mercredi 29 juillet 2020

Cognassier ou poirier ?... Je n'ai plus envie de repasser !


Les cognassiers poussent à vue d’œil, pas étonnant de les confondre avec les poiriers, ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau !

Au début de mes balades confinées printanières, pour une grande connaisseuse comme moi, tous les cognassiers ressemblent aux poiriers, non ? Tout le  monde s'accorde pour dire qu'il y a pourtant d'énormes différences entre les deux espèces : le cognassier fleurit plus tardivement, la fleur est complètement différente, les feuilles aussi, enfin, tout les sépare, absolument tout, même le goût et l'odeur...

J'ai pourtant revu 25 fois au moins le sublime film de Victor Erice (Espagne) : "Le songe de la lumière" (film dont je vous rabats les oreilles au moins une fois par an), mais la passion souvent c'est ça, on remet le couvert chaque fois que c'est possible !

Dans ce film (pour ceux de mes amis et passagers qui ne le savent pas encore), on voit le célèbre peintre Antonio Lopez qui commence un (éternel) nouveau tableau dans le jardin de sa maison, il peint (comme tous les ans) le cognassier qu'il a planté quatre ans plus tôt. Le film commence à l'automne 1990, nous suivons : l'installation du chevalet, la pose du châssis en plastique qui va protéger l'arbre des  pluies de saison, la préparation de la toile, le choix des couleurs, des pinceaux... Et les visites de sa famille, des amis qui passent lui dire bonjour au pied de son arbre. Nous accompagnons le travail du peintre (dessin magnifique) jusqu'au pourrissement des coings quelques mois plus tard... Le cycle de la vie en somme, une vraie splendeur, ceux qui n'ont pas eu la chance de voir cette merveille, je ne sais pas quoi vous dire car le DVD est introuvable... Mais trouvable sur des plateformes en streaming...

Donc ! Le cognassier du bout de ma rue, il me semblait que j'étais bien placée pour le reconnaître du premier coup d’œil. Grave erreur de perception ! Sans l'Appli Plantnet, je restais dans le doute jusqu'à l'automne...


Le DVD introuvable sur le marché, à moins d'aller en Espagne !

Je n'ai plus envie de repasser !

Si Victor Erice dessine et peint chaque année son cognassier, moi j'ai décidé d'arrêter de repasser ! Ben, Danielle, tu vas devenir souillon ? Ben oui ! J'en ai assez de repasser les torchons, les serviettes, les taies d'oreillers, je vais dormir dans les plis (je ne repasse déjà plus mes draps depuis presque toujours), essuyer la vaisselle avec du froissé,  sortir de la douche bien propre et utiliser ma belle serviette de bain pliée et  repassée avec le plat de la main... Mais c'est la révolution du ménage, la tempête de la bonne ménagère, l'abandon du rangement rectiligne, c'est plus ce que c'était ! Danielle, tu files un mauvais coton ! OUI !

Justement, le coton bien propre devrait suffire pour les tâches ménagères, j'ai beaucoup trop à faire avec la photographie, le blog, l'ordinateur, la lecture, les balades et PlantNet, les (petites) rencontres  familiales, amicales, distanciations et masques inclus... Le téléphone pour prendre des nouvelles, rester en contact, les documentaires, les films, la revue de presse pour les nouvelles du jour, faire des recherches sur internet, OUI, j'arrête de repasser, c'est toujours ça de pris ! Ma sœur m'a donné un collier fantaisie à réparer, j'ai rouvert mon petit atelier de perles, je ne m'en sors plus, j'arrête de repasser !


Le petit atelier a rouvert ses portes

Bien sûr, je ne vais pas sortir toute froissée dans la rue, je repasse seulement mes habits ! Je ne sais pas encore si je vais tenir le coup, mais j'essaye... Je vais bien plier le linge de maison et hop !

La rencontre :

En sortant de l’ascenseur, elle me dit : mais vous ne devriez pas porter ça en plein jour, on ne sait jamais... J'avais mon appareil photo autour du cou, c'était mon seul bijou, j'allais cueillir des légumes dans les petits jardins de mes voisins. Vous croyez ? Si je vous dis ça, n'allez pas le prendre mal, je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais par ici... Mon beau-père l'autre jour... Ma belle-mère... Se sont fait voler leur chaîne à l'arrachée, votre appareil peut tenter... Je n'y avais jamais pensé, un petit appareil de rien du tout, pas cher du tout, dans la bonne gamme pour faire de bonnes photos, pas de quoi fouetter un chat ! Moi, ce que je vous dis, c'est pour votre bien. D'accord, vous avez raison, je remonte prendre une petite veste pour le dissimuler... Du coup, je suis remontée définitivement, ça m'a coupé l'envie de vagabonder, les légumes attendront...

Alice nous a quittés : J'ai de la peine !

Pour les amis de mon blog, la nouvelle n'est pas gaie, Alice nous a quittés dans sa 105e année, dans son sommeil, nous a dit son fils... Ma voisine, dont j'ai parlé plusieurs fois dans mon blog, ma voisine de palier pendant de longues années, s'en est allée... Elle avait déménagée dans le sud près de son fils... Mais moi, je savais qu'elle ne voulait pas partir d'ici, elle se trouvait bien parmi nous, elle pouvait sonner à toutes les portes, toutes les portes s'ouvraient pour elle... Adieu Alice, soyez en paix.


Mes amis, à plus tard pour les dernières nouvelle de l'artichaut, les légumes des jardins... Et... À très bientôt dans l'été, portez-vous bien avec distance et masqués... Je vous embrasse !

lundi 27 juillet 2020

Les rencontres des propriétaires... Dans la cité pavillonnaire...


