jeudi 28 mai 2020

Mes rencontres dans mes promenades confinées... L'envolée du printemps...


Le printemps repose de tout son lierre sur la belle marquise qui a disparu (24 mai 2020)


Les rencontres :

Depuis le temps que je me promène dans la contrée, j'ai fait des connaissances : le dégustateur de cornet de glace, piqué en douce dans le congélo de sa sœur. Le monsieur qui repeint sa grille depuis plusieurs semaines m'a annoncé hier qu'il avait commandé une jolie plaque émaillée où figurait le n° de la maison : j'ai hâte de la plaque, elle sera comment ? Bleue et blanche à la mode Paris, parfait, vous la posez quand ? Houlà ! Dans quelques semaines, je l'ai commandée en Hollande, j'ai regardé sur internet, il n'y avait rien en France, j'ai peut-être mal regardé. Bon, ça fera joli, bon choix, bravo !

En poursuivant mon chemin, je suis tombée sur la dame au grand rosier rouge, qui coupait tout ce qui dépassait de sa grille, que j'avais patiemment regardée et photographiée pendant des jours. Mais madame, savez-vous que j'ai regardé tous les jours votre jasmin qui poussait dans tous les sens, je trouvais ça tellement joli ! J'étais désappointée...


Le grand rosier rouge éblouissant derrière et le jasmin qui dépasse devant

Je n'étais pas jardinière, elle savait mieux que moi quand il fallait couper, moi, je mettais juste des rubans aux bouquets... Il faut couper, vous voyez, car si je veux qu'il repousse en hiver... Mais la suite me prouva qu'elle ne devait pas être très forte en botanique : c'est bien un olivier, l'arbre d'à côté de votre maison ? Oui, la dame de l'arbre confirma, et la dame des roses reprit : je croyais que les olives vertes et noires poussaient sur des arbres différents, alors, en riant, je lui dis qu'elle me faisait penser aux enfants qui, trouvant la salade sous plastique dans les magasins, pensent qu'elle pousse comme ça naturellement... Nous avons bien ri toutes les deux, elle était toute contente d'un savoir récent... Et puis, nous sommes reparties sur ses roses si belles, et au moment où je lui demandais si elles sentaient bon, elle me dit : je vais vous en donner, je vais les envelopper dans du papier d'alu. Oh, merci, c'est trop gentil ! Et je suis repartie avec mes tiges de roses enveloppées dans du papier d'argent, elles sentaient délicieusement bon... J'ai terminé ma promenade fleurs au bout du bras ! J'avais encore toute l'envolée du printemps à photographier...

Plus loin, j'ai rencontré le planteur de l'eucalyptus, haut déjà pour ses cinq ans : il vient du Portugal, mon père me l'a donné, et quand je suis revenu ici, je l'ai planté dans ce petit bout de terrain inoccupé, il se porte très bien...


L’eucalyptus du Portugal, jeune de cinq ans, se plaît bien en Ile-de-France

Le planteur d'eucalyptus n'y connait rien en petites bestioles, devant une haie de passiflores bleues qui s'accrochent au léger grillage, je vois un hanneton d'un vert magnifique qui se faufile sous la fleur, il va et vient, il faut que je fasse vite pour le capturer avec mon appareil photo, crac, je l'ai ! Regardez, un scarabée ! Ah non, ça, c'est un doryphore... Vous croyez ? Moi, je pense que c'est un scarabée... Non, c'est un doryphore (c'est un scarabée, moi je vous le dis, j'ai regardé sur internet, j'ai aussi beaucoup regardé les œuvres de Jan Fabre, vous savez, ce grand artiste qui fait tout : dessinateur, sculpteur, chorégraphe, metteur en scène, il a crée des tas d’œuvres avec des ailes de scarabées (morts) et je les ai vues tellement de fois). À côté, sur une autre fleur, encore un effet du printemps, une abeille se remplit les pattes de pollen, je vise à nouveau, et crac ! Je l'ai... Voyez... Les merveilles...


