retrouver le plaisir, l’émerveillement à parcourir la Sérénissime ?

Comment ne pas penser à tous les projets qui se terminent pour la mettre à l’abri du temps, du vent et des tempêtes, des inondations, comme les vannes à clapets posées à l’entrée de la lagune, et qui devraient éviter l’acqua alta (Mo.S.E, Modulo Sperimentale Elettromeccanico), sans certitude, et ce qui se murmure, d’un transport souterrain qui irait de la gare, de l’aéroport, au centre ville ?… La cerise sur le gâteau, le câblage de la ville qui permet de s’orienter via son téléphone mobile, répartissant la foule de touristes un peu partout dans la ville…


Le ciel par dessus le mur et le clocher

Venise, inscrite au patrimoine culturel mondial depuis 1987, attire de plus en plus de monde, c’est naturel, comme le site d’Angkor dont je vous ai raconté la visite cet hiver, couvert de cars, de bus, de motos, de tuk-tuk, de voitures… Impossible d’éprouver la plus petite émotion devant ces fourmilières qui portent des chapeaux de soleil et des appareils photos…

Venise me fait un peu le même effet, elle va me précipiter dans la tentation de l'achat, comme tout le monde : dépense, consommation, distraction… Rien n’est gratuit à Venise, tout se paye très cher, d’une rive à l’autre, impossible d’aller à la nage…

Seules, peut-être, les plages du Lido offrent-elles de vrais lieux publics, je ne sais pas… Je n’y vais jamais.

Alors, me direz-vous, que va-t-elle faire dans cette gondole ?


La renaissance

Je ne sais plus en fait, mais l’envie est tenace chaque année d’y retourner, impossible de ne plus la voir, de ne plus me laisser porter sur la voie royale du Grand Canal, bordé des dentelles de Bruges et des couleurs des peintres, la fascination est intacte, entre ce que je repousse et ce qui m’attire toujours… J’arrive !

Quand je découvre un lieu, une belle place, une petite cour où je suis seule, je savoure la victoire qui m’est accordée et, pour me récompenser de ma fidélité, j’enlève mon chapeau de paille, j’ajuste mes lunettes de soleil, je prends la pose et je respire, à l’ombre de plus de 1000 ans d’histoire, je fais comme si j’étais encore au siècle dernier, je vais boire à la fontaine. Tant de merveilles ont été mises ensemble dans cette ville, bien rangées, à la même place exactement qu’aux premiers jours de leur création.


Le Grand Canal... Au loin

Pour ma plus grande joie il y aura la Biennale de Venise, et déjà je savoure la joie d’y retrouver Christian Boltanski, représentant la France dans le grand pavillon, ce grand artiste que j’aime, qui me va droit au cœur… Battements de mon cœur, que j’ai laissés enregistrer pour participer au grand projet utopique auquel il travaille depuis plusieurs années : réunir, en un seul lieu, les enregistrements sonores des battements de cœur de l’humanité, c’est dans l’île  japonaise de Teshima que Les Archives du cœur sont ouvertes au public depuis 2010, dans le cadre de la Naoshima Fukutate Art Museum Fundation… Biens d’autres artistes contemporains me réserveront mille surprises, ces surprises que j’attends de Venise…


Mais déjà, ce sont de grands plaisirs dont je vous parle…


 Les vignes des rues

Arriver à Venise, c’est d’abord le train, wagons-lits que je vais utiliser pour la première fois, le luxe… Aller-retour…

Le premier petit choc du bord de l’eau à la gare, en face de cette grande église, en travaux depuis plus de 10 ans, San Simeon Piccolo, construite au 18e siècle, inspirée de Palladio et Longhena, encore recouverte de publicité ?

Prendre le pont de la Constitution pour gagner Dorsoduro, mon quartier, je lève la tête, la visite commence… Un mois, c’est long, c’est court…

Je ne sais pas ce que je vais vivre, ce que je vais en dire… J’arrive !





lundi 27 juin 2011

On n’a qu’une vie, autant en profiter !


Jaune
Souvent je me suis dit ça, qu'il fallait forcer la chance, ne pas s’arrêter en si bon chemin, ne pas penser à demain, faire d'aujourd’hui le premier matin et ça, tous les matins.