Tête du prophète David de Michel-Ange (détail de la sculpture exposée au Musée de Florence-Italie) : j'avais traité ce buste d'antiquité dans un de mes des post précédents, pauvre de moi...

Ils étaient tous les deux affairés à repeindre leur grille d'entrée, ils en mettaient un coup, un nouveau rouge grenat recouvrait l'ancien, impeccable... Je me suis dit : c'est le moment, ils sont là tous les deux, les propriétaires heureux, allons-y, l'occasion ne se reproduira pas de sitôt. Ah ! Voilà les grands travaux de l'été, bravo ! Et ils ont souri, la partie était gagnée, nous allions pouvoir entrer en contact. Vous savez, j'ai souvent photographié le décor de votre maison, le beau buste blanc m'a intriguée, ah ! Savez-vous qui c'est ? Pas du tout... C'est la tête de David de Michel-Ange, ramenée d'un voyage à Florence, elle nous a plu, alors nous l'avons achetée, magnifique, vous avez bien fait, et ces lions avec le blason ? Nous les avons achetés dans un château, superbe aussi, vous avez beaucoup voyagé ? Oui, ça et là nous avons acheté des sculptures pour mettre dans notre petit jardin. Je comprends, j'aime beaucoup votre petit chat de gouttière, il est habilement caché, je ne l'ai pas vu tout de suite, il m'a fallu plusieurs passages pour l'apercevoir, j'habite dans la tour là-bas, et pendant le confinement j'ai sillonné le quartier, j'adore le décor de votre maison. Les pinceaux allaient de plus belle, rien n'arrêtait leur travail, ils étaient contents, les voyages, madame, les voyages, bon travail alors, à bientôt, bonne soirée messieurs-dames... Voilà, l'erreur était réparée, Michel-Ange trônait dans le quartier, le chat grimpait allègrement en toute liberté... Ces heureux propriétaires faisaient plaisir à voir, chacun avait le sourire, pas avare d'explications, la bonne humeur était au rendez-vous entre nous, je n'étais pas très loin de ce que je souhaitais : connaître, un peu, les gens de l'intérieur... 


Le chat de gouttière astucieusement accroché à la gouttière, invisible dans les promenades rapides

Je m'étais dit : allez, va de l'avant, il était en train d'arroser ses fleurs, vite fait bien fait, avant qu'il ne rentre chez lui, j'harponnais, ses deux chats étaient sur les marches : comme ils sont beaux ! J'ai pris beaucoup de photos de vos chats sur le rebord de la fenêtre ! J'en ai quatre, je sais, c'est beaucoup trop, mais bon, ils sont là. Vos chats se marient très bien avec les couleurs de votre maison, c'est très beau...

J'habite dans la tour là-bas, et pendant le confinement, j'ai arpenté vos terres tous les jours, au début  de mes promenades je n'avais jeté mon dévolu sur aucune maison en particulier, je faisais connaissance, et puis après des jours et des jours de tours des propriétés, j'ai trouvé que votre maison était la plus belle ! Ah bon ? Je voyais le large sourire s'épanouir, on ne lui avait sûrement jamais dit cette vérité en face, il demeura surpris. Oui, oui, votre maison a beaucoup de charme, j'adore la beauté de la brique, c'est superbe... J'ai bien senti que mes compliments (réels) lui allaient droit au cœur, il était aux anges ! Je trouve même que c'est la plus belle de la cité ! Alors le roi est monté aux créneaux de son château, sans terre, sans fortune, il n'en revenait pas. Oui, vraiment, et je trouve aussi  que vos chats sont en parfaite harmonie avec l’ensemble. La petite marquise au dessus de votre porte est très élégante. Alors-là, il n'en pouvait plus : oui, elle a un petit pet, je l'ai pourtant faite réparer, mais je l'aime bien, c'est vrai... Il ne la voyait sans doute plus pareille, sa belle maison, peut-être encore plus belle, il s'est accoudé à la rambarde de la fenêtre et m'a souri... Vous êtes gentille de me dire tout ça ! Voyez, mes voisins d'en face, leur maison aussi est tout en brique, elle est très belle, mais ils l'ont entièrement repeinte en blanc, elle a perdu tout son caractère... Portez-vous bien, monsieur, à bientôt !


 Il était vraiment chez lui ! (16 mai 2020)


Chez lui aussi ! (19 juin 2020)


Fermé ! (12 juillet 2020)


La petite marquise du châtelain (17 mai 2020)

Au début du confinement ? J'étais passée et repassée devant le n° 20, sans frisson, avec un petit soupçon d'indifférence, de dédain : pas terrible, celle-là, les propriétaires doivent être un tantinet bordéliques... J'ai fait ma sucrée, ma bien repassée, ma convenable, et puis, le printemps est arrivé et il a tout arrangé, embelli, les fleurs ont poussé dans tous les coins, pas de tuteurs, pas de jolis pots, mais qu'est-ce que c'était beau ! J'ai regardé la maison autrement, je l'ai aimée, originale, un peu cracra, belle comme le jour... Et puis les chats qui lui allaient comme un gant, un décor naturel à la va comme je te pousse, tout pour me plaire, pas trop apprêtée, la plus belle du quartier !

Le contentement du propriétaire me rappelait certains choix que j'avais fait dans mes achats, quels qu'ils soient, des plus petits aux plus gros, souvent un vêtement par exemple, qu'il m'était  arrivé d'aimer davantage une fois qu'il avait été plébiscité par une/un de mes amis, dénotant sans doute un manque de confiance en moi, bien sûr. Je retrouvais chez le "châtelain" ce sentiment de valeur ajoutée à sa propriété conférée par les compliments que je lui avais fait spontanément, avec joie... Le petit plaisir en plus que vous font les gens, bien sincèrement ou par courtoisie, de trouver beau ce que vous avez pris le soin d'acheter, nous l'attrapons au vol, pour nous réconforter, redorer notre blason... Sans chercher plus loin...

