mercredi 17 juin 2020

"Il était temps"... Julien, Jacqueline, Isabelle...


Allez hop, coupons le printemps !

Ils ont sorti la grande échelle des pompiers du printemps, faut pas traîner ! C'est pas sympa, Danielle, toi, tu n'as pas de maison à fleurs, tu n'y connais rien, il arrive un moment où il faut couper l'herbe sous le pied, c'est l'entretien, c'est le bon sens des choses, le printemps n'est pas fait que pour toi ! Bien sûr, c'est plus beau quand toute la végétation batifole à tort et à travers, mais pour le lampadaire par exemple, il faut qu'il éclaire, alors on éclaircit ! Dans les jardins, c'est pareil ? Oui, c'est pareil, il faut couper pour la bonne repousse, il faut couper pour faire propre, remettre un peu d'ordre !


On en laisse un peu dépasser !

Dans un petit jardin d'une avenue que j'ai souvent photographié, je ne reconnais plus rien, la maison de Blanche-Neige est toute changée, un vieux monsieur ramassait les dernières feuilles, les roses fanées décapitées (ben oui, Danielle, il faut ça pour la repousse). Blanche-Neige et les nains attendaient que ça se passe dans un coin, le monsieur tondait de près, en marmonnant : "il était temps", il était content, satisfait comme moi quand j'ai fait mes placards de cuisine pendant le confinement ! Mais je trouvais au fond de moi-même qu'il avait bien le temps, ce monsieur, j'avais un peu de peine à le voir faire table rase du printemps... Peut-être fallait-il tout couper avec soin le printemps, pour faire place nette à l'été ? Je voyais la tonte du printemps avec beaucoup de peine, car je savais que c'était un temps exceptionnel qui ne reviendrait pas de sitôt... Même si je n'oublie ni les malades, les morts, les vulnérabilités qui persistent... Je pleurais le printemps !


Avant l'orage, presque toute la famille (recomposée) était réunie en rang d'oignons... 
(25 avril 2020)


Après l'orage, Blanche-Neige et un nain avaient chuté ! Le printemps était présent sur  tout le paysage, on ne voyait que lui... (24 mai 2020) 


On ne reconnait plus rien le 15 juin 2020, "il était temps" ? Blanche-Neige attend dans un coin...

Maintenant, quand je rencontre quelqu'un dans les rues de la petite cité, je trouve toujours un prétexte pour engager la conversation, ça marche à tous les coups : bonjour madame, elle est belle, votre maison ! Vous êtes gentille, si vous saviez tout ce que j'ai fait pour l'embellir, j'ai refait le crépi, repeint les volets, j'ai encore du boulot mais j'en vois le bout. C'est quoi la petite pastille que vous avez sur le haut de votre bras ? Un patch de nicotine ? Non, pas du tout, c'est pour mon diabète, c'est vraiment bien, moderne, efficace... Et de fil en aiguille... : vous connaissez le nom de l'arbre là-bas, à côté des acacias ? Non pas du tout, il faudrait demander à Julienle vieux monsieur d'en haut, il perd un peu la tête, mais il s'y connait, ou Jacqueline juste en face, c'est la plus vieille habitante de la cité, elle connaît tout, tout, tout, elle ne voulait même pas qu'on mette des réverbères dans les allées pour y voir clair, non, pas d'électricité dans la rue, ou alors Isabelle, juste à côté, elle est forte en arbres... De maison en maison, je remplis mon carnet d'adresses de visu... Je l'ai examiné, je pense que c'est vraiment un noyer. Un noyer ? Mais je ne vois pas de fruits ! Il y en a quelques uns, je les ai photographiés... Je n'avais pas la berlue...


Un noyer, c'est certain (13 juin 2020)

Moi aussi, j'étais passée par là des dizaines de fois sans voir le noyer ! Ainsi, j'ai continué, chaque jour, à rencontrer les gens, par exemple, pour le portail aux roses, sans conteste la beauté de la rue...


Le portail aux roses et sa couronne de fleurs

Son propriétaire (le monsieur aux rosiers), m'avait raconté qu'il avait "travaillé" pendant sept ans le très vieux rosier de droite pour qu'il veuille bien suivre le chemin de la structure en fer qu'il avait installée au dessus de son portail. Au bout de sept ans, le rosier de droite avait recouvert entièrement, la structure en ferraille, pour s'unir au rosier de gauche, un peu plus rose, la boucle était bouclée. Chaque printemps, des centaines de roses formaient l'arc de triomphe ! Le beau spectacle s'unissait à la belle histoire ! Un autre jour, sa femme (la dame aux roses), m'avait aussi beaucoup aidée à déchiffrer correctement le paysage, et comme elle voyait que je regardais, pensive et curieuse, la masse noire posée très haut dans le vieil acacia du haut de sa rue, elle arrêta sa voiture en pleine course, à côté de moi, et fenêtre baissée, elle me renseigna plus amplement : c'est un nid de corneilles, oui, oui, un petit est tombé ce matin et mon chat l'a achevé. Elle me confirma aussi qu'il n'y avait aucun doute, c'était bien un noyer qui était sur la droite : venez quand vous voulez, pour des boutures de rosiers, j'en ai un très beau dans mon petit jardin de derrière qui sent très bon. Merci, merci, madame, merci beaucoup ! J'étais aux anges... Elle repartit tout sourire !



