vendredi 1 mars 2019

Miniartextil, quinzième édition... Au cœur de l'humain !



 Anthropocène - Alvaro Diego Campuzano

Si, comme moi, vous ne savez pas ce que veut dire anthropocène, ne bougez pas, je vous dévoile tout, via Wikipédia : "l'anthropocène," soit l'Ère de l'Homme, est un terme relatif à la chronologie de la géologie proposé pour caractériser l'époque de l'histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre". Voilà ! C'est mieux comme ça ?

Bon ! Je commence par le début... Tous les ans, mon amie a l'habitude de courir voir l'Exposition Internationale d'Art du Textile Contemporain (Miniartextil), que propose la Ville de Montrouge (Hauts-de-Seine)... Parfait ! J'adore l'art textile, très bonne idée,  la quinzième expo, nous la ferons ensemble...

Après un délicieux repas pris dans notre petit resto vietnamien, des blablas et un café, en voiture Simone !

Il faisait l'été, un soleil brûlant, pas de vent, que des cœurs battants, justement, c'est le thème de l'expo...

Une histoire d'amour s'est tissée entre la ville de Montrouge et l'association italienne Arte&Arte, née en 1991 à Côme. Miniartextil fait désormais partie de "l'ADN" de la ville, elle réunit chaque année, à travers un thème, environ soixante œuvres d'artistes internationaux sélectionnés sur candidature. Le format de l'oeuvre doit s'inscrire dans un volume exigé de 20x20x20... Visite guidée et entrée libre !

J'arrive donc sur la quinzième année, comme une fleur, avec mon amie, fine connaisseuse... Voilà ce qui nous attendait, dès l'entrée, et qui suscita immédiatement mon enthousiasme : des grands panneaux de tulle, presque invisibles, où étaient peintes à l'encre de Chine des silhouettes humaines en progression dans leurs mouvements, légères, belles, à fleur de geste, un beau moment d'art en plus... On n'avait juste qu'à se glisser entre les espaces libres pour voir les silhouettes évoluer..





Pia Männikkö - Déjà vu (2011)



Pia Mânnikkô - Déjà vu (2011) - Tulle et encre de Chine



Développement du mouvement


À première vue, l'expo s'annonçait divine : à travers ces panneaux de tulle, la magie opéra tout de suite... De quoi frétiller de curiosité... Ce qui me rappelait le grand coup de foudre qui m'avait frappée lors de la Biennale de Venise en 2017, je m'agitais dans tous les sens. sans vouloir aller trop vite, ou trop lentement, je n'avais pas assez d'un cœur, de deux yeux, je ne sentais plus du tout mon genou, j'étais dans l'art sans maux, avec frénésie... Dans la découverte ! Je me suis retrouvée dans cette joie-là à Montrouge...

Nous ne savions pas par où commencer, tout nous plaisait : treize installations textiles monumentales autour du cercle que formaient les 54 œuvres Miniartextil, chaque petite oeuvre était suspendue sur une petite tablette métallique, à portée du regard, on pouvait bien tourner autour, voir de près, de très près...


Les 54 artistes s'exposent sur des petits plateaux métalliques suspendus

Les grandes installations :


Falling (chute) - impression numérique, fils et poids de plomb - Cloë Ostmo 


Palmira - (2017) - Medhat Shafik

Comme presque tous les cartons étaient libellés en anglais, il fallu recourir au savoir des spectateurs, vous savez combien je parle bien anglais ! Une vraie ambiance de colonie de vacances, les plus polyglottes traduisaient tout de suite, beaucoup, beaucoup, hésitaient, les conversations allaient bon train... L'installation de Chloë Ostmo : un corps de femme en morceaux dévalant l'escalier, pouvait se moduler comme le souhaitait l'artiste : un peu plus de marches, un peu plus de corps, tenus par des fils à plomb, un simple souffle faisait bouger tout l'édifice...

Palmira reposait dans des ruines de pierres et de sables, les couleurs défaites avec le temps et la guerre, les deux ailes rouges que l'on voit suspendues rappellent la couleur du sang...