Deux rencontres le même jour, j'étais contente du chemin...




Mon artichaut, le 26 juillet 2020

Comment va-t-il ? J'ai des inquiétudes... Faut-il le mettre à l'extérieur, le garder à l'intérieur ? Je suis prête à tout pour le voir fleurir, j'attends, je fais le tour de ses contours avec espoir, je touche délicatement la chose du bout du doigt, les feuilles sont dures, presque fossilisées, j'ai des gros doutes... Mais je reste dans l’espérance, pourquoi ma cousine, mon amie ont-elles vu leur artichaut fleurir magnifiquement, et pas moi ? 



L'artichaut de ma cousine, le 14 juillet 2020

Mes amis, une expérience comme celle-ci n'est pas banale, mais elle n'arrive pas encore chez moi, j'en suis quand même à mon deuxième artichaut, je l'ai mis dans un pot sans eau, comme il fallait, je lui parle, je le caresse des yeux... Pourtant, jusqu'à présent rien ne se passe, c'est l'impasse ! Mon amie, ma cousine sont mes bons points de repère, j'attends encore...

Je vous en reparle dès que j'ai la fleur...

Mes amis, profitez du soleil, sans oublier votre masque, gardez vos distances, mais restez près des gens que vous aimez avec des mots... A très vite... Je vous embrasse !


vendredi 24 juillet 2020

Le gros paquet cadeau !... Et l'été reste à croquer...

 Le gros paquet cadeau



Le gros paquet cadeau :

Hop, pop, hop, on se pousse, attention, bonne fête maman, bon anniversaire, joyeux Noël ! L'arrivée triomphante du gros paquet dans les bras de mes fils m’interloqua... C'est pour moi ? Bien sûr, pas possible, si, si, si, c'est quoi, c'est quoi ? C'est bien lourd, attention à tes pieds, voilà, et ils posèrent le gros paquet sur le sol... Le mystère était entier, j'étais à mille lieux de me douter d'un secret si bien gardé... Défaire le gros paquet demanda du temps et de la précision, attention, fragile, objet d'art !

Couper les liens en plastique fort, ouvrir du bon côté, attention, tiens bien, je vais le sortir, je n'avais encore rien vu, je ne savais rien, rien de rien, c'est quoi ? Voilà, et comme l'enfant vient au monde, la chose fit son apparition : un ordinateur dernier cri, dernière technologie, gris clair, grand écran, petit clavier hyper design et petite souris en harmonie : blanc crème. Oh là là, mais c'est trop fou, un bel ordinateur de bureau pour moi, plus de tour centrale, tout le système est contenu dans un petit boitier pas plus grand qu'un disque externe, suspendu à un câble, le son est de très grand qualité, plus besoin de mettre mon casque, tout était grandiose pour cet ordinateur si compact. Un merveilleux engin que vous posez sur votre petit bureau et vous attendez sagement à côté que vos fils le fassent marcher, le remplissent des données contenues dans l'ancien, le façonnent à votre convenance, 30 secondes pour le poser sur le pupitre, 4 heures pour l'installer avec toutes ses étagères bien rangées dans son cerveau... Vous avez fait des folies, mes enfants, je devrais vous rouspéter, mais... Du moment que tu es contente maman, nous, ça nous va !

Voilà comment je suis modernisée, super branchée sur le monde, sans lever le petit doigt, sauf pour pianoter sur mon joli clavier ivoire !

Depuis le temps que mes enfants me disaient : maman, il est pourri, ton écran, mais moi je faisais la sourde oreille, et puis après est venu le temps du confinement, et sa suite. Comment continuer à faire ce que je ne fais plus en vrai ? Aller au cinéma, voir des expos, musées, courir au théâtre (j'avais déchiré quelques billets achetés d'avance), manger dans les petits restos asiatiques, chanter avec ma chorale, voir ma famille, mes amis, me déplacer comme je voulais à Paris ou ailleurs ? Enfin bref, comment diviser mon périmètre habituel en quarante douze mille, et rester quand même optimiste, dans mon appartement et mon petit balcon ?

Le bel ordinateur tout neuf vient à point nommé à mon secours pour ne pas lâcher les affaires du monde, confortablement assise à ma table, je suis aux premières loges. Merci mes enfants chéris ! Mais je n'oublie rien de tous les moments très difficiles que le monde est en train de vivre, moi compris ! 

Et l'été à croquer :

Je n'ai pas cesser de descendre dans mes jardins, et j'ai bien vu que l'été était à croquer ! Les légumes et les fruits qui se préparent, je regarde plutôt les fruits, j'ai vu en passant des mûres géantes, ce n'est pas celles-ci que je mange, mais les mûres sauvages du Berry, le propriétaire me réserve toujours la petite haie du fond de son jardin, pour moi toute seule, il ne donne pas un seul coup de ciseaux avant mon arrivée...


Les mûres de culture, géantes, belles sur l'arbuste, moins bonnes en bouche que les sauvages

J'ai toujours adoré les pommiers, les voir m'enchante, je trouve toujours miraculeux de les admirer sur leurs branches, solides pour supporter leur poids. Bien sûr, je préfère les reines des reinettes dans tous leurs états, crues, cuites, dans la casseroles, au four, ou sous la dent telle quelle, il y en a toujours une qui traîne sur les chemins de campagne de l'Indre où je retourne en septembre... Je crois bien que le pommier d'en face, dans la petite cité pavillonnaire, en porte des belles, en septembre, quand il sera la saison de les ramasser, je ne serais pas là !


Le pommier prometteur, bourré à craquer


Les noix se préparent pour l'automne, juste en face aussi


Pour les figues aussi, il est presque temps, elles débordent de tous les jardins


Ma dernière poignée pour demain, c'est la fin des haricots...

