jeudi 11 juillet 2019

Avant le Festival d'Avignon !



La magnifique affiche du festival : Miriam Haddad, 2019


Quelques jours avant le Festival ! Sur la petite terrasse de l'appartement...

Le chat fait ses gros ronrons sur sa petite terrasse, il ne se doute de rien, mais ça bouge en ville, les boîtes à outils sont dehors, les échelles grimpent le long des murs, les ouvriers poncent, ravaudent, clouent, retapent, arrangent, refont à neuf tout ce qui peut l'être, tout doit devenir un théâtre ! Tout Avignon respire le théâtre, parle de théâtre, vit le théâtre...

Je le sais, j'y étais, avant le Festival... Il faut que je me dépêche pour garder le sens de l'avant, le festival va bon train, plus de 1500 spectacles différents, du monde, du monde, du monde... Des perles  rares sont cachées, à vue, dans tous les coins, le bouche-à-oreille manque quelque fois de souffle, le hasard fera peut-être bien les choses, comment faire pour choisir, il faut étudier le programme à fond, construire son festival.

Je me souviens d'avoir fait ça dans les festivals de cinéma que j'ai suivi longtemps : le festival du cinéma de la Rochelle quand il était encore trop confidentiel, nous tenions les rencontres avec les cinéastes (qui venaient à leur frais) le long de cette croisette du vieux port... J'y suis retournée 15 ans de suite, 15 petites années pour faire le plein de découvertes, j'ai plus pleuré que ri... Et puis après, quand le monde du monde fut au rendez-vous, en masse, j'ai cessé d'y aller...

Le festival de films de femmes à Créteil, j'y suis allée pendant 12 ans sans interruption, là aussi j'ai découvert des pépites d'or...

Je choisissais mes films en suivant le catalogue, page après page, cinéaste après cinéaste, bon, qu'est-ce que je vais aller voir demain, puis après ? Quatre, cinq films par jour, pas de problèmes, des nuits entières aussi à la Rochelle...

Le cinéma a toujours fait partie de ma vie, j'ai démarré le grand écran à 16 ans, je me souviens de la salle d'art et essais qui était tout près de chez moi... J'y avais mon rond de serviette, à la cinémathèque pareillement, il fallait faire la queue, déjà cela m'énervait...


Avant le festival


Avant le festival


 Avant...


Avant le festival

J'avais bien vu qu'ils avaient coupé les grands platanes, morts de leur vilaine mort, vieux, malades... Combien de temps faudra-t-il à ces monuments pour refaire surface, une génération ?

Plus de mille cinq cents spectacles, que d'espoirs et de déceptions pour tous ces inventeurs de spectacles et leurs spectateurs ! En ville chaque recoin de libre est déguisé en salle de spectacle, il y a beaucoup d'argent à la clé, le festival est une immense loterie... Chaque heure de gloire vaut de l'or !


Tiens, Tchekhov, un de mes chouchous


Pourvu que ça marche


Les trottoirs aussi se refont une beauté !

Avant le festival, moi j'y étais, il y avait de l'agitation dans l'air, j'ai vu un nombre incalculable de balais, d’escabeaux, de perceuses en action, chacun frappait les trois coups, allez, allez il ne faut pas traîner... Dans les restos, les cafés, les tables attendaient les gourmands ou ceux qui avaient soif, très soif... Il y avait déjà un bon potentiel de clients en juin... J'ai vu des silhouettes, rapides, débarquer avec armes et bagages...


 On tire les fils


Un nouveau théâtre met les bouchées doubles


J'arrive, avec armes et bagages...

Les théâtres installés attendent leur heure, tout est bouclé, ça va cartonner... Les rideaux sont encore baissés, on époussette les fauteuils, vérifie le bon fonctionnement de la clim, on met de l'huile dans le gonds... Pourvu que ça marche !



Nous allons faire des étincelles, et comment...

Ce charmant théâtre donne sur une petite place ensoleillée, où il n'y a que les chats qui passent, pas comme en juillet je suppose, où tout le monde doit être dehors à l'entracte...  Un habitant du quartier, qui déjà affiche sa désolation pour le larcin de sa plate-bande, n'a pas fini de souffrir d'ici la fin des hostilités de juillet, voyez :


Le doux rêveur... compte les points !


Par ici les amis, on vend déjà les places


Attendez que ça ouvre...