Les petites œuvres en cubes :

Nous fûmes tout de suite tentées  par les petites œuvres, chacune avait sa beauté formelle, originale, les techniques employées étaient très virtuoses, les formes, les inventions, les idées proposées faisaient marcher nos cerveaux à cent à l'heure... L'émotion était à son comble, dès les premières pièces, beauté, beauté, beauté...et ingéniosité...


My heart is a seed bank - Sara Dochow


Détail - Mon coeur est une banque de semence (traduction)



Un tour complet

Un cerveau plein de couleurs, des matière inattendues, brillantes, fleuries, une profusion d'idées... De la douceur, de la magie... Je n'avais jamais vu un cœur aussi perlé, boisé, satiné sur tous ses contours...


Humans - Francesca Nicchi

La délicatesse, la simplicité de cette pièce sans histoire était touchante et belle, la terre est ronde, les humains bien serrés sur la planète  ! Pourvu qu'elle résiste aux saccages...



Mé (tissage) - Caroline Turner

Cette pièce minuscule, parfaitement parlante avec tous ces portraits miniaturisés les uns à côté des autres, serrés comme des sardines, me font bien sûr immédiatement penser aux œuvres de Christian Boltanski...

Je m'extasiais sur le concept, une petite bobine de coton et des milliers de portraits, il suffirait de le dérouler, dérouler, dérouler, pour voir apparaître tous les gens d'un endroit, du monde ?... Une dame, qui se trouvait juste à côté de moi, disait : je connais l'artiste qui a créé cette oeuvre, si vous saviez quelle galère ça a été pour elle d'imprimer tous ces portraits minuscules ! Un petit indice qui en dit long sur la fabrication savante associée au travail artistique, j'ai adoré cette très petite pièce, j'y ai retrouvé l'idée de C. Boltanski : garder le souvenir des personnes, les rassembler, laisser des traces du monde. Une idée qui traverse toute son oeuvre, que j'adore !


Were is my (human) mind ? - Anne Pangolin Guéno

Une autre très belle oeuvre, avec un bleu beaucoup plus franc que sur ma photo (Premier Prix de l'expo de Montrouge). Voyez comme ces œuvres sont soyeuses, vives, débordantes d'idées, l'espoir, l'imagination, la légèreté, la gravité, sont au rendez-vous, il suffit de bien observer pour sourire ou pleurer,  un vrai bonheur.


Rêverie humaine - Brigitte Stoffel-Finazzi

Mais nous n'en pouvions plus, il fallait impérativement que nous aérions nos cerveaux, les émotions étaient trop fortes, vite, un bol d'air ! Les gars du contrôle à l'entrée, visiblement surpris de nous voir repartir si vite, étaient tout sourire et perplexes... On revient, il faut qu'on se ressource, qu'on se calme, c'est trop fort, chaque pièce est tellement prenante... Nous voilà dehors, assises au soleil d'été, en terrasse, devant un petit café, il ne manquait plus que le bruit de la mer et des mouettes pour oublier celui des voitures, reprendre nos esprits, pour mieux continuer la visite. Nous avions besoin de ce temps de repos, tout ce que nous avions vu était déjà trop beau, trop fort, trop... Pause ! Encore quelques paroles enthousiastes, allez, on y retourne... Nous faisions comme je fais quand je ne veux pas que ma lecture avance trop vite, je reviens un peu en arrière, glisse mon marque-page entre les pages... Je reprendrai demain... Nous prenions le temps de nous attarder, dégustant l’environnement pour recommencer la visite depuis le début. Il y avait énormément de conciliabules devant chaque pièce, le public ne se privait d'aucun commentaire, s’exclamait à la cantonade, chacun se sentait chez soi, à l'aise, des mots plus hauts que d'autres, ce qui pour moi fut une occasion unique de renvoyer les balles... Avec plaisir ! Un grand jeune homme dans un petit groupe de  spectateurs attentionnés dit : ça me donne envie de pleurer ! J'ai cru qu'il plaisantait, mais non, il nous faisait part de son émotion cueillie sur le vif, nous étions dans le même état que lui... Quelques critiques cependant : ça ressemble à l'année dernière, du déjà vu, quelques œuvres se ressemblent. Nous ne pouvions juger sur rien, la quinzième année, tout était nouveau pour moi !