Pour finir en beauté j'ai vu des chats qui me regardaient furtivement, j'ai eu du mal à communiquer ; dur de les regarder droit dans les yeux, ils sont toujours pressés, pressés d'aller ailleurs, ils bougent sans arrêt...Je ne peux pas rivaliser !







Et le petit dernier pour la route, derrière ses barreaux...

Mes amis, la prochaine fois je vous raconte les causettes du quartier d'en face... À très vite sur ma nouvelle page, d'ici là je vous embrasse... Sortez maqués... Et hydroalcoolisez-vous régulièrement...

mardi 21 juillet 2020

Parcours d'un jour... Ou deux et même plus...


Contrastes pavillonnaires

Tous les jours, je me dis : allons faire un tour, comme si je descendais dans mon jardin, voir et revoir ce que je n'ai pas encore bien vu... J'ai décidé, maintenant, d'associer les chats errants à mes parcours, tous ceux que je vois et qui me regardent dans les yeux, je les prends, pas facile, ils ne sont pas dociles...

Je regarde les progrès de l'été... J'attends le retour des rosiers remontants, je regarde les fenêtres qui sont complètement ensevelies de végétation, je trouve ça beau... Les abeilles ne viennent plus sur les passiflores, plus de scarabées. Tous les jours, je vais d'abord voir s'il n'y a pas toujours un chat perché sur ma maison préférée, en brique. Au début de mes tours, je l'avais trouvée toute moche, mal arrangée, désordre, et depuis longtemps je la trouve très belle, comme quoi l'habit ne fait pas le moine... Il faut avoir de bons yeux et un peu de jugeote !


Pas de chat perché !

Dans ma course (avec personne), je passe devant des jardins associés et je vois les différences, avec ce qui s’efface et ce qui éclate avec l'avancement de l'été. Toutes les parcelles sont à l'image de leur jardinier : les doux bêcheurs, les fleurs d'abord, les biens rangés, les observationnels de la rigueur, pas une feuille morte sur leur terrain, des clôtures fleuries ou abîmées, des légumes laissés à l'abandon, des montées en graines un peu partout, des instruments en vrac dans un coin, des sacs plastiques coincés dans les grillages, des carrés souillons et d'autres ratissés de près, mélanges savants de fleurs et de légumes bien verts en feuilles, beaux à voir, bien arrosés, chouchoutés comme des bébés... Il y a des entrées de jardins qui sont tristes comme un jour sans pain... Qui font partie de l'histoire de ces espaces verts ! Récupérés à l'arrache !



Les bas-côtés dégoûtants...

Une maison très modeste subsiste sur le côté des jardins partagées, elle est encore habitée, j'imagine que ce propriétaire récalcitrant à l'expropriation doit souffrir de cette situation, dernier des Mohicans sur son petit bout de terre, l'affaire ne doit pas être simple. La petite habitation, isolée, au milieu de nulle part, continue pourtant à vivre, en résistance sans doute... Comment se sont constitués ces jardins ? Je subodore toutes les difficultés de la municipalité pour ressouder une à une, au fil des ans, les parcelles de terrain à cultiver (même au bord de l'autoroute). Ceci explique aussi les petites tranches de terre, laissées en friche aux abords d'une habitation isolée, mais vivante.

Plus loin, tout près d'un autre jardin partagé, il y a de nouveaux locataires, sous tente, ils ont tendu une ficelle pour faire sécher leur linge, ils viennent de loin avec des petits enfants... Quel avenir ? Je dois dire que ma promenade prend un tour nouveau, confrontée aux réalités de la vie des gens... Le chemin champêtre qui imite la campagne, entre l'autoroute et les jardins partagés, abrite maintenant une famille venue d'ailleurs, en détresse...


 Pointillé, artifice arboré, entre l'autoroute et les jardins partagés

Chemin sculpté entre deux routes, invisible à l’œil nu, et pourtant, en y faisant quelques pas, il révèle des jardins somptueux, jardins de ville pour des citoyens heureux. Pendant quelques mètres, je retrouve l'air gracieux de la vraie campagne, ici le béton n'a pas droit de cité !

Par dessus le léger grillage, je peux apercevoir les plus beaux paysages de la ville, dissimulés de partout par les constructions du Grand Paris...


Un petit suspensoir de graines fabrication maison, une oeuvre d'art !

Personne aujourd'hui, c'est dimanche, les jardiniers sont restés à la maison... J'admire le travail de la nature, elle reprend du poil de la bête dans n'importe quelle petite motte de terre, il suffit de la bichonner, et elle vous montre tout de suite de quoi elle est capable. Je n'entends plus le bruit de l'autoroute, je ne vois que les fleurs, les légumes qui poussent le long de leurs tuteurs... Des fleurs nouvelles dressent la tête, les artichauts font leur révérence, les fruits arrivent, ils sont là, bien visibles, quels délices ils nous préparent !

Dans mon Berry, où je serai en septembre si tout se passe bien, j'en verrai, des pommes, des mûres, des noix, noisettes, poires, coings, et tous les légumes du jardin de mes amis propriétaires, j'ai tellement hâte de les retrouver... Le feu de déchets végétaux, allumé par le proprio, à l'abri du vent, fera mes délices, il m'appelle dès qu'il met l'allumette : Danielle, viens vite, j'allume ! En attendant qu'il me fasse signe, je reste en ville, le long des chemins encore creux de la ville, je cherche les bons coins, encore inexplorés, rares, comme je faisais à Venise : une véritable voleuse de sensations fortes, quel bonheur me réservait un endroit qui avait échappé à tout le monde, un lieu trouvé, perdu pour tous !