Le scarabée dans la passiflore bleue (25 mai 2020)


Le grand homard (Jan Favre) - 2018 - tout en ailes de scarabées


L'abeille avec les pattes remplies de pollen, elle en laisse traîner sur les pétales (25 mai 2020)

Et aussi :

Une voisine de la rue d'en face, des amis de la chorale, une bibliothécaire, la voisine du 5e étage de ma tour, celle du 3e étage, une jardinière du jardin partagé du bout de la rue, qui bêchait ses patates, plantait des salades... : chaque passant qui passe fait un petit coucou à l'autre. Dans toutes les petites allées, comme à la campagne, mais de loin, avec masque... Nous sommes tous des Belphégors, tous très mystérieux, tous très inquiets... Chacun continue sa route à deux mètres de distance... Tous très prudents, les temps sont trop difficiles !

Le printemps fait des folies : marquises, réverbères et maisons disparues, les grandes scènes du deux !

Le printemps enveloppe tout sur son passage, il faut se dépêcher de prendre des photos, les tondeurs de printemps vont venir lui couper l'herbe sous les pieds... C'est déjà commencé, j'en aurais pleuré ! Danielle, arrête de pleurer... J'ai noté des disparitions : les petites marquises croulent sous la verdure, je trouve cela tellement beau, et le mobilier urbain sort le grand jeu de l'élégance... Voyez :



L'abat-jour du lampadaire, d'une beauté absolue (25 mai 2020)


 La marquise se cache sous son ombrelle (25 mai 2020)


La glycine mange la maison à vendre (25 mai 2020)



Le printemps donne tout (mai 2020)


Le printemps déborde tout (24 mai 2020)


Le printemps enjolive tout (26 mai 2020)



Le printemps fait son Ronsard (merci Anne-Marie) - 24 mai 2020



Il n'a pas de limite (mai 2020)



Où est la porte d'entrée ?



No limit pour le printemps 2020


Le printemps sous mes fenêtres n'a jamais été aussi joyeux, prolixe et magnifique ! Comment ai-je fait pour ne pas m'en approcher si bien les autres années ? Pourquoi suis-je restée si malvoyante ? Où sont les envolées des printemps précédents ?... Il aura donc fallu que le confinement, la crise sanitaire, m'obligent à la "solitude consentie", pour que j'ouvre davantage les yeux, rende ma consommation plus sobre, je n'ai pas eu de mal à apprécier le retour des oiseaux, le ciel plus clair, sans avion, le silence de la rue... Depuis longtemps, je déplore les ravages écologique que font subir les humains à notre planète, les injustices qui perdurent. Pendant ce confinement, j'ai vécu autrement, sans jamais oublier les malades, les privations pour certains... Et les morts... Non, j'ai toujours pensé à eux, mais j'ai regardé de plus près, essayé de penser autrement... J'ai pris mon temps pour creuser ce que je savais déjà, réfléchir encore et encore, aujourd'hui, j'espère que des voix nouvelles s'élèveront pour construire un avenir meilleur pour notre monde... Il faut agir vite !! En 40 ans, la Terre a perdu 60% de sa faune sauvage... Pourrons-nous revenir en arrière ? Repartir d'un bon pied, pour ne pas avoir de printemps sans oiseaux, sans abeilles, sans ciels clairs, manger plus sainement, répartir les richesses plus justement ? Et l'eau, quand il fera encore plus chaud, où la trouverons-nous ?

Suite au prochain numéro, rendez-vous ici... D'ici là, portez-vous bien, très bien même, déconfinez lentement, comme les sardines à l'huile, c'est bon pour le moral ! Je vous embrasse...

mardi 26 mai 2020

Aucune hésitation, j'ai acheté les produits les plus chers de la boutique !


Les asperges"bis repetita" (photo empruntée à ma publication du 1er mai 2020)



Souvent, je vous ai parlé de "mon petit primeur du coin" pendant le confinement : tout a très bien marché pour lui, tous les jours il remplissait ses étalages, il a manqué de marchandise. Quand on a déconfiné, il avait le visage pâle et défait : j'ai perdu 5 kg, je suis crevé ! Tu m'étonnes, je savais que tous les jours : il était levé avant quatre du mat, pendant les 30 jours du ramadan, pour le petit-déjeuner, ensuite il filait à Rungis, et roule ma poule, fallait pas traîner au lit ! J'étais ravie qu'il marche bien, l'autre jour je lui ai dit : mon ami, dans le quartier tout le monde vous apprécie, vous êtes un homme honnête, généreux et honnête, ça ne m'étonne pas que "tout le monde" soit votre ami... Nous sourions tous les deux, car nous savions tous les deux que je disais vrai, même si sa modestie pouvait en souffrir...