Espérer, respirer, aimer, c’est pour tout de suite, pas de projets à trop long terme, l’échéance c’est maintenant, pendant qu’il en est encore temps, mais tout mon temps.

Après avoir eu des enfants, les consoler, les aimer, partager, donner, applaudir, les regarder rire et être heureux…Après, il y a encore plein de routes à prendre, quand ils sont bien droits dans leurs bottes, il faut continuer sans eux, à côté, pas loin, pas trop loin surtout, tout de suite et maintenant.


Je n’ai pas de boussole, pas de carte pour guider mes pas…Juste les cloches des vaches dans les champs, mes jambes sont encore solides, à part le genou, pour faire le tour du monde, en avion…

La vie passe comme un éclair, il ne faut pas trop tarder pour tout voir, tout comprendre, rien voir, rien comprendre, il faut avancer sans être poussée, marcher à mon pas…

Je pense souvent à cet espace de temps si court, si petit qu’est une vie, chaque minute compte, j’ai une horloge dans mon corps, mais quelque fois je la perds, je perds le nord…

Dépêche-toi, ne prends pas trop de temps pour ne rien faire, ne reste pas trop seule, il y a du monde à ta porte, ouvre grand…

Pour m’habiller, me loger, me nourrir et  me distraire, tous les achats de nécessité, je peux, pour les vacances, les cadeaux et les impôts je peux, pour les impondérables faut voir, pour les faux frais qui deviennent vrais, c’est dur…

Vous voyez, pas à plaindre.

Je vis au jour du jour, chaque jour est un nouveau jour à vivre avec plaisir.


Vert
Mais… Je pense que dans le monde entier c’est pareil, même en changeant de latitude, tout le monde veut vivre bien sa vie. Je l'ai vu, je l'ai vérifié, les gens sont partout les mêmes, ils veulent avoir une belle vie, surtout pour leurs enfants, pour eux, ils ont déjà fait une croix sur leur génération !

Mais ce n’est pas possible du tout, et même sous la même latitude, les faux frais tu repasseras, beaucoup ne peuvent pas.

Quand je suis allée au Cambodge, j’ai bien vu à la loupe que vivre bien tous les jours, c’étaient des mots de touristes, pas une pointe de vrai là-dedans. Pour les photos c’est beau, totalement exotique, ça change carrément, il y a bien les petits mendiants ça et là, chassés comme des mouches, ils ne vont pas nous gâcher notre voyage quand même ! Pas possible de raconter à la loupe, il y aurait trop à dire, à redire.

Une vie il n’y en a qu’une, les gens de là-bas, ils ne vont pas pouvoir être servis deux fois, les gens d’ici non plus, comment faire ?


Bleu
Réfléchissons bien, le matin dès que je me lève je ne pense pas au monde entier, c’est sûr, moi je n’ai pas trouvé de solutions magiques pour que tous les gens du monde vivent une belle vie tous les matins, c’est possible ça ? Oui, peut-être, sans doute, ça se pourrait, pourquoi pas, bonne idée, pas de problème, quelques petits problèmes, mais il va falloir attendre un peu, pourtant, il faudrait se dépêcher avant que tout le monde ne meurt, là-bas, ici aussi d'ailleurs, par quoi on peut commencer ? 

Pas d’idée, trop compliqué, tiens, il faut que je prenne mes remèdes pour mon mal de tête…Bon, par quoi
on commence ?

vendredi 24 juin 2011

C’est le dernier qui a parlé qui a raison ?


 Vert
Voilà bien un dicton qui pourrait faire penser que la personne à laquelle il s’adresse est une caméléonne, une béni oui-oui, non ?

Et bien, moi je ne trouve pas.

On peut voir les choses autrement.

Souvent, je suis tentée de me glisser dans l’expérience des autres, ça peut renouveler la mienne, un autre geste, une autre parole, pourquoi pas ? 

J’ai fait beaucoup comme ça jusqu’à présent : je n'ai pas changé d'avis quelque soit la personne qui parlait... Et bien maintenant, changeons. Ah ! bon, il n'y a que les imbéciles qui changent pas d'avis, boum !

Vous pensez vraiment qu’on change d’idée comme de chemise, pourquoi pas ?

Vous pensez qu’on n’a aucune personnalité en changeant d’idée tous les quatre matins ?