Le gros nid de corneilles


L'oiseau monte la garde juste à côté de son nid ! (15 juin 2020)

Ce matin, j'ai constaté que le jardinier (!) qui avait coupé l'herbe dans notre carré de verdure au pied de mon immeuble, avait éradiqué également les roses trémières en plein fleurissement tout près du grillage, je l'ai maudit (mentalement) copieusement !! En coupant net, sans pitié, toutes les roses trémières, il a fait plein de malheureux locataires, j'ai eu déjà des échos, ma voisine si charmante, que tout le monde aime dans ma tour, m'a dit spontanément : as-tu vu nos roses trémières bousillées par cet abruti, contre la bêtise il n'y a pas de remède. Il faudra donc attendre l'année prochaine pour revoir ces fleurs magnifiques qui surgissent toujours là où on ne les attend pas, gardiennes de la beauté sauvage.  Ouf ! Il a loupé les iris, qui vieillissent tranquillement, le dos au mur...



Les roses trémières attendent tranquillement la saison d'été, à la porte, gardiennes de la beauté 

Tout au long de mes promenades, j'ai rapporté des petites fleurs, ça et là, je coupe celles qui dépassent, j'ai même trouvé du laurier pour mettre dans mes bouillons, du romarin, et des roses très odorantes, merveilleusement odorantes... La dame au diabète me suggérait de faire un petit livre souvenirs sur toutes mes promenades, ça serait vraiment bien, les gens aimeraient ça... On verra, on verra, mais je savais bien que c'était tout vu... Il n'y aura pas de livre !


Au retour, j'ai suspendu un bout de printemps par les pieds

Je ne veux rien perdre, tout me paraît important, les traces du printemps sont partout dans ma maison, les petits bouquets du soir et les souvenirs se ramassent à la pelle...



Le printemps dans ses œuvres !

Mes amis, revenez me suivre dans les jardins de cette ville que j'habite, je vous la montre par le petit bout de ma lorgnette... Prenez soin de vous déconfiner, en douceur, si vous le pouvez.

6 commentaires:

Gine a dit…

J'ai adoré cette balade dans ce quartier qui ressemble à un village d'autrefois! Quant aux "nettoyeurs" de tout poil, j'en ai une bonne dose dans ma commune : tout doit être propre en ordre! :-(
On n'y peut rien : nos impôts servent à ça!!!
Bonne soirée.

Danielle a dit…

Merci Gine, vous aussi vous connaissez, les "nettoyeurs" comme c'est triste, de confondre roses trémières et mauvaises herbes !!

Bonne soirée à vous également. Cordialement.

Brigitte a dit…

Quelle jolie balade ... oh les roses trémières quel dommage! Tu rapportes le printemps chez toi par petites touches .
Par chez moi il y avait de magnifiques coquelicots dans un recoin ,je me suis dit: ils ne seront pas coupés et si ! la barre de coupe est allée les chercher …Ailleurs un superbe pied de roses trémières à été épargné ,comme quoi tout est possible ..;
A très vite pour visiter encore ton quartier.
Bises du jour pluvieux

Marie Claude a dit…

"Côté positif" le confinement t'a permis de faire de belles rencontres près de chez toi,c'est bien agréable.
Blanche neige et ses compagnons,l'orage ne les a pas épargnés,quel dommage.
Ce n'est pas un jardinier mais un coupeur d'herbe,j'en connais aussi...lamentable!!!
Toujours aussi jolis ces petits bouquets glanés au fil de tes promenades.
Joli W.E à toi,le soleil doit revenir.
Soyons toujours prudents...les nouvelles de la Chine ne sont pas rassurantes!
De grosses bises du matin

Danielle a dit…

Chère Brigitte, c'est vrai dommage pour les roses trémières, et pour les petites fleurs que je rapporte elles me réjouissent...Plus de coquelicots chez toi... Tout est possible :-)

Mon quartier est prenant, j'y reviens avec plaisir...

Brigitte passe un bon We plein de soleil, restons prudents...

Je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Marie Claude, c'est vrai les côtés positifs il en faut pour ne pas déprimer...Blanche neige est donc toujours sur pieds... :-)

Oui, tu as raison, un coupeur d'herbe, je crois même qu'il y est revenu pour finir la besogne, je verrais demain...oui, les nouvelles ne sont pas rassurantes...:-((

Toi aussi passé un bon WE avec soleil.

Je t'embrasse du soir. À très vite...