Le printemps chez lui, ça se voyait à l’œil nu, bio, pas bio, il y avait de la couleur, il arrangeait tout avec art, lui et son employé. Je lui suis restée fidèle autant que j'ai pu, grâce à ma charmante voisine qui faisait mes couses chez lui...  Depuis un peu avant le déconfinement, j'avais risqué de mettre un pied dans la rue, au coin de ma rue, le virus ne viendrait pas jusque-là ? J'allais faire mes "petites courses" moi même, en complément de mon fils et de ma voisine...Vous avez des amandes grillées ? Non, quelle catastrophe, j'en mourais d'envie, il me les fallait tout de suite et maintenant... Je ne les ai pas eues ! Bon, je vais me venger sur les asperges, j'en pris une grosse poignée ! L'heure était à l'orgie... Je ferai tout le printemps avec les asperges, pas la peine de regarder l'étiquette, les prix, je m'en moquais ! Le printemps, ça n'a pas de prix,  il arrive seulement une fois par an, et avec le confinement, il faut des douceurs... Pourtant, je n'oublie rien de ce que nous vivons, les malades, les morts et l'incertitude qui persiste...

Les fraises



Les fraise (pour les cerises il faut attendre encore un peu (photo du 31 mai 2015)

Alors là, mon ami, je ne veux que des fraises françaises, c'est pas que je sois chauvine à ce point, mais il est vrai qu'il n'y a que celles-là qui ont un peu de goût, surtout les Gariguettes... Les prix sont à la hauteur de la qualité... J'ai continué avec un avocat beaucoup plus cher qu'ailleurs, mais tellement meilleur, qui vient de très loin, donc pas très écologique... Quelques pommes bio, de l'année dernière, bien sûr... Des oeufs ? Bien sûr, des oeufs bio, depuis que je connais toute l'histoire des cages à poules, j'ai viré de bord...

En sortant de la boutique de mon ami le primeur, j'avais de quoi réfléchir sur l'écologie, la relocalisation agro-alimentaire, les produits de saison et la frugalité... Dans ma ville, diverses associations, et même des militants politiques, se sont groupés (une fois n'est pas coutume, hélas !) pour distribuer des repas tous les jours aux personnes nécessiteuses...

Demain, va-t-on reprendre les voyages aériens pour les petites distances en France, au lieu de faire le chemin en train ? Le temps serait vraiment gagné sur la pollution... J'ai déjà aperçu des traînées blanches dans le ciel de mon balcon ! Est-ce le monde que nous voulons ?

Allez, Danielle, ne te laisse pas déconfiner, reprends le chemin des fleurs, des petites marquises, la rencontre avec avec tous ces gens si gentils, si accueillants...

C'est ce que je vais faire au prochain post, je vais repartir sur des routes plus calmes, plus belles, plus parfumées... Prenons rendez-vous...



Elles se préparent déjà... Dans les petits jardins qui subsistent alentours ( mai 2020)

Mes amis, je vous y attends, je vais tout reprendre et pas à rebrousse-poil, mais dans le sens du printemps et de l'été qui va arriver... Mais je n'oublie pas TOUT le reste, les malades, les morts et l'incertitude...

vendredi 22 mai 2020

Sur le chemin des roses, et... La bonne nouvelle !


La très belle rose rouge du petit jardin de mes enfants, et pois de senteurs glanés dans les rues... (15 mai 2020)

Elle était venue me rendre visite, pour le thé. J'étais rassurée, grande égoïste que je suis, car ma belle-fille, avait été coronée dès le début du confinement, la pauvre... Pendant plusieurs semaines, le corona avait sévi en elle, depuis un bon mois, maintenant, elle était tout à fait guérie, donc immunisée, on pouvait l'espérer, beaucoup de choses encore sont à trouver la-dessus. Elle m'avait dit : Danielle, je viens boire un thé avec vous, avec joie !! On gardera les distances ! Oui, bien sûr... Viens quand tu veux...