Les piques des glaïeuls font la guerre des couleurs, en douceur dans le paysage, les montées d'ail ou de poireaux ont des têtes rondes, bien remplies, bonnes pour l'année prochaine, pas besoin de Monsanto pour semer à la volée !


Les artichauts finissent en beauté violacée, irisée, un magnifique éventail japonisant qui s'ouvre à l'air du beau temps


Mon artichaut en attente de floraison ! Je t'en prie, ne me fais pas défaut, j'ai du monde qui attend ta photo !



Extraits de promenades, souvenirs olfactifs pleins de beauté

Difficile de rapporter des roses dans mon sac sans les chiffonner, à la fin du parcours je fais deux tas : un pour les petits vases avec les plus vaillantes, et l'autre pour les souvenirs. Nul besoin d'eau, de pinceau ni de cours de dessin, le mélange des couleurs est parfait, il se fait tout seul... Pendant quelques semaines, le printemps sera près de moi, sa palette me va tout à fait !


Ah ! En voilà un qui me regardait, je n'ai pas attendu mon reste, il faudrait que je me promène avec une boîte de sardines

Mes amis, n'allez pas trop loin, mettez votre masque, ouvrez grand vos yeux, tendez l'oreille, voila l'été... Je vous embrasse !


samedi 18 juillet 2020

Vous avez dit Streaming ?


Le jardin partagé

Sous le signe des fleurs des jardins familiaux, partagés, associatifs, ou adoptés... Jardins enchantés ! Je vous raconte l'histoire des branchements...

Depuis le confinement, j'en connais un peu plus, sur les câbles, les boxes, les hauts, les bas débits : ça passe, ça passe pas, t'as une sortie HDMI ? Ben, je ne sais pas ! Comment ça, tu ne sais pas, maman, regarde tes branchements... Vu ma tête, mes fils ont compris tout de suite à qui ils avaient affaire, la nulle, c'est moi, dans toute sa splendeur. T'inquiète pas, maman, on va t'arranger ça, on va t'installer un truc aux petits oignons, tu pourras regarder ce que tu veux sur ta télé à partir d'internet, génial ! Mon ordinateur de bureau n'ayant pas la fameuse sortie HDMI, pas de problème, bouge pas, maman, j'apporte un ordi portable et un câble prochainement !

C'est possible, ça ? Bien sûr que c'est possible. Je me souviens, il n'y a pas très, très longtemps qu'un de mes fils m'avait dit au moment de l'achat de ma télé (il était là pour le choix) : maman, pourquoi tu prends pas un écran plus grand, t'as largement la place ? Non, tu vois, ça sera bien, je pense... Et hop, hop, hop, j'avais les mauvais arguments qui me venaient tout naturellement... Bon, maman, on fait tout comme tu veux, mais... Comme quoi, il vaut mieux écouter ses enfants qui en savent beaucoup plus que vous, sur beaucoup de sujets... C'est précisément au moment du confinement que je m'en suis mordue les doigts !


Après la fleur, la belle courgette ronde du jardin partagé, délicatement installée sur son petit bout de parquet en bois

Au début, puis au fil du temps, je n'avais pas osé dire à mon fils : tu avais bien raison, j'aurais dû t'écouter et prendre un écran plus grand, j'avais "largement la place". Puis est venu le confinement, plus de cinéma, plus de sorties, plus de spectacles, plus de famille, d'amis en chair et en os, même pas ma voisine/amie qui avait le covid et ses séquelles incroyables, seulement l'ascenseur pour aller vider ma poubelle ! Heureusement, si je puis dire, mon fils aîné a chopé le corona. Quelques semaines après, complètement guéri, il est revenu me voir, le bonheur total ! Avant le bonheur total, je regardais l'écran de mon ordinateur, en me disant : c'est mieux que rien. J'avais mis tous mes espoirs dans "le truc aux petits oignons". Je courais partout sur la toile, la médiathèque de mon quartier proposait une plateforme choisie pour voir des films, des documentaires intéressants, j'avais dégoté de derrière les fagots une petite plateforme qui monte, qui affichait des films écolos, parfait ! Bien contente de mes sources persos, je pouvais naviguer à vue sur presque tous les sujets... Je ne me privais pas non plus des replays d'ARTE financés par la redevance... Mais l'écran de mon ordinateur restait trop petit pour mes envies...

Un jour, mon fils guéri, guéri arriva avec un grand câble de 3 mètres enroulé sous le bras, et un petit ordi portable pour faire la soudure avec la télé... Un beau câble tout noir équipé de petites dents et de trous à chaque bout, un câble magique !


Les arrangements et les couleurs des petits jardins amicaux


La transmutation en or massif dura quelques minutes, une entrée à droite sur mon ordinateur portable,  une autre à gauche sur la télé, et me voilà branchée, champagne !! À moi le grand écran, la navigation sur toutes les mers, vers de grands horizons...