Moi, je trouve créatif de changer de manière de faire, de façon de dire autant de fois que c’est possible, de voir sous un autre angle. Si on ne dit pas le contraire de ce que l’on veut dire, si on ne voit pas le contraire de ce qu'il y a sous nos yeux.


Bleu

Quand on est installé dans le doute, on n’hésite pas à sauter le pas. On va voir un peu chez les autres, ça pétille de nouveautés, un ramassis d'idées neuves.

Ainsi, combien de fois ai-je amélioré ma façon de cuisiner en écoutant le dernier qui a parlé, j’ai renouvelé entièrement mes goûts et mes couleurs, j'ai doublé, triplé... Mon stock d'aventures.

Bien sûr, si le dernier qui a parlé écrase complètement mes convictions, mes pratiques, je réfléchis, je me serais trompée à ce point ? Je suis friable, avec la pâte feuilletée, je fais de la pâte brisée... Mais le gâteau reste maison.

Tu risques bien de te faire gouroutiser, si tu fais comme le dernier qui a causé ? Mais pas du tout, puisque je doute, aucun danger d'aller droit, trop droit, tu vois ?

De deux choses l’une, ou je ne sais pas penser par moi-même, je suis une girouette qui va comme le vent la pousse, ou je suis la maligne qui fait feu de tout bois... Petit feu, feu moyen ou pleins gaz, ça chauffe dans mon cerveau, pas de crainte à avoir, je ne vais pas carboniser mon potentiel de pensées, j'en ai plein.

Je préfère la manière forte, au lieu de faire cuire à l’eau, je vais essayer la vapeur, ça change, je fais du nouveau avec de l’ancien, la prochaine fois je fais cuire au four... À l'huile, paraît que c'est rudement bon, ça fait grossir, oui, mais c'est tellement bon... Et au feu de bois, comme Robinson, ça fait rêver... J'aime bien aussi nature, sur mes genoux, la tomate et l''oeuf dur, en cas de promenade, de découverte, c'est délicieux et si pratique..

Moi, je suis sûre qu’on peut changer le dicton, au lieu de paraître avec un cerveau vide, les bonnes pensées d'un côté et les mauvaises de l'autre, bien alignées, on peut le remplir à petites touches avec les idées des autres, bien rangées dans le désordre… À côté des miennes de toutes les couleurs, pas de cases, pas d'étiquettes, attention aux mauvaises idées, mais je suis équipée, j'ai des feux rouges près du front... Ils clignotent en musique, ils font du bruit, pas question de tout laisser passer...

Vous ne pensez pas ? Au fait, vous pensez quoi vous du caméléon ?


  
 Rose

jeudi 23 juin 2011

Il giorno delle sorelle... Un jour du tonnerre !


C'est mon anniversaire... Demain

Mais pas du tout, je ne vais pas pouvoir fêter mon anniversaire, mettre les petits plats dans les grands à la maison, crème caramel,  nappe blanche et tourbillon, pour se mettre tous d'accord sur le jour, tu imagines le nombre de mails qu'il faudrait que je fasse, vraiment je ne peux pas, trop de choses à faire avant de partir à Venise, à peine 10 jours d'avance, tu te rends compte, pour finir ma valise... Je ne me fais aucun soucis, tout le monde va me téléphoner : bon anniversaire, de la chance, de la santé, le tour du monde, pourquoi pas ? Les petits sourires dans la voix, ça va beaucoup me plaire, demain, je vais adorer être tout le temps dérangée...

Bien sûr elle comprenait, on fera autrement voilà tout, pas plus compliqué que ça...  On va fêter  ma nouvelle maturité à deux, au petit resto chinois, devant un bon plat de nouilles, herbes et nem... Magnifique !


Nemo et Mosko, pochoirs de Belleville

De toute façon c'est notre jour (voir mon post du 3 mais 2011 pour comprendre "notre jour de soeurs"), bon, je résume quand même pour ceux qui n'étaient pas encore là : on fait tous les mois "un jour de soeurs", on déjeune à Belleville, et puis, suivant le temps, on reste à se balader, on bavarde beaucoup, on prend des photos, on découvre chaque fois quelque chose d'inconnu, ou on se replie sur un musée en cas de pluie. Donc, elle me fêtera mon anniversaire avec un jour d'avance, j'ai beaucoup de chance d'être mûre un jour avant. On arrivait pile à l'heure à notre rendes-vous, j'ai tourné le coin de la rue à la minute près, on a fait des grands gestes de loin, hou-hou, c'est moi !!! J'arrive... On se serre dans les bras.