La voilà, son petit vélo bien replié dans l'entrée, comme un sac de courses qui se rentre tout entier sans sa housse. Elle me tendit du bout des doigts un sac en papier kraft, un cadeau : dedans, il y avait une magnifique rose rouge qui venait tout droit de leur jardin, grand comme un mouchoir de poche. Un grand mouchoir, cependant, superbement arrangé, d'après les photos, j'attends d'être moins vulnérable pour aller le voir en vrai, je n'ai pas vu les embellissements du printemps depuis le confinement... Les fleurs du petit jardin ont commencé à pousser,  grimper, s'accrocher, d'ici l'été, ça sera un Paradis... En sortant la rose du papier, j'ai senti son odeur envoûtante !

Au revoir, quel beau moment nous avons passé, merci encore pour la rose ! Et la voilà repartie comme elle était venue sur son beau deux-roues, déplié comme des ailes de papillon... Nous n'avons pas pu nous serrer dans les bras... Même coronée, elle restait prudente...


La rose rouge de la cité, à l'entrée d'un garage sans barrière, sans grillage (14 avril 2020)

En fait, ce confinement/déconfinement m'avait permis de découvrir, ou de redécouvrir, cette cité pavillonnaire : maisons basses, pas plus de deux étages, exceptionnellement trois, leurs cours, escaliers, allées, fenêtres, espaces verts, ferronneries anciennes, terrasses... Au moment où le printemps s'en emparait. Les premières glycines furieusement échevelées, odorantes, délicates, tombaient de partout comme des chutes d'eau colorées, les endroits les plus insignifiants devenaient somptueux, parés de mauve et de blanc : trous dans les murs, les bosses, les grilles fracassées, déformées par le temps et redressées par le printemps. Les jardins insignifiants jouaient dans la cour des grands, pas besoin de peinture à l'huile pour les retouches, tout y était, la petite cité pavillonnaire se payait un ravalement luxueux, les fleurs dégoulinaient de partout, cascadaient de couleurs, d'odeurs, elles prenaient des poses de stars... J'avais juste la photo à faire. La nature est une artiste inégalée, jamais de repentir, de fausses notes, elle connait la musique mieux que personne, inutile de chercher la petite bête aux perspectives, tout est parfait !

Alice au pays des merveilles, c'était moi !



J'ai photographié cette rose sous toutes ses latitudes (8 mai 2020)

Pour ne pas faire de répétitions avec mes photos (mises déjà sur mes publications antérieures), et pour faire honneur à deux roses odorantes, j'ai choisi de vous les offrir en toute simplicité, en suivant les jours de leur maturité. La petite rose sur fond de brique embaumait tout à la ronde, tous les jours j'allais me parfumer à ses côtés... Un éblouissement, je me disais, en mettant mon nez carrément dedans, comme une abeille, les voisins vont se demander : qui est cette personne qui revient tous les jours sentir la rose ? Personne ne m'a posé la question...

Je me souviens que lors de mes vacances de septembre en Indre, on m'appelait à la ronde : la dame qui marche, on m'apercevait dans les sentiers, aux lisières des petits bois, dans les chemins creux, ou regardant les vaches,  près des clôtures, assise des heures sur son plastique... On va dire qu'on m'avait repérée, ici on pourrait dire : la dame qui sniffe la rose !


Les merveilles (9 mai 2020)

La permission quotidienne "autorisée par le Gouvernement" commençait toujours par la rose, avec soleil, sans soleil, à toutes les heures, sans calculer, un parterre de renoncules terminait l'arrangement sous le rosier ancien, d'après ses tiges aériennes il devait avoir la petite cinquantaine bien sonnée... Après j'allais tout droit, très lentement, vers les deux acacias en fleurs, printemps oblige !


Les fleurs de l'acacia et le pigeon (8 avril 2020)

Les deux grands arbres m'hypnotisaient, je m'en voulais de ne pas les avoir vus plus tôt, je morigénais contre moi-même. Contre mauvaise fortune, bon cœur, je continuais mon chemin sans croiser personne, alors je décrochais mon masque et l'enfilais autour de mon poignet comme un bracelet, à la moindre alerte de passants, je le remettais sur mon nez... À la génuflexion devant la rose, j'abaissais aussi ma visière, pour me délecter de son parfum...



Les merveilles odorantes (9 mai 2020)

Souvent, pour rentrer, l'heure autorisée presque terminée, je repassais par la même petite rue, pour me remettre le parfum en tête, en retenir chaque molécule, remplir mon cerveau de son empreinte, graver le souvenir... Ma sortie avait des allures de gala olfactif...