Je suis une cinéphile acharnée du grand écran depuis la nuit des temps, adepte de quelques festivals, me voilà contrainte/conquise par le petit carré du grand écran (!) (pas si grand que ça) de ma télévision, comme quoi, l'adaptabilité humaine est redoutable...  Mais puisqu'on parle cinéma, je vous signale un film que j'ai trouvé formidablement beau et original (sur une plateforme payante) : "Jeanne", sortie en 2020, de Bruno Dumont, un peu plus de deux heures de régal intégral, une surprise cinématographique, totalement magnifique. Ce film a été réalisé à partir de la pièce de Charles Péguy (parties deux et trois), "Jeanne d'Arc".  Curieuse, j'ai aussitôt regardé le film précédent tiré de la partie un de la même pièce : " Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc", sortie en 2017traité en comédie musicale surprenante, superbe et touchante. Sur certains plans, je me demandais comment il avait pu faire pour en fabriquer de si beaux... Et je n'ai pas cherché les réponses ! La jeune actrice, Lise Leplat Prudhomme, douze ans pour Jeanne et 10 ans pour Jeannette, est fantastique de naturel, de force, de présence. La plupart des acteurs sont des non-professionnels, des gens du Nord : universitaires, professeurs émérites, professeurs de lettre, de littérature, de droit. Ce mythe est revisité par Bruno Dumont après une quarantaine d'autres réalisations au cinéma, avec des actrices de tous les âges, toutes plus âgées que la petite Lise. Il propose un film totalement neuf, inspiré, émouvant, profond pour tout le monde, croyants et non croyants, comme tous les grands mythes qui permettent encore aujourd'hui d'explorer les questions de la vie, et forcément nous touchent. Je suis tentée par un petit coup de pouce pour ce film : courez doucement avec masque et gel au vrai cinéma, ou alors, faites comme moi (pour une fois), payez-vous une place en streaming...


Les framboises de la fin du printemps (23/06/2020), de belles promesses...


Si ce sauvage de virus continue de  circuler, comme certains scientifiques et les chiffres l'annoncent, je crois que je ne suis pas encore prête pour la grande sortie au cinéma !!! 

Pas de toile, pas de sorties dans Paris... Patience, ma belle, les beaux jours reviendront, oui, mais quand ? Personne ne le sait !

Pour l'instant, je vais arroser la grande terrasse de ma voisine, une petite sortie active, car ma voisine a beaucoup de fleurs, pas question qu'elles manquent d'eau. J'ai fait l'expérience de laisser fleurir un artichaut à sec, dans un pot, posé négligemment, il suffisait d'attendre, rien de plus, laisser le temps qu'il faut, mais je n'ai pas vu apparaître de fleurs bleue, échec total, le pied a pourri, l'artichaut est mort sur pied, expérience ratée. J'ai donc décidé de recommencer avec un artichaut tout neuf, bien frais, j'attendrai, il doit fleurir violet comme tous ceux que j'ai vus dans les jardins amateurs... Je croise les doigts !



Fleurs de saison, tellement belles, les artichauts !


J'attends la fleur avec impatience

Mes amis, à vos masques avec distance, prêts, partez... L'aventure est au coin de votre rue et même beaucoup plus loin... À très vite, je vous embrasse.

dimanche 12 juillet 2020

Mes connexions... Je suis bien appareillée...


Mes connexions au monde (détail) - juillet 2020

Je me souviens des débuts... Il y a des milliers d'années, je me servais de mon téléphone fixe, et voilà tout ! Jamais je ne me mettrais au mobile, ça sert à quoi, ça prend du temps, je veux garder ma solitude bien à moi, il ne faut pas avoir un fil à la patte 24/24, vive l'indépendance,  rien ne presse, je veux voir mes amis, ma famille en chair et en os, le fixe me suffit... Quitte à prendre tous les "téléphoneux" pour des malades frénétiques de la téléphonie sans fil ! Jamais je ne me disais : mais ma pauvre fille, tu verras, tu y viendras, ne crie pas si fort, tu vas le regretter ! Je me disais : jamais de la vie ! Vous voyez un peu l'état de mon esprit, obtus ? Le mobile jamais pour moi !
Le téléphone portable

Et puis le temps a passé, j'ai eu quand même un beau  téléphone portable donné par mon fils avant un départ en vacances : tiens, maman, prends ça, c'est pratique, on pourra t'appeler aussi pendant tes vacances, terminés tes déplacements à la cabine téléphonique du bled. J'ai toujours loué mes "lieux de vacances" dans des coins perdus au milieu de nulle part, j'aime bien la loi du silence, comme je ne conduis plus, il fallait juste que je pédale, et/ou que je marche, je ne perdais rien au change, sinon qu'il me fallait un chauffeur volontaire, chaque fois, pour l'allée et le retour sur les lieux. Avant la voiture, je prenais le train, et puis le train est devenu moins facile pour moi.

Avec le beau mobile, à chaque appel téléphonique, j'allais au fond du jardin pour entendre mon interlocuteur, ça passait mal mais restait pratique sans plus, pas encore question de faire des photos, textos, MMS, vidéos, dessins animés, pour répondre du tac au tac, avec émoticônes, petits cœurs, fleurs, notes de musique à chaque ligne. Pour ça, j'ai attendu un peu, au fond du jardin je trouvais déjà que c'était très bien comme ça, un luxe, une bénédiction !!! Je ne voyais pas plus loin...

Je me souviens très bien de ces" fonds du jardin", une petite rivière serpentait entre deux rives, bien arborée, arbres inconnus alors, mais beaux, pas d'appli PlantNet, j'entendais le chant des oiseaux, et vers le soir, il y avait une lumière extraordinaire qui donnait du relief et de la couleur à tout ce que je voyais... Les "fonds du jardin" étaient magnifiques, il fallait même pousser une petit portail en bois pour aller au fond, fond, fond du jardin... Rester immobile pour ne pas faire dérailler la communication : j't'entends plus bien, répète, oui là, ça va, ne bouge plus, ah zut ! C'est coupé !!! Les conversations d'alors construisaient des suspenses torrides qui finissaient souvent au fond de ma poche, exaspérée ! Il fallait de la patience pour pouvoir dire : merci de m'avoir appelée, ça m'a fait rudement plaisir ! J'étais contente d'être parmi les vivantes qu'on pouvait appeler à tous moments.