Un nouveau resto, il fallait bien ça, elle nous avait dit la dame rencontrée le mois dernier, devant le petit boui-boui où on lisait la carte : c'est délicieux ici, c'est toujours plein, faut arriver tôt, mais je vous assure, c'est le meilleur que je connaisse, d'accord, on l'essayera la prochaine fois, et la dame était partie avec un sourire large comme ça...

On y était, tout petit minuscule le resto, pas beaucoup de plats au programme, comme on aime, vous buvez quoi ? De l'eau s'il vous plaît, et c'était parti, un sublime Bo Bun, on adore, pas trop grand, pas trop petit, plein de saveurs, on pouvait les sentir une par une, les herbes, les vermicelles, les nems, le poulet, parfait ! Non, non et non on ne donnera jamais l'adresse, il faut déjà rester debout pour avoir une table, ça non !

Nourrie-gâtée, j'ai étalé tous mes cadeaux sur la table, avant qu'il y ait trop de monde, on a fait ça dans l'intimité.


La boîte de peinture

Le petit café, c'est comme d'habitude, on le prend toujours ailleurs qu'au resto, on a remonté la rue et choisi un café qui faisait presque pas café tellement il ressemblait à une boîte de peinture, il y avait mille détails dans tous les coins, trop c'est trop, mais là, ça faisait tout juste assez. "Regardez nos sirops, et cette tête de mort, notre menu, et nos soirées" : elle parlait tout en nettoyant ses oranges, faut pas qu'elle soient contaminées... Ouais, mais avec votre petit chiffon ça va pas suffire, il faudrait une brosse, une petite brosse et puis les tremper dans l'eau, elle continuait à les essuyer façon caresses qui, je pense, n'auraient pas fait de mal à un microbe...



Le bateau dans la boîte de peinture


La tête de mort qu'elle aime beaucoup, la Vanité du café

Elle nous a fait tout visiter, chaque recoin de son café, et même la belle collection de sirops, le bateau, la tête de mort, tout tout tout, j'adore le quartier, dit-elle en continuant de caresser ses oranges... Vous trouvez que c'est beau ici, moi je ne vois plus rien, mais nous, on voyait bien que c'était la palette d'un peintre.


La jeune femme au comptoir après le nettoyage des oranges

Vous voulez que je vous prenne en photo toutes les deux ? Bien sûr, avec plaisir, et voilà qu'elle allume les lumières, on était sur la sellette, comme des vedettes de cinéma... Merci, merci c'est trop gentil, être prises en photo le jour de notre jour, c'est unique, vous ne trouvez pas ?

Elle a posé un petit gâteau dans notre petite assiette à café...

On s'est quittées très bonne amies, ma soeur me dit, ça sera notre quartier général, on reviendra toujours ici...Pour le café.

On a migré au Palais Royal pour notre promenade princière, totalement adaptée à notre après-midi.


Les colliers de perles d'Othoniel

Et hop ! On déboule à la belle station de métro "Palais Royal-Musée du Louvre" de Jean-Michel Othoniel : sur une grande tonnelle, il a mis des colliers de perles avec beaucoup de couleurs, en verre de Murano, l'aluminium habille tout le reste, sous la tonnelle il y a le banc des amoureux, la station s'appelle en vrai : "le Kiosque des noctambules", et le banc est vraiment pensé pour les amoureux... Je n'en reviens pas, ce bijou d'artiste est déjà installé depuis 10 ans, pour fêter le centenaire du métropolitain, la RATP avait passé commande....Je me disais aussi qu'il y avait beaucoup de poussière sur les perles...


Le banc des amoureux, si on regarde bien à travers le grillage...

Il y a du monde partout, pourtant le jardin du Palais Royal n'est pas plein, il reste de la place entre les arbres, sous les arcades, pas trop de touristes aujourd'hui, on peut même rentrer au Grand Vefour jeter un oeil, c''est permis, quel beau jour. Les colonnes Buren sont en réfection, il y a un cordon rouge tout autour de l'oeuvre, pas un chat pour jouer à saute-mouton... L'idéal pour la photo.