Les belles de jour (10 mai 2020)


Le 11 mai 2020

Et puis, ma belle-fille est venue me voir le 15 mai 2020, m'apportant cette rose rouge magnifique, je l'ai mise pas très loin de moi, sur la table du séjour, et son odeur fabuleuse arrivait jusqu'à moi, je n'avais même pas besoin de m'approcher, elle m'envoyait son sillage, sa voie lactée...


La belle baisse la tête (19 mai 2020)

Tous les jours, à chaque instant, je ne me rassasiais jamais de son parfum, je voyais bien qu'elle se fanait, je repris mes recherche sur internet pour trouver un parfumeur qui aurait été capable de "fabriquer" une odeur si gracieuse, si déroutante, j'avais déjà cherché, cherché encore, j'en ai déjà parlé sur mon blog,  et je n'ai encore rien trouvé qui rivalise avec ces deux roses...

La bonne nouvelle !

Danielle, je vais apprendre à faire des boutures de mon rosier que vous aimez tant ! Quel bonheur, je vais pouvoir me rassasier de cette odeur subtile, mais quand ? Il va falloir attendre un peu, pas trop j'espère, au printemps prochain, peut-être ? J'ai hâte, ma chérie, dépêche-toi... J'attends, je vais acheter un joli pot pour patienter et renouveler le miracle...


La miraculeuse est fanée, ses pétales retiennent encore son parfum (21 mai 2020)

Mes amis, je ne sais plus où j'en suis pour le prochain post, je reprends mon souffle, à très vite...

lundi 18 mai 2020

Le déconfinement libre !


Une star ! Il attendait, je ne pouvais pas ne pas prendre sa pose (16 mai 2020)

Finalement, le petit tour journalier, le dégourdissement de gambettes, les découvertes, encore et encore, je ne pouvais plus y couper, j'y retournais à des heures différentes, la cité pavillonnaire juste en face de chez moi m'offrait des terrains d'aventures. Aimantée, addicte, je voulais suivre chaque fleur, chaque emballement du printemps par le menu... Les glycines ont disparu, le lilas également, les pivoines bientôt, les iris sont devenues ternes, papier froissé, les premières fournées de roses grimpantes ont grimpé et changent de couleurs. Les fleurs qui s'ouvrent jour après jour, comme les fleurs de la passion, je peux compter sur elles, elles se renouvellent, parfaites, tout le long du grillage... Tandis que les feuillages des glycines continuent leur marche glorieuse en haut des réverbères, nous y voilà ! J'ai vu des hortensias sortir leurs griffes, ils attendent tapis dans l'ombre...

Voilà plus de deux mois que personne ne tond, ne coupe, ne ratisse, ne bouture, ne désherbe, les sécateurs sont tous restés rangés, rien ne bouge, personne n'empêche le printemps de faire ses affaires en toute liberté, et moi j'aime ça !


Le jeu de domino joué par les fleurs de la passion, l'une après l'autre elles se découvrent
 (16 mai 2020)


 Les roses abattent leurs dernières cartes, avant la deuxième vague...  (17 mai 2020)


Le réverbère a gagné ses galons, il coiffe le poteau (16 mai 2020)


Les hortensias sur le pied de guerre (16 mai 2020)


Ensevelissement (17 mai 2020)
Depuis longtemps, les propriétaires ont fermé, abandonné leur maison. Le printemps y entre par tous les bouts... Les autres saisons aussi...  (17 mai 2020)

La journée n'est décidément pas assez longue pour avoir l'oeil partout... Quelquefois même, je rencontre des gens que je connais, une petite causette de loin : tu vas bien ? Oui, je reviens de balade, tu sais que j'adore la randonnée. Bien sûr, ça te manque plus qu'à moi, qui fait ma colimaçonne, on ne peut pas faire de la rando avec un appareil photo autour du cou... Et puis mes genoux cagneux... Donc je choisis les itinéraires, à petite vitesse et petites foulées... Ça me va très bien, je me réserve pour le vélo de l'automne dans ma campagne indroise, pourvu que j'y aille !

J'ai revisité le pommier/rosier, les fleurs se balancent dans le petit vent, en acrobates, sur leurs trapèzes au jus de pommes...


