vendredi 13 décembre 2019

Parlons-nous (3)... La Haute-couturière...



Dans ma tour il y a une fée féerique, avec qui je suis amie. Tout le monde la connaît et elle connaît tout le monde, elle ouvre sa porte à Pierre, Paul, Jacques, Karim et Fatima... Un service ? Ben bien sûr, entrez, entre, tu peux me garder mon chat ? Bien sûr... Mes plantes ? Bien sûr... Mes clés ? Bien sûr... T'as pas un peu de farine, du sucre, des œufs ? J'vais voir, bouge pas. Dis-donc, tu peux me garder mes paquets de Noël pour que les enfants les voient pas ? Bien sûr... Ainsi de suite, ça n'a pas de fin... C'est la seule fée que je connaisse qui est vraiment fée !

Mais elle est encore plus formidable que cela, je le savais, mais pas dans le détail. Pour les détails, c'est toujours autour d'un thé bien chaud que nous nous les racontons.

Dis-moi, mon amie, si tu me racontais ce que tu faisais dans cette grande maison de couture où tu as passé tant d'années ? Mon amie a sorti ses aiguilles, ça partait dans tous les sens... Dis-moi tout du début !

Au début, elle est est allée à l'école, dans le même temps elle apprenait la pratique chez une couturière, après elle a encore travaillé dur pour passer des diplômes, il fallait montrer vraiment patte blanche pour rentrer dans la Grande Maison... Elle a été choisie...


Tu savais tout faire ? Tous les tissus, les broderies, les paillettes ? Les pantalons aussi ? Oui, tout, tout, tout, je suis rentrée première main et je suis allée jusqu'au cinquième échelon. Incroyable ! Et c'est quoi, le cinquième échelon ? Il faut savoir faire quoi ? Tout ! Au cinquième échelon, tu peux faire seule l'entoilage directement sur la personne, dessiner le patron, le couper, le coudre de A à Z, et aller faire l’essayage sur la cliente. Incroyable ! Dans la maison de couture où j'étais, nous avions droit à des cours de savoir vivre... Ah bon ? Pour quoi faire ? Et bien, quand tu arrivais chez la cliente, si elle t'invitait au petit déjeuner, il fallait connaître les bonnes manières, garder la bonne distance, beurrer tes tartines, boire ton thé, tout ça... Tout comptait pour la maison de couture !

Après, j'étais sur les défilés... Incroyable, raconte ! Et je buvais ses paroles...



Sur les défilés, il arrivait toujours quelques chose, il fallait être prête à rester toute la nuit pour re-défaire une manche, réduire une taille, quelque fois même les mannequins défilaient avec les aiguilles qui piquaient, chacune avait son portant où étaient rangées toutes les affaires qu'elle porterait : robe, chaussures, accessoires, bijoux, chapeaux, dans l'ordre... Il y avait des paniques...

Tu as eu des péripéties ? Oui, bien sûr, un jour j'avais cousu une veste pour un grand chanteur de rock, et comme j'avais cousu les manches à l'envers, tout le spectacle il a dû mettre les bras à l'arrière, toute une histoire, après on a bien ri de l'aventure, mais sur le coup t'en mènes pas large. Un autre jour, j'avais cousu des strass sur un revers de Johnny Hallyday, mais pas assez solidement, elles ont sauté les unes après les autres quand il chantait... Oh ! la rigolade... Des grands moments...

J'adore que tu me racontes tes aventures de grande couturière, très grande couturière ! J'avais gardé de bonnes relations avec une cliente très très gentille, elle m'avait proposé sa maison secondaire pour les vacances, sans bourse déliée, très chouette, on étaient devenues copines. Je suis aussi allée habiller une cliente qui avait l'habitude de grossir ou de maigrir d'un évènement à l'autre, j'allais faire les reprises à chaque fois, la grande vie, tu vois !

Oui, je voyais bien qu'elle connaissait la musique, qu'elle avait vécu des milliers d'aventures, qu'elle avait adoré ça, alors quand elle voulait (toujours) me montrer comment on cousait un biais à la main je disais : oui ! Tu me montres juste, le geste, la façon de faire et pour finir, elle me disait : bon, tu me laisses ça je vais le démarrer, elle avait repéré que j'avais deux mains gauche pour les beaux ouvrages. Mais dès que je faisais quelque chose, elle ne tarissait pas d'éloges pour mes mains adroites : c'est très bien, bravo, tu te débrouilles très bien, elle le disait avec une telle conviction que je la croyais, je montais d'un cran dans la profession !




Mon amie la haute-couturière n'a pas terminé son récit, je voulais en savoir toujours plus, nous aurons d'autres tasses de thé à siroter et ses défilés défileront sous mes yeux... J'ai des tas de questions à lui poser, et elle a des tas de sourires pour y répondre. Vous imaginez avoir sous la main une cinquième main, quelle chance, si je ne vais pas avancer beaucoup dans ma couture, la joie sera au rendez-vous et je saurais tout, presque tout... Merci mon amie, au Japon nous t’appellerions : Trésor National Vivant...

Tu reprendras bien un peu de thé avec une rondelle de citron... Je trouve vraiment qu'elle a de l'élégance, de la classe !

Mes amis, mes passagers, revenez vite aux autres mots, je vais bien les ranger pour ne pas en oublier... À très vite...

8 commentaires:

siu a dit…

Elle pourrait écrire un livre, ce trésor national vivant qu'est ton amie la haute-couturière..!

Danielle a dit…

Oui, chère Siu, mon amie pourrait facilement écrire un livre :-) mais elle raconte si bien... Je me régale...

Passe une bonne journée, ici il pleut comme "vache qui pisse" mais le moral est bon...

Je t'embrasse fort.

Marie Claude a dit…

Quelle chance d'avoir cette fée près de chez toi,j'imagine vos rencontres animées par ses récits
Elle a eu une vie de travail "riche",qu'elle aimait cela se ressent dans ton billet.
J'avais vu une émission sur ces "couturières de l'ombre" et la préparation d'un défilé chez Chanel,passionnant.
Elle est comme tu dis "un trésor national vivant",vivement votre prochaine rencontre autour d'un thé....
Des bises du soir,pluvieuses ici aussi accompagnées d'un vent terrible!!

Danielle a dit…

Oui Marie Claude une vraie chance pour moi ma haute couturière... Oui, elle adorait son métier...

Elle va m'en raconter encore... Autour d'un thé...

il pleut, il pleut... Je t'embrasse, passe un bon dimanche, à très vite...

Brigitte a dit…

Formidable et merveilleuse amie et ton récit passionnant !Une vraie fée… C'est si rare .
Des bises pluvieuses

Danielle a dit…

merci chère Brigitte, quel plaisir !

Passe une bonne journée entre les gouttes...

Moi aussi je t'embrasse.

ELFI a dit…

je prendrai bien la place à côté , une tasse de café et les oreilles grandes ouvertes... bises

Danielle a dit…

Oui Elfi, je te comprends, ma haute-couturière fait merveille et j'adore l'écouter !

Je t'embrasse fort de fort.