Les colonnes de Buren

On fait le tour du beau jardin, les tilleuls sont toujours bien taillés en carré, pas une feuille ne dépasse,  il y aura de la musique ce soir, ça se prépare...


Les tilleuls toujours bien peignés

Beaucoup de magasins sont fermés, les loyers doivent être rudement chers ici, d'autres ont changé, un dernier coup de pinceau ici, on ouvre demain... Le parfumeur "Les roses de Rosine", qui ne faisait que des parfums à la rose, a le petit air fané des roses anciennes, ce parfumeur cultive l'art de ne pas paraître jeune, les parfums à la rose, qui va mettre ça aujourd'hui ? Moi, j'adore, un tas de jeunettes sortent de la boutique, c'est le printemps sous les arcades, les pétales de roses, ça n'a pas d'âge...

On a mal aux jambes, au genou, l'appareil photo est au bout du rouleau... Allez, on prend un dernier verre, un thé Earl grey, celui qu'on préfère, 10 euros, de quoi manger 5 jours midi et soir au Cambodge !


Le sarcophage du Ministère de la culture et de la communication

Nous avons longé le Ministère de la culture et de la communication, entièrement gaîné d'une résille métallique, qui donne à l'ensemble des allure de sarcophage ! Ce remaniement date de 1995, pour l'installation du Ministère


Voilà le beau passage Véro-Dodat, très élégant avec ses devantures serties de cuivre. Construit en 1826, ce passage était très fréquenté, la tragédienne Rachel y occupa un appartement dans les étages, les copropriétaires ont refusé son classement au titre des Monuments historiques, il fut entièrement restauré en 1997 . La façade de la galerie sur la rue du Bouloi est décorée de deux statues dans des niches, qui représentent Hermès avec son casque ailé et un caducée à la main, dieu des commerçants, et Héraclès vêtu de la peau du lion de Némée.



Le thé à 5 euros et le passage Véro-Dodat


On n'en pouvait plus, j'ai repris mon autobus, ma soeur son métro, des baisers, des "au revoir", on a passé une journée formidable, du bonheur, que du bonheur... Il faudra attendre bien longtemps le jour de notre jour, car les vacances arrivent, je pars à Venise... Mais nous n'avons pas dit notre dernier mot, an août, on trouvera bien une belle journée...



Encore quelques jours pour boucler ma valise... Je me dépêche.

mardi 21 juin 2011

Le trio gagnant... Au Cinéma, et au Théâtre !!

Deux beaux films, enfin ! Dans mon panier !


Une séparation : Asghar Farhadi (Iranien)

Au cinéma, pendant des décennies, pour échapper à la censure, les films iraniens ont raconté des fables, des chemins initiatiques, des histoires d'enfance. Les adultes restaient à la marge.

Kiarostami, Makhmalbaf, les deux plus grands (que je connaisse) ont réalisé de superbes films, émouvants, beaux, et d'une grande simplicité. Kiarostami, avec trois gestes, deux regards et peu de mots, m'a entraînée au plus profonds de la réflexion sur les choses essentielles : vivre, mais comment, pourquoi ?

Les enfants ont toujours été les acteurs principaux, les apprentissages, les méditations, les regards sur la vie, se racontaient à travers eux.

La fille de Makhmalbaf, Samira, très jeune cinéaste aussi douée que son père, a repris le flambeau avec un superbe film "La pomme" (elle avait alors 17 ans - 1997), qui racontait l'histoire de jeunes adolescentes enfermées dans un appartement en plein Téhéran, qui se débrouillaient pour sortir dans le monde au prix d'énormes difficultés. Puis "Le tableau noir" (1999), époustouflant de beauté, les adolescents sont au centre du film, une jeune femme surtout qui veut apprendre à lire... Samira, entre dans la cour des grands...

Avec Farhadi, on nous parle enfin d'adultes, une autre génération de cinéastes, ils parlent des difficultés de la vie de tous les jours, de la crise sociétale, des hommes et des femmes... Diversité à tous les étages...