Les roses dans le pommier, dans l'arbre, les roses ne fanent pas, les deux espèces se soutiennent... Solidarité végétale oblige ? Ils font mieux que nous les humains !! (17 mai 2020)


Je garde toujours un œil sur les belles marquises : cassées, oubliées, enjolivées, à l'ancienne, modernes, qui donnent aux entrées les clés des mystères intérieurs : d'après la marquise, on a déjà un pied dans la maison... Mais l'habit ne fait pas le moine...

Les belles marquises :


Marquise ensevelie (17 mai 2020)


Marquise royale ! (17 mai 2020)


Marquise  délicate, soignée ! (17 mai 2020)


Entrée joliment numérotée, de bord de mer (17 mai 2020)

Je l'ai aperçue, les bras chargés d'affaires de vacances : elle était partie loin, confinée dans des jardins bien plus agréables que la ville, comment vas-tu ? Belle comme d'habitude, pressée, comme d'habitude, le sourire comme d'habitude, je reviens pour une petite quinzaine, j'espère que je vais pouvoir redescendre... Tu connais les symptômes du covid ? Alors, j'égrenais tout ce que mon fils aîné avait attrapé avec le virus, dès les premiers jours du confinement : grosse fièvre, mal partout, maux de tête, fatigué, fatigué, fatigué, plus de goût à rien, plus d'odorat, pour lui, rien d'autre... Attention aux poumons, on tousse ! Ah bon ! Mon fils est tout fiévreux, je m'inquiète pour lui, mais il est jeune, et pour moi, j'ai déjà mal aux poumons, attention Cécile, fais attention à toi, prenez toutes les précautions, mettez des masques, il faut qu'il se fasse tester et vite, reste sur ton balcon... Oui, oui, oui... Alors il a cherché où se faire tester, le 15 ne teste pas, il a donné un rendez-vous... Pour dans trois jours,  SOS Médecins donne des ordonnances mais ne teste pas, le médecin ne teste pas, où sont passés les tests ? Il y a tellement d'écart entre la théorie et la pratique... Cécile va aller voir un médecin de ses amis qui ne teste pas non plus, mais il a des "bonnes" adresses, il la recevra en scaphandrier, pas question pour lui de le repiquer, il pense l'avoir déjà eu !!! Chacun se débrouille avec les annonces publicitaires mensongères...

En face, j'entends le bruit d'une tondeuse à gazon, un individu est en train de démolir le travail du printemps, je le déteste !!! Puis le bruit de gros camions qui reprennent les travaux d'à côté, les voitures montent et malheureusement redescendent tout le long de ma rue, je les déteste aussi !

Mes amis, mes promenades vont continuer, je n'ai pas tout vu, maintenant je vais photographier les fleurs fanées... Les couleurs sont belles aussi, mais avant la fin du printemps, je connais des coins qui sont verts, fleuris, parfaits... Je vous y attends...

mercredi 13 mai 2020

Vous avez dit : déconfinement ?


 Dans les jardins partagés de ma ville

Ce qui est dit est dit : je suis déconfinée, mais pour moi, rien ne change vraiment. Bien sûr, je ne remplis plus le papier, je ne pointe plus sur mon téléphone, je peux faire une balade de plus d'une heure, je suis libre d'aller où je veux à pied. Je me suis dit : je vais en profiter et sortir plus longtemps, changer d'air, traverser le périphérique, sous le soleil, ça doit être passionnant !


Pétales de roses et campanules après l'orage violent...

Allez, j'y vais ! Il faisait beau, doux, j'avais la forme, le désir d'aventure vissé au corps, allons par là, non par ici, il y a toujours du neuf tant que je ne l'ai pas vu. Dans les petites rues de la cité, les pétales de roses ont redessiné le bitume, là : rose, là : blanc, là : vert. Le propriétaire de la maison des années 30 vient juste de repeindre à neuf la grille, il avait embauché du monde : sa femme et son père, tout le monde y allait de bon cœur, trois peintres en bâtiment, pleins d'ardeur, ça faisait plaisir à voir.

Les deux acacia étaient là, les dernières fleurs blanches qui s’accrochaient aux branches dispersaient leur parfum dans trois rues. Des rues parfumées, difficiles à décrire, mais si vous connaissez l'odeur  particulière de l'acacia en fleurs, vous saurez de quoi je veux parler... 