L'attente est déjà un véritable plaisir : au théâtre, j'aime attendre que les portes s'ouvrent pour être la mieux placée, en morigénant un peu parce que les places ne sont pas numérotées. Au cinéma, si la file d'attente est longue, c'est que le film a du succès, mais je rouspète quand même un peu si je suis loin sur la file d'attente, jamais contente, la Danielle ! C'est vrai, peu importe mes mauvaises humeurs, rien ne ternit pour moi la joie d'aller au théâtre, au cinéma, au concert, partout où il y a de l'art à voir... En rouspétant quelques fois, mais la joie est là !

Avec ma sœur, après les petite courses en ville, nous nous asseyons toujours sous le grand micocoulier géant de la très belle place Saint-Didier, rien ne vaut sa majestueuse envergure, extravagante, qui couvre de son parasol géant toutes les tables de la terrasse. Pour moi : la huitième merveille de la ville. Nous ne nous en lassons jamais, nous pouvons voir les passants, de très loin, passer et repasser, en sirotant nos thés parfumés... Nos conversations vont bon train, chaque fois nous avons de nouvelles idées de bavardages, nous ne cherchons jamais, elles viennent toutes seules, mais vous connaissez ça bien sûr, aussi bien que moi !


La 8e merveille du festival - Pile


Face


Cette belle place doit toute sa beauté à l'arbre et à l'église, juste à côté. Le soleil qui est là tous les jours, et le ciel bleu comptent beaucoup pour enjoliver le paysage, tout le reste se fabrique sur place, devant un thé...

Dans cette église, il y a aussi des merveilles, mais une seule est exemplaire, elle s'appelle "Le portement", on peut très bien ne pas la voir,  elle se  trouve dans la première chapelle à droite dès l'entrée, un peu dans l'ombre...



Francesco Laurana (1430 - natif de la Dalmatie vénitienne - 1502 mort en Avignon) - Le portement de croix - 1478



Détail de gauche


Détail de droite


Cette oeuvre est sculptée dans un marbre blanc (peint) d'une seule pièce, elle était destinée au maître autel de l'église des Célestins, place des Corps Saints d'Avignon (église aujourd'hui désaffectée, dont la construction remonte au 14e siècle). La scène est profondément douloureuse, elle exprime avec virtuosité des sentiments tellement contrastés, ressentis par les personnages en présence : à gauche le Christ affligé corps et âme, souffrant sous le poids de la croix, la brutalité des soldats, la mort est là. À droite sur le même plan, les femmes et Saint-Jean, éplorés, dévastés par le chagrin, les visages  tellement tristes, les corps s'étreignent, se soutiennent, la Vierge défaille, devant moi, je vois les pleurs... Cette oeuvre à une histoire singulière, bien qu'approuvée par le Roi René, à la livraison, elle déplut et l'artiste aura toutes les peines du monde à se faire payer ! C'est une chance de voir ce portement de si près, je l'ai examiné comme on examine une photo de famille très éloignée, je connais par cœur cette histoire, tant de fois "interprétée" par les artistes, mais celle d'Avignon me touche encore aujourd'hui, cinq cent quarante et un ans après sa création... Les belles œuvres résistent au temps, elles vous parlent, vous émeuvent toujours...

En sortant de cette vision, je me retrouve sur cette place, dans le bruissement, les couleurs, le plaisir de la journée, de la compagnie, le festival est pour bientôt... Partout je devine sa présence avec un peu d'envie...

L'art sera en fête d'ici quelques jours, il est en train de se faire...

Mes amis fidèles et de passage, à bientôt, passez un bel été...




12 commentaires:

siu a dit…

Cette 8e merveille du Festival c'est quelque chose de vraiment époustouflant... quelle merveille que cet arbre, qui donne un ombrage apparemment plus épais encore que s'il était en béton! On aurait vraiment envie de s'asseoir à ce café et... ne plus se lever.
Le Festival d'Avignon me fait toujours penser à Nicole, notre Michelaise qui n'en perdait jamais un seul jour, mais qui n'est plus là depuis presque quatre ans. Et ce très beau "Portement de croix" avignonnais s'accorde en effet bien avec mon état d'ame... meme si je préfère fermer les yeux et revoir le rire contagieux de Nicole, entendre sa voix, profonde et pourtant toujours si gaie et amicale.

Bon Avignon, chère Danielle!

Gros bisous entre nuages et soleil.