Je n'oublie pas les fleurs de chaque jours, empilées avec douceur


Depuis... Je fais tout avec mon téléphone : j'écoute, je parle, je prends mes rendez-vous, je fais des photos, je prends des notes (écrites ou orales) dans mon "mémo", je me sers de mon appli PlantNet,  je range mes billets de la SNCF, je vais un petit peu sur internet pour des brèves recherches très pressées qui ne peuvent pas attendre le retour à la maison, j'ai mon bon plan pour retrouver mon chemin dans Paris, je me laisse guider... Mais je préfère marcher à deux ou à plusieurs, c'est par là, mais non je te dis, c'est par ici, on y arrive quand même... Je me sers aussi de la lampe de poche, surtout quand je suis au cinéma pour sortir plus vite, avant la fin du générique, et attraper vite fait mon bus. Toutes ces applis mangent de la batterie, alors je les désinstalle de temps en temps... Je consomme mon téléphone avec des écouteurs qui s'entortillent comme des glycines, j'entends mieux, la vie est bien meilleure !

Mes jumelles sont pour la campagne plus que pour la ville, mais comme je suis très curieuse de nature... Je les prends souvent pour regarder la lune de mon balcon...

Ma tablette est toujours à côté de moi, c'est mon deuxième cerveau, une question : c'est quoi ce truc, déjà ? Hop ! La tablette  me répond en deux temps trois mouvements, j'écoute la radio avec, et je peste quand ça coupe brusquement sur une phrase importante, décisive qui m'aurait forcément aidée à bien vivre ma vie de mortelle, je l'emporte partout avec moi, dans toutes les pièces. Maman faisait autrement, elle avait un petit poste de radio dans chaque pièce, elle n'en perdait pas une mot, rien... Maintenant que j'ai un haut-parleur connecté très sophistiqué, en stéréo, qui ne prend pas de place, c'est lui que j'emporte avec moi, mon fils m'a dit : maman, tu verras c'est extra ! C'est extra vraiment ! Merci mon fils !

Je ne parle même pas de mon ordinateur... Il m'emporte aux quatre coins du monde, je fais comme si je pouvais tout savoir sur tout (!), il faut savoir chercher, mais chercher, c'est tout un art que je n'ai pas, ou pas assez, très souvent j’abandonne la recherche, trop c'est trop, je dis pouce !... J'ai une amie qui connait de A à Z sa vilaine maladie qui lui donne plein de douleurs dans ses articulations, souvent je lui dis : tu devrais demander à ton docteur de partager le prix de sa consultation, t'en sais quasi autant sinon plus que lui, il n'est pas dans ton corps, il n'a plus qu'à t'écouter pour affiner le diagnostic... Nous rions !

L'appareil photo numérique, finalement, c'est bête comme chou, surtout quand il est réglé sur "automatique", n'importe qui peut devenir photographe s'il voit un beau plan et l'encadre bien, il faut juste bien voir, avoir le plan dans sa tête, être là au bon moment de la lumière. J'ai lu dernièrement, dans le journal Le Monde, comment le téléphone mobile a détrôné l'appareil photo en vingt ans, seulement 10 % des photographies sont encore capturées avec un appareil photo, attendons la suite sans impatience...


Les gros platanes et le petit enfant (juillet 2020)

J'ai fait cette photo avec mon téléphone mobile, ce matin, au cours de ma promenade, dans un coin où il n'y avait pas grand monde, j'ai été frappée par l'attention soutenue du petit garçon qui regardait les grands arbres... Une allée bordée de platanes, puissants, dissimulés derrière les maisons qui donnaient sur la rue, je me suis laissée guider en quelque sorte par la lumière extraordinaire d'un contre jour qui les éclairait, comme des personnages sur une scène de théâtre. Ils en étaient encore plus impressionnants, je venais de découvrir un coin de terre inconnue, pas très loin de chez moi... J'ai eu du mal à partir... Je me suis demandé si les gens qui habitaient là, juste en face de ce rideau de feuillages gigantesque, restaient blasés, distraits de les voir chaque jour.. Ou les découvraient, comme moi aujourd'hui, de passage, éberluée !


Maintenant je prends les chats qui me regardent avec mon téléphone


Je prends aussi les passiflores qui s'ouvrent à peine, on dirait qu'elle a les deux bras levés comme une danseuse

Je me souviens aussi m'être beaucoup servie de ma tablette à Venise, du temps où il n'y avait pas grand monde qui la manipulait sur les campi, j'étais une pionnière, si, si ! Par le dédale des petites rues, j'avais pris cette vue que je trouvais superbe,  je me cachais comme une voleuse pour que l'on ne me voit pas tourner le coin de la rue, je voulais être seule dans mon coin magique, chut ! Pour rechercher cette photo que j'avais nettement en mémoire, j'ai dû faire défiler presque tout Venise sur mon ordinateur, ah ! La voilà, je l'ai retrouvée, et l'émotion m'a submergée... J'ai eu les larmes aux yeux, pas étonnant avec Venise !


Un coin magique de Venise (2017)

Je suis bien appareillée, j'ai aussi un lecteur de DVD sur qui je peux compter pour remplacer les programmes de la télévision (TNT)... Ce soir, ça sera le grand Yasujirô OZU, réalisateur japonais, avec "Printemps tardif", film de 1949 en noir et blanc, un régal ! Non, une beauté !

Mes amis, soyez prudents, le virus rode autour de nous... À très très vite pour d'autres paroles, paroles, paroles et images.

jeudi 9 juillet 2020

Je ne suis pas la reine des prés, mais la reine des pommes !!


La nature devant la ville


Ce matin, rando ! Décidément, ça ne peut plus durer, il me faut du pain à la farine intégrale, c'est celui-là que je veux. Un peu loin de chez moi, mais voilà l'occasion d'aller plus loin, toujours plus loin. J'emporte toujours mon téléphone et mon appareil photo, on ne sait jamais avec le hasard !