Grilles débordées par le printemps, tout échevelé, celui que je préfère

J'allais doucement pour ne rien rater, heureusement chaque jour je vois différemment ! La promenade est toujours nouvelle... J'ai rencontré des gens qui portaient le masque comme moi, c'est une horreur de voir ça, ça m'attriste beaucoup de devoir m'affubler de ce truc anti-virus... J'ai de la buée sur mes lunettes, moche et mal à l'aise, je ne perds pas espoir... 


La belle petite marquise  toute végétale en fer forgé


Une autre belle marquise échappée au temps et aux bourrasques, un petit nid au creux du bras droit, voyez...


Une chaise blanche pour le beau dimanche à la campagne

Souvent dans mes pas me suivent mes mauvaises pensées : va-t-on revenir comme avant ? Bruit, vitesse, et inégalités ? Comme je l'aime, ce déconfinement, pour ce silence et les oiseaux revenus,  bien sûr, je n'oublie rien, je ne suis pas godiche à ce point, ne penser qu'à moi, mon petit confort, non, non, je n'oublie pas les misères du monde, les malades, les morts... Allez, profitons du printemps dans mes rues en attendant... De toute façon, je n'y peux rien changer pour le moment, faire attention à mes abattis, voilà ma devise de vulnérable...


Graminées au nez et à la barbe de l’autoroute, dans toute leur grâce

Moi-même je suis prise par la beauté des choses, et j'oublie... Tout le temps de la promenade. Je rencontre un homme qui sort d'une maison, un cornet de glace à la main, vu son état un peu replet, il ne devrait pas, mais c'est le printemps, je lui dis : bien agréable ce cornet de glace, on se croirait en été ! Et tout sourire, il me dit : je l'ai pris chez ma sœur, je ne devrais pas... Belle petite récompense, alors ? Oui, exactement, petite récompense interdite, c'est la meilleure... Nous avons bien ri tous les deux, complices quelques secondes...


Le rosier dans le pommier

Véridique, mes voisins d'en face ont laissé grimper un rosier dans le pommier, et ça donne un spectacle magnifique, la greffe a bien pris, les roses se sentent chez elles, le pommier pas gêné du tout. Le propriétaire et ami, me voyant faire la photo, me dit : alors, Danielle, t'as déjà vu un pommier qui porte des roses ? Tout content de la belle trouvaille fabriquée patiemment d'année en année... Jamais, mon ami, jamais, beau résultat, tu es un sacré jardinier artistique, un grand metteur en scène, tu devrais changer de métier (mon voisin est informaticien)... Mais de peu retraité, il va peut-être nous réserver de sacrées surprises végétales... J'attends de voir !


 Au moindre petit vent, les graminées se balancent avec légèreté, j'ai dû rester plantée devant, un bon moment, jambes écartées, le souffle retenu, sans bouger ! Pour leur piquer leur beauté

Le jour d'après celui du déconfinement, je suis allée beaucoup plus loin... La prochaine fois, je vous y amène, c'était encore la campagne comme vous n'en avez pas idée, à deux pas des tours de 20 étages, et des immeubles à très forte densité... Incroyable, je vous dis !

Mes amis, prochainement, passez par ici pour voir la campagne à la ville !!! À très bientôt... Ne vous déconfinez pas de trop, restez prudents...

samedi 9 mai 2020

Les arbres, les couleurs de la cité... D'en face... Derniers jours de confinement...



L'érable : de loin, on dirait qu'il dépasse les grands immeubles qui sont derrière


Je ne l'avais jamais aussi bien regardé que depuis le confinement, voit-on vraiment bien ce que l'on a sous les yeux ? Dans notre vie, trop souvent nous sommes aveuglés, non voyants, regards lointains, hautains, il faut attendre on ne sait quoi pour dessiller ses propres yeux. Pour l'érable, ce fut une révélation, presque honte d'avoir tant tardé à l'admirer de si près. Dès que je l'ai vraiment vu, tout de suite j'ai eu le cœur battant, comme pour les grands ormes de l'Indre qui sont toujours dans ma tête... J'ai hâte de les retrouver, je vais courir, pédaler le plus doucement possible pour être certaine d'arriver à bon port. D'abord, je vais voir le grand séquoia, puis les cèdres bleus, et enfin, dans le fond de la prairie, les ormes...