Les Idées Heureuses a dit…

BonJour Belle avignonnaise pour quelques Instants...
J'ai eu la même pensée en lisant ton post que Siu: Michelaise qui suivait ce grand évènement pas à pas et en faisait de délicieux et longs comptes rendus.
J'ai eu la même "idée heureuse" pour la biennale de Venise cette année, y être avant pour observer les préparatifs, le va et vient des grandes caisses anonymes qui voguaient ici ou là, les derniers nettoyages avant l'avant-première souvent réservée aux listes d'invités. Rencontre avec certains artistes, les moins connus, un peu perdus dans le dédale des palazzi, avec l'espoir qu'une porte s'ouvrira pour un futur heureux.
Pour l'instant ici, je me suis délectée chez nous avec Valou grâce à l'expo Miro à la Fondation Maeght et à l'expo Dali au forum Grimaldi de Monaco. Deux admirables perspectives que l'on peut voir et revoir.Je t'embrasse, profite bien de ces moments d'exception, nous avons encore cette chance! Mina de Sclos

Brigitte a dit…

Très bel arbre cette 8eme merveille . je te souhaite un très beau festival ! J'y suis allée quelques fois lorsque j'étais en vacances avec mes enfants pour profiter des spectacles de rue.Une fois j'ai du aller au théatre. Mais la foule me rebute, je n'y retournerai plus !
Tout doit être prêt ou presque maintenant..
Bon Avignon à toi et plein de bises

Danielle a dit…

Oui chère Siu, la voix de Nicole me manque aussi... Originale et généreuse...

Mes merveilles d'Avignon, l'arbre et le portement m’enchantent toujours, chaque thé sous ses feuilles a meilleur goût, ma prochaine visite en Avignon sera aussi pour le portement...

Au festival je n'y suis pas, mais j'ai regardé à la télé cette très belle captation de la pièce de Pascal Rambert Architecture, j'ai beaucoup aimée, beaucoup d'émotions, acteurs magnifiques sauf J. Weiber que je n'aime pas, il parle mal, chercher son souffle, pénible...

Chère Siu, regarde le ciel bleu, le soleil, ne sois pas triste.

Je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Mina, Mina quelle chance d'être à Venise, je comprends ton enthousiasme...et aussi cette pensée pour Michelaise...

Au festival d'Avignon, j'y étais avant et je suis rentrée sur Paris, je regarde ça de loin et au téléphone avec ma famille !!

Toi aussi tu te délectes des rires de Valou, profite à fond.et aussi de belles expos, une vraie chance aussi.

Mina, je pense à toi et je t'embrasse fort.



Danielle a dit…

Chère Brigitte toi aussi tu as cru que j'étais en plein festival, hélas je suis rentrée peu avant son ouverture,situation qui m'a inspirée pour écrire "l'Avant Festival !!"

Je comprends ton déplaisir à la foule, c'est vrai qu'il faut accepter tout ça, mais le théâtre règne en maître à condition de bien choisir... Peut-être irai-je l'année prochaine ? Attendons de voir.

Ici, dans ma banlieue, je vais au cinéma, visite des expos, cultive mes fleurs de balcon...

Profite d'un bon WE plein de beau temps, je t'embrasse du matin.

ELFI a dit…

dernier souvenir d'un festival d'avignon... les acteurs dans un cercueil à côté du carrousel... :)))) bises

Danielle a dit…

Elfi, tu es sûre du cercueil et du carroussel ? Tu me fais rire 😀

Passe un très très bon WE, avec beau temps et plein de rires...
Je t'embrasse fort.

Marie Claude a dit…

Intéressant aussi de voir les préparatifs avant tous les spectacles qui vont se dérouler!!!
Le chat a l'air bien heureux,l'ancien jardin ne paraît pas lui manquer...
Très agréable votre petit coin ombragé où vous papotez avec ta soeur,des moments précieux
Tu as raison cette église possède des merveilles,en admiration devant l'expression des personnages,c'est magnifique.
Pour Nicole et Françoise (blog autour du puits)je pense souvent à elles deux et parfois je revisite leurs blogs qui sont encore en ligne,toujours de l'émotion.
Elles sont parties toutes deux presque au même moment,je les imagine étant amies,bavardant...
Beau W.E à toi Danielle
De grosses bises de fin d'après midi

Brigitte a dit…

Oui Danielle je te pensais encore à Avignon et que tu allais nous raconter le pendant et l'après .. Dommage mais ce n'est pas grave !
je te souhaite un bel été moi aussi et je t'embrasse

Danielle a dit…

Chère Brigitte, je suis rentrée vite fait bien fait :-((

L'année prochaine peut-être ?

Mais pendant l'été j'ai des mots à dire...à suivre...

Je t'embrasse fort Brigitte, merci pour ta présence.

Danielle a dit…

Marie Claude, c'est vrai tu te souviens du jardin ! Il était rempli de moustiques les bruits venant des construction avoisinantes commençaient à monter... Ils sont partis...

Moi aussi je pense à ces deux femmes-là, si vives, si tendres, si talentueuses...Au même moment parties trop trop vite... Le chagrin !

Je t'embrasse du soir, fort.