Difficile de vous apporter toutes les œuvres sur un plateau, comment ai-je pu passer à côté des quatorze expos précédentes ?



We are on our own story (nous sommes sur notre propre histoire)  - Christine Läubli

Voyez ces humains enrubannées les uns aux autres, comment arriver à marcher ensemble ? Nous ne le savons pas !


Coeur - Hiromi Murotami

En fait, l'exposition produisait spontanément des réceptions diverses : des éloges, beaucoup d'éloges, des critiques, peu,  des spectateurs bavards, des sourires aux lèvres, beaucoup de sourires, des complicités, nous cherchions même à nous rapprocher pour confronter nos regards... L'expo devenait interactive, réflexive, nous étions aux cœurs du sujet... Bravo les artistes... Et Montrouge !

Certains artistes nous apprennent à regarder, réfléchir, à nous projeter un peu plus loin, ils peuvent  êtres donneurs d'alertes,  donneurs de leçons, comme tout le monde. Comprendre le monde, c'est bien difficile, les artistes nous sont indispensables, ils agissent en couleurs, en sensations, en beauté, vérités ou mensonges, leurs talents peuvent nous aider à mieux voir ? Bah ! À nous de voir...

10 commentaires:

ELFI a dit…

à première vue ..la pizza humaine est superbe! je reviens plus tard ...une deuxième vue s'impose! bises

Danielle a dit…

À première vue c'est magnifique, oui, reviens vite...:-))

Je t'embrasse fort, bon WE Ici il pleut...

siu a dit…

Une expo super belle, intéressante et passionnante: pas évident de trouver ces trois qualités réunies dans un seul endroit, à une seule occasion...
Et comme j'oublie parfois de mettre les lunettes que j'ai fait faire exprès pour l'ordinateur, à première vue "Nous sommes sur notre propre histoire" je l'ai pris pour les chanteurs d'une chorale sur la page d'une partition: libre interprétation... d'une myope!

Je t'embrasse fort et te souhaite un bon week-end en dépit de la pluie, ma chère Danielle (ici il y a heureusement un beau soleil).

Danielle a dit…

La myope aime le chant :-))) bravo !

Ben oui, on peut voir ça aussi :-)))

Moi aussi je t'embrasse ( sous la pluie) bon demain...

Marie Claude a dit…

Ouah,quelle expo,merci pour le partage,j'imagine "en vrai"
Ces oeuvres sont magnifiques et appellent à une réflexion profonde...
Des artistes talentueux,j'aime aussi ces panneaux de tulle.

J'approuve totalement le dernier paragraphe de ton billet!!
Je suis sûre que l'année prochaine tu seras présente à Montrouge.
De gros bisous du matin avec un petit rayon de soleil que je t'envoie.

Brigitte a dit…

Au début de la lecture ,j'ai eu une doute qui s'est vite dissipé lorsque j'ai pu voir les œuvres proposées de plus près. Que des merveilles !!!
un grand merci pour cette découverte et visite virtuelle .
J'embrasse avec la pluie du jour

Danielle a dit…

Bien sûr Marie Claude j'y serais ! Un rendez-vous à ne pas manquer... Maintenant...

C'est vrai ces œuvres parlent d'elles-mêmes... Elles nous donnent des pistes, à nous de voir et d'entendre... Merci Marie Claude.

Je t'embrasse fort de dimanche.

Danielle a dit…

Bon, tant mieux Brigitte si le doute s'est vite dissipé, peut-être aussi mon petit laïus manquait de clarté, des merveilles, des merveilles, des merveilles !!!

Oui, pluie du jour et grand vent...

Je suis restée près du feu de mon radiateur.

Je t'embrasse fort.

Anne-Marie a dit…

Bravo pour cette merveilleuse présentation de l'Expo Miniartextil
À bientôt Danièle pour de nouvelles découvertes

Danielle a dit…

Grand Merci chère Anne-Marie, bien sûr rendez-vous pour de nouvelles découvertes, et comment !!!

Je t'embrasse très fort, à très vite.