Ici, deux couples, les anciens et les modernes ? Pas si simple, ouf ! Les couples ne parlent pas le même langage, ils n'ont pas le même mode de vie, ne vivent pas du tout dans les mêmes nécessités, l'un est modeste, l'autre plus aisé, forcément, ils vont avoir du mal à s'entendre, mais seule la recherche de la vérité va tous les contaminer.

Je vous laisse le plaisir de découvrir toutes les intrigues du film, les enfants sont bien sûr très présents, mais ici, ils observent les adultes, ils sont les principaux témoins....

Ce film connaît un énorme succès en France mais également en Iran... Les acteurs sont passionnants, émouvants... Affaire à suivre.


BeginnersMike Mills (Américain)

Vous connaissez tous l'histoire, un vieux père fait son coming out à 75 ans, il a perdu son épouse après 45 ans de mariage... Il est gay, il a toujours été gay. Son épouse le savait, elle pensait le "guérir" de la chose, puisque l'homosexualité était encore une maladie dans les années de sa jeunesse, pour certains elle l'est encore aujourd'hui d'ailleurs... Les mauvaises idées ont la vie dure et longue.

Le film nous révèle avec énormément de finesse et de sensibilité deux situations, le père peut vivre enfin au grand jour son homosexualité, heureux enfin et il est déjà trop tard, il se sait atteint gravement d'un cancer, son fils va connaître en même temps une rencontre amoureuse importante avec une femme. La mort de son père le plonge dans une douleur profonde...

Ce film est magnifique, plein d'émotion, je n'ai pas arrêté de pleurer... Le réalisateur Mike Mills dit : "À la mort de chacun de mes parents, je ne me suis pas retrouvé complètement terrassé par le chagrin. Il y avait comme une explosion à l'intérieur de moi, le sentiment que la vie est courte. Et je ne pouvais plus dormir, je voulais tout faire tout de suite..."

Dès que vous voyez l'affiche de ces deux film, prenez vos billets tout de suite, des histoires importantes et belles vous y attendent... Soyez du voyage, n'oubliez pas les mouchoirs...



Que faire ? De Jean-Charles Massera et Benoît Lambert

Au théâtre de la Colline, quel bonheur, quelle soirée, quelle pièce, quels acteurs : François Chattot et Martine Shambacher. Un couple dans sa cuisine fait l'inventaire de ce qu'il faut garder comme idées reçues venues de la littérature, de l'histoire :  la révolution Française ? La  révolution Russe ? Mai 68 ? Les droits de l'homme ? La gauche, la droite ? L'art ? Ils essayent de faire le tri des livres, ceux qui en parlent si bien et si contradictoirement, finalement, ils s'interrogent : qu'est-ce-qu'on garde ?... Ils mettent le Capital dans le placard... Éclairé comme un autel... Ils chantent, il dansent, ils lisent, ils sautent, ils s'aiment, ils essayent de sauver les meubles des idées. Dans la vie, on se trompe souvent, la théorie ne colle pas avec la réalité, on ne sait plus, on doute, mais... Faut vivre (magnifique chanson de Mouloudji).

Ce spectacle est un enchantement, rien à jeter, vous êtes nourri-logé à l'enseigne de l'intelligence, reste plus qu'à se laisser porter, pleurer, rire, c'est exactement ce que j'ai fait... Quel soulagement aussi, de penser à mes doutes, mes erreurs, mes choix,  sans avoir à me désespérer... Faut vivre !

Ils sont en tournée pour 2 ans, s'ils passent dans votre ville, courrez, ne prévenez personne pour être sûrs d'avoir de la place, chuuuut !

dimanche 19 juin 2011

Le mur peint de Jef Aérosol est terminé...


Chuuut !!! Moins de bruit en ville, s'il vous plaît...

Voilà le travail, l'échafaudage a été retiré, Jef a mis un peu de couleur sur la droite une petite flèche rouge près de l'oeil (Suivez mon regard ?), c'est du Jef ! La fresque s'appelle Chuuut !!!


Ouvrir l'oeil 

Il pleuvait, j'ai dû faire la photo sous le parapluie, pas très pratique...

Je me suis mise à l'abri dans l'Eglise Saint Merry, il y avait un petit peu de monde, des curieux comme moi, ce soir on donnait un concert de chants bouddhistes (par les moines du Monastère Université Tantrique Gyutö). Hormis le chant, ce monastère tibétain est spécialisé dans la construction de mandalas de sable tantriques. Pour subvenir à leurs besoins, ils donnent des concerts de par le monde. La tradition du rituel tantrique accompagné, de chants à voix grave et d'une musique élaborée, a valu aux moines de Gyutö une renommée internationale.