J'ai pris le chemin le plus en accord avec les arbres, maintenant, partout où je vais, j'essaye les petites rues anciennes, les parcs. Même si je traverse dans les passages piétons, je regarde surtout les arbres du parcours... Depuis ma grande sortie au parc régional avec mon amie, je ne vois plus du tout comme avant, je marche scientifique, j'apprends, avec ma nouvelle appli PlantNet. Je monte sur les talus, je traverse les rues, je prends du recul pour l'observation des arbres.


Appli PlantNet

Avec cette application, vous allez pouvoir briller dans les salons de jardin ! Tout au long de mes promenades, j'appelais un arbre : un arbre, mais pas de nom de famille. Il y avait plus de noms fantaisistes que bien identifiés, de l'à peu près, approchant, ressemblant, on peut dire que les arbres avec moi se voyaient attribués un nom de baptême à la hauteur de mon ignorance. Maintenant, avec mon dictionnaire numérique téléphonique, je suis en formation permanente, quel boulot ! Je voudrais  retenir tous les noms, les vrais noms, c'est la moindre des choses : le micocoulier magnifique, que je voyais déborder largement du jardin sur le trottoir, n'est pas du tout un micocoulier, mais un orme d'Amérique. Les cerisiers le long du parc, je peux attendre longtemps avant qu'ils donnent des cerises, ce sont des ormes aussi. Tout retenir, je n'y arrive pas encore. L'érable du bout de la rue est un érable sycomore, j'ai fait la connaissance d'un chêne argenté, totalement inconnu à mon bataillon... Moi qui pensais qu'un chêne était un chêne, sans arrière-pensée, une fois pour toutes, que nenni ma mie ! Tout comme les gens qui ont des petits noms, surnoms, sobriquets, noms d'amour, diminutifs, eh bien les arbres aussi, les arbres ont des noms savants impossibles à retenir...

Pour compliquer l'affaire, il faut vous dire que l'identification des végétaux n'est pas magique : si la photo est mauvaise, pas assez précise, hop ! L'appli vous sort un nom qui n'est pas le bon, il faut être bon en appli aussi pour en savoir plus long sur les vrais noms des végétaux. La promenade des savoirs reste du travail à temps complet !!


Cognassier que j'avais appelé poirier dès le début !!


Orme d'Amérique que j'avais appelé micocoulier !!! Allez savoir pourquoi ?

Voilà que je m'approche d'un arbre à l'entrée d'une propriété, sur lequel rien n'était accroché : les feuilles ressemblaient un peu à celles des pommes, mais rien de plus. Je sors mon téléphone, je demande à mon appli, elle me dit : abricotier ! Ah ! Ben ça alors, et la propriétaire des lieux, voyant mon insistance photographique pour son arbre, rapplique avec le sourire : vous chercher quelque chose ? Bonjour madame, je vois que votre abricotier (je savais !) ne porte plus ou pas de fruits, je le trouve magnifique. La dame me fait un grand sourire : vous en voulez ? Bien sûr, avec plaisir ! Elle revient avec trois magnifiques abricots : c'est mon fils qui me les a ramassés, ils sont très bons... Nous devenons copines sur le champ, je lui raconte l'histoire de "mon" abricotier en bas de ma tour, pas très loin de chez elle, il ne se porte pas bien cette année, les feuilles sont toutes fripées, pas un seul fruit, nous sommes inquiets... Ne vous en faites pas, l'année prochaine il va repartir ! Je lui raconte aussi qu'il donne des fruits sublimes qui sentent la rose...Nous papotons abricots, confitures, et je lui donne ma recette que tout le monde s'arrache, grattez donc une gousse de vanille pendant la cuisson, c'est à tomber... Je vais essayer, merci, bonne promenade, bonnes confitures, au revoir madame, et merci pour les abricots... Finalement, les abricots de la dame ne sont pas aussi bons que je l'avais espéré, aucun goût ! Premiers de la classe : c'est mon abricotier !


Don : Les trois abricots

Encore une belle rencontre à mettre à mon actif, cette dame connaissait également deux locataires, d'origine espagnole comme elle, qui jardinaient dans les petits jardins partagés en haut de sa rue, elle se souvenait d'eux quand ils redescendaient la rue, leurs paniers pleins à ras bord au bout des bras, fiers et heureux des beaux légumes que la terre de "ville" avait donnés... Depuis, ils sont décédés tous les deux, l'un après l'autre...


Grosse Ville et petite campagne, pour ceux-là je ne me suis jamais trompée, se sont des platanes immenses

J'attends avec impatience les grands espaces de l'Indre où je serais en automne, si tout se passe bien... Je regarde matin et soir, sur mon balcon, les boutures de géraniums rouge grenat qui ont pris, des petites feuilles naissantes et déjà costauds me font espérer une belle histoire pour la fin de saison, mais surtout pour le printemps prochain, plus gaie, enfin guérie de tout ce que nous avons vécu ?

Maintenant, dès que je vois un chat qui me regarde droit dans les yeux, je lui tire le portrait...


Comment résister !

Cette semaine, je n'ai pas eu la pêche, j'ai donc laissé les mots et les images fuir loin de moi, en attendant leur retour... Bien sûr, j'ai gardé la banane avec tous les gens rencontrés, j'ai acheté des cerises avec un plaisir intense, et je me suis souvenue du temps où mes enfants petits se les mettaient aux oreilles en me réclamant des clafoutis, que je m'empressais de cuisiner... J'avais vraiment appris à les faire, avec la recette locale, en un tour de main, sans balance, durant les années passées en Limousin dans une ferme en activité, les agriculteurs louaient une petite maison ancienne, nous étions devenus des amis... J'ai appris beaucoup de choses, beaucoup plus qu'avec l'Appli..

Mes amis, à très vite, j'ai encore pleins de choses à vous dire, je vous embrasse tous, prenez garde au virus, c'est un sauvage !