Les grands ormes jumeaux de l'Indre 


Pour le grand rendez-vous, le grand choc des ormes d'automne, y serais-je ?  Mon fils m'a dit : ne t'inquiète pas, maman, je t'y emmènerai, d'ici septembre nous aurons bien le droit de dépasser les 100 km. Je me tiens déjà prête... Pourvu que je puisse les voir à nouveau ! Sentir la grande émotion qui monte aux yeux...

Pour l'instant, ma petite cité d'en face convient bien à mon petit tour quotidien d'une heure. Pendant le confinement, le paysage est varié, il y a à voir. La plus belle petite rue est celle où il y a les deux grands acacias, de partout on les voit, ils dépassent tout le voisinage, de mon balcon je les sens proches de moi... Ces grands arbres sont sans doute centenaires, ces jours-ci ils sont en fleurs, et les tourterelles y viennent souvent.


Les grands acacias centenaires


Les grands acacias

Depuis que je les ai identifiés, repérés de mon balcon, que je peux les retrouver à chacune de mes promenades confinées, je les scrutes mètre par mètre... J'ai essayé d'apercevoir le propriétaire de chacun des arbres, car ils ont un tronc dans deux petits jardins minuscules. Le seul que j'ai vu, pas souriant et inquiet, m'a dit : s'ils sont vieux, ben oui, ça fait longtemps que je les connais, j'sais pas quel âge ils ont ! Ils ont des troncs solides, épais,  ridés, noircis par le temps, les veines de leur bois sont épaisses comme des artères...




La tourterelle


Sous les fleurs


Son écorce est épaisse

Les arbres, plus ils vieillissent, plus ils durcissent leur cuir, les écorces prennent du volume, des boursouflures, des trous profonds et des nœuds, ils personnalisent leurs troncs, ils foncent au soleil, et arborent des signes de puissances, de force, d'immortalité. Leurs hauteurs sont vertigineuses, du plus loin que l'on voit c'est eux qui dominent les plus hauts sommets de la ville, ils sont comme l'étoile du berger : l'horizon, le repaire, c'est eux. Au contraire de nous les humains, plus nous vieillissons, plus notre peau devient fine, si fine qu'un rien nous écorche, nos cheveux blanchissent, nous rapetissons à vue d’œil, où sont notre puissance et notre immortalité ? Le moindre gros vent peut nous faire vaciller, notre superbe s'est envolée, et nos mots peuvent venir à manquer... Devenir vieux pour les gens n'est plus un signe de reconnaissance...


J'ai pris de la hauteur pour l'admirer, de mon balcon j'en profite tous les jours

Je n'avais jamais vu non plus l'eucalyptus qui pousse à côté de l'érable à tête ronde, personne n'y croyait, un eucalyptus par ici ? Oui, cet arbre qui n'aime pas le froid vient d'Australie, il domine 95 % des forêts, comment a-t-il atterri ici ? Dans la région parisienne ? Mystère et boule de gomme !




L'eucalyptus à fleurs blanches, de loin et de près

La petite cité a ses secrets qui explosent au printemps, ils prennent des couleurs là où on ne les attendaient pas, les fleurs se faufilent entre les maisons, sous les portails des petits jardins, aux grillages des maisons. Partout il y a des odeurs, toutes se mélangent allègrement : roses, jasmin, chèvrefeuille, fleurs d'acacia, glycine... Bientôt le tilleul... Le printemps fait son travail de parfumeur talentueux, de peintre sur le motif, il distribue ses largesses à tous, il semble nous dire : Eh les humains ! Ouvrez vos yeux, dressez l'oreille pour le chant des oiseaux, caressez l'herbe, écrasez la fleur de lavande entre les doigts, respirez les odeurs divines, c'est donné, c'est cadeau !! Aidez-moi à vivre, je vous le rends au centuple...

L'Explosion :




















Le nouvel acacia, il faudra que je repasse par là dans 100 ans !

Les grands  travaux de la nature, je les ai vus en allant faire un tour tous les jours dans la cité d'en face, beauté, découvertes, émotions, discussions... Je n'ai pas encore fini d'en voir la fin, vais-je devoir regarder les saisons qui passent de mon balcon ? Devrais-je sans cesse aller me faire voir dans la cité d'en face ?... Nous verrons...

Mes amis, si je ne vous vois pas d'ici quelques jours, je vous souhaite un bon déconfinement, en douceur, prenez-soin de vous, le temps n'est pas encore venu où nous pourrons aller le nez au vent dans tous les coins de France et de Navarre, et même plus loin...