Dans la petite sacristie, sur un banc très bas, il y avait un très beau mandala, illuminé de lumière. Construit dans l'église, il fut réalisé en trois après-midis, sur place... Un art de la méditation, comme une broderie...


La broderie des sables colorés

Le contraste était si frappant entre ce mandala si précieux, formé avec des sables de couleur, qui sera détruit dans les jours qui viennent, ou même par une maladresse, un souffle trop puissant... Et ce gigantesque pochoir, dont la durée de vie s'estime à 10 ans, sans doute fort coûteux...


Que le moindre souffle peut détruire...

Deux mondes si différents, que tout semble opposer, réunis ici à deux pas du centre Beaubourg... Et qui nous invitent pourtant tous deux à réfléchir, méditer, avec un peu d'art en plus...

mercredi 15 juin 2011

Paris-Dehli-Bombay... Formidable expo à Beaubourg 25 mai - 19 septembre 2011


Drap-peaux hybridés, d'Orlan  (artiste française) à l'entrée de l'expo, réalisé en sequins qui bougent (ventilateurs) et scintillent, selon une technique employée pour les panneaux publicitaires en Inde (rapproche les drapeaux français et indien)


Chemin faisant, après avoir pris des photos du mur de Jef Aérosol, je m'étais promis l'exposition sur l'Inde au centre Beaubourg, juste à côté, quelle fête, quelle jubilation, quel enthousiasme, une exposition ambitieuse, comment rendre compte de l'Inde contemporaine à travers les propositions de 50 artistes indiens et français... Les artistes indiens, je n'en connaissais aucun, les français... Bien sûr, la joie de retrouver Othoniel et son travail sur le verre, Philippe Ramette avec une sculpture pleine de délicatesse chargée d'émotion, Pierre et Gilles avec leur petit délire ultra coloré... Les deux tiers des oeuvres ont été réalisés spécialement pour cette expo.


Cette tête sculptée par Ravinder Reddy (artiste indien), entre artisanat et pop-art, glorifie la femme indienne ordinaire (de dos)

L'exposition est savamment découpée en 6 grands thèmes, Politique, Urbanisme et Environnement, Religion, Foyer, Identité, Artisanat... Illustrés, commentés, interprétés par toutes les oeuvres des artistes, sculptures, peintures, photos, installations, vidéos... Tous les supports employés rendent compte de ce grand pays, les changements à l'oeuvre dans la société, les traditions ancestrales, la place des femmes et des hommes, les religions très présentes, en somme une espèce d'état des lieux... Et surtout la marche vers le changement. L'Inde est le 2e pays le plus peuplé du monde : 1 milliard 200 millions d'habitants, 382 hab/km²


La femme indienne lambda de profil

Mais au delà de l'effort pédagogique déployé ici, la forme d'expression choisie : l'Art, est vraiment à l'honneur dans tous ses états, la visite est un véritable parcours de beauté, la misère, l'identité, l'avenir, les progrès ne sont pas seulement des prétextes à des constructions artistiques, l'Art témoigne, nous aide à réfléchir, nous transporte, nous étonne, nous éblouit, favorise les échanges entre notre pays et l'Inde, et tisse aussi je l'espère, des liens entre les deux cultures.

Bravo ! C'est remarquable.

Maintenant place aux oeuvres : souvent j'ai photographié les cartouches, c'est comme si vous y étiez... J'ai aussi mis en lien tous les artistes pour le plaisir du partage...

 :

Subodh Gupta (artiste indien) : La caverne d'Ali-Baba

Cette caverne d'Ali Baba m'a rappelé certains magasins de New York, pleins à craquer du sol au plafond, remplis, bourrés de marchandises venant des pays du monde entier, je percevais le monde de l'abondance et de la consommation avec écœurement... Ici, le scintillement, l'uniformité des matières : l'inox, faisait de cette caverne un écrin de lumière, ces ustensiles de cuisine sont les plus utilisées aujourd'hui, peu chères et surtout incassables... Les gamelles, contenant les repas chauds fabriqués à la maison et livrés sur les lieux de travail représentent à Bombay 175 000 repas/jour, et sont le fond de commerce d'une corporation de transporteurs de gamelles nommé Dabbawalas.



La petite Indienne (sculpture en bronze) qui essaye de grimper sur le podium, une merveille de grâce et d'émotion : Philippe Ramette (artiste français, voir mon post du 9 juin 2010 sur cet artiste)




La petite fille s'accroche, il reste peu de chemin mais la posture est acrobatique, la partie n'est pas gagnée pour arriver en haut ! La condition des femmes dans ce grand pays oblige à des généralités souvent risquées... L'article que je vous propose en lien est celui d'une chercheuse au CNRS-EHESS, passionnant.



Installation de Leandro Erlich (Argentine) : par la fenêtre de cette jolie chambre bourgeoise de Paris, on aperçoit une rue (vidéo) de Bombay en pleine activité, l'autre fenêtre de la chambre (sur la gauche, que je n'ai pu prendre) donne sur les toits de Paris. Cette installation était d'une grande beauté formelle... Le calme et l'opulence de cette chambre marque l'énorme contraste entre les deux modes de vies...  Voyez vous-même...







Les photographies d'Athul Bhalla (artiste indien) illustrent avec tendresse et nostalgie cette question de l'eau, denrée rare. Cette série de photos recouvre tout un mur, j'en ai choisi quelques unes, ces petites voitures de misère me rappellent ces marchands ambulants qui vendaient de tout, absolument de tout, que j'ai photographiés à Istanbul (post du 9/01/2010)




Bharti Kher (artiste anglais qui vit et travaille en Inde) : son installation est magnifique, tous ces miroirs brisés et mouchetés de petites marques rondes que les femmes portent au front, et qui représentent le troisième oeil, forment un carré envoûtant, les reflets tronqués en mille morceaux renvoient immédiatement à la distorsion mentale, mais voyez  le cartouche...


Personne ne peut se voir en entier... Même avec un troisième oeil...




Jean-Michel Othoniel (artiste français) : mon chouchou, il travaille le verre, ma passion (avec des souffleurs de Murano). Ici, il a crée une oeuvre transparente, colorée, ludique, un enchantement,  il invente sa première sculpture-instrument, entièrement en verre, sur une petite vidéo à côté on peut voir trois musicien percuter ces fragiles constructions... J'ai mis en lien sur son nom le beau travail qu'il a fait à la station de métro du Palais-Royal, pour le centenaire du métropolitain...



Les musiciens à l'oeuvre, un petit carillonnement léger comme le vent...




Sunit Gawde (artiste indien) : cette oeuvre m'a particulièrement bouleversée, belle, fascinante et terriblement cruelle, liée à des assassinats politiques, dont le Mahatma Ghandi, en 1948. Les guirlandes de fleurs sont constituées entièrement de lames de rasoir rouges. Dans cette oeuvre, la beauté et la mort cohabitent... Somptueusement...


Fleurs de sang...



Nalini Malani (artiste indienne) : une pure  merveille ! Pour exprimer les conflits religieux et politiques subis par la population indienne, et particulièrement par les femmes... Éblouissant de férocité. Cette exposition ne nous met à l'abri de rien, la beauté, l'audace, l'originalité, sont aussi des signaux tragiques... À méditer, il faut prendre son temps pour admirer, comprendre, et s'émouvoir.


La tragédie en vert...



Krishnaraj Chonat (artiste indien) : c'est avec lui que démarre l'exposition, et avec lui qu'elle se termine... Voyez le carton, encore une oeuvre cri !!

Bien d'autres artistes (50) sont présents à l'exposition, avec des oeuvres fortes, mais j'ai choisi de vous montrer ceux qui m'ont beaucoup touchée... Peut-être vous aura-t-elle donné envie d'y courir pour les parisiens, d'y penser pour les provinciaux, et de réserver votre avion pour ceux qui habitent beaucoup plus loin...

Quant à moi, je vais y retourner, puisque j'ai le Pass...

Inutile de vous dire que je n'ai pas vu le temps passer, les photos étaient permises, ce qui reste rare, je suis rentrée chez moi, totalement sur les genoux... Mais avec quel bonheur !


En sortant, l'église Saint-Eustache, les tours de la Défense...